Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

559 AGATHANGE — AGATHON (LETTRES DOGMATIQUES DE SAINT) 5G0

t. I, p. 99-19i. Le texte grec a été édité avec une version latine d’après le manuscrit de Florence, le plus ancien que l’on connaisse, par le père Stilting, Acta sanclorum, septembre, t. VIII, Anvers, 1762, et plus récemment par P. de Lagarde dans esAbhcuuU. der K. G.der Wiss. tu Gôtting., t. xxxv ; il a aussi été reproduit par Langlois dans l’ouvrage indiqué plus haut. Métaphraste s’est servi de la version grecque dans les Actes de saint Grégoire l’Illuminateur.P. G., t. cxv, col. 943-996.

J. Lamy. AGATHON (Saint) pape. Après avoir rappelé les principaux traits de son pontilicat, nous consacrerons un article spécial aux deux lettres dogmatiques qu’il adressa à l’empereur Constantin Pogonat.

I. AGATHON (Pontificat de saint). Suivant le Liber pontificalis, saint Agathon était originaire de Sicile. Il succéda au pape Donus et fut consacré évêque de Rome, le 27 juin 678. Contre l’usage, il se chargea lui-même du soin de la caisse de l’Église romaine. Faut-il l’attribuer au défaut d’hommes capables de remplir cette fonction ? Cela n’est pas invraisemblable ; car Agathon dit, dans sa lettre à l’empereur Constantin Pogonat, qu’il ne pouvait lui envoyer des hommes suffisamment instruits des saintes Écritures parce que le clergé romain avait besoin de se livrer aux travaux manuels pour subsister. Mansi, Conçu., t. xi, col. 747 ; cf. de Rossi, Inscriptionès christianœ, Rome, 1857-1861, t. I, p. 518. Il obtint que l’empereur renonçât à la taxe qu’il recevait jusque-là pour la confirmation des papes ; mais la nécessité de cette confirmation fut maintenue. Agathon tint deux conciles à Rome : l’un en 679, où il rétablit saint Wilfrid sur le siège d’York dont il avait été chassé ; l’autre, en 680, où il prépara les décisions du sixième concile œcuménique, ainsi qu’il sera dit à l’article suivant, Hefele, Hist. des conciles, traduction Leclercq, Paris, 1909, t. ni, p. 472. Outre les deux lettres dogmatiques dont il va être parlé’, saint Agathon a écrit trois lettres perdues, dont deux relatives à la Grande-Bretagne et une troisième adressée à Théodore, évêque de Ravenne. Quatre autres lettres, qu’on lui a attribuées, sont regardées comme apocryphes. Gratien, part. I, dist. XIX, c. 2, rapporte de lui un décret ainsi conçu : Sic omnes apostolicœ Sedis sanctiones uccipiendse sunt tanquam ipsius voce divina Pétri firmalœ. Friedberg, Corpus juris canonici, Leipzig, 1879, t. i, col. 60, et Wattenbach, 2 e édit. de Jaffé, Regesta, pont. Rom., Leipzig, 1885, n. 2108, conjecturent que ce décréta été extrait des actes perdus du concilede 680. SaintAgathon mourutle ! 0janvier681, Colombier, dans Études religieuses, mars 1870, p. 393, et c’est à ce jour que sa fête se célèbre dans l’Église latine. Les grecs l’honorent le 20 février.

Liber pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, p. cclvii, 350 sq. ;.laffé-Wattcnbach, Regesta pontifioum IXomanorum, Leipzig, 1885, t. I, n. 2106-2115 (1622-1628).

A. Vacant.

II. AGATHON (Lettres dogmatiques de saint).

L"s collections des actes du sixième concile œcuménique (troisième de Constantinople, 680) nous ont conservé deux lettres dogmatiques de saint Agathon dirigées contre l’hérésie monothélitc. Toutes les deux sont adressées à l’empereur Constantin Pogonat. Ce prince avait, à la lin de l’année (Î78, écrit au pape Donus pour lui demander l’envoi à Constantinople de quelques députés en vue d’arriver à un accord au sujet des expressions d’une ou de deux volontés dans le Christ el d’imposer enfin un terme à îles discussions qui mettaient la division entre Rome et l’Orient. Ce fut le successeur de Donus, saint Agathon, qui reçut celle lettre. Avant d’répondre il voulut que l’Occident proclamai sa foi aux deux volontés, et c’est à cet effet, qu’en plusieurs endroils se réunirenl des concilas dont le principal lui celui de Home, où 125 évêques se trouvèrent groupés

