Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/180

Cette page n’a pas encore été corrigée
325
326
ACTA MARTYRUM, ACTA SANCTORUM


Dans la seconde moitié du xe siècle, Syméon, dit le

Métaphraste, entreprit une revision des documents hagiographiques grecs. Grâce surtout aux récentes recherches de M. Ehrhard, on est aujourd’hui assez bien fixé sur le caractère de cette entreprise, et l’on a déterminé, à peu de chose près, l’ensemble de l’œuvre de Métaphraste. Voir Ehrhard, Geschichte der byzant. Literatur de Krumbacher, 2° éd., p. 200-203 ; Die Legendensammlung des Symeon Metaphrastes, Fribourg-en-Brisgau, 1896, et Forschungen zur Hagiographie der griechischen Kirchen, Rome, 1897. Somme toute, l’œuvre de Métaphraste ne fut pas un progrès, et par la popularité qui s’attacha à sa compilation, cent fois reproduite dans les manuscrits, il fit tomber dans l’oubli et laissa se perdre une foule de pièces hagiographiques d’un caractère plus original que les abrégés qu’il en fit et qui supplantèrent les anciennes rédactions. Voir Analecta bollandiana, 1897, t. xvi, p. 310-329 ; t. xvii, p. 448-452. La collection de Métaphraste, mais très arbitrairement établie, a vu le jour, d’abord en traduction latine, par les soins d’Aloisi Lipomani, évêque de Vérone, en sept volumes in-4°, Venise, 1556-1558, puis en grec vulgaire par Agapios Landos, sous le titre de Nso ; Ylapâ.’js.iuoi, Venise, 1641, et Nsov’ExXôyiov, Venise, 1679, et enfin en grec, d’après les manuscrits de Métaphraste, dans la Patrologie grecque deMigne, t. cxiv, cxvetcxvi, parles soins de Ms r Malou, évêque de Bruges.

m. du xi’au xiv siècle. — Du xi’au xiv siècle, l’hagiographie grecque décline, comme le reste de la littérature byzantine ; on relève pourtant encore un certain nombre de vies de saints composées à cette époque. Voir Ehrhard, Gesc/tichte der byzant. Lileratur de Krumbacher, 2’édit, p. 203-205.

L’œuvre hagiographique des Grecs a été considérable : plus de neuf cents documents sont aujourd’hui livrés à la publicité, il en reste certainement cinq cents à publier encore. On imagine sans peine la somme de renseignements théologiques que renferme pareille collection. Cette veine n’a peut-être pas été assez exploitée jusqu’à ce jour, et cependant la dogmatique, la controverse, l’histoire des rites, en un mot toutes les branches de la théologie trouveront à s’enrichir dans l’étude des documents hagiographiques de l’Église grecque. On a la preuve de cette assertion dans les ouvrages de Léon Allatius qui, dans ses trois volumes, DeEcclesise occidentalis atque orientalis perpétua consensione, Cologne, 1648, en appelle fréquemment aux témoignages tirés de la Vie des saints grecs.

iv. documents slaves. — On peut rattacher à l’hagiographie grecque les documents, assez peu nombreux du reste, rédigés dans les idiomes slaves. Si plusieurs de ces pièces donnent les actes de personnages canonisés dans les liturgies dissidentes, il y en a d’autres qui visent des saints d’une époque antérieure au schisme, honorés aussi dans l’Eglise catholique romaine. C’est dans les articles consacrés à la liturgie et aux martyrologes slaves que nous aurons surtout à déterminer la part prise à l’hagiologie par les littératures de l’Europe orientale. Signalons ici seulement le célèbre Codex Suprasliensis, le principal des monuments hagiographiques ou paléoslaves. Publié par Miklosichen 1851, Monumenta linguse paleoslovenicæ, ce recueil écrit an xi° siècle renferme vingt-quatre vies de saints. C’est une sorte de ménologe pour le mois de mars. Récemment M. Abicht a repris l’étude des sources de ce document, Quellennachweise zum Codex Suprasliensis ; et le résultat évident de ces études est que ce document de l’hagiographie slave ne renferme aucune pièce originale, mais que toutes sont des versions empruntées à des textes grecs.

