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ACTES (APOC.) DES APOTRES — ACTION EN TERME DE ROURSE 362

pagne ; puis Simon le Magicien arrive à Rome al y tait des dupes si nombreuses que saint Pierre est envoyé par Jésus pour le confondre ; nous avons alors le récit du voyage de saint Pierre, des nombreux miracles qu’il accomplit à Rome, de ses discussions avec Simon, finalement de la mort de Simon. Les Actus Pétri cum Simone sont pleins de merveilleux et le démon y joue un rôle prépondérant ; on les a manifestement expurgés de tout archaïsme doctrinal, mais il y demeure quelque trace d’un gnosticisme pareil à celui des Acta Juannis. Saint Pierre s’exprime ainsi sur Jésus : « Il a mangé et bu pour nous, quoique n’ayant ni faim ni soif… Il vous consolera pour que vous l’aimiez, lui qui est grand et minime, beau et horrible, jeune et vieux, visible un temps et éternellement invisible… C’est lui la porte, la lumière, la voie, le pain, l’eau, la vie, la résurrection, le rafraîchissement, la perle, le trésor, la semence, la satiété, le grain de sénevé, la vigne, la charrue, la grâce, la foi, le Verbe… » (20). Ces expressions appartiennent au docétisme. De même, quand saint Pierre demande aux veuves ce qu’elles ont vu dans l’éclat à elles apparu d’une lumière surnaturelle, les unes lui répondent : Nous avons vu un vieillard, dont l’apparence était telle que nous ne pouvons l’exprimer. Les autres : Un adolescent. Les autres : Un enfant qui toucbait nos yeux subtilement, et nos yeux se sont ouverts (21). Les Acta Joannis nous avaient présenté les mêmes traits. Nous en relèverons un dernier : il est dit (2) que les fidèles présentent à saint Paul pour le sacrifice du pain et de l’eau : Optulerunt auteni sacrificium Paulo panent et aquam et (pour ut) oratione facta unicuique daret : in quibus contigit quamdam nomine Rufinam, volens itaque et ipsa eucliaristiam de manibus Pauli percipere, etc. L’histoire est l’analogue de celle du jeune meurtrier des Acta Thomse ; ici c’est une femme qui vit en concubinage et que saint Paul exclut de la communion. Mais l’intérêt de l’épisode est dans ce détail, que l’eucharistie est faite de pain et d’eau. Déjà dans les Acta Thomse, la servante de Mygdonia apportait pour l’eucharistie du pain et de l’eau. C’est un trait authentique d’encratisme, car l’encratisme condamnait l’usage du viii, et cette condamnation s’étendait à l’eucharistie elle-même. De là, ce que les hérésiologues ont appelé la secte des aquariens.

V. Actes de Paul et de Thécia.

Le récit commence abruptement au moment où Paul arrive à Iconium, fuyant Antioche. Reçu dans la maison d’Onésiphore, il rompt le pain et prononce un discours que l’auteur qualifie de discours de Dieu sur la continence (èyxpaTeiaç) et la résurrection : « Heureux ceux qui sont purs de cœur, heureux ceux qui gardent chaste leur chair, heureux les continents, heureux ceux qui ayant femmes sont comme s’ils n’en avaient pas, heureux les corps des vierges, car ceux-là plairont à Dieu et ne perdront pas la récompense de leur continence » (5-6). Nous sommes ici en plein encratisme. Or Thécia, fiancée de Thamyris, entend le discours de l’apôtre et ne veut plus vivre que selon sa loi. Colère du fiancé et de sa famille contre l’étranger qui enseigne « qu’il faut craindre Dieu seul et vivre dans la pureté » (9), que « les noces ne doivent pas être » (11), qu’il « n’y a point de résurrection si l’on ne reste pur » (12). L’apôtre s’enfuit et Thécia part avec lui pour Antioche. C’est à Antioche que Thécia aura à combattre dans l’amphithéâtre contre les bêtes féroces et sortira saine et sauve de ce combat.

On a récemment émis l’hypothèse que les Acta Pauli et Theclse ne sont qu’un fragment de la Ilspt’oôo ; IlaûXou originale du {{rom-maj|II)e siècle, et qu’à cette même ITcpioSo ; appartient la correspondance apocryphe de saint Paul et des Corinthiens et le Maprupiov Ila-jXou publié par Lipsius, Acta apostolorum apocrypha, t. i, p. 104-117. Nous avons dit ailleurs, Dictionnaire de ta Bible, t. ii, col. 190$1-$2901, en quoi cette hypothèse ne nous paraissait

pas plausible pour ce qui est de la correspondance apocryphe : quant au Maprjpiov, l’hypothèse est simplement vraisemblable. Du reste, l’histoire des doctrines n’a rien à noter dans ce Maprûpiov.

