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AFRIQUE (MISSIONS CATHOLIQUES DE L’)

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défections se sont produites par milliers, et chaque jour, pour ainsi dire, amène une nouvelle statistique. On peut cependant, par les chiffres cités plus haut, se faire une idée des forces énormes dont dispose le protestantisme à Madagascar, comme partout.

Récapitulation. — Telle est, dans son ensemble, la situation religieuse de l’Afrique. Mais, comme nous l’avons dit pour le protestantisme, il est difficile et il serait trompeur de la faire apprécier par des données précises reposant sur des chiffres. Toutes les statistiques publiées à cet égard, si elles ne sont pas fantaisistes, sont certainement fautives.

Que si, pourtant, à titre de simple indication, on veut des chiffres, voici ceux que donnait, il y a dix ans, M. E. Fournier de Flaix, Statistique des religions, Rome, 1890 :

Chrétiens

Animistes, Fétichistes

Musulmans

Juits

Église d’Abyssinie… 3 000 000

Protestants 1744080

Catholiques 2 655 920

Total.

97 000 000

36 000 000

400 000

7 400 000

140 800000

Pour montrer combien ces chiffres sont peu sûrs, ajoutons que les statistiques les plus récentes évaluent la population de l’Afrique à 200 millions d’habitants, G0 millions de plus que Fournier de Flaix. Mais, dans le supplément du Dictionnaire de Géographie unirersellc de Vivien de Saint-Martin, M. Louis Rousselet (1897) revient au chiffre de 164000000, en faisant justement remarquer qu’il ne. repose que sur des calculs de densité relative qui sont peut-être loin de la réalité.

Nous n’avons pas à mentionner ici les ouvrages qui s’occupent de l’Afrique en général ou de telle et telle contrée africaine au point de vue spécialement géographique ; nous nous contenterons d’indiquer quelques-uns de ceux qui peuvent donner des renseignements relatifs aux questions visées par cet article. — Vivien de Saint-Martin, Nouveau Dictionnaire de Géographie universelle, Paris, 1879, 7 vol. in-4o ; Louis Rousselet, même ouvrage : Supplément, Paris, 1897 ; Elisée Reclus, Nouvelle Géographie universelle (Afrique), Paris, 1887 ; A. de Quatrefages, Introduction à l’histoire des races humaines, Paris, 1 vol. grand in-8° 1887 ; M 5’Le Roy, Les Pijgmées (dr.ns les Missions catholiques, de Lyon, 1896) ; Henri Junod, Les Ba-Ronga (dans le Bulletin de la Société neuchaleloise de géographie, t. x, 1898) ; Robert Brown, The Story of Africa and its Eocplorers, Londres, 1894, 4 vol. grand in-8° ; F. Schrader, Prudent et Anthoine, Atlas de Géographie moderne, Paris, 1 vol. jn-4% 1890 ; R. Hartmann, Die Nigrilier, Berlin, 1876, I, 1 vol. gr. in-8o ; du même, Volkcr Afrikas (trad. franc. Les peuples de l’Afrique, Paris, 1 vol. in-8% 1884) ; Ch. Paulitschke, Ethnographie Nordost Africas, Berlin, 1 vol. 1893 ; R. N. Cust, Africa rediviva, Londres, lvol. in-8’, 1891 ; G. Kayser, Bibliographie d’ouvrages ayant trait ù l’Afrique en général dans ses rapports avec l’exploration et la civilisation, Bruxelles, 1887, in-8° ; Oppel, Die religiosen Verhàltnisse von Africa (Bulletin de la Soc. de géographie de Berlin, 1887, xxii, n. 3-4) ; E. Blyden, Christianity, Islam, and the Negro Race, Londres, 1887, in-8° ; F. Barret, Afrique occidentale, Paris, 1888, 2 vol. in-8o ; Philibert, La conquête pacifique de l’intérieur africain, Paris, 1889, in-8° ; A. de Préville, Les Sociétés africaines, Paris, 1894 ; de Castries, L’Islam, Paris, in-12, 1890 ; A. J. Wauters, L’État indépendant du Congo, Bruxelles, in-18 ; P. Morcelli, S. J., Africa christiana, Brixen, 1816 ; Henrion, Histoire des missions catholiques, Paris ; Marshall, Les missiotis chrétiennes (trad. de l’anglais), Paris ; B°° L. de Béthune, Les missions catholiques d’Afrique, Lille, 1894, in-4’; Louvet, Les missions catholiques au xix° siècle, Lille, in-4o 1894 ; cardinal Pitra, Vie duvén. Libermann, Paris, in-8% 1885 ; abbé Durand, Les missions catlioliques françaises, Paris, in-12, 1874 (avec atlas) ; O. Werner, S. J., Orbis terrarum catholicus, Fribourg, in-4° 1890 ; O. Werner et Groffier, Atlas des missions catholiques, Lyon, in-4o, 1886 ; Grussenmeyer, Documents sur le cardinal Lavigerie, Alger, in-8° 1888 ; P. Meillorat, C. S. Sp., Carte ecclésiastique de l’Afrique, Paris, 1891 ; Le.-.’Missions catholiques (revue périodique, 1. von) A consulter surtout le relevé officiel des missions catholiques qui se publie à

Rome environ tous les trois ans : Missiones calholiese, cura S. C. de Propaganda Fide descriptx, A. 1898, Rome, in-12.

