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AGUIRRE (D’) — AILLY (D’)


pseudo-isidorienne. Le cardinal revendique pour saint Isidore de Séville cette collection, attribuée à Isidore Mercator. Il disserte aussi sur les collections canoniques antérieures, sur les canons apostoliques, sur le nombre des canons portés par le concile de Nicée, et sur les conciles tenus en Espagne pendant les trois premiers siècles de notre ère par les disciples et successeurs de l’apôtre saint Jacques. La deuxième partie est employée à expliquer les Décrétâtes pontificales, relatives à l’Espagne et contenues dans la collection pseudo-isidorienne. Le cardinal d’Aguirre les tient pour authentiques, quoique leur texte ait été altéré. La troisième partie concerne l’ordre suivi dans les conciles espagnols, le rôle qu’y jouent les rois et la date du concile d’Elvire et de ceux qui l’ont suivi. Le deuxième volume contient, lui aussi, des notes nombreuses et de savantes dissertations ; mais le troisième et le quatrième reproduisent simplement les actes des conciles espagnols, et l’ouvrage se termine par ceux du synode de Lima en 1604. Cette collection est précieuse pour les nombreux documents qu’elle renferme ; toutefois, son auteur a plus d’érudition que de critique. Joseph Catalani en a publié une seconde édition, 6 in-fol., Rome, 1753-1756, qui est plus complète, mais moins correcte que la première. Deux dissertations sur le troisième concile de Tolède et sur la pénitence des clercs dans l’antiquité ont été reproduites dans Doctrina de administrando sacramento peenitentiæ, in-8°, Rouen, 1704. — Le cardinal d’Aguirre a fait aussi éditer à ses frais la Bibliotlieca hispana velus, 2 in-fol., Rome, 1696, de son ami, Nicolas Antonio. La mort l’a empêché de faire paraître d’autres ouvrages qu’il avait préparés, un volume de lettres écrites à des princes et à des savants, deux volumes de mélanges, des discours de saint Anselme avec des notes et un écrit pour prouver que le bénédictin Jean Gersen est le véritable auteur de l’Imitation.

Bayle, Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, 1697, t. I, p. 139-140 ; Collectio maxima conciliorum, 2’édit., Rome, 1753, t. i, p. 1-32 ; Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. xxi, Paris, 1719, p. 273-276 ; Nicéron, Mémoires, t. iii, p. 219-225 ; Zisgelbauer, Historia rei litlerarix ordinis S. Benedicti, t. ii p. 98 ; Eggs, Purpura docta, 1. VI, n. 99, p. 538 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1893. t. ii col. 521-526 ; Kirchenlexicon, Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. i, p. 366-367.

E. MANGENOT.

AGYNNIENS, AGYONOIS, AGIONOIS ou AGIONITES, du grec ày^vatoç, ayuvo ; (à-yuvïi, sans femme), est un terme général par lequel on désigne quelquefois les hérétiques qui, sous des noms différents : encratites au IIe siècle, abstinents ou manichéens au III e, eustathiens au iv e, pauliciens à partir du vii e, pour ne parler que de l’Orient, se ressemblaient en cette commune erreur que, toute chair étant l’œuvre du principe mauvais, il n’était permis ni d’avoir des enfants, ni de manger la chair des animaux. Ils rejetaient donc comme des crimes le mariage, ou plutôt la génération, et l’usage de la viande. Cette doctrine fut condamnée, vers la fin du IVe siècle, au concile de Gangres, can. 1, 2, 9, 10, 14, Mansi, Coll. concil., t. ii, Florence, 1719, col. 1001 sq. ; cf. Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq,

1908, t. i, p. 1032 sq. ; et de nouveau, implicitement, censurée au synode Quinisexte de 692. Hefele, op. cit.,

1909, t. iii, p. 567. C’est surtout au vue siècle, et sous les successeurs d’Héraclius, que ces erreurs propagées par la secte paulicienne se répandirent de l’Arménie dans le reste de l’empire d’Orient. Par les ordres de l’empereur Constantin Pogonat, le chef de cette secte, Constantin Silvain, fut décapité, en 684 ou 685, mais son supplice ne mit pas fin à l’hérésie qui reparut sous les empereurs du vin » et du ixe siècle, en attendant qu’elle se manifestât en Occident sous les noms de patarins, vaudois ou albigeois. A la fin du ixe siècle, Photius composa un traité en quatre livres contre les

DICT. DE THÉOL. CATIIOL. « nouveaux manichéens », P. G., t. en, col. 15-264 ; et vers le même temps, Pierre de Sicile écrivit l’histoire des manichéens et des pauliciens et trois discours contre leurs erreurs. P. G., t. civ, col. 1239-1304, 1305-1350.

