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5Il ADULTÈRE (L’) EMPÊCHEMENT DE MARIAGE — ADVENTISTES 512

deux à l’homicide, soit par conseil, soit par ordre, soit par coopération physique : ce n’est pas assez dune simple ratification, une fois le crime accompli. Il est requis, en second lieu, que l’homicide soit consommé, c’est-à-dire que mort s’ensuivre. Décrétai., l. III, tit. xxxiii, c. 1. Il faut, troisièmement, que le crime ait été commis en vue de pouvoir convoler ensuite, et non pas simplement pour vivre dans L’adultère avec plus de liberté. La raison de cette troisième condition provient de ce que l’empêchement a été établi afin que les époux ne s’entr’égorgent pas dans l’espoir de contracter un nouveau mariage qui leur sourit. En quatrième lieu, le crime doit être perpétré, comme nous l’avons dit plus haut, par les deux amants.

Adultère et conjugicide. —

Le troisième cas comprend l’adultère compliqué de conjugicide. Après un ou plusieurs adultères qualifiés, l’époux infidèle et son complice tuent effectivement le conjoint qui les gêne et cela avec intention de se marier ensemble. Dans le cas précédent, cette intention devait exister chez les deux coupables ; ici, c’est assez qu’on la trouve chez l’un des deux. La différence s’explique d’elle-même : le crime de conjugicide est plus significatif, lorsqu’il est précédé de l’adultère que lorsqu’il manque de cette circonstance. Nous disons « précédé », c’est à dessein ; au lieu que dans le premier cas, nous avons fait observer qu’il n’importait en rien que l’adultère précédât ou suivît la promesse, le droit requiert en l’espèce que l’adultère soit commis avant le meurtre de l’époux offensé. C’est là une vérité évidente que les législations positives énoncent afin de ne laisser subsister aucun doute dans les âmes.

Question : Est-il nécessaire de connaître l’empêchement pour l’encourir" ?

Ce qui motive cette question, c’est la similitude du cas avec celui des irrégularités ex delicto, dont on n’est pas atteint quand on les ignore. A la vérité, l’assimilation ne peut s’établir parfaitement, car l’irrégularité revêt un caractère pénal, tandis que l’empêchement rend inhabile à contracter. Cependant, Ma r Gasparri, ibid., n. 658, soutient qu’il a aussi quelque chose de criminel et de répressible. D’où la question posée n’est pas résolue de la même manière par tous les docteurs. Les uns pensent que l’ignorance est une cause excusante ; les autres le nient catégoriquement, et Gasparri, ibid., en présence de ce conllit, dit que l’empêchement est douteux. Or, dans le doute, il n’y a pas empêchement. Mais cette doctrine est opposée à la pratique de l’Église. Les tribunaux et les chancelleries ecclésiastiques voient surtout dans l’empêchement une cause d’inhabileté à contracter. Ils ne considèrent que le fait matériel ; dès lors que deux individus se trouvent dans l’un des trois cas précédemment énoncés, on les regarde comme liés l’un vis-à-vis de l’autre par l’empêchement de crime.

Decretalium, l. IV, tit. vii, Deeo qui duxitin matrimonium quam polluit per adulterium, etles canonistes in hune locum.

R. Parayre.

ADVENCE, ADVENTIUS ou ADVENTUS, fut élu évêque de Metz en 858 (ou 855), par le peuple et le clergé. Il a été mêlé aux principaux événements de son temps. Advence fut surtout engagé dans la malheureuse affaire du divorce de Lothaire II, fils de l’empereur du même nom, qui répudia Theutberge pour épouser Waldrade. L’évêque de Metz prit une part active à la décision des conciles d’Aix-la-Chapelle (860 et 862) et de MetI. (863) où fut prononcée la nullité du mariage de Lothaire avec Theutberge, après qu’on eut extorqué à celle-ci l’aveu d’un inceste qu’elle aurait commis avant son mariage. Le pape saint Nicolas I" aant cassé le concile de Met/, Advence lui demanda humblement pardon et l’obtint, grâce à l’intervention de Charles le Chauve, liaronius blâme sévèrement la conduite il Advence en celle affaire et l’accuse de faiblesse et de mensonge ; Meurisse, au contraire, l’excuse et croit à sa probité et à sa bonne foi. Après la mort de Lothaire, Advence sacra et couronna Charles le Chauve dans la cathédrale de Metz (9 septembre 869) et prononça à cette occasion un discours qui a été conservé. Les historiens signalent aussi le zèle d’Advence pour la décoration de la cathédrale de Metz : il fit faire, entre autres, un grand reliquaire d’argent, qu’on appela « la muche » ou « la niche », dont il orna le pied d’une inscription en vers. Il composa, également en vers, sa propre épitaphe. Il mourut, laissant une réputation générale de sainteté, le 30 septembre 875 (ou le 31 août 873).

