Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

565

AGGÉE, II, 7-10

566

quatrième jour du même mois, on se met à l’œuvre sous la direction de Zorobabel, i, 1 ; ii, 2.

2° Le vingt-et-unième jour du septième mois (Tisri = septembre-octobre), le septième jour de la solennité des Tabernacles, nouvel oracle ; ce sont des paroles d’encouragement, spécialement à l’adresse de ceux qui, ayant vu le Temple de Salomon, ne peuvent aujourd’hui considérer, sans pleurer, les chétives dimensions de celui qu’on rebâtit. Qu’ils sachent que la gloire future du Temple sera bien supérieure à celle d’autrefois. Le nouveau sanctuaire ne disparaîtra pas avant d’avoir vu se réaliser la promesse messianique ; de tous les points du monde les peuples y apporteront un jour le tribut de leurs présents, ii, 2-11.

3° Le vingt-quatrième jour du neuvième mois (Kislev = novembre-décembre), le prophète pose aux prêtres deux questions sur la pureté et l’impureté légales, pour avoir l’occasion d’avertir le peuple qu’aussi longtemps que le Temple ne sera pas rebâti, Dieu les traitera comme des gens impurs. Qu’on se rappelle les fléaux dont récemment encore ont souffert les fruits de la terre. Le jour est proche où Dieu va répandre ses bénédictions, n, 11-21.

4° Le même jour, Dieu déclare solennellement qu’au temps où, faisant justice du monde entier, il renversera les trônes et brisera la force des puissants, cf. il, 7, 8, ses regards s’arrêteront avec complaisance sur Zorobabel, dont il prendra soin comme un maître fait de son propre sceau, ii, 21-24. Ce dernier trait est à rapprocher de I Par., iii, 17, et, 1er., xxii, 24.

S ; ms avoir l’éclat d’Isaïe, l’énergie d’Amos et de Joël, le style d’Aggée ne manque pas de pureté, ni même d’une certaine élégance. Sa prose est coupée par endroits de ce parallélisme rythmique un peu lâche, dont les prophètes aiment à se servir. Quelques répétitions, comme celle-ci : ponite corda vestra super vias vestras, I, 5, 7 ; il, 16, 19, trahissent une langue assez pauvre, si toutefois elles ne sont pas l’effet de l’artifice oratoire. Mais il ne faut pas s’exagérer la portée de cette appréciation littéraire, faite sur un morceau de si peu d’étendue.

Inutile de s’attarder à établir l’authenticité et la canonicité de la prophétie d’Aggée, qui n’ont jamais été sérieusement contestées. On en trouve d’ailleurs des témoignages explicites dans la Bible elle-même. I Esdr., t, 1 ; vi, 14 ; Eccli., xlix, 13 ; cf. Agg, ii, 24 ; Hebr., xii, 26 ; cf. Agg., ii, 7. Le texte et les versions n’appellent aucune remarque spéciale.

III. Commentaires. —

S. Jérôme, P. L., t. xxv, col. 1387-1416 ; Théodore de Mopsueste, P. G., t. lxvi, col. 474-494 ; Théodoret de Cyr, P. G., t. lxxxi, col. 18601874 ; S. Cyrille d’Alexandrie, P. G., t. lxxi, col. 10211063 ; Haymon d’Alberstadt, P. L., t. cxvii, col. 211-221 ; Rupert, P. L., t. clxviii, col. 683-700 ; Albert le Grand. Tous les scolastiques de la renaissance qui ont donné un commentaire continu des petits prophètes. Ribera, S. J. († 1591), et Sanctius, S. J. († 1628), méritent une mention spéciale. Ils avaient été précédés d’Eckius, Comment, super Haggœum prophet., Sehgensladt, 1538 ; L. Reinke, Der prophet Haggai, in-8o, Munster, 1868 ; Knabenbauer, In proph. min., t. ii, p. 174-210 (1880) ; Trochon, Les petits Prophètes, p. 373-391 (1895) ; Yan Hoonacker, Les douze petits prophètes, 1908, p. 538-576. Rosenmùller, Schol. in V. T., t. vii, p. 92, énumère les commentaires protestants parus de 1550 à 1822. Il convient d’y joindre Ivohler, Die Weissagung Haggaïs, Erlangen, 1860 ; Pusey, Comment, on the minor Prophets, Oxford, 1889, in-4o ; Perowne, Haggai and Zechariah, in-12, 1888 ; Tony André, Le prophète Aggée, 1895.

