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AGNEAU PASCAL

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Comm. in Ev. sec. Joannem, Paris, 1898, p. 555. 2° Tradition écrite.

Terlullien, Adv. Judseos, 8, P. L., t. ii, col. 616, remarque que Jésus est mort le premier jour des azymes, auquel les Juifs égorgeaient l’agneau pascal, afin que tout ce qui a été écrit de lui soit accompli. Saint Cyprien, Ad Demetrianum, 22, P. L., t. iv, col. 561, assure que ce qui avait été indiqué en image par l’immolation de l’agneau pascal a été véritablement réalisé en Jésus-Christ. De même que lors de la dixième plaie de l’Egypte, les Juifs n’ont été épargnés que parce qu’ils étaient marqués du sang et du signe de l’agneau, ainsi, à la fin du monde, celui-là seul sera sauvé qui sera trouvé marqué du sang et du signe du Christ. Pour saint Justin, Dialog. cum Tryphone, 40, P. G., t. vi, col. 561-564, le mystère de l’agneau pascal était la figure du Christ, du sang de qui les fidèles oignent leurs maisons, c’est-à-dire leurs âmes. Cet agneau qu’on devait manger cuit et en entier était le symbole du supplice de la croix que Jésus-Christ aurait à endurer. Pour sa cuisson, l’agneau était disposé sur le feu en forme de croix ; il était attaché à deux barres transversales, dont l’une l’embrochait de la tête aux pieds et l’autre le traversait auprès des épaules. Lactance, Divin, institut., iv, 26, P. L., t. vi, col. 530-531, affirme que les Juifs fournissaient encore de son temps une figure de la croix quand ils marquaient leurs portes du sang de l’agneau. A la première Pâque en Egypte, le sang de l’animal n’eut pas de lui-même l’efficacité d’épargner les premiers-nés des Israélites, il l’eut comme image de l’avenir. L’agneau innocent et sans tache fut le Christ, juste et saint, qui immolé par les mêmes Juifs a sauvé tous ceux qui ont inscrit sur leurs fronts le signe de son sang, le signe de la croix sur laquelle il a répandu son sang. L’immolation de cet animal est appelée Pâque, parce qu’elle est la figure de la passion que Dieu a ordonné à son peuple par l’intermédiaire de Moïse de célébrer d’avance. Selon saint Ambroise, De Abraham, I, 5, n. 40, P. L., t. xiv, col. 437, l’agneau offert à Dieu par Abraham était comme l’agneau pascal un agneau tendre et bon : bon, puisqu’il effaçait les péchés, tendre, puisqu’il n’a pas refusé le gibet de la croix, puisqu’il n’est rien resté de sa chair, mangée en entier par les convives, puisque aucun de ses os n’a été brisé. La vérité de l’Évangile a montré cet agneau tel que l’ombre de la Loi le préfigurait. Suivant le même docteur, In Ps. al/// enarrat., n. 36, ibid., col. 1107, notre bon seigneur Jésus-Christ est devenu la brebis de notre repas. Comment cela ? Il est notre Pàque. Nos pères mangeaient l’agneau figurativement et signifiaient la passion de Jésus, dont nous nous nourrissons tous les jours au sacrement. Saint Augustin, Quscst. in Heplateuch., 42, P. L., t. xxxiv, col. 608-009, trouve un nouveau sens figuratif dans cette circonstance que la victime de la Pàque pouvait être prise parmi les brebis ou les boucs. Selon lui, cette distinction n’avait d’autre raison d’être que de figurer Jésus-Christ dont la chair dérivait d’ancêtres justes et pécheurs. Saint Grégoire de Nazianze, Oral., XLv.in S, Pascha, n os 13-20, P. G., t. xxxvi, col. 640-652, expose longuement le caractère figuratif du repas pascal. En ce qui concerne la victime, Dieu a choisi l’agneau à cause de son innocence, et aussi parce qu’il devait nous rendre le vêtement d’incorruption dont le péché nous avait dépouillés’. Il devait être parfait, non sous le rapport de la divinité qui est l’absolue perfection, mais sous le rapport de l’humanité unie à la divinité ; rnàle, parce qu’il devait être offert pour expier la faute d’Adam et parce qu’il devait être le fils de la vierge, prédite par Isaïe ; d’un an, parce que, comme soleil de justice, il devait parfaire sa course en orbe et en forme de couronne ; sans tache, puisqu’il devait effacer les taches du péché. Il a été immolé pour que loutes nos actions soient marquées de son sang ; il l’a clé le soir, parce que la passion du Christ a eu lieu à