Outre les deux pièces de vers et le discours, dont il vient d’être parlé, on a conservé d’Advence cinq lettres au pape saint Nicolas I er, une à Theutgaud, archevêque de Trêves, une à Hatton, évêque de Verdun, et une sorte de mémoire en faveur de la nullité du mariage de Theutberge. Une partie de ces écrits a été insérée par Migne au tome cxxi, col. 1142 sq., de sa Patrologie latine.

Baronius, Annales eccles., ad an. 862-869 ; Meurisse, Histoire des Esvéques de l’Église de Metz, Metz, 1633, p. 214-274, 689 ; Histoire littéraire de la France, nouvelle édition, Paris, 1866, t. v. p. 429 sq. ; R. Parisot, Le royaume de Lorraine, Paris, 1898, passim ; Kraus, Kunst und Alterlhum in Lothringen, Strasbourg, 1889, p. 459.

J.-R. Pelt.

ADVENTISTES. —
I. Histoire et doctrines fondamentales.
II. Différentes sectes.

On désigne sous le nom d’adventistes, du mot anglais advent, qui veut dire avènement, un groupe de sectes américaines qui croient au prochain avènement du Fils de Dieu, suivi du règne de mille ans.

I. Histoire et doctrines fondamentales.

Leur fondateur fut un certain Guillaume Miller (d’où le nom de millerites sous lequel ils sont aussi connus), né en 1781 à Pittsfield (Massachusetts) et mort à Low Hampton (NewYork) en 1849. Pendant la guerre de 1812, il servit comme capitaine de volontaires dans l’armée américaine, et se livra ensuite à l’agriculture. Les idées rationalistes, si communes à cette époque, l’avaient d’abord séduit ; mais en 1816 la lecture de la Bible le convertit : il se fit baptiste (voir ce mot), et devint un membre très actif de cette secte. Il s’appliqua, avec plus d’ardeur que d’intelligence, à l’étude des saints Livres, où il trouvait, disait-il, un remède pour tous les maux de l’âme. Il y trouva en particulier sa fameuse doctrine sur le millenium. Partant de ce principe que toutes les prophéties concernant le Messie doivent se réaliser à la lettre, et remarquant que plusieurs d’entre elles ne s’étaient point accomplies en Notre-Seigneur, lors de son premier avènement, il en conclut qu’elles le seraient lors de son second avènement. Ainsi il est écrit que le Messie possédera la terre de Chanaan, Gen., xvii, 8 ; Is., viii, 8 ; qu’il régnera sur le trône de David et que son royaume s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre, Ps. ii, 8 ; qu’il apparaîtra sur les nuées du ciel pour juger les nations et régner sur elles. Dan., vii, 13-14. Or rien de tout cela ne s’est réalisé au premier avènement du Christ, puisqu’il n’a même pas eu où reposer sa tête. Donc il faut admettre un second avènement du Fils de Dieu. Mais quand aura-t-il lieu ? En comparant divers textes, particulièrement Apoc, xx, 1-6, et I Cor., 20-28, Miller se persuada que ce second avènement, aussi bien que la fin du monde, devaient précéder le règne de mille ans, dont il est question dans l’Apocalypse, Restai ! à en déterminer la dale exacte. Il se livra pour cela à une étude minutieuse des prophéties de Daniel, avec une patience digne d’une meilleure cause. Les 2 300 jours, dont parle le prophète, Dan., viii, 14, désignent, d’après lui, aidant d’années : ils commencent avec les soixante-dix semaines, c’est-à-dire 157 ans avant Jésus-Christ ; les 1 335 jours du ch. xii, . 12, marquent la durée de la suprématie pontificale, qui, d’après lui, a commencé en 508