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ACTA MARTYRUM, ACTA SANCTORUM

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terbach (1170-1240) a fait œuvre d’hagiographe dans la vie de saint Engelbert, on n’en saurait dire autant des douze livres des miracles, où Oudin a raison de ne voir qu’un fatras de fables puériles et ridicules. De script, eccl., t. iii, p. 81. Vincent de Beauvais (1184-4264) est l’auteur du Spéculum historiale que, d’après Baillet, Préface sur les Vies des saints, p. 33, n. 31, « on aurait lieu de placer parmi les recueils d’actes de saints, » et de vrai, on trouve là un très grand nombre de légendes dont Vincent donne des extraits ou des résumés. Toutefois, Melchior Cano, De lacis llieologicis, 1. XI, c. iv, p. 540-541, n’a pas eu tort de se récrier contre la trop grande profusion d’histoires miraculeuses associées aux récits authentiques. Le Spéculum historiale a inspiré l’auteur d’un autre recueil non moins célèbre. Jacques de Voragine ou de Varazze (1230-1298) a, sous le titre d’Hisloria Longobardorum qui ne tarda pas à s’appeler Legenda aurea, réuni, en forme de résumé, un grand nombre de légendes hagiographiques. Au point de vue critique, cette compilation, qui a fait les délices du moyen âge, n’a aucune valeur. Guy de Châtres, abbé de Saint-Denis († 1310), a écrit deux volumes intitulés Sanclilogium, mais les récits qu’ils renferment n’ont pas plus d’autorité que la Légende dorée dont ils dérivent du reste en droite ligne. Il faut accorder plus d’attention au Sanctorale de Bernard Gui (1261-1331), dominicain et inquisiteur de Toulouse. « Le Sanctoral, dit M. Léopold Delisle, qui a publié sur Bernard Gui une étude approfondie, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, 1879, t. xxvii, p. 169-455, est un grand recueil hagiographique, divisé en quatre parties. La première est consacrée aux fêtes de NotreSeigneur, aux fêtes de Notre-Dame, aux fêtes de la Croix, aux fêtes des Anges, à la Toussaint, à la Commémoration des morts et à la dédicace des églises. La deuxième partie se rapporte à saint Jean-Baptiste, aux apôtres, aux évangélistes et à quelques-uns des soixante-douze disciples. La troisième contient les actes des martyrs. Dans la quatrième sont les vies des confesseurs et des vierges. » Dans l’ensemble, ce sont les actes de 272 saints que renferme en résumé le Sanctoral de Bernard Gui. Toutefois Bernard ne se contente pas de copier ou d’abréger les anciennes légendes ; il y insère çà et là des événements relativement modernes et des indications topographiques fort intéressantes. Il cite ses autorités et renvoie souvent à des relations qui n’ont pas reçu une grande publicité et que parfois on ne trouve que chez lui. Et comme conclusion M. Delisle affirme que « le Sanctoral n’est pas un vulgaire recueil de légendes et que la critique et l’histoire ont à y glaner beaucoup de renseignements utiles ». Quétif et Echard, Scriptores, t. I, p. 579, signalent un manuscrit de Toulouse qu’ils considèrent comme une cinquième partie du Sanctoral de Bernard Gui. C’est une erreur : ce manuscrit, dont la copie a pu se faire sous la direction de l’auteur du Sanctoral, n’est que la seconde partie d’un grand lectionnaire. Mais il existe une autre collection de vies de saints {ms. de Toulouse, n. 72 et n. 4985 de la Bibliothèque nationale de Paris) qui est l’a’uvre de Bernard Gui. Voir L. Delisle, op. cit., p. 294-296. Vers la même époque, (vers 1316), florissait en Angleterre Jean deTinmouth, auteur d’un Sanclilogium sive de vitis et miraculis Sanctorum Angliee, Scotise et Hibernise. Ce recueil est un choix de cent cinquante-six vies. « Il n’y a, dit dom Pitra, qu’un sentiment sur le mérite de’.'auteur dans l’étendue de ses recherches, dans la bonne ordonnance de son plan, dans le choix judicieux et la critique des actes. » Op. cit., p. 102. Ce jugement ne sera guère ratifié. Pietro de Natali, en latin de Natalibus, qui vivait encore en 1376, est l’auteur d’un Catalogus Sanctorum et gestorum eorum ex dirersis voluminibus collectus. Ce travail est tout à fait dépourvu de critique, on y voit même figurer Boland et Olivier, mais il y a des légendes

