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AGNOSTICISME

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tiré plus heureusement. Selon lui, nous connaissons toute chose créée sous un mode de composition et de dépendance. La cause première elle-même n’échappe pas à cette loi. Force nous est donc de la signifier ou par une relation ou par une négation : Significari non possunt nisi vel per ncgationem, sicut cum dicimus Deum seternum vel infinitum, vel etiam per relationem ipsius ad alia, ut cum dicitur prima causa vel summum bonum. dont, gent., loc. cit. Enfin, ce concept purement représentatif, approximation première, peut et doit se corriger ; car, il n’y a point relation de l’absolu aux créatures, mais seulement des créatures à l’absolu : Non enim de Deo capere possumus guid est, sed guod non est, et gualiter alia se habeant ad ipsum. Jbid.

III. Opposition de l’agnosticisme et de la doctrine catholique. Enseignements patristiques et définitions. — Voir Dieu, Analogie, Eminence, etc.

L’agnosticisme primitif (celui des premières hérésies) a rencontré l’opposition des Pères et des docteurs de l’Église (magistère ordinaire). L’agnosticisme moderne est en outre condamné par la doctrine du concile du Vatican.

Pères et docteurs de l’Eglise.

La raison humaine, dans ses tentatives incertaines et imprudentes, s’est efforcée d’all’ranchir l’Absolu de toute détermination et limitation. De ces tâtonnements proviennent les systèmes nombreux des gnostiques, des stoïciens, et plus particulièrement des hérétiques eunoméens, qui se représentaient Dieu comme l’être commun de toutes choses. D’autre part, la révélation chrétienne enseignait simultanément deux dogmes : l’impossibilité de connaître Dieu d’une connaissance immédiate et distincte ; — la possibilité d’une connaissance analogique et énigmatique, sous le voile des créatures. Nemo novit Patrem, nisi Filius et cui voluerit Filius revelare. Matth., xi, 27. Gf. Joa., I, 28. Invisibilia enim ipsius a creatura mundi per ea guse facta sunt intellecla conspiciuntur, sempiterna guogue ejus virlus et divinitas. Rom., i, 20. La tâche des Pères et des docteurs, en présence des gnostiques et des eunoméens, fut donc d’affirmer d’une part en Dieu l’absence de toute détermination finie, d’autre part l’omniperfection connue par les analogies des créatures. C’est ce double enseignement qui reçut plus tard le nom de théologie négative et de théologie positive. Telle fut la doctrine de saint Irénée, de Clément d’Alexandrie, d’Origène et plus tard de l’école cappadocienne qui se signala par ses luttes contre les eunoméens. Les alexandrins sont particulièrement remarquables par l’usage qu’ils font de la théologie négative : cette forme de la doctrine, transmise à l’Occident surtout parles écrits aréopagitiques et, dans une notable mesure, par ceux de saint Augustin, a été’consacrée par l’autorité de saint Thomas. Ses développements bien compris sont la condamnation de l’agnosticisme ancien. Voir Franzelin, De Deo uno, sect. n ; Billot, De Deo uno, t. I, part. I, p. 3.

2° Le concile du Vatican, dans sa constitution Dei Filius, a déterminé ce que nous pouvons savoir de Dieu, à la lumière de la raison. Le ebap. I er définit l’existence et les attributs de Dieu créateur de toutes choses, dont la foi suppose la connaissance : Sancla catholica apostulica Romana Ecclesia crédit et confitetur unum esse Deum verum et vivwm, creatorem ac dominum cæli et terrse, omnipotentem, seternum, immensum, incomprehemibilem, intellcciu ac voluntate, omnique perfectione infinitwn… Le chap. n résume cette notion : Eadem tancta mater Ecclesia tenet et docet, Deum, rerum omnium principium et finem, naturali humanus rationis luminee rébus creatis certo cognosci posse… Enfin le canon 1 er De revelalione, est ainsi conçu : Si i/iiis diocerit Deum unum et verum, Creatorem et Dominum nostruni, per ea g une facta sunt, naturali rationis humanse lumine certo cognosci non posse ; anutlicma sit.

Il est à remarquer que le texte du chapitre il se borne à exposer ce que l’Église admet et enseigne, tenet et docet. Le texte du canon contient une définition de foi ; il condamne quiconque refuserait à la raison les lumières nécessaires pour connaître le Dieu véritable. En outre, le commencement du chapitre enseigne comme une doctrine certaine qu’à la lumière de la raison, Dieu peut être connu comme le principe et la fin de toutes choses. Voir Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, t. I, c. ii, § 59. Du canon 1 er ressort évidemment la condamnation de l’agnosticisme sous quelque forme qu’il se présente.

