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ADAM DE SAINT-VICTOR — ADAM SCOT

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dans l’octave de Noël, plutôt que Sap., xviii, 14) la légende des saints (la prose de saint Denys résume Hilduin), la théologie scolastique qu’il voyait naître près de lui [In natale saluatoris en contient autant que le Lauda Sion) ; le symbolisme chrétien, dont les œuvres de Hugues de Saint-Victor sont remplies (la célèbre prose Salue Mater Saluatoris pour la Nativité est une sorte de litanie qui groupe toutes les figures de la Vierge) ; l’allégorie moralisante, dont le goût était si vif au moyen âge et qui a fait la fortune des deux vers souvent cités : Mundus, caro, dœmonia Diuersa mouent prselia. A noter, au point de vue théologique, Profitantes unitatem, prose de la Trinité, où la doctrine du Quicumque est comme passée au filtre scolastique, et la formule Nos peccali spina sumus cruentali, sed tu spinæ nescia, attestation de l’immaculée conception (Salue, mater Saluatoris, 2e str.). Aucune des œuvres en prose attribuées à Adam de Saint-Victor ne peut être considérée avec vraisemblance comme de lui. Il ne nous a laissé que des poèmes liturgiques.

L. Gautier, Œuvres poétiques d’A dam de Saint-Victor, 2 in-12, Paris, 1858, avec un Essai sur sa vie et ses ouvrages ; S’édit., in-12, Paris, 1894 ; Clicliloveus, Elucidaturium ecclesiasticum, Paris, 1515 (édition princeps, d’où P. L., t. cxcvi) ; [Dom Brial], Histoire littéraire de la Fiance, t. xv, p. 39 ; [Hauréau], ibid., t. xxix, p.589 ; Delisle, dans Bibliothèque del’École des chartes, t. XX, p. 197 ; K. Bartsch, Die lat. Sequenzen des Miltelalters, Rostock, 1868, p. 18, 170 ; Eug. Misset, Essai philol. et littér. sur les œuvres poétiques d’Adam de Saint-Victor, Paris, 1881 ; Dreves, Analecta lojmnica medii sévi, t. vil, p. 3 ; t. Vin, p. 6 ; Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits lat. de la Bibl. nat., t. iii, p. 79 ; t. lv, p. 237 ; t. v, p. 8 ; P. Lejay, dans Bévue d’hst. et de littér. religieuses, t. iv (1899), p. 1(31.

P. Lejay.

7. ADAM SCOT ou L’ÉCOSSAIS (désigné souvent aussi sous le nom d’Adam de Prémontré, de l’ordre auquel il appartenait) vivait dans la seconde moitié du XIIe siècle. Il était né en Angleterre ou en Ecosse, d’où le double surnom d’Anglais ou d’Écossais qui lui est donné indifféremment. Il embrassa la vie religieuse dans l’ordre que venait de fonder quelques années auparavant saint Norbert, soit au monastère même de Prémontré suivant quelques-uns, soit plutôt, croyons-nous avec Pez, Thésaurus anecdotorum novissimus, Vienne, 1721, t. i, p. lxxi, au monastère de Saint-Andrew en Ecosse. On croit aussi qu’il fut abbé et évêq^ue de CaseBlanche (Candida Casa ou Withorn, en Ecosse) dont l’église cathédrale était unie à l’ordre de prémontré, mais ceci n’est pas absolument prouvé. Il mourut, ce semble, dans les dernières années du XIIe siècle. C’est à peu près tout ce que l’on sait de sa vie.

Le P. Ghiselbert, dans une dissertation sur Adam Scot dont il sera parlé tout à l’heure, signale trois autres personnages du nom d’Adam, de l’ordre de prémontré, avec lesquels il ne faut pas le confondre. Le premier, mort en 1165, avait été disciple de saint Norbert. Le deuxième, abbé du monastère même de Prémontré et supérieur général de l’ordre, mourut en 1327. 11 avait assisté au concile de Vienne sous Clément V. Le troisième, mort en 1333, succéda au précédent dans sa double charge d’abbé et de général. Tous trois sont quelquefois désignés, comme le personnage dont nous nous occupons ici, sous le nom d’Adam de Prémontré.

