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AFRIQUE (MISSIONS CATHOLIQUES DE L’544

suivit sa métropole dans l’hérésie d’Futychès, et ni les jésuites portugais, aux {{rom|xvi)e et {{rom-maj|XVII)e siècles, ni les franciscains au {{rom-maj|XVIII)e, ni les capucins au commencement tlu {{rom-maj|XIX)e, n’ont pu la faire rentrer dans la vérité. Cependant en 1839, M. de Jacobis, prêtre de la Mission, avec quelques la/aristes ses confrères, avait à son tour pénétré en Abyssinie. En 1846, le Saint-Siège partagea le pays en deux vicariats : celui de l’Abyssinie, qui resta à la congrégation de Saint-Lazare, et celui des Gallas, qui fut confié aux capucins français.

Mais la situation restait toujours difficile, lorsque l’Italie se sentit poussée à faire la conquête du pays. Cette tentative, dont on sait les malheurs, a eu les deux résultats les plus contraires aux prévisions de la politique : la constitution en un seul empire des divers royaumes d’Abyssinie, l’Amhara, le Tigré, le Choa, sans compter les régions du sud-est, occupées par les Gallas ; une liberté beaucoup plus grande et qui parait désormais assurée, accordée à l’action des missionnaires catholiques.

Néanmoins, l’Italie a pu garder un petit territoire longeant la mer, avec le port de Massa wa : c’est l’Erythrée. Cette colonie a été érigée en préfecture apostolique par décret du 1 er septembre 1894 et cédée aux capucins italiens.

III. Pays barbaresques. — A l’ouest, l’antique Église de Carthage rivalisait autrefois d’éclat avec celle d’Alexandrie. Tombée en 698 au pouvoir de l’Islam, la grande ville vit ses 20 basiliques converties en mosquées, et peu à peu le christianisme ne fut guère représenté dans les États barbaresques que par les esclaves européens capturés par les musulmans et abandonnés à leur sort par les princes chrétiens : à certaines époques, on compta, rien qu’en Tunisie, plus de 200 000 de ces malheureux. A la suite de l’expédition de saint Louis, une mission fut cependant fondée à Tunis, et grâce au dévouement des grands ordres de saint Dominique, de saint François, des Trinitaires, de la Merci et, plus tard, des fils de saint Vincent de Paul, la lumière de la foi ne s’éteignit jamais complètement sur ces plages.

Cette situation lamentable ne devait changer qu’à partir du jour où la France reprenant, sans le savoir et sans le vouloir, l’œuvre des croisades, s’empara d’Alger (1830) et fut forcée, pour sauver l’honneur, de le garder, de s’y fortifier et de s’étendre toujours davantage, jusque aujourd’hui.

Aujourd’hui donc, grâce au zèle et à l’activité du grand cardinal Lavigerie, le siège de Carthage, fondé au I er siècle de l’ère chrétienne, a été rétabli par une bulle de Léon XIII, en date du 10 novembre 1884. L’archevêque porte le titre honorifique de primat d’Afrique et réside à Tunis. D’un autre côté, la province ecclésiastique d’Algérie comprend l’archevêché d’Alger (évêché fondé au {{rom-maj|XI)e siècle, rétabli en 1838, érigé en archevêché en 1866), et les deux évêchés de Constantine et d’Oran, établis en 1866.

A l’est des possessions françaises, la régence de Tripoli, dépendant de l’empire turc, forme une préfecture apostolique, confiée aux frères mineurs italiens ; à l’ouest, le Maroc, également préfecture, est évangélisé par les franciscains de Compostelle. Seule, la place espagnole de Coûta, en face de Gibraltar, a été réunie à l’évèché de Cadix.