de saints dont on ne trouve pas ailleurs la trace. Vers le même temps florissait à Milan Boninus Mombritius, qui peut être rangé parmi les meilleurs hagiographes. Il n’a rien de commun avec les compilateurs et les abréviateurs dont nous venons de parler. C’est un éditeur de textes dans le vrai sens du terme. Mombritius a recueilli, dans leur teneur primitive, d’après les manuscrits, un nombre considérable d’actes de saints, et son ouvrage en deux volumes, devenu fort rare, est encore aujourd’hui pour l’hagiographie une mine précieuse à exploiter. On doit à John Capgrave (1393-1464) une collection de vies intitulée Nova legenda Anglise, qui fut imprimée en 1516 par les soins de Winanil de Worde. Comme nous l’avons dit, ce travail n’est pas une œuvre originale, mais le plus souvent une simple transcription des textes rédigés par Jean de Tinmoulh. Parmi les hagiographes du xve siècle, ce sont deux Flamands, chanoines réguliers de Bouge-Goitre, près de Bruxelles, qui tiennent la palme, Jean Gielemans et Antoine Gheens. Jean Gielemans (1 427-1 487) est l’auteur de quatre grands recueils respectivement intitulés : Sanclilogium en quatre volumes, Hagiologium Brabantinorum en deux tomes, Novale Sanctorum aussi en deux volumes et Historiologium Brabantinorum qui n’a qu’un seul tome. Longtemps égarés, ces volumes ont été naguère, en 1894, retrouvés à Vienne par les bollandistes. Voir De codicibus hagiog raphias Johannis Gielemans, in-8°, Bruxelles. 1895, p. 587. L’œuvre de Gielemans est considérable, les quatre volumes du Sanctilogium renferment seuls plus d’un millier de vies, où, même après tant de publications hagiographiques, on a pu glaner de l’inédit. La plupart des textes transcrits par Gielemans dans le Sanctilogium ne sont que des résumés ; dans ses autres recueils, il y a un certain nombre d’actes complets. Antoine Gheens, plus connu sous le nom de Ghehtius (1479-1543), a composé quatre volumes de Vies de saints. Il n’en reste que trois aujourd’hui ; le tome premier (ms. n. H986 de la bibliothèque royale de Bruxelles) contient des vies de saints des mois de janvier et de février ; le second, qui est perdu, renfermait les documents hagiographiques relatifs aux mois de mars et avril. Le tome troisième (n. 982de% manuscrits de la bibliothèque royale de Bruxelles) va dans l’année liturgique du mois de mai au mois d’août, le tome quatrième (n. H981 de la bibliothèque susdite) comprend les quatre derniers mois. Voir Analecta bollaadiana, t. iv, p. 31-34. Le siècle suivant vit naître deux autres grands hagiographes : Aloisi Lipomani et Laurent Surius. Le premier, successivement évêque de Modon, de Vérone et de Bergame, fit paraître, de 1551 à 1560, sept volumes de vies de saints. On y trouve, entre autres (t. v, vi, vu), une traduction des actes grecs composés par Métaphraste. Le tome viii de la collection parut, après la mort de Lipomani, par les soins de son neveu Jérôme. De 1570 à 1575 parut l’ouvrage de Surius en six volumes. Les vies des saints y sont rangées selon l’ordre du calendrier romain. Surius a pris comme base les vies publiées par Lipomani, toutefois il y ajoute beaucoup de pièces inédites. Le chartreux de Cologne n’est pas un éditeur critique, l’œuvre de son prédécesseur n’est pas sortie meilleure de ses mains, et dom Pitra a pu dire, avec raison, que c’est c< une malencontreuse restauration des monuments primitifs ».

m. depuis le xvw siècle. — 1° Les bollandistes. — Nous voici arrivés au xvne siècle qui devait voir surgir la plus gigantesque entreprise qui fut et qui sera, croyonsnous, jamais tentée relativement aux actes des saints. Depuis plus d’un siècle, l’ère de la documentation était close, le moment était venu de porter la lumière de la critique dans le fouillis de la littérature hagiographique et d’y opérer un indispensable triage. C’est au P. Héribert Bosweyde (1569-1629), né à Utrecht et mort à Anvers, que l’on doit le plan de l’œuvre bollandiennc.