dans l’homme de facultés, q. lxxvii ; cette doctrine domine toute l’étude des facultés, q. lxxix à lxxxix.
7° Incarnation.
La doctrine de la personne ou de la subsistance conçue comme un acte distinct de la nature dans les créatures, régit l’explication de l’union hypostatique. IIIa, q. ii, a. 3, 6, ad 3um. L’actualité de principe d’action qui convient à la personne rend compte dans une certaine mesure de l’assomption par la personne divine de la nature humaine, q. III, la puissance passive naturelle de la nature humaine n’y est pour rien, q. iv.
8° Sacrements.
Matière et forme sont une application
analogique d’acte et puissance, q. LX, a. 7. —
Caractère sacramentel : Il s’explique par une puissance
spirituelle passive ou active vis-à-vis des choses
divines. IIIa, q. lxiii. —
Eucharistie : Le changement
du pain au corps du Christ expliqué par l’opération
de Dieu Acte infini, dont l’action atteint l’être lui-même,
q. lxxv, a. 4, in corp. et ad 3um.
IXe Livre des Métaphysiques, commenté par saint Thomas ; du même, In Physicam (IIe IIIe, VIIe, VIIIe livres) ; De anima, IIIe livre ; Summa theologica, loc. cit. On peut consulter avec avantage si l’on connaît bien le système de saint Thomas : Tabula aurea Petri a Bergarno, O. P. in opera omnia D. Thomae Aquin., Parme, Fiaccadori, t. xxv, et Thomae Leortcon, Paderhorn, 1895, aux mots : Actus, Actio ; Cajetan, Commentaire sur le De ente et essentia de saint Thomas ; tous les commentateurs de saint Thomas, locis citatis ; Fouillée, La philosophie de Platon, Paris, 1889 ; Kauffmann, Etude de la cause finale dans Aristote, traduction par le P. Deiber, O. P., Paris, 1898 ; Franz Brentano, Von der mannifachen Bedeulung des Sciendennach Aristoleles, Fribourg-en-Brisgau, 1862 ; Farges, Acte et puissance ; Matière et forme, Paris ; P. de Regnon, S. J., Métaphysique des causes, Paris. 1886 ; Baeümker, Das Problem der Materie in der griechischen Philosophie, Munster, 1890 ; Domet de Vorges, L’acte et la puissance, dans les Annales de phil. chrét., août 1886 ; Boutroux, Grande Encyclopédie, mot : Aristote ; Baudin, L’acte et la puissance dans Aristote, dans la Revue thomiste, 1899.
II. ACTE PREMIER ET ACTE SECOND.
La puissance et l’acte divisent l’être et tous les genres d’être. Le premier genre est la substance. La substance est la toute première perfection de l’être : sub stat. L’acte par lequel la substance est substance s’appellera donc justement acte premier, ou encore acte de l’imparfait (actus imperfecti) pour exprimer qu’il n’est précédé d’aucune réalité achevée, mais seulement d’une pure puissance. La forme substantielle (voir ce mot) est un acte premier. — Toute perfection survenant à l’acte premier, tout accident pourrait être dit acte second. Cependant on réserve cette dénomination à l’action ou opération. La raison en est que l’action d’un être est l’expression dernière de son actualité. Dans l’action, il n’y a plus de potentialité, comme il en reste encore dans la vertu (ultimum potentiæ), qui la précède immédiatement. Les autres accidents suivent à l’essence dont ils sont des compléments ; ils concourent à former la substance individuelle qui est leur suprême aboutissant ; ils se tiennent dans la ligne de l’acte premier. L’action au contraire suit à l’être parfaitement constitué dans l’ordre substantiel ; à l’individu, au suppôt (actiones sunt suppositorum), à la personne. Il est purement acte second comme la matière première est pure puissance. Voir l’article précédent.
III. ACTE PUR.
Dans son acception la plus générale, le mot pur signifie l’état d’une chose qui n’est pas mélangée. L’acte et la puissance divisant l’être adéquatement, Comment. S. Thom. in Metaph., 1. V, lect. ix, édit. Parme, t. xx, p. 400, on entendra en général par acte pur l’être qui n’est pas mélangé de puissance.
