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ACTION EN TERME DE BOURSE, SOC. PAR ACT. — ADALBÉRON


hommes qui sachent unir à l’intelligence des affaires, le souci de l’honneur, l’élévation des vues et les principes de moralité. Cela suppose que chacun se donne la peine d’assister à ces assemblées générales et beaucoup malheureusement se contentent de se faire représenter par des mandataires indifférents. C’est là une habitude fâcheuse, une abdication qui, dans bien des cas, peut avoir des conséquences funestes et entraîne une responsabilité morale à laquelle trop souvent on ne réfléchit pas. — 4° Dans une société industrielle, commerciale ou financière, le conseil d’administration compte parmi ses attributions les plus importantes le choix d’un directeur. Un bon directeur apportera un soin tout spécial au choix très attentif des nombreux auxiliaires, employés, contremaîtres qui ont le contact immédiat et constant avec l’ouvrier. Or si le choix d’un directeur est aux mains du conseil d’administration, celui-ci dépend du vote de l’assemblée générale des actionnaires. — 5° A combien d’objets de la plus haute importance ne s’applique pas le concours réuni du directeur et du conseil d’administration, et, par suite, combien grande est la responsabilité des actionnaires !

Equitable échelle des salaires qui tient compte à la fois du rendement présent du travail, de la prospérité de l’industrie et des services passés de l’ouvrier, et puisque celui-ci est guetté en quelque sorte par les séductions qui, à peine la paye reçue, s’efforcent de la lui arracher des mains en la faisant tomber dans le comptoir du cabaret, choix du jour et du mode de payement les plus propres à favoriser le retour intégral de la somme versée non seulement aux enfants, mais au père de famille.

Des combinaisons diverses ont été imaginées pour développer chez l’ouvrier la prévoyance, assurer son avenir, le soustraire à la rapacité de certains fournisseurs qui tirent un bénéfice usuraire et auxquels il est obligé de recourir. L’habitation ouvrière qui importe d’une manière capitale à la santé et à la moralité, en même temps qu’à l’économie, a provoqué des études auxquelles il est indispensable que le zélé chrétien donne son application la plus active et la plus intelligente. Tels sont les principaux secours de l’ordre moral et économique que la sollicitude d’un conseil d’administration et d’un directeur pénétrés de leur devoir patronal peuvent apporter à l’amélioration de la classe ouvrière et auxquels l’actionnaire peut contribuer, dans la mesure de ses droits.

VII. Abus des sociétés par actions.

Les sociétés par actions donnent lieu à des abus considérables dans leur fondation et leur administration. — 1° Les fondateurs d’une société anonyme s’attribuent des prélèvements hors de proportion avec les services rendus. Ces prélèvements s’opèrent, la plupart du temps, sous forme de majoration des apports en nature, tels qu’immeubles, brevets d’invention, clientèle, etc. Parfois une société déjà existante accroît son capital sous prétexte d’étendre ses affaires, sans qu’un accroissement proportionnel de bénéfices en soit la conséquence. — 2° La distribution de dividendes fictifs est un délit propre aux sociétés anonymes. Les directeurs ou administrateurs qui ont par devers eux de gros paquets de titres, sont intéressés à distribuer de larges dividendes de manière à faire monter les cours des actions et à les écouler à la Bourse. La baisse qui survient ensuite les laisse indifférents. — 3° Afin de faire prendre les actions par le public, on distribue des dividendes avant qu’il n’y ait eu des bénéfices acquis. Cette pratique devrait être interdite par le législateur comme étant une diminution détournée du montant des actions. Il faut d’une part la niaiserie des actionnaires et de l’autre le désir des fondateurs de pousser à la hausse pour se livrer à une manœuvre aussi déraisonnable. — 4° Presque tous les fon dateurs d’une société par actions ont besoin pour l’émission des actions d’une banque ou d’une société financière à laquelle ils consentent une forte commission. Les sociétés financières, sans s’occuper des chances de réussite de l’affaire industrielle ou commerciale, n’ont qu’un but : écouler le plus d’actions possible au taux le plus élevé. Trop souvent l’entreprise croule, les fondateurs ont cédé leurs actions, les banquiers ont réalisé leurs bénéfices et la perte retombe tout entière sur le public trop crédule ou trop naïf. — 5° Les émissions sont souvent faites par un syndicat de banquiers, afin de diviser les chances et surtout d’amortir la concurrence qu’ils pourraient se faire entre eux. Ces syndicats se chargent à forfait d’une grande quantité de titres : le public qui se presse à leurs guichets ne les obtient qu’à un prix supérieur. La société qui fait l’émission en garde la majeure partie dans sa caisse ; elle fait publier que la souscription a été plusieurs fois couverte, en sorte que les titres font immédiatement prime sur le marché et que les financiers les écoulent peu à peu à des prix de plus en plus élevés. Parfois aussi les sociétés emploient les fonds disponibles à acheter en Bourse leurs propres actions, de manière à les faire monter ou à maintenir les cours. Qu’une campagne de baisse se produise et réussisse, c’est la panique, la ruine, le krach.

