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AGRAPHA — AGREDA (D’)

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ils ont été conservés par la tradition orale, ils peuvent être invoqués connue preuve de l’existence de cette tradition, qu’on place légitimement à la base de nos Évangiles canoniques. Mais en dehors de ceux-ci, la tradition évangélique est de la dernière pauvreté. La plupart des prétendus agraplia ne sont guère que des interpolations, des interprétations, des citations de mémoire, des broderies sur le texte évangélique ou des traditions gnostiques. Ils ont cependant une certaine importance au point de vue de l’histoire des opinions parfois singulières qui se firent jour pendant les deux premiers siècles du christianisme.

Cotelier, Patres apostolici, Paris, 1672 ; 2— édit., Anvers, 1698 ; Ecclesix grsecse monumenta, t. Mil, Paris, 1677-1686 ; Grabe, Spicilegium SS. Patrum ut et hæreticorum sseculi l, II et III, Oxford, 1698 ; Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, Hambourg, 1703 ; 2e édit., 1719 ; Lardner, The credibility of the Gospel-history, 2’édit., Londres, 1748 ; Korner, De sermonibus Christi orypôpoiç, Leipzig, 1776 ; Routh, Reliquix sacrse, Oxford, 1814-1818 ; R. Ilofmann, Dus Leben Jesu nach den Apocryphen, Leipzig, 1851 ; R. Anger, Synopsis evangelîorum Matthsei, Marci, Lucx, Leipzig, 1852 ; Bunsen, Analecta AnteNicxna, Londres, 1856, t. I, p. 29 ; Westcott, Introduction to the Study of the Gospels, Londres, 1860 ; 2— édit., 1881 ; Dodd, Sayings ascribed to our Lord by the fathers and other primitive writers, Oxford et Londres, 1874 ; Nicholson, The Gospel according to the Hebrews, Londres, 1879 ; Hilgenfeld, Nova m Testamenturn extra Canonem receptum, 2’édit., Leipzig, 1884 ; B. Pick, The Life of Jésus according to exira-canonical sources, New— York, 1887 ; Zahn, Geschichte des neutestamentlichen Kanons, Erlangen et Leipzig, 1888-1892 ; Schaff, History of the Christian Church, New-York, 1889 ; Plumpke, N. T. Commentary for Euglish Readers, t. I, p. 33 ; Handmann, Dus Hebrâerevangelium, dans les Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, t. v, 3’fasc, Leipzig, 1888 ; A. Resch, Agrafa, aussercanouische Evangelien fragmente, ibid., Leipzig, 1889, t. v, 4’fasc. : 2’édit., 1906, t. xxx fasc. 3 « et 4°, J. H. Ropes, Die Sprùche Jesu, die in den kanonischen Evangelien nicht ùberliefert sind. Eine kritische Bearbeitung des von D. Alfred Resch gesammelten Materials, ibid., Leipzig, 1896, t. xiv, 2’fasc ; E. Nestlé, Novi Testamenti grseci supplementum editionibus Je Gebhurdt-Tischendorfianis, Leipzig, 1896 ; Dict. d’archéologie chrétienne, t. 1, col. 979-984.

E. Mangenot. AGREDA (d’1 Marie. — I. Vie et œuvres. II. Jugements divers.

I. Vie et œuvres. — Marie d’Agreda, en religion Marie de Jésus, abbesse du monastère de l’ImmaculéeConception, à Agreda, en Espagne (Vieille-Castille), naquit dans cette ville, le 2 avril 1602, et y mourut le 24 mai 1665. Marie d’Agreda fut ainsi appelée du nom du lieu de sa naissance, qu’elle ne quitta du reste pas de toute sa vie ; son nom de famille était Marie Coronel. Ses parents, François Coronel et Catherine d’Arana, quoique peu fortunés, appartenaient à la noblesse. Très pieux, ils eurent onze enfants, dont sept moururent en bas âge ; seuls, deux garçons et deux filles atteignirent l’âge mûr. Marie lit vœu de chasteté dès l’âge de huit ans ; en janvier 1619, elle entra, avec sa mère et sa plus jeune sœur, dans un couvent fondé par sa famille, tandis que sun père et ses deux frères prenaient l’habit de saint François. Admise à la profession religieuse le 2 septembre 1620, Marie d’Agreda fut, en 1627, agir de moins de 25 ans, contrainte, avec dispense papale, d’accepter la dignité d’abbesse. Elle occupa celle charge jusqu’à sa mort, à l’exception d’un intervalle de trois ans, et fut réélue onze fois. Sous sa conduite, le monastère s’éleva à un haut degré de prospérité matérielle et spirituelle ; elle le rebâtit hors des murs de la ville, l’orna d’une belle église et en lit une des maisons religieuses les plus ferventes de toute l’Espagne. Marie d’Agreda mourut en odeur (le sainteté, el sa cause fut introduite le 18 janvier 167 : 5, par Clément X.