A. Le Roy.

II. AFRIQUE (Missions catholiques de l'). —
I. Egypte.
II. Ethiopie.
III.’Pays barbaresques.
IV. Le reste de l’Afrique jusqu’à la première moitié du {{rom|xix)e siècle.
V. Reprise des missions d’Afrique.
VI. De 1848 à 1861.
VII. Développement des missions de l’ouest.
VIII. Développement des missions du sud et de l’est.
IX. Missions dans l’intérieur de l’Afrique.
X. État sommaire des missions catholiques d’Afrique.

La terre d’Afrique, dont tout le nord faisait partie de l’empire romain, fut des premières à recevoir la Donne Nouvelle : deux évangélistes, saint Marc à Alexandrie, et saint Matthieu en Ethiopie, y ont prêché et y sont morts ; des Pères de l’Église, à citer parmi les plus célèbres, y ont développé et défendu la foi ; des milliers de martyrs y ont versé leur sang ; et il fut un temps où l’on comptait 800 sièges épiscopaux groupés autour de l’Église patriarcale d’Alexandrie et de la métropole de Carthage. Les invasions successives qui ont passé sur ces terres historiques y ont amené les dissensions religieuses du Ras-Empire, puis les schismes et les hérésies, et enfin, pour tout engloutir dans un abîme commun, l’Islam. L’histoire détaillée de ces antiques Églises, Ethiopie, Egypte, Tripolitaine, Tunisie, Algérie, Maroc, mérite des articles spéciaux. Voir Alexandrie, col. 786801, Ethiopie. Disons seulement ici que douze siècles d’oppression et de violences n’ont pas réussi à abattre l’Église catholique dans l’Afrique du nord.

I. Egypte.

L’Egypte, en particulier, avec l’organisation compliquée de ses communautés distinctes, se présente à nous comme un reste toujours vivant d’un long passé glorieux. Chez ces populations, la religion et la nationalité, le rite et la langue, se sont fondus intimement, et c’est grâce à cette conception, qui nous étonne parfois, que l’Islam les a trouvées irréductibles. Longtemps ces pauvres chrétiens, dont malheureusement plusieurs sont séparés de l’unité catholique, ont vécu dans une situation fort précaire. Mais à mesure que l’Europe reprenait une place plus considérable sur la terre des Pharaons, elle amenait avec elle, et par le seul fait de sa présence, une part toujours plus grande de tolérance et de liberté. Aujourd’hui, on trouve en Egypte les juridictions suivantes :

1° Le vicariat apostolique pour les latins, confié aux Pères franciscains de Terre-Sainte ; il s’étend sur toute la Rasse-Égypte, à l’exception du Delta.

2° Le vicariat apostolique pour les coptes, dont s’occupe également la préfecture apostolique de la Haute-Egypte. Ces coptes catholiques sont de 25 à 30000, perdus, hélas ! au milieu de 4 à 500000 de leurs frères monophysites. Les Pères jésuites de la province de Lyon ont pour eux un séminaire au Caire et deux collèges, l’un au Caire, l’autre à Alexandrie.

3° La préfecture apostolique du Delta, cédée depuis 1877 aux Missions africaines de Lyon.

4° Les communautés des rites unis : rite arménien, rite grec-melchite, rite syriaque, rite maronite, rite chaldéen.

En résumé, le P. Louvet (Les missions catholiques au A7A’e siècle, Desclée, Paris) comptait en 1894 : latins, 45 000 ; coptes, 22 000 ; arméniens, 1200 ; grecs -melchites, 800 ; syriens, 6 000 ; maronites, 4 500 ; chaldéens, 5 000. Total, environ 80 000 pour toute l’Egypte. Mais, depuis 1894, ce chiffre a certainement augmenté et ne doit pas être inférieur à 100 000.

II. Ethiopie.

De l’Église d’Alexandrie, la foi catholique rayonna surtout vers l’est.

Au {{rom|iv)e siècle, Frumence, disciple de saint Athanase, passa en Ethiopie et y trouva la trace de la prédication de saint Matthieu et de l’eunuque de la reine Candace, baptisé par saint Philippe. Malheureusement, cette Église