autour d’Agathon. Ce fut à l’issue de ce concile, vers le milieu de l’année 680, que partirent pour Constantinople les deux prêtres légats du pape, accompagnés de trois évêques représentants du concile de Rome et de trois autres députés. Ils étaient porteurs des deux lettres dogmatiques de saint Agathon. La première émane du pape seul, elle expose longuement et fixe d’une manière définitive la doctrine catholique des deux volontés : divine et humaine, en Notre-Seigneur. Elle renferme en outre un passage devenu célèbre par la solennelle affirmation qu’on y trouve du principe de l’infaillibilité pontificale et par le défi jeté aux hérétiques de jamais prouver que l’Église de Pierre ait dévié du sentier de la tradition apostolique ni succombé devant les nouveautés hérétiques. Nous donnons ce passage qui emprunte son principal intérêt de l’époque où il fut écrit : quarante ans seulement après la mort du pape Honorius (voir ce mot) et à la veille du sixième concile où il fut lu et accepté sans réclamation, bien que ce même concile ait condamné ensuite Honorius. La seconde lettre est rédigée au nom du pape et des 125 évêques du concile de Rome. Elle est beaucoup plus courte que la première et la doctrine catholique du dyothélisme s’y trouve condensée en un symbole dont nous reproduisons également le passage capital.

I. Lettre de saint Agathon. Extrait sur l’infaillibilité du, pontife romain.

Haec est (doctrina se. duarum voluntatum in Christo) apostolica atque evangelica traditio quam tenet spiritalis vestri felicissimi imperii mater apostolica Christi Ecclesia. Haec est christianoe religionis vera atque immaculataprofessio, quamnon humana adinvenit versutia, sed Spiritus Sanctus per apostolorum principes docuit. Haec est fuma et irreprehensibilis sanctorum apostolorum doctrina… quam beatus Petrus apostolus tradidit, non ut sub modio condatur, sed tuba clarius in toto orbe proedicetur : quia ejus vera confessio a Pâtre de cœlis est revelata, pro qua a Domino omnium beatus esse pronuntiatus est Petrus : qui et spiritales oves Ecclesias ab ipso redemptore omnium terna commendatione pascendas suscepit… Hœc est verae fidei régula, quam et in prosperis et in adversis vivaciter tenuit ac défendit base spiritalis mater vestri tranquillissimi imperii, apostolica Christi Ecclesia : quse per Dei omnipotentis gratiam a tramite apostolicae traditionis nunquam errasse probabitur, nec haereticis novitatibus depravata succubuit : sed ut ab exordio fidei christianse percepit ab auctoribus suis apostolorum Christi principibus, illibata fine tenus permanet, secundum ipsius Domini Salvatoris divinam pollicitationem, quam suorum discipulorum principi in sacris Kvangeliis fatus est : Petre, l’être, inquiens, ecce Satan expetivit ut cribraret vos, sicut qui cribrat triticum : ego mit m pro te rogavi, ut non deflciat ftdes tim. Et tu aliquando conversus, confirma fratres tuas. Considère) Itaque vestra tranquilla cle Telte est (la doctrine des deux volontés) la tradition des apôtres et de l’Évangile, conservée par la mère spirituelle de votre glorieux empire, par l’Église apostolique du Christ. Telle est l’expression véritable et immaculée de la foi chrétienne, et elle n’est pas l’invention d’un génie subtil, mais bien l’enseignement que l’Esprit-Saint nous a transmis par les princes des apôtres. Telle est cette doctrine apostolique, ferme et irrépréhensible, que le bienheureux apôtre Pierre nous a laissée, non pour qu’elle soit mise sous le boisseau, mais afin qu’elle soit prèchée dans le monde entier d’un son plus clair que celui de la trompette. C’est parce que la vraie confession lui fut révélée du ciel par le Père, qu’à cette occasion il fut déclaré bienheureux par le Seigneur de toutes choses et reçut du rédempteur lui-même, , par une triple recommandation, le soin de paître les brebis spirituelles de l’Église… Telle est la vraie règle de la foi, que la mère spirituelle de votre très glorieux empire, c’est-à-dire l’Église apostolique du Christ, a conservée et défendue avec vigueur dans la prospérité comme dans l’adversité. Par la grâce du Dieu tout-puissant, on ne pourra jamais démontrer que cette Kglise ail dévié du seul ici— de la tradition apostolique, ni qu’elle ait faibli ou se soif laisse’corrompre par les nouveautés hérétiques ; mais

elle demeure sans tache jusqu’à la lin, depuis le commencement de la foi chrétienne, fidèle a ce qu’elle a reçu de ses

auteurs, les princes îles apôtres

(lu I’.hi’ist ; et cela sel. m la divine promesse du Beigneur’et