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AFRIQUE (ÉTAT RELIGIEUX DE L’)


dans l’intérieur, où ils se constituèrent en républiques, les ileux républiques sœurs de l’Orange et du Transvaal. Ce sont des calvinistes intransigeants, mais ils ne font que peu ou point de propagande parmi les noirs, qu’ils méprisent profondément. La première mission du Cap fut fondée en 1730, comme à la Côte-d’Or, par les frères Moraves, qui s’établirent à Genadendal (le Val de Grâce). En 1799, parut la Société missionnaire de Londres à laquelle ont appartenu les célèbres explorateurs Moll’at et Livingstono. Trente-trois ans plus tard, arriva la mission écossaise dont l’école professionnelle de Lovedale (1811) acquit une grande réputation. D’autres sociétés de France, d’Allemagne, de Hollande, de Norvège, de Finlande, sont venues se joindre à ces premières et, du Conéné au Zambèze, dans l’Ovampo, chez les Damaras, les Héréros, les Hottentots, les Betchouana, les Basouto, les Zoulous, les Bamangouato, les Matébélé et les Barotsi, tout le pays est occupé par des missions protestantes.

Au nord de l’Afrique, au nord-est et au centre, le protestantisme n’est pas non plus resté inactif. Sans parler des quelques missions anglaises, dont la plus ancienne remonte à 1881, établies au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Tripolitaine, nous retrouvons la Church missionary Society en Egypte dès 1826, en Abyssinie dès 1829. Contraint de quitter ce dernier pays en 1844, un de ces missionnaires, le D 1’L. Krapf, de nationalité allemande, vint à Zanzibar et de là à Mombassa, où deux ans plus tard il fut rejoint par son compatriote Bebniann : les deux ont fait dans l’intérieur des voyages remarquables. Ce fut Bebmann qui, en 1848, découvrit le Kilima-Ndjaro. La Mission des Universités, fondée à Oxford sous l’inspiration de Livingstone, envoya d’abord ses missionnaires au Zambèze en 1859, mais cinq ans plus tard, elle transférait le siège de ses opérations à Zanzibar. Ses principaux établissements restent néanmoins dans la région du Nyassa, où opèrent également les sociétés écossaises : on cite avec éloges leurs fondations de Bandawé et de Blantyre.

Les explorations de ces dernières années ouvraient l’Afrique à toutes les entreprises : les missionnaires protestants ont été des premiers à en profiter. Pendant que la London missionary Society s’établissait au Tanganyika, la Church missionary Society, sur un appel de Stanley racontant sa réception chez Mtésa, roi de l’Ouganda, réunissait en quelques jours 600000 francs de souscription et envoyait une expédition qui arriva le 30 juin 1877 à Boubaga, capitale du pays. La mission, dont le membre le plus actif a été le Rév. Mackay, a passé par des phases de succès et de revers ; elle a eu ses martyrs, comme les catholiques, lors de la persécution de 1885-1886 ; le bishop Hannington a même été assassiné par ordre du roi Mouanga, fils et successeur de Mtésa..Mais aujourd’hui que l’Est africain, depuis Zanzibar et Mombassa jusqu’au lac Victoria, est devenu pays anglais, la pax brilannica lui est assurée. Dans 1rs contrées allemandes, à Dar-ès-Salaani, dans l’Ousamb =ra, m kihmi Ndjaro, les sou t s, : ng ; .hques se sont pareillement établies et cherchent à faire près des indigènes une propagande de plus en plus étendue.

En résumé, le protestantisme déploie en Afrique une activité considérable, secondé qu’il est par l’appui des gouvernements, par la générosité magnifique de ses Gdèles, par le coneours de tous. Il est impossible, dans un article de cette nature, d’indiquer toutes les sociétés protestantes qui s’occupent des missions africaines, les stations qu’elles occupent, le personnel qu’elles emploient, les fonds dont elles disposent, encore moins le nombre des néophytes qu’elles prétendent avoir groupés autour d’elles : les chiffres que l’on pourrait citer’varient suivant les documents que l’on consulte ; chaque année apporte dans ceiio statistique des divergences singulières, et, sous couleur de précision, on s expose à des