D’Adam Scot nous avons conservé :

1° Des Sennones ou Homélies, au nombre de 47 (P. L., t. cxcviii, col. 91-410) sur les divers temps de l’année liturgique et sur les fêtes : 18 pour le temps de l’A vent jusqu’à la veille de Noël, 4 pour la vigile de Noël, G pour Noël, 4 sur saint Etienne, premier martyr, 1 sur saint Jean l’évangéliste, 3 sur les saints Innocents, 4 pour le dimanche dans l’octave de Noël, 2 pour la fête de la Circoncision, 2 pour l’Epiphanie, 3 pour le deuxième dimanche après l’Epiphanie. Ces homélies sont précédées d’un prologue ou lettre d’envoi de l’auteur à ses

confrères. On y voit que le recueil en avait été fait par Adam lui-même. Le recueil complet, tel qu’il sortit des mains d’Adam, comprenait 100 sermons semblables. Les autres, à l’exception des 14 dont il va être question, ne nous sont pas parvenus.

2° Liber de ordine, habilu et professione canonicorum ordinis præmonslratensis, P. L., t. cxcviii, col. 439-610. C’est une série de 14 sermons à l’intention des religieux de l’ordre de prémontré, sur leur état et les obligations qu’il entraîne. L’auteur y explique longuement la règle de saint Augustin, d’où le nom de Commentaire sur la règle de saint Augustin donné quelquefois à cet opuscule.

3° Un traité De triparlito labernacido, dont la division indique suffisamment le caractère et l’objet : 1. De tabernaculo Moysis in sensu litterali ; 2. De tabernaculo Christi quod est in fide ; 3. De tabernaculo anirni quod est in interna cogilatione. P. L., t. cxcviii, col. 609-792. Ce traité est accompagné de deux lettres d’Adam, adressées, l’une aux chanoines du monastère de Prémontré, l’autre, à l’abbé Jean de Kelso, à la prière de qui l’ouvrage avait été composé.

4° Un autre traité De triplice génère contemplationis où, en trois parties, l’auteur considère successivement : 1. quam Deus sit in seipso incomprehensibilis ; 2. quam terribilis in reprobis ; 3. quam amabilis et suavis in electis. P. L., t. cxcviii, col. 791-842.

5° Enfin un traité en deux livres des soliloques de l’âme : Soliloquiorum de instructione animée libri duo, P. L., t. cxcviii, col. 841-872, considérations ascétiques, sous la forme d’un dialogue entre la raison et l’âme d’un religieux, sur l’état monastique et ses devoirs. Le second livre est spécialement consacré à l’explication de la formule de la profession usitée dans l’ordre de prémontré. Cet opuscule est dédié au prieur et aux religieux du monastère de Saint-Andrew et les termes du prologue semblent bien indiquer que c’est à ce monastère qu’appartenait Adam.

D’autres ouvrages d’Adam Scot ne sont pas arrivés jusqu’à nous. Il avait composé notamment un traité De dulcedine Dei où il célébrait les bienfaits de la création, de la providence et de la rédemption. D’après ce que nous avons vu plus haut, il nous manque aussi 39 de ses sermons. Casimir Oudin, ouvrage cité plus bas, col. 1544, donne quelques détails sur plusieurs d’entre eux qu’il avait vus en manuscrit chez les célestins de Mantes.

Adam Scot doit être rangé parmi les auteurs mystiques les plus appréciés du moyen âge. Ses écrits ascétiques, d’une doctrine élevée en même temps que d’un style plein d’onction, respirent la plus profonde piété. Nous savons qu’ils étaient tenus en grande estime, même en dehors de l’ordre de prémontré. Au témoignage de Casimir Oudin, les cçlestins de France les mettaient aux mains de leurs novices pour servir à leur formation religieuse. Adam excelle aussi dans les interprétations allégoriques et morales qu’il donne de la sainte Ecriture.

Les œuvres d’Adam Scot furent publiées pour la première fois, en partie, en 1518, Paris, in-fol. En 1659, le P. Ghiselbert, chanoine prémontré de l’abbaye de SaintNicolas de Furnes, en donna une édition plus complète, Anvers, in-fol., chez Pierre Bélier. Cette édition comprenait, en plus de la précédente, les sermons, mais pas les soliloques. Le P. Ghiselbert l’avait fait précéder de longs prolégomènes, trop diffus, mais où l’on trouve cependant discutées avec soin, au milieu de généralités historiques ou ascétiques, bien des questions concernant Adam. En 1721, dom Bernard Pez a publié pour la première fois les soliloques de l’âme dans son Thésaurus anecdotorum novissimus, Vienne, 1721, t. i, part. 2, p. 337. Tous ces écrits sont reproduits au t. cxcvm de la P. L. de Migne, col. 97-872. On trouve là également la dissertation de Ghiselbert (col. 19-90) et la notice de Pez (col. 841-842).

Voir aussi Casimir Oudin, Commentarius de scripto>bus