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ADOPTIANISME AU VHP SIECLE


lonta traditione pcrseverare inrefragabiliter et incunclanter nitimini ; in primis confessionem beali Peiri principis apostolorum alque clavîgeri regni cselorum tenentes, qui ait ; Tu es Christus, Filius Dei vivi ; deinde vas clectionis, beati Pauli apostoli, subposterium fidei, gui inquit : Proprio Filio suo non pepercit Deus, sed pro nobis omnibus tradidit illum. Et si ipsi principes apostolu non Filium Dei vivi et proprium confessisunt, quomodo oblatrantes auttumant heretici Filium Dei adoptivum dicere ? Quo solo auditu omnis christianus gemens pavescit. Monum. German. : Epi.tolæ merowingici et harolini œvi, t. i, p. (537-638.

3° L’adoptianisme contient d’ailleurs, dans l’idée même d’adoption, sa formelle condamnation. L’adoption suppose deux personnes distinctes, dont l’une confère librement à l’autre les droits d’un vrai fils selon la nature. Il s’ensuit donc qu'être vrai fils et fils adoptif s’excluent mutuellement d’un même sujet par rapport au même père. Un vrai fils ne peut être adopté par son père, car il serait ridicule de prétendre conférer par adoption à un fils ce qu’il a, et au delà, par nature et par sa condition filiale. Saint Thomas le dit très justement : Filiatio adoptionis est parlicipata similitudo filiationis naturalis. Non autem recipitur aliquid dici participative, quocl per se dicitur. El ideo Christus, qui est Filius Dei naturalis, nullo modo potest dici filius adoplivus. Sum. tlieol., III a, q. xxiii, a. 4.

Si donc, comme le prétendaient les adoptiens, celui qui s’est fait homme, le premier-né de Marie, est simplement fils adoptif de Dieu, il n’est donc pas le vrai fils de Dieu et par conséquent il n’est pas vraiment Dieu ; et, de vrai, la secte ne se gênait pas pour l’appeler Deus nuncupativus. Dès lors la Vierge Marie n’est pas vraiment inère de Dieu, et le Christ n’est pas même le fils adoptif de Dieu le Père, mais le fils adoptif de la sainte Trinité tout entière. C’est un peu le renversement de toute la christologie : car l'Église professe que le Christ est véritablement et réellement Fils de Dieu, Dieu comme son Père, qu’il a droit aux honneurs divins, que Marie est véritablement et réellement mère de Dieu. Aussi, les Pères de Francfort s'écriaient : Si Deus verus est, qui de Virgine natus est, quomodo tune potest adoptivus esse et servus"? Deum enim nequaquam audetis confileri servum vel adoptivum. Et si eum propheta servum nominasset, non tamen ex conditione servitutis, sed ex humilitalis obedientia, qua factus est Patri obediens usque ad morlem. Synodica, P. L., t. ci, col. 1340. C’est donc une indignité blasphématoire, un sacrilège attentat contre la divinité, une ingratitude odieuse, que l’adoptianisme, et le pape Adrien n’a pas manqué de l’observer : Adoptivum eum filium, quasi purum homincm, calamilali humante subjectum, et, quod pudet dicere, servum eum, impii et ingrati tanlis beneficiis, tiberatorem nostrum non pertines citis venenosa fauce susurrare. Epist., ii, Hardouin, .14efaco71c., t. iv, col.8C9.

Si encore l’homme Jésus-Christ n’est que fils adoptif, il n’est pas le vrai Fils de Dieu ; et, en conséquence, il faut admettre logiquement et inéluctablement, de même que deux natures, deux personnes distinctes aussi dans le Christ. A cette condition-là seulement, dit saint Thomas, la théorie de l’adoption peut se soutenir : Secundum autem illos qui ponunt in Christo duos persunas, vel duas hyposlases seu duo supposita, nihil ralionabiUler prohiberet Christum hominem dici filium adoptivum. Sum. theol., III a, q. xxiii, a. 4. Or c’est là du pur nestorianisme. Les adoptiens, je le sais, s’en sontdéfendus énergiquement et Vasquez, 7n 777 am partent ' Div. Th., q. xxiii, disp. LXXXIX, c. VIII, a voulu les justifier sur ce point. Mais il n'était au pouvoir ni des adoptiens, ni de Vasque/., de repousser les conclusions nécessaires de principes posés et acceptés. Aussi tous les adversaires du système ont porté contre lui et ont justifié cette accusation de nestorianisme. Dans sa pre mière lettre le pape Adrien le dénonce ouvertement : Eliphandus et Ascaricus eum aliis eorum consenlaneis, filium Dei adoptivum conftteri non erubescunt, quod nullus, quamlibet hæresiarcha, talem blasphemiam ausus est oblalrare nisi perfidus ille Nestorius, qui purum hominem Dei confessus est filium. Monum. Germ. : Epistolæ merowingici et harolini sévi, 1. 1, p. 637. La Synodica reproche aussi aux adoptiens que leur hérésie a déjà été réfutée et condamnée en Nestorius, et c’est, sans doute, pour ce motif que leur lettre garde sur cet hérésiarque un prudent silence, tandis qu’elle jette l’anathème sur Bonosus, Arius et Sabellius. Elle poursuit : Numquid non ideo damnatus est, quia beatam Mariam sempervirginem non Dei, sed hominis tantum modo credidit esse genitricem. P. L., t. ci, col. 1342. C’est pourquoi la plupart des arguments, invoqués contre Nestorius, portent avec une égale force contre l’hérésie adoptienne.

