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AGATHON (LETTRES DOGMATIQUES DE SAINT)

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mentia, quoniam Dominus et Salvator omnium, cujus fides est, qui fidem Petri non defecturam promisit, confirmare eum fratres suos admonuit ; quod apostolicos pontifices, mese exiguitatis prædecessores, confidenter fecisse semper, cunetis est cognitum… Vae mihi erit, si veritatem Domini mei, quam illi sincérité ! — prædicarunt, prædicare neglexero. Vas mihi erit, si silentio texero veritatem quam erogare nummulariis jussus sum, id est, christianum populum imbuere et docere… Unde et apostolicoe memoriuî meae parvitatis prædecessores, dominicis doctrinis instructi, ex quo novitatem hoereticam in Christi immaculatam Ecclesiam Constantinopolitanæ ecclesia ; proesules introducere conabantur, nunquam neglexerunt eos hortari, atque obsecrando commonere ut a pravi dogmalis hæretico errore, saltem tacendo désistèrent, ne ex hoc exordium dissidii in unitate Ecclesiae facerent, unam voluntatem, unamque operationem duarum naturarum asserentes in uno Domino nostro Jesu Christo. Hardouin, Acta conciliorum, t. iii, col. 1079-1083.

Sauveur, lorsqu’il a parlé ainsi dans les saints Évangiles, au chef de ses disciples : Pierre, Pierre, dit-il, voici que Satan a demandé à vous passer tou* au crible comme le froment ; mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, à ton tour, confirme tes frères. Considérez donc, prince très clément, que le Seigneur et Sauveur de tous, de qui vient la foi, ayant promis que la foi de Pierre ne défaudrait pas, l’a averti de confirmer ses frères. Aussi bien, chacun le sait, les pontifes apostoliques prédécesseurs de mon infirmité, n’ont-ils jamais manqué à ce devoir… Malheur donc à moi, si je néglige de prêcher la vérité de mon Seigneur, qu’ils ont, eux, prêchée intacte ! Malheur à moi si j’ensevelis dans le silence le trésor que j’ai reçu mission de distribuer à ceux qui le feront fructifier, je veux dire cette vérité que par mes enseignements je dois faire profondément pénétrer dans les âmes des chrétiens… Et c’est pour cela que dès les premiers essais tentés par les patriarches de Constantinople pour introduire dans l’Église immaculée du Christ des nouveautés hérétiques, mes prédécesseurs, d’apostolique mémoire, forts des enseignements du Seigneur lui-même, n’épargnèrent auprès d’eux ni les exhortations, ni les avertissements, ni les prières pour les amener à renoncer à leur doctrine hérétique, ou du moins à garder le silence. Ils espéraient par ce moyen étouffer le germe des divisions dont ces patriarches menaçaient l’Église en n’admettant qu’une seule volonté et une seule opération pour les deux natures dans la personne unique de X’ : tre-Seigneur JésusChrist.

II. Lettre conciliaire de saint Agathon et des cent vingt-cinq évêques. Extrait sur les deux volontés en

Jésus-Christ.

