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AFRIQUE (ÉTAT RELIGIEUX DE L’)

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par où il rejoint les musulmans du Haut-Nil ; à Oudjidji, sur le Tanganyika ; plus au sud, sur les rives du Nyassa ; enfin, Nyangwé, sur le Haut-Congo, forme aussi le centre d’une importante et dangereuse colonie musulmane. Cependant il est juste d’ajouter que cette propagande a perdu beaucoup de son activité depuis que l’Afrique orientale a été partagée entre l’Angleterre et l’Allemagne.

III. Parsisme.

Il faut mentionner en Afrique, ne fût-ce que pour mémoire, la petite colonie de parsis qui se trouve à Zanzibar et à Mombassa. Descendant des anciens Perses et venus de Bombay sur la côte d’Afrique, ils s’y livrent au commerce ou exercent des fonctions libérales, mais s’abstiennent de toute propagande religieuse. On sait que, chassés de la Perse par les invasions musulmanes des viie et VIIIe siècles, les parsis ont gardé, avec une merveilleuse solidarité et une grande pureté de race, l’ancienne religion de Zoroastre. Ils vénèrent dans le feu, et par conséquent dans le soleil, le représentant le plus fidèle de la divinité ; mais, tout en gardant beaucoup de pratiques anciennes, relatives surtout à la purification, ils voient peu à peu la religion dualiste d’Ormouzd et Arihman se transformer en un déisme plus ou moins vague, celui des Européens qu’ils fréquentent.

IV. Brahmanisme.

A Zanzibar encore et sur les points les plus commerçants de la cote orientale, depuis Suez jusqu’au Cap, on trouve, à côté des Indous musulmans de la secte d’Ali, les Banyans, originaires de Karatchi, de Kàtch et de Bombay (Inde anglaise). Ils appartiennent à la caste des marchands et se livrent au commerce avec une intelligence et un succès remarquables. Ils représentent le brahmanisme en Afrique, mais, pas plus que les parsis, ils ne se préoccupent de faire des prosélytes.

V. Judaïsme.

Les juifs sont passés en Afrique dès les temps les plus anciens. On les trouve établis sur toute la côte méditerranéenne, depuis l’Egypte jusqu’au Maroc. En Abyssinie, ils forment, au nombre de 200000, dit-on, la population des Falachas, qui fait remonter son origine au roi Salomon et à la reine de Saba ; mais, d’après Joseph Halévy, il est plus juste de voir en eux les descendants des juifs du Yémen emmenés en captivité parle roi chrétien de l’Ethiopie Améda, au VIe siècle. On estime que les juifs sont 8000 en Egypte (presque tous à Alexandrie, à Port-Saïd, à Suez et au Caire) ; près de 6000 en Tripolitaine ; 55000 en Tunisie ; environ 40000 en Algérie, sans parler de ceux qui vivent parmi les tribus nomades ; 100000 au Maroc ; 10000 sur les confins du Sahara. Enfin, les mines d’or et de diamant du Cap ne pouvaient manquer d’en attirer un certain nombre : on en compte environ 1500 dans ces parages. Ce qui porterait à peu près à 420000 le nombre total des juifs en Afrique.

VI. Christianisme.

Malgré les énormes avantages qu’ont sur lui, au point de vue purement humain, les religions adverses, le christianisme a résisté en Afrique à toutes les révolutions et à toutes les attaques, il s’y est maintenu, et il s’y développe. Les Berbers de l’Atlas y sont revenus quatorze fois avant d’être, de force, fixés dans l’Islam.

Grecs schismatiques.

Pour commencer, mentionnons les grecs schismatiques qui dépendent du patriarche de Constantinople. Ils ont trois églises au Caire et une à Port-Saïd. Voir Alexandrie (Eglise d’).

2° Levantins. — De plus, sous la dénomination générique de Levantins, l’Egypte comprend un élément de population considérable — environ 80000 — réunion de toutes les nationalités méditerranéennes : les Levantins sont chrétiens, mais chrétiens de diverses confessions. On les retrouve d’ailleurs, mais en petit nombre, en Tripolitaine, en Tunisie, en Algérie, et, maintenant, sur toute la côte orientale.

Coptes.