III. Églises orientales. « Cinq littératures principales, dit dom Pitra, Études sur la collection des Actes des saints, p. 16, avec des monuments nombreux appar tiennent à l’Eglise orientale et entrent dans sa liturgie : l’arménien, le syriaque, l’éthiopien, le copte et l’arabe. » Nous n’avons à nous occuper ici que des quatre premières de ces littératures, l’hagiographie arabe n’ayant que peu ou point de documents hagiographiques qui lui appartiennent en propre.

L arménien. — Si l’hagiographie arménienne est principalement alimentée par des traductions, on y trouve pourtant un certain nombre d’œuvres originales, relatives surtout aux martyrs d’Arménie. Nous signalerons l’histoire de la persécution de Vartane par Elisée, qui écrivait au v° siècle. Au siècle suivant, Kakich compose, en collaboration avec le diacre Grégoire, Y Asmavurk, ou légendaire arménien. L’un des plus célèbres hagiographes de l’Arménie fut le patriarche Grégoire II, dit Veghajazer (-f— 1105), c’est-à-dire l’ami des martyrs, à cause du grand nombre d’actes qu’il traduisit du grec et du syriaque. Au XIIe siècle, Nersès de Lamprone rédige une Vie des Pères. L’ensemble de la littérature hagiographique arménienne a été recueilli en 1810-1814, par le R. P. J.-B. Aucher, mékhitariste, dans son ouvrage : Vies de tous les saints du calendrier arménien, 12 volumes in-8°. Dans la collection des écrivains classiques de l’Arménie publiée à Venise en 1853 (20 vol. in-12), il y a, à partir du tome iv, un bon nombre de vies de saints. Voir, sur la littérature hagiographique arménienne, Sakias Somal, Quadro délia storia litterariadi Armenia, Venise, 1829 ; V. Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie, 2 in-4°, Paris, 1867 et 1869 ; F. Nève, V Arménie chrétienne et sa littérature, Louvain, 1886.

/L syriaque. — Bien que tributaires, eux aussi dans une large part, de l’hagiographie grecque, les Syriens ont pourtant, en fait de vies de saints, une littérature originale plus abondante que celle des Arméniens. Dès le iv 8 siècle, on trouve un certain Isaïe qui rédige les actes de saint Lazare et de ses compagnons, mais le grand hagiographe de cette époque est saint Maruthas qui recueillit les actes des nombreux martyrs couronnés sous Sapor. Ces intéressants récits furent publiés par S. E. Assémani, Acta sanctorum martyrum orientalium et occidentalium, in-fol., Rome, 1748, t. i. C’est du reste au nom des deux Assémani que doivent se rattacher les premières publications relativesà l’hagiographie syriaque. En 1835, le P. Pius Zingerle a popularisé plusieurs de ces récits dans une traduction allemande, Edite Akten der hh. Màrtyrer des Morgent ands ïiberselzt, Inspruck, 1835. Lorsque les fécondes récoltes de Curzon et de Tattam dans les monastères de Nitrie eurent après 1845 amené au British Muséum les trésors de la littérature syriaque, les travaux de MM. Cureton et W. Wright donnèrent un nouvel essor aux recherches relatives aux vies des saints de la Syrie. Parmi les premiers éditeurs citons Môsinger, Gildemeister, Nestlé, Amiaud et leurs publications des actes des martyrs de Karkar, de sainte Pélagie, de l’invention de la Croix, de saint Alexis. Dans es Analecta bollandiana, de 1886 à 1891, le R. P.Corluy, M «’Abbeloos et M « r Lamy ont publié plusieurs textes hagiographiques araméens. MM. Guidi, Sachau, Feige, Raabe, l’abbé Chabot, leR. P. Gismondi et le R. P. Scheil, dont il serait trop long de citer les travaux en détail, continuent, par leurs publications de textes, à bien mériter de l’hagiographie syriaque. On trouvera dans les Études sur la collection des Actes des saints de dom Pitra, p. 30-33, une liste dressée par M. Cureton des actes syriaques des saints contenus dans les manuscrits du British Muséum ; il faut pourtant compléter cette liste par l’excellent catalogue de M. W. Wright, Catalogue of the Syriac manuscripts in the British Muséum, 3 vol., Cambridge, 1870. On doit à M. G. Hoffmann une substantielle étude et de nombreux extraits concernant les actes syriaques des martyrs de la Perse, Auszûge nus syrischen Akten persischer Màrtyrer, Leipzig’, 1889.