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ACTE — ACTES DES APOTRES

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ainsi que celle d’un iniperium correspondant, q. xvii, a. 3, ad 3 um. Aux objections de Scot en faveur de l’autonomie de l’intelligence et de la volonté, Cajetan répond que l’utilisation laisse les facultés qu’elle applique agir selon leurs lois propres. Son but n’est pas de les dénaturer, mais de faire entrer leurs actes dans l’organisme d’un acte humain complet. I a II », q. ix, a. 1, § Ad hoc breviler. Par là est résolue l’opposition de Vasquez qui, In i am Il x, disp. LI, c. v, nie toute influence efficace de l’homme sur sa propre volonté, usus ou iniperium. At quemadmodv.m Ma negatione a communi doctorum sententia déficit, ita certe erravit, dit le R. P. Frins, De act. hum. psych., p. 393.

L’acte humain complet est donc conçu par saint Thomas comme un dynamisme rationnel organisé, dont toutes les parties sont fortement reliées entre elles et avec le premier acte de volonté, premier moteur dans son ordre, par un courant utilisateur conçu comme une motion instrumentale. Sum. theol., I a II æ, q. xvii, a. 4, in corp. et ad l ura, 2 um et 3 um. Le branle lui est donné par une excitation spéciale du moteur universel, ibid., I a, q. cv, a. 4 ; I a II*, q. ix, a. 4, 6 ; q. ix, a. 2, ad l um, motion analogue à l’instinct dont parle Aristote au chapitre De bona fortuna, {{rom|xviii)e du VIP livre de la Morale à Eudème(S. Thomas, Contra gent., 1. III, c. lxxxix, in fine et loc. cit.) et à l’inspiration du Saint-Esprit dans les dons. Sum. theol., I a II æ, q. lxv, a. 1 ; Contra gent., 1. III, c. xci, § Palet enim.

V. Propriétés.

Moralité.

Suivant saint Thomas d’Aquin, la moralité est l’accident propre de l’acte humain. Sum. theol., I a II », q. i, a. 3, ad 3 um. Il y a donc entre la moralité et l’acte humain la relation nécessaire de propriété à essence. Convenit uni, toti, soli. Par suite, il n’y a pas d’acte humain concret indifférent. Ibid., q. XVIII, a. 9. L’absence de moralité n’est concevable que dans les actes humains considérés abstraitement, c’est-à-dire dans l’objet qui les spécifie, non dans le sujet individuel qui les émet. Ibid., a. 8. Aussi malgré l’opinion contraire de Scot, /F Sent., 1. II, dist.XL, acte moral et acte humain sont identiques, dans le langage théologique courant. Sum. theol., I a II æ, q. I, a. 3, in corp. Voir le mot Moralité.

Capacité passive obédientielle à être élevé à l’ordre surnaturel.

Cette capacité appartient à l’acte humain en raison de sa dépendance d’un acte intellectuel. La volonté est, en effet, consécutive à l’intellection. Or les rapports surnaturels avec Dieu ne sont pas en dehors (extraneum) des ressources intellectuelles de l’homme. Contra gent., 1. III, c. liv. Elles ne sont donc pas complètement en dehors des ressources de sa volonté. (Ne pas confondre ressources avec exigences). L’acte humain, par la grâce de Dieu, peut donc devenir surnaturel. Voir le mot Surnaturel.

Aristote, Éthiques à Nicomaque ; Morale à Eudème ; Nemesius, Dénatura hominis ; S. Augustin, De civitate Dei, 1. XIX ; De Trinitate, passim ; De doctrina christiana, passim ; Index rnonach. S. Benedicti in omnia opéra, P. L., t. xlvi ; S. Jean Damascène, De fl.de orthodoxa, 1. II, c. xxii à XXVIII, P. G., t. xliv ; S. Thomas, Commentaire sur l’Éthique à Nicomaque, loc. cit. ; Sumrna theologica, I" II’, q. I et q. VI à xvii ; tous les commentateurs de saint Thomas sur ce traité, en première ligne Cajetan ; S. Antonin, Summa theologica, tit. iii, IV ; Salmanticenses, Theologia moralis, t. v ; S. Liguori, Theologia moralis, t. i ; Goudin, part. IV, Ethica (édit. Orviéto, 1859) ; Gonzalez, Zigliara, Ethica, Inst. philos., t. m ; Pesch, Prxlectiones dogmaticse, Fribourg-en-Brisgau, 1895, t. IV ; Pesch, Anthropologia, Fribourg-en-Brisgau, 1896 ; Manuels de théologie morale de Haine, Marc, Lehmkuhl, Tract, de actibus humanis ; Lepidi, L’attivitavolontariadeW uomo, Rome, 1890 ; Frins, De actibus humanis ontologice et psychologice considérais, Fribourg-en-Brisgau, 1897 ; Ami du clergé, 1898, n. 25, 28, 31, 37 : Causeries d’un vieux moraliste. L’acte humain : Analomie, Physiologie, Pathologie, Thérapeutique, Hygiène.