Léo, Le gouffre des capitaux, Paris, 1880 ; Thaller, La réforme de la loi sur les sociétés par actions, Paris, 1891 ; A. Jacquard, Examen critique du projet de loi sur les sociétés par actions, Paris, 1893 ; Bouvier-Bangillon, La législation nouvelle sur les sociétés, Paris, 1897 ; Antoine Favre, La nouvelle loi sur les sociétés par actions, Paris, 1898 ; F. Arthuys, De la constitution des sociétés par actions, Paris, 1899 ; Staalslexikon de Bruder, Fribourg, 1896, V Actien.

Ch. Antoine.

ADALARD, abbé de Corbie, né vers l’an 753, mort en 826, était neveu de Pépin le Bref et cousin de Charlemagne. Il fut élevé à la cour avec les princes ses parents ; mais à peine âgé de vingt ans, il demanda l’habit monastique à l’abbaye de Corbie. Après un séjour au Mont-Cassin, il rentra dans son premier monastère et en fut nommé abbé. Charlemagne l’envoya en Italie pour aider de ses conseils le jeune roi Pépin, son (ils. En 809, il assista au concile d’Aix-la-Chapelle qui eut à exposer la doctrine de l’Église sur la procession du Saint-Esprit et il reçut la mission de porter au pape saint Léon III les actes de ce synode. En 814, il prenait part au concile de Noyon. Trompé par de faux rapports, Louis le Débonnaire l’exila dans l’île de Héro, aujourd’hui Noirmoutier. Il y resta sept années, après lesquelles il put reprendre le gouvernement de son monastère. Il fonda en Saxe l’abbaye de la Nouvelle-Corbie où il mit pour premier abbé son frère Wala. Adalard mourut à Corbie le 2 janvier 826. Son historien, Paschase Radbert, nous apprend qu’il s’était attaché à l’étude de saint Augustin ; mais les queftjues écrits qui nous restent de ce saint abbé (P. L., X. cv) ont trait seulement au gouvernement de son monastère.

Mabillon, Actasanctorum O. S. Benedicti, sœc. iv, part. 1, 1677, p. 306-377 ; Hist. littéraire de la France, t. iv, p. 484 ; domCeillier, Hist. des auteurs ecclésiastiques, 2° édit., Paris, 1862, t. XII, p. 274 ; Ziegelbauer, Hist. rei litterarix ord. S. Benedicti, t. IV, p. 259, 579, 721 ; Aug. Enck, De S. Adalhardo abbate Corbeix antiqux et novrn dissertatio historica, in-8 Munster, 1873.

B. Hf.URTEBIZE.

1. ADALBÉRON, archevêque de Reims. Fils <(> Geoffroy d’Ardenne, élevé à l’abbaye de Gorze, succéda en 969 à l’archevêque Odolric. Habile défenseur des droits de son Église, restaurateur de la discipline, il tint plusieurs conciles, en particulier au mont Sainte-Marie, et releva les écoles qu’il confia à Gerbert. Chancelier de Lothaire et de Louis V, il sacra Hugues Capet qui lui maintint son titre. Il mourut à Reims le 3 janvier 988.

On a de lui : 1° 41 lettres publiées sous le nom de Gerbert et reproduites par Migne, P. L., t. cxxxvii, col.