Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

515

^PINUS

AÉTIUS

516

doctrine particulière qu’il exposa, en 1544, dans un traité sur le XVI e psaume. Selon lui, Jésus-Christ, par sa descente aux enfers, était arrivé au degré le plus extrême de l’abaissement ; il avait, aux enfers, enduré des supplices, parce que le but de cette descente aux enfers était l’expiation des peines infernales. Cette doctrine suscita de violentes contradictions ; l’ordre en l’ut troublé et le magistrat dut intervenir. On consulta Mélanchthon : celui-ci refusa de se prononcer sur le fond de la question, mais fut d’avis qu’on imposât silence aux uns et aux autres ; de telles controverses, disait-il, ne pouvaient que troubler les fidèles. Les adversaires d’/Epinus ne désarmèrent pas cependant ; plusieurs d’entre eux furent bannis. Quatre ans après la mort d’.Epinus, sa théorie fut reprise par Draconites, surintendant de Rostock, qui fut de ce chef, et pour quelques autres motifs, destitué et obligé de quitter la ville.

En 1518, lorsque les intérim d’Augsbourg et de Leipzig donnèrent lieu à la controverse adiaphorite (voir ce mot), /Epinus se rangea, avec Flacius Illyricus, parmi les plus farouches adversaires des concessions faites par Mélanchthon aux pratiques catholiques. En revanche, on le trouve l’année suivante (1549) d’accord avec Mélanchthon, que suivent aussi Flacius, Joachim Westphal et JoachimMœrlin, pourcombattreénergiquement la doctrine d’Osiander sur la justification. Deux ans avant sa mort, yEpinus couronna l’œuvre qu’il avait accomplie à Hambourg comme prédicateur en réglant l’église et le culte par son ordonnance ecclésiastique (Kirclten-Ordnung) de 1551. • A. Baudrillart.

AÉRIUS, AÉRIENS. Aérius, originaire du Pont, était un compatriote et un ami d’Eustathe, futur évêque de Sébaste en Arménie, avec qui il vécut quelque temps dans les exercices de l’ascétisme. Eustathe devenu évêque (355) ordonna Aérius prêtre et lui confia dans sa ville épiscopale la direction de l’hôpital ou xenodochium, que dans le Pont l’on appelait plus couramment ptochoUrophium. Entre les deux anciens amis il éclata bientôt une rivalité qui dégénéra en lutte ouverte. Aérius reprochait à son évêque d’abandonner ses résolutions de vie ascétique et de s’adonner à la recherche de l’argent et des biens de la terre. On ne sait quelle part la jalousie et l’ambition trompée eurent dans l’attitude d’Aérius. 11 abandonna son hospice (vers 360) et se mit à dogmatiser pour son propre compte. Saint Epiphane, qui nous renseigne sur la secte des aériens, réduit la doctrine de leur chef aux points suivants : 1° 11 n’y a aucune différence entre le prêtre et l’évêque qui participent au même ordre, à la même dignité. L’un et l’autre imposent les mains, baptisent, accomplissent les diverses fonctions du culte. — 2° La célébration de la fête de Pâques est un usage juif à supprimer. Il invoquait le texte I Cor., v, 7. — 3° De même les jeûnes prescrits par une loi sont condamnables. — k ? Les prières pour les morts sont inutiles.

D’après ces données, il ne semble pas qu’Aérius ait eu d’autres opinions que celles d’Eustathe, au sujet de la divinité de Jésus-Christ et au sujet de l’arianisme. Il était probablement sémiarien comme Eustathe lui-même. Quelques critiques pensent qu’il ne rejetait de la célébration de Pâques que le repas selon l’usage juif qui aurait encore été conservé dans ces régions de l’Asie Mineure. Mais la réfutation de saint Epiphane indique plutôt qu’il rejetait la fête elle-même, en même temps que les jeûnes prescrits en manière de préparation. Aérius ne condamnait pas le jeûne en lui-môme ; théoriquement il restait fidèle aux principes de l’ascétisme chrétien ; mais il ne voulait pas des jeûnes imposés aux fidèles, non spontanément pratiqués. Pour protester contre une obligation, indigne, à leur gré, de la loi il : nnciiir et de liberté, les partisans d’Aérius passaient la semaine sainte en toute sorte de réjouissances et de fes tins. Quant à la prière pour les morts, qu’il tenait pour inutile, il craignait, en outre, qu’elle ne servit aux vivants de prétexte pour négliger leur salut. Les théologiens du XVI e siècle, notamment Bellarmin, ont rapproché les théories protestantes de certaines théories très semblables des aériens.

