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ADAM DE COURTLANDON — ADAM DE SAINT-VICTOR — 388

. ADAM DE COURTLANDON, néprès de Usines,

disciple de Michel archevêque de Sens, élu en 1194 (’.’) doyen de l’église de Laon. Enguerrand III, sire deCoucy, ayant pillé les domaines de cette église, son doyen protesta et fut emprisonné, sans que Philippe-Auguste voulût intervenir ; en 1218 Adam fut rendu à la liberté. Il devint chantre de l’église de Laon et mourut vers 1226.

Il composa un Ordinaire ou Ordre de l’office divin dans l’église de Laon ; Antoine Belloste, chanoine de Laon, dut s’en servir pour rédiger en 1662 son Ritus ecclesise Laudunensis redivivi. Montfaucon, Bibliotfieca bibliothecarum manuscriptorum nova, t. ii, p. 1296, attribue à Adam un traite intitulé : Liber de calice morali, et en indique deux exemplaires manuscrits conservés à Laon. Oudin, Script, eccles., t. ii p. 1702, mentionne un autre traité d’Adam : Varies inScripturam sacram solutiones, dont les manuscrits étaient dans les abbayes de Cuissi (diocèse de Laon) et d’Igny (diocèse de Reims).

Fabricius, Bibl. latin, med. et inflm. setat., Hambourg, 1734, t. i, p. 21 ; Histoire litt. de la France, t. xvii, p. 334.

L. Lœvenbruck.

4. ADAM DE MARISCO (du Marais) ! surnommé dans l’École le docteur illustre, naquit dans le comté de Sommerset, vers la fin du xii° siècle. Il était depuis trois ans déjà curé de Wearmouth, quand il entra (entre 1226 et 1230) chez les frères-mineurs, établis depuis peu en Angleterre. Après avoir suivi à Oxford les leçons du célèbre Robert Grossetète, docteur à son tour, il fut le premier lecteur franciscain au couvent d’Oxford, et ses contemporains, Roger Bacon en particulier, exaltent son savoir. En 1239, il accompagnait au chapitre général de l’ordre Fr. Albert de Pise, qui fut élu ministre général en remplacement de Fr. Élie, contre lequel Adam se prononça ouvertement. Chancelier de Grossetète, devenu évêque de Lincoln, il était avec lui au concile de Lyon, en 1245, et, à son passage, on voulait le retenir à Paris pour occuper la chaire demeurée vide par la mort d’Alexandre de Halès et de Jean de la Rochelle. Il n’en fut rien, cependant. Rentré en Angleterre, Adam continua ses leçons pendant quelques années. Le siège d’Ely étant venu à vaquer, l’archevêque de Cantorbéry le proposa, mais le roi avait un autre candidat qui fut élu (1257). Le docteur illustre mourut peu après, vers 1258, et fut enseveli auprès de son maître, dans la cathédrale de Lincoln. Les seules œuvres imprimées que nous ayons de lui sont ses Lettres, Epistolæ F. Adse de Marisco de ordine minornm, publiées par Brewer dans ses Monnmenta. franciscana, Londres, 1858, t. I, p. 77-489. 11 laissa également des Commentaires sur le Cantique des Cantiques et VEpitre aux Hébreux. On lui a faussement attribué des Lectiones theologicse, qui sont d’Adam d’York, également frère-mineur et son contemporain, et des Commentaires sur S. Denys l’Aréopagite, qui appartiennent plutôt à l’abbé André de Verceil, son ami, auquel il envoyait à sa demande des Exposiliones super Angelicam Lselare.

Cf. Brewer, op. cit. ; Hyacinthus Sbaralea, Additiones et castigaliones ad scriptores Ord. minorum, Rome, 1806.

Edouard d’Alençon.

5. ADAM DEPERSEIGNE naquit vers le milieu du XIIe siècle. On croit qu’il fut d’abord chanoine régulier, puis bénédictin de Marmoutiers et enfin cistercien. Ouoi qu’il en soit, Adam fut appelé à gouverner l’abbaye cistercienne de Perseigne au diocèse du Mans, vers l’année 1180. Tritheim fait un grand éloge de sa science, De scriptor, ecclesiast., n. 343, et les historiens disent qu’il avait une telle réputation de sagesse, que les plus grands personnages recouraient à ses conseils. Dans un de ses voyages, il eut à Rome une conférence avec le célèbre Joachim, abbé de Flore, sur l’origine et l’objet de ses révélations ; de plus, Jacques de Vitry rapporte que l’abbé de Perseigne fut l’un des principaux auxi liaires de Foulques de Neuilly dans la prédication de la IVe croisade. Hislor. Occident., 1. II, c. ix. On ne connaît pas exactement l’année de sa mort.

