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ACTA MARTYRUM, ACTA SANCTORUM


sujet et fourni d’utiles indications, surtout dans ses deux ouvrages Les Actes des martyrs, Paris, 1882, et Les persécutions et les martyrs aux premiers siècles de notre ère, Paris, 1893.

Après ces préliminaires, nous abordons directement l’objet propre de cet article. Nous recenserons successivement, d’après leur ordre d’apparition, les grandes collections hagiographiques’ : 1° de l’Église grecque ; 2° de l’Église orientale ; 3° de l’Église latine.

II. ÉGLISE GRECQUE. —L 1>U IV AU VIII’SIÈCLE. — C’est

Eusèhe de Césarée (265-31O) qui apparaît le premier dans la longue liste des hagiographes grecs. Il y a de lui un ouvrage perdu, Collection des anciennes passions, Evvaywyï) tûv àp/ai’oiv [xapTupt’tov, et un autre, que nous avons encore, sur les martyrs de Palestine. A divers endroits de son Histoire ecclésiastique, IV, 15, 47 ; v, préface, 2 ; v, 4, 3 ; v, 21, 5 ; P. G., t. xx, col. 361, 408, 440, 489, il renvoie à son écrit sur les anciens martyrs, et on lit dans la Vie de saint Silvestre (Combefis, Illustrium Christi martyrum triumphi, Paris, 1660, p. 258) : « Eùuéêcoç ô IIap. ? : Xoj tyjv èxxXrjcrtao’Tix^v îcrroptav 7tapaXé).o17rev exatlpou xaOra eÎTTEÏv, ântp èv àXXotç auvTay ; xa ? tv etppaæv.’EvîŒixoc yàp Èv xa’Xdyotç Ta rcaOï’ijji.aTa ff/eôbv tô)v èv Trâuatç raïç È7Tap-/c’aiî àôXfj^âvTcov jjiaprjpiûv xa’i êmaxÔTicov xa ôaoXoyï)T<iiv — où [ir|v àXXà xai yuvaixtôv TiapOévwv 8<ra av8pet’a> cppov^ixaTi 8tà tov 8eT7tdTT)v 7]ya>viiavro XpiiT-ràv àveypâ’iaro. Dans son histoire ecclésiastique, Eusèbe de Pamphile a passé sous silence ce qu’il avait rapporté dans d’autres ouvrages. Il a raconté en effet en vingt et un livres les soull’rances de presque tous les martyrs, les évêques et les confesseurs de la foi qui ont combattu dans les diverses provinces ; il a écrit en particulier tous les combats que, par la grâce du Christ leur maître, des vierges ont livrés avec un courage viril, malgré leur sexe. » Nous n’avons aucun renseignement positif sur la composition du livre d’Eusèbe contenant les anciennes passions. M. Preuschen a essayé de retrouver quelques indications, Geschichte der altchristliclien Literatur de Harnack, t. I, p. 809-811, mais on conçoit tout ce que ces données ont de conjectural. Le livre des martyrs de Palestine ne s’occupe que de ceux qui ont souffert sous Dioclétien. Il est aujourd’hui établi qu’Eusèbe fit de ce travail une double rédaction, toutes deux écrites en grec. De l’une, la plus développée, quelques fragments seulement, mais les plus importants, sont parvenus jusqu’à nous dans la langue originale ; on en possède toutefois une version syriaque complète, publiée par Cureton, Hislory of the Martyrs of Paleslina, Londres, 1861. L’autre rédaction, plus courte, est, dans les manuscrits et les éditions, donnée comme supplément au livre VIII de VHistoire ecclésiastique. Cette dernière rédaction semble n’être qu’une collection de notes, un premier jet, que l’auteur ne destinait pas au public, mais qui a, malgré lui, passé dans les manuscrits contenant ses œuvres complètes. On peut voir sur toute cette question J. Viteau, De Eusebii Cœsariensis duplici opuscido IIsp’i twv èv IlaXaiTrè/r, [xapTupïjffâvTù)v, Paris, 1893 ; La foi perdue des Martyrs de Palestine (Compte rendu du troisième Congrès international des savants catholiques à Bruxelles, 1895) ; H. Violet, Die Palastinenschen Mârtyrer des Eusebius von Càsarea, Leipzig, 1895 ; Analecta bollandiana, 1897, t. xvi, p. 113-139.