Le succès d’Aérius fut assez grand à Sébaste et dans la région : lorsque les admonestations de l’évêque lui firent quitter son hospice, il entraîna à sa suite un très grand nombre de fidèles des deux sexes qui pour éviter les poursuites tinrent fréquemment leurs réunions en plein air, dans les bois, sur les montagnes. Mais ce succès tenant à des causes locales fut tout passager. Par ses doctrines comme par ses pratiques Aérius allait à rencontre du courant général de son époque. C’est ce qui explique la prompte disparition de l’aérianisme. La théologie doit à son éclat une attestation bien datée et formelle de la tradition catholique sur quelques points importants du dogme.

Sources : Saint Epiphane, Adv. haeies., i.xxv, P. G., t. xui.

H. Hemmer.

AESCHINES. Le parti montaniste se partagea, vers la fin du II e siècle, entre deux disciples de Montan, Proclus et Aeschines. Le premier fut pris à partie par le prêtre Gaius dans une controverse restée célèbre, à Rome, tandis qu’Aeschines prêta l’oreille à la théorie des unitaires et, avec les deux Théodote et Noet, fraya la voie à Sabellius, c’est-à-dire au patripassianisme. Tertullien, Depraescriptionibus, 32, 53, P. L., t. n, col. 72. Il prétendait, en effet, que le Christ estle Fils et le Père. Cette variante, introduite dans le montanisme par Aeschines, n’a pas plus échappé à saint Jérôme, qui y fait allusion dans sa lettre 41 à Marcella, qu’à saint Hippolyte. Pldlos., vin, 19. Elle dut même faire l’objet de quelque ouvrage ; car au dire des P/nlosophumena, ibid., les montanistes recouraient à la plume et voyaient leurs livres plus prisés par leurs partisans que l’Ancien et le Nouveau Testament. En tout cas, il n’en est pas resté trace dans la littérature.

Tertullien, De prxscriptionibus, P. L., t. n, col. 72 ; S. Jérôme, Ep. ad Marcellam, xli, P. L., t. xxn, c. lu, lui, col. 475 ; PUUosophumena, vin, 19, P. G., t. xvi, col. 33G6.

G. Bareille.

AETIUS, hérésiarque arien du iv e siècle, surnommé ï’atliée. S. Athanase, De sxjnod., n. 5, P. G., t. xxvi, col. 690. Il naquit en Célésyrie. Après une jeunesse aventureuse où il exerça d’abord le métier de forgeron ou d’orfèvre, puis s’occupa de médecine et de grammaire, on le trouve à Antioche s’initiant à la théologie sous des maîtres ariens. Dans un premier séjour à Alexandrie, il apprend la dialectique d’un sophiste péripatéticien, et se forme si exclusivement à son école que dans la suite toute sa science parait avoir consisté dans les catégories d’Arislote et toute sa force dans l’abus du syllogisme. De retour à Antioche en 350, il est ordonné diacre et chargé d’enseigner par l’évêque Léonce, l’un de ses anciens maîtres. Destitué bientôt pour ses vues avancées, il retourne à Alexandrie près de l’évêque arien intrus, George de Cappadoce, qui le couvre de sa protection. C’est là qu’Eunomius devient son disciple ; tous deux renouvellent l’arianisme pur en professant que le Fils est, en substance et en tout, dissemblable au Père, et représentent ainsi l’extrême gauche arienne dont les partisans portent les divers noms d’anoméens, aétiens, eunomiens, etc.

En 358, Aétius revient à Antioche, sous l’épiscopat d’Eudoxe qui le favorise, mais ne peut le soustraire aux coups des semiariens ; condamné par ceux-ci au troisième synode de SirniNim, il est exilé à Pépusa en Phrygie. Il reparait au synode de Séleucie, en 359 ; les acaciens s’y séparent de lui, et l’année suivante, à Constantinople, le déposent du diaconat. Sur l’ordre de l’empereur Constance, il est relégué d’abord à MopSUOSte