Il a laissé : 1° des lettres sur des matières de spiritualité ; Sont été publiées par Baluze, Miscell., t. I ; 25 par Martène, Thesauras anecdot., t. i, et Ampliss. collect., t. i ; 2° de nombreux sermons, dont quelques-uns ont été imprimés et pour la première fois publiés à Rome en 1662, sous ce titre : Adami abbatis Persenise ordinis cislerciensis Mariale. Ces écrits se retrouvent dans P. L.,

t. CCXII.

Brial, dans Hist. litt. de la France, 1824, t. xvi, p. 437 ; Ceillier, Hist. des auteurs ecclésiastiques, 2’édit., Paris, 1863, t. XIV, p. 881 ; Hauréau, Hist. litt. du Maine, Paris, 1870, t. i, p. 20-51.

A. Mignon.

6. ADAM DE SAINT-VICTOR, poèteliturgiquemort en 1177 ou 1192. Nous sommes très mal renseignés sur sa personne et ses écrits. La tradition de Saint-Victor de Paris, où il a vécu, n’est pas plus ancienne que le ïive siècle. D’autre part les proses d’Adam paraissent avoir été introduites dans le missel de Paris dès l’épiscopat d’Eudes de Sully, sans qu’aucun souvenir ait été conservé de cette importante innovation. On doit donc recourir à l’étude des manuscrits des œuvres et à la critique interne pour déterminer ce qui appartient à Adam de Saint-Victor. Les proses nous ont été conservées par les livres liturgiques : 1° de l’abbaye de Saint-Martial de Limoges, sans qu’on puisse bien expliquer le fait ; ce sont les sources les plus anciennes : B. N. manuscrits lat. 778 (tropaire du xiie siècle), 1139 (recueil de séquences du xiie —xiiie siècle), 1086 (tropaire du xiiie siècle) ; 2 » de l’abbaye de Saint-Victor : B. N. lat. 14452 (graduel), 14819 (missel), commencement du xive siècle, etc. ; 3° de l’église de Paris : B. N. lat. 15615, Arsenal 110, du xiiie siècle ; dans ces livres, on peut remarquer des variantes de rédaction et quelques suppressions ; 4° de l’abbaye de Sainte-Geneviève, colonie de Victorins. Ces divers recueils contiennent des pièces qui certainement ne sont pas d’Adam. Il faut dès lors se servir, pour en juger, des caractères des séquences. Adam est au xiie siècle le plus illustre représentant d’une rénovation de cette poésie liturgique. Elle se dégage alors de la forme rythmique et assez libre que lui avait donnée Notker. Chaque pièce est divisée en strophes d’un même nombre de vers et chaque strophe est partagée en demi-strophes symétriques. Rarement, la pièce commence et finit par une demi-strophe, rappelant ainsi la disposition de la séquence notkérienne. Les vers riment d’après des combinaisons variées et sont fondés sur le principe du compte des syllabes. Il n’est pas interdit de considérer ces changements, d’origine française, comme l’effet d’un mouvement littéraire dont on saisit le prolongement dans la poésie en langue vulgaire. Adam de Saint-Victor partage d’ailleurs avec cette poésie quelques-uns de ses caractères les plus saillants : une élégance polie, une netteté sèche (description du « temps cler et bel » dans Mundi renouatio, pour Pâques), un souffle court, une grâce un peu enfantine, la transparence sans profondeur ; ajoutons une piété douce et confiante. Les seuls raffinements d’une telle poésie sortent de sa matière, la [il us féconde qui soit en allégories (le vaisseau et la tempête dans Aue uirgo singularis) et en antithèses (les concetti de la 2e str. de Salue mater Saluatoris et de la 8e de Lux illuxit). Le développement d’un certain nombre de ces pièces est identique : 1° salut plein d’une joie câline et un peu grêle, rappelant l’ancien iubilus ; 2’développement, récitatif ou exposé théologique ; 3° retour, sous forme de prière, sur les sentiments du prélude. Les principales sources d’Adam sont l’Ecriture, interprétée au point de vue messianique (cl. Zyma uetus expurgetur, pour Pâques ; Lux iocunda pour la Pentecôte) ; la liturgie (dans Salue dies pour Pâques, ditm lenerent cumin silentium rappelle l’introït du dimanche