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AGRTCOLA PELAGIANUS --AGRIPPA DE NETTESHEIM

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aussi avoir été composés avant son retour dans sa patrie. La seconde lettre, qui n’a point de titre non plus que la première, énonce cette doctrine pélagienne : L’ignorance de la volonté de Dieu n’excuse pas du péché ; elle augmente, au contraire, la punition. Il faut donc faire tous ses efforts pour apprendre la volonté divine et se convaincre qu’on ne sera un véritable chrétien qu’à la condition d’observer tout ce que Dieu commande. Le traité De divitiis condamne les richesses ; elles ne viennent pas de Dieu, mais du péché ; on ne peut sans péché ni les posséder ni les conserver. Les exemples de Jésus-Christ et des apôtres obligent à pratiquer la pauvreté. Le sujet des trois dernières lettres est indiqué par leurs titres : De malts doctoi’ibus et operibus fidei et de judicio futuro ; De possibilitate non peccandi ; De castilate. Le principal intérêt de cette série d’écrits provient de ce qu’elle jette un peu de lumière sur la morale pélagienne.

Bardenhewer, Patrologie, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 474-475 ; Realencyclopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, 3’édit., t. i, Leipzig, 1896, p. 249.

E. Mangenot.

1. AGRIPPA CASTOR. Écrivain catholique, du temps d’Hadrien (ne siècle), homme d’un grand savoir, le premier qui ait pris la plume pour combattre les gnostiques. Son livre, malheureusement perdu, était un exposé lumineux et une réfutation vigoureuse des 24 volumes d’exégèse, composés par Basilide contre l’Évangile. Théodoret affirme qu’il réfutait également la doctrine du fils de Basilide, Isidore. Hær. fab., xiv, P. G., t. lxxxiii, col. 349. C’est dans ce livre d’Agrippa, qu’Eusèbe a puisé les principaux renseignements qui nous sont parvenus sur le système de ces hérétiques, sur leurs mystères, leurs prophètes Barcabas et Barcoph, le fameux Abraxas, et sur toute la terminologie barbare dont ils aimaient à faire parade.

Eusèbe, H. E., Vf, 7, P. G., t. xx, col. 317 ; S. Jérôme, De vir. ill., 21, P. L., t. xxiii, col. 671.

G. Bareille.

2. AGRIPPA DE NETTESHEIM Henri Corneille. Corneille Agrippa de Nettesheim est un des personnages les plus curieux du xvie siècle. On a émis sur lui les jugements les plus divers, les plus contradictoires, et cela ne saurait surprendre si l’on considère l’étrangeté de sa carrière et de son esprit. A en juger par les dehors, Corneille Agrippa fut un de ces aventuriers de lettres, hardis et inconstants, savants universels, hommes à tout faire, comme on en rencontre un certain nombre à l’époque de l’Humanisme, de la Renaissance et de la Réforme. Au fond, ce fut un esprit liés riche, très fécond, mais où tout se mêla, se confondit, et dont les erreurs nombreuses frayèrent la voie à celles de réformateurs systématiques. « Les aventures, a-t-on dit, sont accumulées dans sa vie comme les hypothèses dans son intelligence, d’ailleurs pleine de vigueur, et l’on peut dire que l’une est en complète harmonie avec l’autre. » Franck, Dictionnaire des sciences philosophiques.

Corneille Agrippa naquit à Cologne en 1480, il se voua d’abord au métier des armes et lit la guerre en Italie au service de Maximilien ; sa bravoure lui valut d’être armé chevalier. Las de celle profession, il devient étudiant en médecine et se fait recevoir docteur ; puis il apprend l’hébreu et s’adonne à l’alchimie. De 1500 à 1509, il parcourt la France et l’Espagne ; en 1509, il s’arrête à Dôle comme professeur d’hébreu ; ses conférences sur le De Verbo mirifico de Reuchlin qu’il qualifie « d’œuvre chrétienne et catholique » (voir Geiger, Johann Reuchlin, sein Leben ùnd seine Werke, Leipzig, 1871, p. 199) le l’ont accuser d’hérésie par les cordeliers ; il se