Des martyrs nous passons, avec Palladios (367-420), aux moines d’Egypte dont il a décrit la vie et les vertus dans son Historia Lausiaca, ainsi appelée parce qu’elle est dédiée à un certain Lausos, officier de la cour impériale. M. Preuschen, Palladim und Rufinus, Giessen, 1897, p. 211-261, et dom Culhbert Butler, The Lausiac Jlistory of Palladius, Cambridge, 1898, ont naguère repris à fond l’étude de cette compilation hagiographique et de ses sources. Sozomène, flist. eccl., VI, 29, cite un certain Timothée, évêque d’Alexandrie (381-385), qui aurait

composé un recueil aujourd’hui perdu de vies de moines égyptiens. MM. Lucius, Die Quellen der âlleren Geschichte des œgypt. Mônchstums, Zeitschr. fur Kirchengeschichte, 1884, t. VU, p. 163, et Battifol, Anciennes littératures chrétiennes, la littérature grecque, Paris, 1897, p. 253-254, ne sont pas éloignés de penser que le recueil attribué à Timothée serait la source où a puisé Palladios. Dom Cuthbert Butler, op. cit., p. 277, réfute cette opinion. Théodoret (vers 393-458) a écrit, sous le titre de *ï> tXoôeoç îaropc’a r àTXïjxtXY) hoXitecoc, une histoire des moines, qui a beaucoup de ressemblance avec celle de Palladios, quoique ne s’occupant pas des mêmes personnages. Au même genre de littérature hagiographique appartient l’œuvre de Cyrille de Scythopolis (51 4557), religieux du monastère de Saint-Sabas, près de Jérusalem, qui rédigea un certain nombre de biographies assez étendues de quelques cénobites célèbres, Comme Euthymios (Montfaucon, Analecta grseca, Paris, 1688, 1. 1, p. 1-99), Sabas(Colelier, Eccl.gr. monum., Paris, 1686, t. iii, p. 220-376), Jean le Silentiaire (A et. sanct.. mai t. I, p. 16-21), Kyriakos (Act. sanct., sept. t. Vin, p. 147-158). Theodosios (Usener, Der heilige Theodosios, Leipzig, 1890) et Theognios (Analecta bollandiana, t. x, 1891, p. 73-118 ; Papadopoulos-Kerameus, jPrasosLPafesf. Sbornik, t. xxxii, 1891). Ce dernier éditeur a publié aussi la Vie de saint Gerasimos, ^tayjoXoyia t ?, ç cspoo-oXy[xiTtxfjç fhêXioOï)xir)ç, t. iv, p. 175-399, qu’il attribue également à Cyrille de Scythopolis, mais cette attribution n’est pas encore démontrée avec certitude. Jean Moschus (578-602) a composé l’ouvrage célèbre bien connu sous le nom de Pré spirituel : il y rapporte les faits et gestes des moines de la Thébaïde, de la Palestine et de la Syrie. On possède aussi de la même époque un certain nombre d’ouvrages anonymes, Apophtegmata Palrum, Gerontica, Paterica, etc., qui traitent un sujet analogue à celui du livre de Jean Moschus. Voilà pour les recueils généraux, mais dès le iv siècle Amphiloque d’Iconium (vers 350-400), Basile de Césarée (329-379), Grégoire de Nazianze (325-389) et Chrysostome (347-407) prennent rang parmi les hagiographes par leurs récits et leurs panégyriques sur la vie des saints. On doit à saint Sophrone, évêque de Jérusalem († 638), à Léonce de Naplouse (590668) et à Épiphane de Constantinople (vnr siècle) la rédaction de plusieurs vies de saints.

/L du viii’au xi’siècle. — Avec le vine siècle, on entre dans la période d’efllorescence de l’hagiographie grecque : les monastères sont dans leur plein épanouissement, et jusqu’au XP siècle, on y signale un nombre considérable d’écrivains qui consacrent leurs laborieux loisirs à rédiger des actes de saints. On peut en distinguer de deux sortes que leurs titres mêmes désignent nettement ; tantôt, c’est un récit, (jsoç xa izoïmla, tantôt ce sont des panégyriques, syxw[Aiov, dont quelques-uns ont été réellement prononcés, mais dont un grand nombre paraît n’avoir été’qu’un exercice purement littéraire. Il n’est pas possible de citer même les noms des hagiographes" grecs de cette période, on en trouvera rémunération, avec l’indication de leurs œuvres, dans le travail deM. Ehrhard, GcscltichtederbyzantinischeLitcratur de M. Krumbacher, 2e édit., 1897, p. 193-200, et surtout dans le travail des bollandistes, Bibliotheca /tagiographica grseca, 1895. Dès cetie époque, il existe de grands recueils de vies de saints distribués en douze volumes pour chacun des douze mois de l’année, car Théodore Studite nous dit, Epis t. ail S. Plalotiem, P. G., t. xcix, col. 912 : « ÉyjveTÔ [xoc yàp 7roXXàiv evreuÇeii ; |J. « pTupi’uv èv ôtijôcxa ôl> Totç àTcrjyeypa[ ; .|j.£v(i)v, j’ai trouvé plusieurs passions de martyrs transcrites en douze recueils. » Cette collection^ qui portait le nom de Ménologe, ne semble pas avoir été, dès l’origine, fixée d’une manière uniforme ; il règne en effet, dans ces recueils, une grande diversité quant au choix, au nombre et à l’étendue dei pièces qui s’y trouvent rassemblées.