IV. Lk reste de l’Afrique jusqu’à la première moitié Du xi.v SIÈCLE. — Le reste de l’Afrique était tombé, en la première moitié de ce siècle, dans le même étal de langueur et d’abandon. C’est que le Portugal qui, le premier, avait parcouru ces côtes, à l’ouest et à l’est, s’en était réservé l’évangélisation exclusive et que, en effet, après avoir organisé des missions en Guinée, au Bénin, au Congo, dans l’Angola, au Mozambique, etc., tout fut supprimé- par la politique aussi inepte que sectaire du marquis de Pombal, en 1759, et de ses

imitateurs de 1834. Hélas ! en désorganisant les ordres religieux qui se livraient à l’apostolat et en ne permettant à personne autre de les remplacer, le Portugal a, du même coup, ruiné sa puissance coloniale et perdu son importance politique. La France d’alors n’avait pas d’ailleurs fait mieux dans celles des possessions africaines qui lui appartenaient, et, pour compléter le tout, la Hollande et l’Angleterre, dans leur fanatisme protestant, avaient achevé sur ces côtes ce que la Révolution avait épargné.

Au Sénégal cependant, l’évangélisation avait été entreprise par deux prêtres de l’ancienne congrégation du Saint-Esprit, MM. Bertout et de Glicourt, qui en se rendant à la Guyane, firent naufrage au cap Blanc, furent retenus en esclavage par les Maures et parvinrent enfin à fonder la préfecture apostolique, en 1779.

Quelque prêtres de San-Iago du Cap-Vert passaient de temps à autre sur la côte et visitaient les comptoirs de la Guinée portugaise : on en trouvait aussi parfois aux îles de Sâo-Thomé et du Prince, qui forment un évêché dépendant de la métropole de Lisbonne ; mais, en fait, il n’y avait plus, sur toute la côte occidentale, en 1845, que 1’évèché de Saint-Paul de Loanda, avec 8 à 10 prêtres, 36 paroisses et 700000 catholiques, dit une statistique, mais qui n’avaient et n’ont encore de « catholique » que le nom.

Au Cap, un vicariat apostolique, établi en 1837, embrassait toute l’Afrique méridionale.

Sur la côte occidentale, le Mozambique avait été érigé, par une bulle de 1612 du pape Paul V, en prélature nullius relevant directement du Saint-Siège et comprenant sous sa juridiction tout le pays situé entre le cap de Bonne-Espérance et le cap Guardafui. Mais là, comme sur l’autre côte, à la prospérité avait succédé l’irrémédiable décadence. Par les soins de Pombal et de ses successeurs, les jésuites, les dominicains et les capucins avaient été remplacés par des déportés de droit commun et le silence s’était fait sur ces pays abandonnés.

V. Beprise des missions d’Afrique. — Cependant, la providence préparait une ère nouvelle pour le grand continent noir : en même temps que les puissances d’Europe allaient se le.partager, il fallait que de nouveaux apôtres surgissent pour les précéder ou pour les suivre. Ce mouvement, qui allait marquer la fin du {{rom-maj|XIX)e siècle, fut des plus modestes à son origine et partit du séminaire de Saint-Sulpice, à Paris. Il y avait alors en cette maison deux jeunes créoles, MM. Frédéric Le Vavasseur, originaire de l’ile Bourbon, et Tisserand, d’Haïti. Ayant vu de près le lamentable abandon dans lequel vivait la race noire, ils firent part de cette situation à un de leurs aines, M. Libermann, né à Saverne en 1803, et récemment converti du judaïsme à la foi chrétienne. Peu après, une nouvelle congrégation se fondait (1841) : la soeit Hé du Saint-Cœur de Marie, qui, réunie plus tard à celle du Saint-Esprit (1848), a depuis porté ce double titre. Le premier soin du fondateur, mort en 1852 et depuis déclaré vénérable, fut d’ëvangéliser les noirs des colonies, alors encore soumis à l’esclavage, et de les préparer doucement à la liberté : l’apostolat du P. Laval à lile Maurice est resté particulièrement célèbre. Plus lard, par les soins du P. Libermann, les colonies françaises (la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe) furent érigées en diocèses, et la nouvelle société lit son entrée sur la terre africaine.

Excité par l’activité des protestants d’Amérique, qui venaient de fonder Libéria, Ma 1 England, évêque de Charlestown, avait appelé, dès 1833, l’attention de la Propagande sur cet état de choses et le concile de Baltimore avait appuyé sa démarche. Sept ans après, un vicaire général, M. Barron, visita lui-même la côte d’Afrique et fut nommé, à son retour, vicaire apostolique des Deux-Guinées. Mais où trouver des missionnaires ?