1° Sous ce rapport, l’être peut se trouver dans trois
états : le premier exclut essentiellement toute potentialité ;
les deux autres admettent le mélange de potentialité
et d’acte, mais en deux manières :
1. la potentialité n’affecte pas l’essence, laquelle n’a en elle-même
que de l’actualité, mais seulement les conditions
d’existence et les propriétés conséquentes à l’essence
(c’est le second état) ;
2. la potentialité entre à titre de
partie essentielle (c’est le troisième état). Ces trois suppositions
sont les seules possibles, le mélange de puissance
et d’acte ne pouvant affecter directement que le
principe essentiel ou les accidents, qui constituent la
seule division de l’être antérieure à celle de puissance
et d’acte. Si l’on ajoute la conception d’un être qui serait
pure puissance comme l’acte pur est pur acte (matière
première), on a épuisé toutes les combinaisons possibles.
S.Thomas, IV Sent., 1. I, dist. XIX, q. ii, a. 1 ; Resp.ad fr. Joan. Vercell. de 108 art., q. xlvii, Parme, 1864,
opusc. 8, p. 157.
2° En concrétisant, nous trouvons le premier de ces
états représenté par Dieu, acte pur, dont la nature exclut
tout mélange de potentialité (voir I Acte et puissance,
col. 335) : puissance à exister, puissance à l’être spécifique,
puissance même à opérer, car la toute-puissance divine
est toute acte. Contra gent., . II, c. vii. —
Le second état
est représenté chez les philosophes anciens (Platon, Aristote,
Avicenne), par les substances séparées, les pures
intelligences, les âmes des cieux, les δαιμόνια ; dans la
doctrine catholique, par les anges. A ces êtres convient
la dénomination de purs esprits, mais non pas d’acte
pur.
a) Ils sont purs esprits en ce que leur essence,
spécifiquement intellectuelle, n’admet pas de composition
de forme ou de matière, d’âme et de corps, comme
l’essence humaine. Ils n’ont donc intrinsèquement aucune
tendance à la corruption, ni conséquemment à la
génération d’autres êtres par la décomposition de leurs
principes essentiels. Avicebron a soutenu le contraire :
Avencebrolis seu Ibn Gebirol Fonsvitae, édit. Baeumker,
Munster, 1895, p. 212, 220, 265, 268, 279, 288. Il a été
réfuté ex professo par saint Thomas, De subst. separ.,
c. v, vi, vii, viii, Parme, 1801, opusc. 14, p. 187.
b) Ils ne sont pas actes purs à un double titre : α. Leur essence
diffère de leur existence : ils ne sont pas donné
l’être bien qu’ils soient aptes à le conserver indéliniment
après l’avoir reçu, étant incorruptibles et pures formes
subsistantes. S. Thomas, De subst. sep., c. IX, xvil. β. Ils sont composés de puissance opérative et d’opération.
Leur intellection n’est pas leur substance comme
en Dieu. Et bien que de fait ils aient toujours l’intelligence
de leur substance, ils restent en puissance vis-àvis
des autres réalités intelligibles. S. Thomas, Sum. theol., Ia, q. l, a. 2, 5, in corp. et ad 3um ; q. liv, a. 1,
2, 3, Contra gent., l. II, c. lii, lv, etc. : opusc. De subst. separ. en entier. —
Le troisième état, celui des êtres essentiellement
composés de matière et de forme, ne saurait
renfermer de pur esprit, à plus forte raison d’acte pur.
Il renferme cependant deux sortes d’actes bien différents
sous le rapport de la pureté. Le premier, l’âme de
l’homme, tout en étant essentiellement ordonnée à une
matière, n’a pas, dans cette matière, sa condition indispensable
d’existence et d’opération. Voir Ame. C’est une
forme en soi transcendante (immixta, χωρίστον) vis-à-vis
de la puissance. Son indépendance à l’égard de la matière
forme ainsi le parallèle exact de la double dépendance
de l’ange (existence et opération) vis-à-vis de l’acte
pur. La seconde sorte d’actes, au contraire, non seulement
est unie essentiellement à une matière, mais trouve
encore dans cette matière, à laquelle elle est immanente,
la condition de son existence : ainsi se comporte l’âme
sensitive des animaux dans leur matière vivante.
3° Les trois états de pureté relativement à l’acte sont
réalisés dans l’univers. Saint Thomas le prouve :
a) pour Dieu, acte pur, par les preuves que nous avons rapportées
ailleurs. Voir I Acte et puissance, col. 335, 336. Cf. Sum. theol., Ia, q. iii, a. 2 ; q. ix, a. 1 ; Contra gent., l. I, c. xii, § Adhuc quamvis ; § Item unumquodque agit ; c. xi, iii,
§ Adhuc in rebus ; § Item tanto actus ; l. II, c. VI, § Adhuc