Hœc est perfecta nostra scientia, ut terminos catholiese atque apostolicæ fidei, quos usque adhuc apostolica sedes nobiscum et tenet et tradit, tota mentis custodia conseivemus… Unum quippe eumdemque Dominum nostrum Jesum CbristumFiliumDei unigenitum, ex duabus et in duabussubstantiis inconfuse, incommutabiliter, indivise, inseparabiliter subsistere cognoscimus ; nusquam sublata differentia naturarum propter unitioncm, sed potius salva proprietate utriusque naturæ, et in unam personam, unamque subsistentiam concurrente : non in dualitatem personarum dispertitum vel diversum, neque in unam compositam naturam confusum : sed unum eumdemque Filium unigenitum, Deum Verbum Dominum nostrum Jesum Clin La perfection de notre science consiste, selon nous, à conserver avec un soin jaloux les définitions de la foi catholique et apostolique telle que jusqu’à ce jour le siège apostolique l’a gardée et enseignée avec nous. Nous reconnaissons donc que NotrcSeigr.eur Jésus-Christ fils unique de Dieu, un en personne, subsiste sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation, dans les deux natures dont il est formé. Chez lui, l’union des natures ne supprime pas leur différence, mais toutes deux, entrant ensemble dans l’unité de subsistance et de personne, conservent leur intégrité. Ni il n’est divisé ou séparé en deux personnes, ni il n’est formé d’une nature composée, mais il est à la fois le Fils unique de Dieu, le Dieu Verbe et Notre-Sei stum : neque alium in alio, neque alium et alium, sed eumdem ipsum in duabus naturis, id est, in deitate et humanitate, et post subsistentialem adunationem cognoscimus : quia neque Verbum in carnis naturam conversum est, neque caro in Verbi naturam transformata est : permansit enim utrumque, quod naturaliter erat : differentiam quippe adunatarum in eo naturarum sola contemplatione discernimus, ex quibus inconfuse, inseparabiliter, et incommutabiliter est compositus. Unus enim ex utrisque, et per unum utraque : quia simul sunt et altitudo deitatis, et humilitas carnis : servante utraque natura etiam post adunationem sine defectu proprietatem suam, et opérante utraque forma cum alterius communione quod proprium habet : Verbo opérante quod Verbi est, et carne exsequente quod carnis est : quorum unum coruscat miraculis, aliud succumbit injuriis. Unde eonsequenter, sicut duas naturas sive substantias, id est, deitatem et humanitatem inconfuse, indivise, incommutabiliter, eum habere veraciter confitemur : ita quoque et duas naturales voluntates et duas naturales operationes habere, utpote perfectum Deum et perfectum hominem, unum eumdemque ipsum Dominum Jesum Christum pietatis nos régula instruit : quia hoc nos apostolica atque evangelica traditio, sanctorumque patrum magisterium, quos sancta apostolica atque catholicaEcclesia, et venerabiles synodi suscipiunt, instituisse monstratur. Hardouin, t. iii, col. 1119-1122.

gneur Jésus-Christ. Il n’est pas une personne dans une autre personne, ni deux personnes juxtaposées ; il est un dans ses deux natures, c’est-àdire dans la divinité et dans l’humanité, et cela après leur union substantielle. Telle est notre foi. Ni, en effet, le Verbe ne s’est changé en la nature de la chair, ni la chair ne s’est transformée en la nature du Verbe ; l’une et l’autre est restée ce qu’elle était, mais l’union est si étroite, que c’est par la seule opération de notre esprit que nous apercevons la dualité des natures dont il est formé sans confusion, sans séparation, sans changement. Un seul Christ formé des deux natures, et les contenant toutes deux dans son unité : en lui se trouvent ensemble et la gloire de la divinité, et l’humilité de la chair : en lui chacune des deux natures garde, même après l’union, toute son intégrité, chacune accomplit, dans l’union de l’autre, les actes qui lui sont propres, le Verbe opère ce qui est du Verbe, la chance qui est de la chair, et l’un fait éclater les miracles alors que l’autre succombe sous les coups. Aussi, de même que nous reconnaissons unies réellement en lui sans confusion, sans division, sans changement les deux natures ou substances, c’est-à-dire la divinité et l’humanité ; ainsi devons-nous pour être dociles à l’enseignement de notre foi proclamer dans la seule et même personne de Notre —Seigneur Jésus-Christ, Dieu parfait et homme parfait, deux volontés naturelles et deux opérations naturelles, car tel est constamment l’enseignement de la tradition évangélique et apostolique, et des saints Pères, recueilli par l’Église apostolique et catholique et proposé par les saints conciles.

Les Pères du sixième concile, au reçu de ces lettres, déclarèrent que Pierre avait parlé par Agathon, ils les admirent comme règle de la foi, et dans la huitième session chaque évêque dut déclarer qu’il y adhérait. Depuis lors elles ont toujours joui d’une égale autorité tant en Orient qu’en Occident, et on peut, sans exagération, dire qu’elles ont porté le coup de la mort au monothélisme, la seule des grandes hérésies orientales qui n’ait pas laissé de traces jusqu’à nos jours.

Les grecs voulurent, au concile de Florence, se servir des lettres dogmatiques de saint Agathon pour établir l’illégitimité du Filioque, qui ne se trouve point au symbole inséré dans la deuxième lettre ; mais les latins répondirent victorieusement à tous leurs arguments. Néanmoins, c’est bien à tort, et bieï— inutilement que Pighius et après lui Baronius, Bini et d’autres, s’appuyant sur une réflexion que le cardinal Julien aurait faite à ce même concile, ont prétendu que le Filioque primitivement inséré dans le symbole de cette deuxième lettre en avait disparu par la fraude des grecs. Il n’en est rien, ces mots qui ne sont aucunement nécessaires à l’ortbodoxie de ce symbole ne s’y sont jamais trouvés, et de plus la remarque du cardinal Julien s’appliquait à un