sauve à Londres, où il fait (les cours sur les épilres de saint Paul ; en 1510, il enseigne la théologie à Cologne ; en 1511, il est choisi par le cardinal de Sainte-Croix

pour prendre part comme théologien au pseudo-concile réuni à Pise sur la demande de Louis XII ; à Pavie, il fait des leçons sur les écrits mis sous le nom de Mercure Trismégiste et est de nouveau accusé d’hérésie. En 1518, nous le trouvons à Metz, avocat et syndic de la ville. En 1520, il est en relations avec le chevalier Ulrich de Hutten et paraît incliner vers les idées de la Réforme naissante. Il est accusé de sorcellerie pour avoir pris la défense d’une jeune paysanne suspectée de ce crime. Il va à Cologne, à Genève, à Lyon, où il obtient de François I er le titre de médecin de la reine-mère, Louise de Savoie ; mais il se fait chasser de France pour avoir prédit au connétable de Bourbon le succès de sa trahison. Il s’arrête à Bruxelles auprès de la gouvernante des Pays-Bas, Marguerite de Parme, qui le fait nommer historiographe de l’empereur Charles-Quint. La publication de ses deux ouvrages, De vanitate scientiarum et De occulta philosopltia, lui vaut, après la mort de sa protectrice, une année de prison à Bruxelles (1530-1531). Il revient à Cologne, puis à Lyon, où il est de nouveau emprisonné pour un écrit contre Louise de Savoie ; il meurt dans l’indigence à Grenoble, l’année suivante, 1535.

Les œuvres capitales d’Agrippa sont le De occulta plnlosop/tia où il prétend éiever la magie à la hauteur d’une science, et le De incertiludine scientiarum et artium où il soutient que la science est une duperie du malin. Le premier de ces ouvrages fut peut-être rédigé dès 1510 (la première édition n’est pas datée) ; la seconde est de 1531, Anvers et Paris ; la troisième de 1535, Malines, Bàle et Lyon ; le second eut sept éditions du vivant de l’auteur, la première sans date, les suivantes à Cologne et à Paris de 1527 à 1535.

Dans son premier livre, De occulta philosophia, Corneille Agrippa, à la façon de Baymond Lulle et de Beuchlin, enseigne une sorte de théosophie, singulier mélange de christianisme, de néo-platonisme alexandrin, et de doctrines kabbalistiques. Il veut prouver que la magie est une véritable science qui explique les autres et qui, par ses liens avec la révélation, échappe au reproche d’impiété qu’on lui adresse trop souvent.

Nos connaissances, dit Agrippa, nous viennent soit de la nature, soit de la révélation, soit du sens mystique contenu dans les paroles mêmes de la révélation, sens mystique dont Dieu réserve la connaissance à ses élus ; or la magie s’appuie sur la nature, sur la révélation, sur ce sens mystique ; elle est donc un moyen supérieur de connaissance, elle nous élève de la connaissance des phénomènes à celle des forces qui causent les phénomènes et de la connaissance des forces à celle de Dieu. Mais on ne peut connaître Dieu que par un détachement complet de la nature et des sens, que par la contemplation, par l’extase, qui nous amène, pour ainsi parler, à nous fondre en Dieu (on reconnaît la théorie de l’iolin). Il est très rare que l’homme puisse parvenir à cet état.

La magie se divise en trois branches qui correspondent aux trois parties de l’univers créé : au monde élémentaire correspond la magie naturelle, au monde céleste, celui des astres, la magie céleste ou mathématique, au monde intelligible, celui des intelligences et des purs esprits, la magie religieuse ou théurgie.

Les êtres des trois inondes forment comme une échelle immense, par laquelle la vertu lie Dieu descend en nous et par laquelle aussi nous pouvons monter à Dieu.

L’esprit ne peut rencontrer le corps que dans un milieu commun, une substance intermédiaire, sorte de fluide éthéré, l’esprit du monde, qui pénètre tous les êtres, grâce auquel l’âme de l’homme peut exercer son action sur le corps de l’homme, et l’âme du monde (qui n’est pas Dieu) sur le monde matériel. L’esprit du monde est plus ou moins abondant dans les corps ; plus il y en a, plus le corps est pur ; il suffit d’augmenter la