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ACTA MARTYRUM, ACTA SANCTORUM

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Il l’exposa dans ses Fasti sanctorum quorum vit se in ùïlgicis bibtiotkecis manuscriplse, Anvers, 1607. Il s’agissait de « rechercher de toutes parts les vies con- nues et inconnues des saints, de les collationner avec les manuscrits et les plus anciens livres, de leur resti- tuer leur style primitif et leurs parties intégrales ; de les illustrer de notes, de disserter sur les auteurs, les rites sacrés, la chronologie, la chorographie, le glossaire ». Rosweyde espérait réaliser ce plan en dix-sept volumes in-folio, deux pour les fêtes du Christ et de la Vierge, un pour les fêtes solennelles des saints, un autre pour les fêtes non chômées d’autres saints, douze pour les Acta sincera des saints de tous les mois, un pour les martyrologes, et enfin deux pour huit catégories dénotes et treize tables. Comme bien on pense, Rosweyde ne put, lui seul, mener à bonne fin le programme qu’il avait ébauché. Il ne reste de lui, en fait d’hagio- graphie, que son édition des Vitx Palrum. A la mort de Rosweyde, en 1629, un de ses confrères, le P. Jean Rolland, né en 1596, au village de Rolland, reprit l’œuvre ébauchée ; pendant cinq ans il y tra- vailla seul, mais il s’associa alors les PP. Godefroid Ilenschen (1600-1681) et Daniel Papebroch (1628-1714). En 1643, parurent les deux premiers volumes de la fameuse collection des Acta sanctorum des bollan- distes : ils renfermaient les vies des saints du mois de janvier. A la mort de Bolland en 1665, trois nouveaux volumes avaient vu le jour contenant les actes des saints honorés au mois de février. A peu d’intervalle se suivirent jusqu’en 1705, date de la retraite du P. Papebroch, devenu aveugle, trois volumes pour le mois de mars, trois autres pour celui d’avril, huit pour le mois de mai et sept pour juin. Après la mort des premiers bollandistes, parurent, jusqu’en 1773 époque de la suppression des jésuites, trente nouveaux volumes qui menèrent l’œuvre jusqu’au 7 octobre. L’abbaye des prémontrés de Tongerioo recueillit les bollandistes ; ils y terminèrent le sixième volume d’octobre, qui était le lui 6 de toute la collection. La Révolulion française mit fin en 1796, par la sécularisation de l’abbaye de Tonger- ioo, aux travaux des bollandistes. Ceux-ci ne les reprirent qu’en 1838 avec les PP. Vander Moere et Van Hecke, auxquels s’adjoignirent successivement les PP. Renja- min Bossue, Victor De Ruck, Antoine Tinnebroeck, Victor Carpentier, Charles De Smedt, Rémi De Ruck, Henri Matagne, Joseph De Backer, Guillaume van Hoof, Charles Houze, François Van Ortroy, Joseph Van den Gheyn, Hippolyte Delehaye et Albert Poncelet. Le pre- mier volume publié par la nouvelle génération des bol- landistes parut en 1845 et le dernier (tome n de no- vembre) formant le LXiv e de la collection, vit le jour en 1894. Les Acta sanctorum des bollandistes ont été réé- dités à Venise, 1734 sq. en 43 volumes, jusqu’au 18 sep- tembre, et à Paris, 1866-1887, en 63 volumes, plus un volume supplémentaire, jusqu’au 31 octobre.

Depuis 1881, les bollandistes publient un recueil pé- riodique, les Analecta bollandiana (un volume par an), destiné à combler les lacunes des précédents volumes des Acta sanctorum et à préparer le travail de l’avenir. Cette revue a, depuis quelques années, acquis^une nou- velle importance par le bulletin régulier qu’elle donne des publications hagiographiques. On y renseigne, au fur et à mesure de leur apparition, avec une sévère, mais impartiale critique, sur tous les travaux qui paraissent dans le domaine de l’hagiologie. Les nouveaux bollan- distes ont aussi mis la main à une œuvre rendue abso- lument nécessaire par la centralisation des documents dans les bibliothèques publiques et par les exigences de la critique moderne. Jadis, il fallait se contenter du pre- mier texte venu trouvé dans quelque abbaye ou fourni par d’obligeants correspondants. L’éparpillement des documents et la difficulté des voyages ne permetlaientpas d’aller à la recherche du meilleur texte. Il n’en est plus