Ce furent ses écrits qui rendirent Marie d’Agreda célèbre, plus encore que ses vertus. On possède d’elle : 1° La mislica ciudud de Dios… hisloria divina y vida

de la virgen madré de Dios ; 2° une volumineuse correspondance échangée avec le roi Philippe IV d’Espagne ; 3° Leyes de la Esposa conceptos y suspiros del corazon para alcanzar et ullimo y verdadero fin del agrado del Esposo y Scnor ; 4° Meditaciones de la pasion nuestro Sehur ; 5° Sus Exercicios quotidianos ; 6° Escala spiritual para subir a la perfeccion. Le premier de ces ouvrages a été souvent publié et traduit en plusieurs langues ; il y a eu aussi plusieurs éditions de la correspondance avec Philippe IV. Les quatre autres écrits sont encore en manuscrit soit au couvent d’Agreda, soit au monastère des franciscains, à Quaracchi, en Italie.

Marie d’Agreda conçut le plan de la Mystique Cité de : Dieu dès l’année 1627. Elle résista longtemps à l’idée de l’exécuter, mais, en 1637, sur l’ordre exprés de son directeur, elle se mit au travail de la composition, et en vingt jours elle eut achevé d’écrire toute la premièrepartie de l’ouvrage, soit 400 feuillets.

D’abord elle voulut dérober son travail à tous les regards, mais elle dut en donner une copie au roi Philippe IV, qui avait exprimé à cet égard un désir formel. Pendant une absence momentanée de son confesseur habituel, un autre prêtre lui intima l’ordre de brûler son manuscrit. Marie obéit sans aucune répugnance et jeta aussi au feu tous ses autres écrits. Toutefois quelques années plus tard, l’obéissance ordonna à la vénérable servante de Dieu de reprendre la plume. Elle se soumit, et de 1655 à 1660 écrivit à nouveau le livre de la Cité de Dieu, qui ne tomba pourtant qu’après sa mort dans le domaine public. L’ouvrage parut à Madrid en 1670, il comprenait quatre volumes sous ce titre assez prolixe que nous transcrivons en entier : Mistica ciudad de Dios, milagro de su omnipotencia y abismo de la gracia : liisloria divina y vida de la virgen madré de Dios, reyna y senora nueslra Maria santisima, restauradora de la culpa de Eva y madianera de la gracia, manifeslada en estas ullinws siglos por lamisma senora a su esclava sor Maria de Jésus, abbadesa de el convento de la Immaculada Concopcion de la villa de Agreda de la provvncia de Burgos, para nueva luz de el mundo, alegria de la iglesia calolica y confianza de los mortales, Madrid, Bernard de Villa Diego, 1670. Comme son litre l’indique, ce livre fait l’histoire détaillée de la Vierge Marie, d’après des révélations particulières dont Marie d’Agreda affirme avoir été gratifiée. Dans l’introduction, elle rappelle les motifs qui l’ont portée à écrire : elle répond à l’ordre de Dieu, qui l’ayant élevée à un état de contemplation sublime, lui révèle les mystères les plus profonds. Pour l’aider dans son œuvre, Dieu lui donna six anges, qui, après l’avoir purifiée et préparée, la mènent en présence du Seigneur. A ces six anges se joignirent plus tard deux autres. Marie raconte ensuite comment l’ardent désir qu’elle avait de contempler les mystères divins la fit aboutir à un dépouillement complet d’elle-même. Lorsqu’elle fut arrivée à cet état, elle vit au ciel la Vierge, telle que l’Apocalypse la décrit, et reçut l’ordre de la regarder, de contempler ses perfections et de les décrire. L’auteur nous apprend de quelle manière les communications divines lui furent faites et jusqu’à quel point elle fut illuminée d’en haut ; puis, elle commence son livre par l’histoire de la création. De là, elle passe au récit de la vie de la sainte Vierge depuis l’annonciation qui fut faite d’elle à ses parents avant sa naissance jusqu’à sa mort, de façon pourtant à ce que les mystères de la vie de Noire-Seigneur, soient aussi compris dans la narration. « Ce livre, dit Gôrres, La Mystique divine, naturelle et diabolique, trad. Ch. Sainte-Foi, 2e édit., Paris, 1861, t. ii p. 118, renferme une contemplation mystique vraiment grandiose. Sa partit— spéculative dénonce une profondeur admirable et bien rare dans une femme. Sa partie historique, quoique privée des couleurs de lima