A. Durand.

II. AGGÉE, II, 7-10.

A s’en tenir aux termes de la Vulgate, une des dernières prophéties messianiques se lit dans Aggée, ii, 7-10. Le passage entier, qu’on intitule d’ordinaire la gloire du second Temple, se résume assez

bien dans l’incise du verset 8* : Et veniet desideratas cunclis goilibus. Ce « Désiré de toutes les nations » serait le Messie. C’est là une traduction et un commentaire que des exégètes, même catholiques, contestent aujourd’hui. Voyons ce qu’il en est. La marche de cette étude est toute naturelle : I. Critique des versions et du texte. IL Exégèse du passage. III. Conclusion.

I. Critique des versions et du texte. —

1° La Vulgate actuelle, c’est-à-dire la version hiéronymienne porte, sans variante de quelque importance :

7. Quia hsec dicit Dominas exercituum : Adhuc unum modicum est, et ego commovebo csduni, et terra »), et mare, et aridam.

8. El movebo omnes gentes : et veniet desideratds cunctis gentibvs : et implebo domum islam gloria, dicit Dominus exercituum.

9. Meum est argentum, et meum est aurum, dicit Dominus exercituum.

10. Magna erit gloria dom.ua istius novissimæ plus quam primai, dicit Dominus exercituum : et in loco islo dabopacem, dicit Dominus exercituum.

2° Jusqu’à la fin du ive siècle, les Pères latins ont lu dans Vantique Vulgate latine ou version préhiéronymienne, vulgairement appelée ilala, une variante considérable, puisqu’elle concerne précisément le verset 8e, qui semble décisif. Au lieu de veniet desideratus cunctis gentibus, saint Ambroise, Epist., xxx, 12, P. L., t. xvi, col. 1064 : ut introirent electa genlium ; saint Augustin, De civ. Dei, xviii, 45, 48, P. L., t. xr.i, col. 606, 611 ; Ad Donat. p>ost collai., P. L., t. xliii, col. 671 : renient quæ electa sunt Domini de cunclis gentibus. Cette dernière leçon se rencontre encore dans saint Jérôme, qui la donne comme étant celle des Septante, in h. L, P. L., i. xxv, col. 1402. Aussi bien dom Sabatier, Bibl. s. version, ant. lat., in h. L, rétablit-il comme il suit la version latine primitive : et venient omnia electa gentium. Peut-être eût-il mieux fait d’écrire : et venient electa omnium gentium. Quoi qu’il en soit, il a fort justement omis le mot Domini lu par saint Jérôme et saint Augustin ; c’est manifestement une glose latine, répudiée par le texte et les autres versions.

3° Nous ne citons des Septante que le passage utile : "Eti anaÇ iyio aeiaco tôv ouf, avbv xai tyjv y^i v y -°" T V 6â), a<raav xa tïiv ijïjpâv, xa <rjvo-£Î<Ta> îiâvra Ta s6vy|, x « v^Çei ta èxÀExrà 7tâvTuv ràiv èôvùv… c’est-à-dire et venient optima omnium gentium, ou encore : optimse inter omnes gentes. La leçon grecque se présente uniformément dans tous les textes et les œuvres des Pères.

4° Version syriaque : « Encore un temps, hedd zeban, j’ébranlerai le ciel et la terre et le continent ; et j’ébranlerai toutes les nations et elles apporteront le désir, regtà, de tous les peuples, et je remplirai cette maison de gloire, dit le Seigneur tout-puissant. » — La paraphrase chaldéenne traduit exactement de la même manière, excepté qu’au verset 8 b elle porte : et venient desiderium omnium gentium. D’après Galatin, Opus de arcan. cathol. veril., p. 211, Rabbi Akiba (ne siècle) traduisait : et adducam desiderium omnium genlium,

5° Version arabe : et venient selectissima quæque omnium gentium.

6° Texte hébreu massore’tique.

Car ainsi parle Jéhovah Sabaoth : Encore une fois —[ce sera

[bientôt, ]

Et moi j’ébranlerai les cieux et la terre, et la mer, et le con-Et j’ébranlerai tous les peuples, [tinentjl

Et viendront les trésors de toutes les nations ; Et je remplirai cette maison de gloire :

dit Jéhovah Sabaoth !

A moi l’argent et à moi l’or :

oracle de Jéhovah Sabaoth !

Plus grande sera la dernière gloire de cette maison que la

dit Jéhovah Sabaoth ! [première : ]

Et en ce lieu-ci je donnerai la paix :

oracle de Jéhovah Sabaoth !