de même aujourd’hui, et l’on demande de fournir des documents établis d’après les règles strictes de la cri- tique. Pour aboutir à ce résultat, il fallait procéder au dépouillement méthodique des milliers de manuscrits hagiographiques réunis dans les principales bibliothè- ques de l’Europe. Les nouveaux rédacteurs ont résolu- ment abordé cette tâche, et déjà ils ont publié les ca- talogues des manuscrits hagiographiques des principaux dépôts publics de Relgique et de Hollande, de Paris, de Milan, de Chartres, de Rome. De plus, en ce siècle sur- tout, les bollandistes ont trouvé des émules un peu par- tout et ils sont dans la nécessité de savoir quels textes sont ou non inédits. Voilà pourquoi ils ont dressé leur Bibliotheca hagiographica grœca ou liste de toutes les vies de saints publiées en langue grecque. Un travail analogue pour les vies de saints éditées en latin est en cours de publication sous le titre de Bibliotheca hagio- graphica latina médise et infimse setatis. On voit que, si la publication des volumes des .Acta sanctorum semble avoir éprouvé un petit temps d’arrêt, bien jus- tifié par les exigences qu’ont imposées en ces derniers temps les progrès de l’érudition historique, les bollan- distes ne négligent aucun moyen de tenir leur œuvre à la hauteur de ces progrès.

2° Dom Ruinart. — L’œuvre des bollandistes a fait, dès son apparition, surgir des travaux similaires sur quelques-unes des parties du vaste champ de l’hagiogra- phie universelle défriché par eux. On peut diviser ces travaux en trois catégories : hagiographie monastique, hagiographie nationale et vulgarisation de l’hagiographie. Seul l’ouvrage de Ruinart, Acta primorum martyt’um sincera, 1689, échappe à cette classification. Le savant bénédictin, s’inspirant des principes des bollandistes, a cherché à séparer, dans la foule des légendes et des ré- cits apocryphes et fictifs, le bon grain de l’ivraie. Il s’en faut pourtant de beaucoup que toutes les pièces publiées par lui méritent le titre qu’il leur donna d’Acta sincera, et même dans cette collection, il reste à faire un triage ; en outre, bon nombre de documents parfaitement authen- tiques et dignes de foi ont été découverts depuis.

3" Hagiographie monastique. — Dans l’hagiographie monastique, le grand ouvrage de Mabillon, Acta sancto- rum ordinis S. Benedicli, 9 vol., Paris, 1688, tient le premier rang, par l’érudition ferme et sûre que son auteur y déploie. Voici maintenant, rangés d’après l’ordre alphabétique des ordres religieux, les principales col- lections de vies des saints qui se sont illustrés dans le cloître. Cette liste et les suivantes ne visent en aucune façon à épuiser la bibliographie du sujet. Augustins : Staibano, Tcmplo cremitano de’ santi, beati dell’ ordine agostiniano, Naples, 1608 ; Maigretius, Martyrographia augusliniana, Anvers, 1625 ; L. Torelli, Rislretto délie vite degli uomini e délie donne illustri in santilà dell’ agostiniano ordine, Rologne, 1649 ; A. Arpe, Panthéon augustinianum, Gênes, 1709 ; — Rénédictins, outre Ma- billon dont nous avons parlé : J. Bosco, Floriaccnsis ve- lus bibliotheca benedicli na, Lyon, 1605 ; Rucelinus, Me- nologium benediclinum, Feldkirch, 1655 ; — Carmel : Alegre, Paradisus carmelitici decoris, Lyon, 1639 ; Oli- verius a S. Anastasia, Lusthof der Carmelilen, Anvers, 1659 ; Daniel a Virgine Maria, Spéculum carmclita- num, Anvers, 1860 ; — Chartreux : Havensius, Relatio martyrum cart husianorum , Ruremonde, 1608 ; Tromby, Sloria ...del S. Brunone et del suo ordine cartusiaiw, 10 vol., Naples, 1773 ; — Cisterciens : Ch. Henriquez, Fasciculus sanctorum ordinis cisterciensis, Cologne, 1631 ; Cl. Chalamot, Séries sanctorum ord. cïst., Paris, 1666 ; M. Carretto, Santorale del sacro online cister- ciense, Turin, 1705 ; Ménologe cistercien, par un moine, Thymadeuc, Saint-lîrieuc, 1898 ; — Dominicains : L. Al- berti, De viris illustribus ordinis prsedicatorum, Bologne, 1517 ; M. Mancano, Insigne marlyrio relig. de la orden de S. Domingo, Madrid, 1629 ; — FRANCIS-