A. Gardeil.

V. ACTE ÉLICITE ET ACTE IMPÉRÉ.

L’acte élicite (elicitus) s’oppose à l’acte impéré (imperatus) en ce que la puissance ou Vhabitus qui l’émet atteint son propre objet sans aucun intermédiaire ; tandis que l’acte impéré a son origine dans une puissance supérieure, et, par l’intermédiaire d’une puissance inférieure, atteint l’objet de cette puissance inférieure. S.Thomas, 7FSen£.. tl. III, dist. XX VII, q. il, a. 4, q. m. — C’est ainsi que l’acte intérieur d’aimer Dieu est un acte élicite de la volonté’, et que l’acte de faire l’aumône par amour de Dieu est un acte impéré. La volonté peut se commander à elle-même des actes qui deviennent par là même impérés. Ainsi en est-il quand je veux faire l’aumône par amour de Dieu. Les vertus sont dites aussi impérées les unes par les autres, lorsqu’on accomplit un acte de ver-tu par le motif d’une autre vertu. C’est ainsi qu’on pratique la tempérance par amour de Dieu.

Il ne faut pas confondre l’acte impéré et l’acte extérieur. Tout acte humain extérieur est impéré, mais tout acte impéré n’est pas extérieur. Ainsi l’acte intérieur purement volontaire d’élection des moyens se fait sous l’empire de l’intention delà fin. Sum, theol., I a II*, a. 3, ad 3 um. L’acte extérieur est l’acte impéré qui se manifeste dans les mouvements des parties du corps unies à certaines puissances de l’àme. I a II 36, q. xxii, a. 9. Cf. plus haut, col. 344, 2°. A. Gardeil.


ACTES DES APOTRES. Un premier article sera consacré au livre des Actes des apôtres ; un second, au verset 18 du chapitre xix de ce livre ; un troisième aux Actes apocryphes des apôtres.

I. ACTES DES APOTRES (TlpâÇecç’Atzoazôlwv ; Acta ou Actus apostolorum). —
I. Auteur.
II. Date.
III. But.
IV. Texte et versions.
V. Commentaires principaux.
VI. Renseignements doctrinaux.

I. Auteur.

Les Actes des apôtres sont attribués à saint Luc par le concile de Trente : Actus apostolorum a sancto Luca conscripli, sess. IV. Cette attribution est pleinement justifiée par les témoignages traditionnels et par l’examen intrinsèque du livre. — 1° Il est certain que, vers le milieu du n* siècle, l’Église romaine regardait saint Luc comme l’auteur des Actes. Le canon de Muratori (160-170) dit en effet : Acta autem omnium apostolorum sub uno libro scripta sunt. Lucas optime Théophile comprehendit, quia sub prsesentia ejus singula gerebantur. Saint Irénée, qui réunit en sa personne les traditions de l’Asie et de la Gaule, s’exprime ainsi, après avoir rapporté plusieurs faits des Actes : Omnibus his cum adesset Lucas, diligenter conscripsit ea, uti neque mendax neque elatus deprehendi possit. Cont. hxr., III, xiv, 1, P. G., t. vii, col. 914. Clément d’Alexandre, Strom., V, 12, P. G., t. ix, col. 124 : Sicut et Lucas in Actibus apostolorum commémorât Paulumdicenlem : Viri A Ihenienses… Et il cite le commencement du discours à l’Aréopage. Act., xvii, 22. Tertullien, De jejun., x, P. L., t. ii, col. 966 : Porro, cum in eodem commentario Lucm et tertia hora oralionis demonslretur, sub qua Spiritu Sancto iniliati pro ebriis habebantur, et sexta, quaPelrus ascendit in superiora. Cf. Act., il, 15 ; x, 9. Enfin Eusèbe de Césarée, qui résume les anciennes traditions dans son Histoire ecclésiastique, , range les Actes parmi les livres canoniques, admis sans contestation, Ta Ô ! /.o).oyo’Vsva, H. E., iii, 25, P. G., ’t. xx, col. iTS, et les attribue nettementà saint Luc. H. E., ni, 4, P. G., t. XX, col. 220. — 2° L’examen intrinsèque du livre confirme puissamment les témoignages traditionnels. « Une chose est hors de doute, dit M. Renan lui-même, Les apôtres, Introd., p. X, c’est que les Actes ont eu le même auteur que je troisième Évangile, et sont une continuation de cet Évangile. On ne s’arrêtera pas à prouver cette proposition, laquelle I n’a jamais été sérieusement contestée. Les préfaces qui