En Egypte, les descendants des anciens

indigènes se sont partagés en deux catégories : les fellahs, qui sont devenus musulmans, et les coptes, qui sont restés chrétiens. Mais la grande majorité de ces derniers ont été englobés depuis le VIe siècle par le schisme d’Eutychès et sont monophx sites. Ils ne reconnaissent par conséquent qu’une seule nature en JésusChrist, « la nature divine et la nature humaine s’étant réunies dans sa personne pour former un seul et unique centre d’opérations. » On les appelle encore jacobites, du nom d’un disciple d’Eutychès, Jacob, qui, en 535, répandit parmi eux l’hérésie condamnée au concile de Chalcédoine en 451. Leur chef, au spirituel comme au temporel, est un patriarche choisi parmi les moines. Il réside au Caire, quoique la ville métropolitaine soit Alexandrie. Au-dessous de lui, la hiérarchie se compose du métropolitain des Abyssins, de douze évoques, de prêtres, de diacres, de moines. Le recensement de 1880 a porté leur nombre à 400000. Voir Coptes.

4° Abyssins. — Introduit en 330 en Abyssinie par saint Frumentius, le christianisme ne tarda pas à tourner à l’hérésie et, depuis le v 8 siècle, il forme, avec les coptes d’Egypte, ce qu’on appelle quelquefois « l’Église alexandrine », par opposition à l’Église grecque et à l’Eglise romaine. C’est que, en effet, les fonction* de grand prêtre de l’Église éthiopienne (l’abouna) sont toujours dévolues à un moine copte envoyé par le patriarche d’Alexandrie. Il réside à Gondar. Il existe en outre un grand nombre d’ordres religieux, comprenant environ 12000 moines. Les efforts des jésuites portugais étaient parvenus, en 1624, à faire rentrer officiellement l’Abyssinie dans la communion catholique. Mais, huit ans plus lard, une révolution changea tout, et les Abyssins revinrent à leur ancienne loi. Voir Ethiopie.

Missions protestantes.

N’oublions pas les efforts de la propagande protestante en Afrique : ils sont considérables. Dès l’année 1736, les frères Moraves avaient commencé un établissement sur la Côte-d’Or : il ne dura que trente ans. En 1765, une mission anglaise fut fondée en Guinée. Plus tard, une autre s’établit à Sierra-Leone, et c’est de là que peu à peu le protestantisme a pris possession d’une grande partie de la côte occidentale. Les principales missions à citer sont celles de la Société missionnaire de l’Église, de Londres (Church missionary Society), à Sierra-Leone et à Bathurst ; des sociétés américaines à Libéria ; des wesleyens ou méthodistes dans le Yorouba et le Niger, où l’on cite un évêque indigène, mort dernièrement, le bishop Crowther ; de la société de Bàle à la Côte-d’Or et au pays des Achantis ; des presbytériens dans la rivière de Kalabar ; des luthériens allemands au Cameroun.

Au Congo français, dans la région du Gabon, nous retrouvons, établis depuis 1841, les presbytériens d’Amérique ; seulement, en ces dernières années, ils. ont cédé leurs deux missions de l’Ogowé aux Missions évangéliques de Paris.

Dès 1878, un an après que Stanley avait fait sa célèbre traversée de Zanzibar à Borna, quatre missionnaires baptistes se rendirent à San Salvador, y fondèrent un poste et de là gagnèrent le Pool où ils arrivèrent en 1881. Mais, à mesure que s’est ouverte l’immense artère du Congo, les protestants anglais, américains et suédois s’y sont jetés avec énergie et y ont fondé de nombreux établissements. Parmi ces missionnaires, il convient de citer le bishop Taylor, qui y a organisé des stations indépendantes, le docteur Sims à Léopoldville, et MM. Comber et Grenfell qui s’y sont fait un nom comme explorateurs.

Mais c’est dans l’Afrique du Sud que le protestantisme a remporté ses plus beaux succès et reste le plus solidement établi. D’abord, une colonie néerlandaise s’y était fondée dès 1652 ; mais les événements politiques qui se succédèrent de 1793 à 1815 y amenèrent l’Angleterre, et, pour garder leur liberté, les Hollandais s’enfoncèrent