E. Marin. AIGARD. Voir Achard.

AIGN Rupert, bénédictin, né à Ingolstadt, le 5 décembre 1729, mort le 19 septembre 1813, était religieux de l’abbaye de Saint-Emmeran de Ratisbonne. Professeur de théologie et de philosophie, il a laissé les deux ouvrages suivants : Epitome seu conspectus philosophise, in-4°, Ratisbonne, 1758 ; Conspectus théologiens de viliis et peccalis, delegibus et sacramentis, in-4°, Ratisbonne,

1761-1762.

B. Heurtebize.

AiGNER Honorius, bénédictin autrichien, né en 1651, mort en 1704, fut religieux de Kremsmunster. Après avoir enseigné la théologie à l’Université de Salzbourg, il devint abbé de son monastère. On a de cet auteur : Directorium conipendiosu’m ad confessarii et pœnitentis munus rite exequendum, 2 in-8°, Salzbourg, 1692-1693.

Ziegelbauer, Historia rei litterarise ord. S. Benedicti, t. iv, p. 138 ; [D. François], Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoit, t. i, p. 22.

B. Heurtebize.

AILLY (d’ ; Pierre. — I. Sa vie. IL Ses actes au concile de Constance. III. Sa doctrine. IV. Bibliographie de ses principales œuvres.

I. Sa vie.

Pierre d’Ailly naquit en 1350 a Compiègne, d’une bonne famille bourgeoise. A treize ans, il entra comme boursier au collège de Navarre et commença ses études à la faculté des arts. Il y prit ses grades sous des maîtres attachés au parti nominaliste. Il suivit ensuite les cours de la faculté de théologie et, en 1372, il fut choisi comme procureur de « l’honorable nation de France ». D’abord baccalarius cursor, nous le trouvons sententiarius en 1375 ; il conquit sa licence pendant le carême de l’année 1380 et son doctorat le 11 avril 1381. Denifle, Chartularium Universit. Parisiensis, t. iii, p. 259, Paris, 1896. Outre ses actes théologiques, il composa vers cette même époque plusieurs ouvrages qui ne sont guère que des résumés de cours et qui cependant ont été plus d’une fois réimprimés. Il avait déjà écrit pendant le cours de ses études (1378) une Epistola ad novos Hebrxos. Il ajouta à ce traité un ouvrage plus court qui a pour titre : Apologeticus Hieronijnnanse versionis, où il expose des idées critiques d’une grande justesse et d’une utilité que le temps a confirmée.

Le jeune docteur arriva à la vie publique lorsque le grand schisme d’Occident divisait déjà l’église. Il y prit aussitôt parti. Comme l’a dit un critique, « le développement du schisme pendant quarante ans et surtout les événements du concile de Constance ne se comprennent pas en dehors de l’action personnelle de d’Ailly. » Max Lenz, Revue historique, 1879, p. 46’t. Le premier de tous, le futur cardinal posa nettement la question du remède le plus efficace à employer pour guérir la plaie du schisme, dans une assemblée à laquelle présidait le duc d’Anjou, en 1381. Ce moyen nécessaire c’était, d’après lui, le concile général : Pise et Constance lui ont donné raison.

Nommé chanoine de Noyon en 1381, il fut choisi bientôt après comme recteur de ce grand collège de Navarre où il était entré humble élève vingt et un ans auparavant. Nous ne mentionnons que pour mémoire ses discussions, d’abord avec Jean de Malincourt, puis avec Jean Blanchard, chancelier de l’Université, et enfin avec Jean de Montson, frère prêcheur et docteur en théologie. Gerson, Opéra, édit. Ellies Dupin, 1705, t. I, col. 700, 723.

Le 7 octobre 1389, d’Ailly devint chancelier de l’Université et, deux ans après, il fut appelé à la dignité d’ar I.

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