I. Histoire de l’agnosticisme sous ses formes anciennes. — i. onosticisme. — s. Irénée, Adv. hæreses, I. I, 26, P. G., t. vu ; Philosophumena, 1. VII, P. G., t. xvi ; S. Épiphane, Hseres., xxiv, xxxi, P. G., t. xli ; abbé Duchesne, Les origines chrétiennes (leçons autographiées), Paris, 1878-1881, c. xi : Lu gnose aie u’siècle.

n. l’agnosticisme néo-platonicien. — J. Simon, Histoire de l’École d’Alexandrie, Paris, 1845, t. I, 1. II ; E Vacherot, Histoire critique de V École d’Alexandrie, Paris, 1846-1 851, IIP part. ; Barthélémy Saint-Hilaire, L’École d’Alexandrie, Paris, 1845 ; M. N. Bouillet, Les Ennéades de Plotin, chef de l’École néoplatonicienne, accompagnées de sommaires, dénotes et d’éclaircissements, Paris, 1857 : cinquième Ennéade.

II. Formes modernes de l’agnosticisme. — i. œuvres des

AUTEURS AGNOSTIQUES OU SE RATTACHANT AU COURANT AONO stiqce. — Hamilton, Discussions on philosophy and littérature, éducation, etc., Londres, 1852 ; Lectures on metaphysics and logic, i vol., Londres, 1850 ; Mansel, Limits of religions thought, Londres, 1858 ; Stuart Mill, System of Logic, rationative and inductive, being a connected view of the principles of évidence and the methods of scientific éducation, Londres, 1843 ; traduct. sur la 6e édit., par Peisse : Système de logique déductive et inductive. Exposé des principes de la preuve et des méthodes de recherches scientifiques. Paris, 1866-1867 ; Herbert Spencer, System of synthetic philosophy, Londres, 1860-62 ; t. i, First principles, traduit par Cazelle : Les premiers principes, 7’édit., Paris, 1894, voyez la I" partie. Il existe un abrégé de la philosophie de Spencer, approuvé par celui-ci : F. Howard Collins, An epitome of the synthetic philosophy, with a préface by H. Spencer, Londres, 1889. Cet abrégé a été traduit par Varigny, 2’édit., Paris, 1895. Les rapports de l’agnosticisme de Spencer avec le positivisme d’Aug. Comte sont clairement exprimés dans : The classification of sciences, to which are added reasons for dissenting froin the philosophy of M. Comte, Londres, 1864, écrit reproduit dans les Essuys scientific, political and spéculative, 4° édit., Londres, 1888, t. m. Voir aussi divers articles de H. Spencer dans le Ninelcenth Ceutury (particulièrement janvier et juillet 1884). On peut encore voir : Levves, History of philosophy, Londres, 1847 ; Problems of life and mind, Londres, 1872-1879 ; Clifford, Lectures and essays, Londres, 1879 ; Duboys-Raymond, Die Grenzen des Nuturer-kennrns, Leipzig, 1872.

/L EXPOSÉS CRITIQUES ET RÉFUTAI IONS DE L’AGNOSTICISME MODERNE. — 1* Sur lu philosophie d’Hamilton : L. Peisse, Fragments de philosophie, par V. Hamilton, Paris, 1840 ; Ravaisson, Fragments de philosophie de Hamilton, dans Revue des Deux Mondes, 1° novembre 1840 ; Stuart Mill, An exainination of sir Hamilton’s philosophy and of the principal philosophical questions discussed in his writings, Londres, 1865, traduit par Cazelle, Examen de la philosophie de W. Hamilton, Paris, 1869 ; Waddington, Essais de logique, Paris, 1875 ; U. V. Wight, The philosophy of sir W. Hamilton, New-York, 1853 ; K. Ulrici, Engl. philosophie, dans Zeitschr. f. l’hil. nnd Kr. 1855 ; M. Veitch, Memoir of sir II’. Hamilton, Londres, 1869 ; Mansel, The philosophy of the conditioned. Sir W. Hamilton and J. S. Mill, Londres, 18(5 ; Franck, Diction, des sciences philosophiques, Paris, 1875, art. Hamilton.

%’Sur l’agnosticisme en général, et plus spécialement sur le système de 11 Spencer : Ravaisson, La philosophie en France au xi*’siècle, Paris, 1868, g 7 ; Ollé-Laprune, De la certitude morale. Paris, 1880, c. iv, v ; l>. Cochin, L’évolution et la vie, Paris, IHSO, c. ii, m ; Gruber, Le positivisme, depuis Conte jusqu’à nos jours, traduction Mazoyer, Paris, 1893, IIP part., c. i ; M «’Mercier, Origines de la psychologie contemporaine, Lonvain, 1897, c. iii, a. 2.

m. Doctrine catholique relative a la connaissance naturelle de Dieu. —’pères de l-êqlisb. — S. Grégoire do Nazianze, Urat. theolog., ii P. G., t. xxvi ; S. Grégoire Ue