VI. Actes de saint Philippe.

C’est encore l’encratisme que nous présentent les fragments desvctaPhilippi retrouvés par nous. Analecta bollandiana, 1890, t. ix, p 20’t-21-9 ; édit. Bonnet, 1903. Une femme vient de perdre >on fils et se lamente : il n’y a plus de joie possible pour elle, il ne lui convient plus de se marier, ni de manger des aliments qui édifient le corps, savoir le vin et la viande. « Tu as raison, lui répond saint Philippe. Que penses-tu de la pureté ? C’est la pureté qui a commerce avec Dieu, mais elle est odieuse aux hommes, car ils ne savent ni être chastes, ni boire de l’eau, » i, 3. AAzotos, l’apôtre est accusé d’être un magicien et un homme dangereux, parce qu’  « il sépare les mariés, enseigne que la pureté seule voit Dieu, et que le fait d’avoir des enfants est une calamité, » iv, 1. A Nicotera, il est poursuivi sous prétexte qu’il enseigne « une doctrine nouvelle et étrangère, savoir : demeurez purs et vous vivrez et vous brillerez comme des astres dans le ciel, » VI, 8.

Si nous résumons les observations précédentes, nous dirons que les actes apocryphes nous fournissent de très intéressants spécimens d’abord du docétisme, ensuite de l’encratisme. Le docétisme a sa date dans l’histoire de la christologie ; l’encratisme, dans l’histoire de la théologie morale et plus précisément de la doctrine pénilentielle, car il est bien évident que l’encratisme est une tendance antipénitentielle. La liturgie enfin, soit dans le style de ses prières, dont nous avons rencontré des modèles si archaïques, si gnostiques, soit dans l’économie de ses rites, par exemple les éléments du baptême et les éléments de l’eucharistie, a beaucoup à retenir de l’étude de ces textes apocryphes.

R. A. Lipsius et M. Bonnet, Acta apostol. apocrypha, 3 in-8°, Leipzig, 1891-1903 ; R. A. Lipsius, Die apocryphen Aposlotgeschichtenund Apostelteænden, Brunswick, 1883-1890 ; M.R.James, Apocrypha anecdola, Cambridge, 1897 ; P. Batiflbl, Ane. litt.chr. grecque, Paris, 1898, p. 41-46 ; Theolog. Literaturzeitung, iS91, t. xxil, p. 625-629 ; Anal, bolland., 1898, t. xvii, p. 231-233 ; F. Hennecke, Neutestam. Apocryphen, Tubingue, 1904.

P. BATIFFOL.


ACTES DES MARTYRS. Voir Acta martyrum.


ACTION en terme de bourse. SOCIÉTÉ PAR ACTIONS.


I. Définitions.
II. Origine et historique.
III. Régime légal des sociétés par actions.
IV. Organisation.
V. Avantages et inconvénients.
VI. Devoirs de l’actionnaire. —
VII. Abus des sociétés par actions.

I. Définitions.

Les actions sont des titres de propriété sociale ou de créance d’un type uniforme et transférables par une simple mention sur des livres ou par tradition selon que les titres sont nominatifs, ou au porteur. Grâce à cette facilité de transmission leur propriétaire trouve facilement un cessionnaire. Un marché spécial : la Bourse, s’établit pour cette nature de biens, en sorte que le titre de propriété de capitaux engagés à long terme devient convertible et mobile.

L’action étant une part du capital social d’une société par actions, les droits qu’elle confère et les obligations qu’elle impose dépendent de la constitution et du rôle des sociétés par actions.

Sous le nom de sociétés par actions, on désigne une association fondée dans un but déterminé avec un capital qui est divisé en actions (Actien-Shares). La société comme telle a seule qualité pour effectuer toutes les opérations nécessaires au but social. Les diverses obligations contractées par les mandataires de la société affectent immédiatement le capital social et seulement indirectement les membres de la société, les actionnaires. Voilà pourquoi la société par actions est immédiatement une association de capitaux ; elle n’est asso-