4° On voit maintenant quelle était l’essence propre de l’adoptianisme et quel en était le danger doctrinal pour les fondements mêmes de la foi. On peut ainsi juger le cas qu’il convient de faire de l’opinion de Walch, Basnage et d’autres protestants, quand ils prétendent réduire toute cette controverse à une simple question de mots et à une pure logomachie. La théorie adoptienne fut, à très juste titre, condamnée comme hérétique par de nombreux conciles et par deux papes. Et il convient de rapporter en finissant la décision de Francfort. In primordio capitidorum exortum est de impia ac nefanda hseresi Elipandi… et Felicis… eorumque sequacibus, qui maie sentientes in Dei Filio asserebant adoptionem. Quam omnes, qui supra, sanctissimi patres, et respuentes una voce contradixerunt, atque hanc h^eresim funditus a sancta Ecclesia eradicandam statuerunt. llardouin, Actaconcil., t. iv, col.901.Les Annalesveterum Francorum donnent une formule de condamnation plus complète, qui est en même temps toute la doctrine de l'Église sur ce point délicat : Eradicandam statuerunt, dicentes : Dei filius hominis factus est filius ; nalus est secundum veritatem naturæ ex Deo Dei filius, secundum veritatem naturse ex homine hominis filius, ut veritas geniti non adoptionem, non appellalionem, sed in utraque nativitate fdii nomen nascendo haberet, et esset verus Deus et verus homo, unus filius proprius ex utraque natura, non adoptivus ; quia impium et profanum est Deo Pain aeterno Filium coœternum et proprium dici et adoptivum ; sed verum et proprium, sicut supradiclum est, ex utraque natura et credi et prsedicari debere. Pertz, Monum. German., t. I, p. 301. A défaut d’autre, l’adoptianisme aura, du moins, produit cet heureux résultat, qu’il a provoqué une étude approfondie de la composition du Christ et un examen plus complet et plus critique de la christologie patristique.

Pour l’adoptianisme, consulter : ° les écrits d’Elipand et de Félix, leurs réfutations par Alcuin, Paulin d’Aquilée et Agobard de Lyon, les actes des multiples synodes concernant cette hérésie, les principaux chroniqueurs du temps. On trouvera tous ces documents dans les collections anciennes ou modernes indiquées au cours de cet article ; — 2° la littérature moderne, relative à cette controverse ; elle se trouve signalée par Walrli, Ketzerhistorie, t. IX, p. G"3, 850, 935, qui a traité la question elle-même dans son Historia adoplianorum, Gœttingue, 1755, et dans Ketzerhistorie, t. IX, p. 667-940. Citniis, en outre, a) Basnago, Observationcs historien circa Felicianam hsercsim, dans le t. n de son Thésaurus mouumcutoruiu ; b) Madrisi, Dissertations insérées dans son édition des œuvres de saint Paulin, et dont une est spécialement dirigée contre Basnage, /'. /… I. xcix ; r) Enbueber, prieur de Saint-Emmeranji Ratisbonne, Dissertatio dogmatico-historica dirigée contre Walch pour prouver que les adoptianistes sont, vraiment tombés dans le nestorianisme, /'. L., t. ci ; d) Froben, Dissertatio historica de hmreai Elipandi et ['Appendix II aux œuvres d’Alcuin avec les lettres de l’Espagnol Majans, ibid. ; e)les histoires ecclésiastiques, et notamment Alzog, à cette époque du VIII" siècle ; /) Ilefele, Histoire des conciles d’après les documents, édition Leclercq, t. iv ; g) J. Bach,