erreurs évidentes. Voici cependant quelques données : En 1891, M. B. N. Cust, secrétaire général du Comité des missions de Londres, comptait 55 sociétés protestantes se livrant à l’évangélisation de l’Afrique : 22 anglaises, 14 américaines, 10 allemandes, 3 des colonies britanniques, 2 suédoises, 1 norvégienne, 1 finlandaise, 1 suisse, 1 française (société des Missions évangéliques). j La traduction de la Bible avait été faite en 67 langues indigènes. Pour donner maintenant une simple idée du budget dont elles disposent, disons seulement que les recettes de la Société’de Bâle, en 1897, se sont élevées au chiffre de 1, 260, 423 francs, dont 373, 300 francs fournis par la Suisse. La population de la pauvre Norvège (2 millions d’habitants) donne par an pour ses diverses missions (Zoulous, Madagascar, etc.), une somme dépassant un million de francs. Les Missions évangéliques de Paris ne restent pas en arrière : on a calculé que chacun des protestants français donne en moyenne

fr. 60 pour la propagation de sa foi, au Sénégal, au Congo français, au Lessouto, au Zambèze, à Madagascar.

VIL Iles africaines. — Nous n’avons rien dit encore des iles africaines. Aux Açores (260000 h.), la population est catholique ; il en est de même à Madère (134 000 h.), aux Canaries (280 000 h.) et aux îles du Cap-Vert (environ 100 000 h.). A Fernando-Pô (30 000 h.), les indigènes, appelée Boubis, sont à classer, sauf quelques chrétiens, parmi les fétichistes les plus dégradés. Les noirs de l’île du Prince (3 000 h.) aiment à se dire catholiques, ainsi que plusieurs de ceux qui habitent Sào-Thomé. Dans l’océan Indien, la population créole de la Béunion, de Maurice et des Seychelles est catholique, à l’exception d’un petit nombre de protestants et de l’immense majorité des immigrants indiens et chinois, qui sont bouddhistes. Toutes les Comores (45 000 h.) sont musulmanes.

Quant à Madagascar, on estime que la population y est de 4 000 000 d’habitants, parmi lesquels les Hovas comptent pour 1 million et les Betsileos pour 600 000. Ce sont les deux races principales, qui, ethnographiquemenl, se rattachent à la race malaise ; les autres sont d’origine africaine. Le fétichisme ou plutôt l’animisme, reposant sur le culte des morts, avec son cortège de pratiques superstitieuses, d’honneurs rendus aux pierres sacrées, de foi aux amulettes et à la divination, est la religion primitive de la population malgache. Sur la côte nord-ouest cependant, beaucoup de Sakalaves sont islamisés. Mais il faut se hâter d’ajouter que Madagascar, et surtout le pays hova, a été dans ce siècle un des principaux champs d’action du protestantisme. Quatre grandes sociétés y ont pris successivement position, dont trois anglaises : les indépendants (L. M. S.), aussi appelés méthodistes (1820), qui étaient parvenus, avant la conquête française, à se faire reconnaître comme Église d’Etat les anglicans, et les quakers ou « amis » ; puis viennent les luthériens de Norvège et d’Amérique. Enfin, depuis la conquête, les Missions évangéliques de Paris ont envoyé à Madagascar un certain nombre de représentants pour prendre la direction officielle des principales é’coles et couvrir leurs coreligionnaires étrangers. En 1892, on comptait, dans les missions anglaises : 68 missionnaires anglais dont 2 médecins ; 110 auxiliaires, choisis parmi les chefs et les notables du pays, employés comme pasteurs, prêcheurs ou instituteurs ; 92 316 élèves dans les écoles ; 310313 adhérents ou disciples ; 1333 temples ; 3 imprimeries ; 2 hôpitaux ;

1 léproserie. Le budget était à peu près d’un million. Les missions norvégiennes comprenaient 44 missionnaires, dont 2 médecins ; I 130 auxiliaires indigènes ; 37 487 élèves ; 47 681 adhérents, etc.

Faut-il ajouter que ces chiffres sont loin d’être l’expression de la réalité ? Depuis que le gouvernement français a été obligé de proclamer la neutralité religieuse, des