la fin des temps ; il a été rôti et non bouilli pour que sa doctrine, expurgée par le feu, ne contienne rien que de solide. Aucun de ses ossements ne pouvait être brisé, et cette circonstance s’est réalisée historiquement à la passion de Jésus. Saint Cyrille d’Alexandrie, De adoratione in spiritu et veritate, ii, P. G., t. lxviii, col. 261, assure que les Israélites n’auraient pu sortir de l’Egypte, ni éviter l’extermination de leurs premiers-nés, s’ils n’avaient auparavant immolé l’agneau, figure du Christ qui efface les péchés du monde. Le sang dont ils avaient marqué leurs portes (’tait un bouclier qui les mettait à l’abri en vertu du mystère du Christ. La mort du Christ préserve de la mort, et ceux qui participent à la bénédiction mystique sont vainqueurs de la mort spirituelle. D’après saint Isidore de Péluse, Epist., 1. 1, epist. ccix, P. G., t. Lxxviii, col. 320-321, les Hébreux mangeaient les chairs de l’agneau cuites au feu pour signifier typiquement le grand mystère de l’incarnation et pour préfigurer l’agneau de Dieu qui unit de la manière la plus intime le feu de l’essence divine avec la chair que nous mangeons et qui nous apporte la rémission de nos péchés. Photius, Ad Amphilochium, quæst. ccxcv, P. G., t. Ci, col. 1128, s’est demandé pourquoi l’agneau pascal était immolé le soir, et il a répondu : Parce qu’il était la figure du Christ, le véritable agneau et pasteur. C’est à la chute du jour que notre créateur a subi volontairement la mort pour notre salut. Le sacrifice pascal était offert à l’époque de la pleine lune, parce que la lumière de la lune figure la divinité du Sauveur, et le corps lunaire son humanité. En outre, de même que la pleine lune éclaire le monde entier, ainsi NotreSeigneur après sa mort a restauré toutes choses, et c’est pourquoi le sage gouverneur du monde a voulu que Jésus mourût à l’époque de la pleine lune. Saint Grégoire le Grand, Hom. in Ev., ii 22, n. 7-9, P. L., t. lxxvi, col. 1177-1181, a appliqué tous les détails du repas pascal à la sainte communion, qui est la Pàque des chrétiens. Selon saint Brunon d’Asti, Expositio in Exod., xii, P. L., t. clxiv, col. 253-256, l’agneau pascal, choisi le dixième jour du mois, n’est égorgé que le quatorzième, parce que la passion de Jésus-Christ, figurée dans l’Ancien Testament, est réalisée dans le Nouveau. Le Christ, d’abord montré et figuré, est ensuite immolé et sacrifié. Le Christ est agneau par son innocence et chevreau par sa chair ; c’est un agneau sans tache, puisqu’il n’a pas commis de faute ; mâle et âgé d’un an, puisqu’il n’a été soumis à aucune passion. Sa manducation dans les maisons des Juifs symbolise le sacrifice qui a lieu si souvent dans les églises et celui qui a été offert sur l’autel de la croix. Le pieux commentateur applique tous les détails du récit biblique à la sainte communion, représentée dans les moindres circonstances du repas pascal. Enfin, l’abbé Rupert, De Victoria Verbi Dci, iii, 13, P. L., t. clxix, col. 1280, indique en passant le caractère figuratif de l’agneau pascal, signe du Christ qui devait venir.

Tradition monumentale.

La manducation de l’agneau pascal a toujours été considérée comme un symbole eucharistique. On l’a regardée aussi comme une figure de la mort du Christ :

Vespere, mtictato Judseis paxclia fît in Ayno ; Suluos frcil nos, mundi sub fine, Dci mors.

Le sang de l’agneau, dont les portes des Hébreux ont été marquées, sauvera tous ceux qui en seront teints :

SanguU in hoc poste populum tutatur al hoste.

Sur le vitrail de Ciintorbéry, qui est du xnr siècle, le fan, inscrit avec le sang de l’agneau, est un symbole de la croix :

FroiUibus infixum Thau prxdnuit cruciflxum.

Cf. X. Barbier de Montault, Traité d’iconographie

chrétienne, Paris, IS’JO, I. ri, p. Mi, 91-93.