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ACOMINATOS NICETAS — ACOSTA

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liques, en Phrygie. C’est en effet dans cette ville qu’il naquit, vers le milieu du xn e siècle, de parents fort riches. A l’âge de neuf ans, il fut envoyé par son père à Constantinople, pour y faire ses études, sous la direction de son frère aine, Michel, qui l’avait précédé dans la capitale. Sans négliger les autres sciences, Nicétas s’appliqua surtout à l’étude de la théologie, de l’histoire et de la jurisprudence. Son éducation scientifique terminée, au lieu d’embrasser, comme son frère, l’état ecclésiastique, il entra dans la carrière politique. D’abord simple secrétaire impérial, il sut s’élever, en peu de temps, aux premières charges de l’empire. Tour à tour logothète, sénateur, juge, receveur général des impôts, juge du Vélum ou tribunal de l’hippodrome, grand chambellan, grand logothète ou trésorier général, il obtint d’Isaac II Ange le gouvernement de la province (thème) de Philippopoli. Il remplissait cette charge à l’époque de la troisième croisade, vers 1189, et le passage à travers la Thrace de Frédéric Barberousse lui causa de graves embarras. Grâce à son expérience des affaires non moins qu’à la souplesse de sa politique, il sut garder la faveur des princes qui se succédaient, sur le trône impérial, avec une effrayante rapidité ; mais, en 1201-, Alexis Mursufle lui enleva sa charge de grand logothète. Survint bientôt la prise de la capitale par les croisés : Nicétas s’enfuit à Nicée, avec sa femme et ses enfants, et continua d’exercer une haute iniluence à la cour de Théodore I er Lascaris (1204-1222). C’est à Nicée qu’il mourut, à une date incertaine, mais postérieure à 1210 : on a de lui certains discours qui portent cette dernière date.

Historien fécond, orateur de talent, écrivain délicat, Nicétas fut, en outre, un des meilleurs théologiens de son siècle ; c’est seulement à ce dernier titre que nous devons ici envisager son œuvre littéraire. Durant son exil à Nicée, il écrivit en vingt-sept livres une vaste compilation, le Trésor de l’orthodoxie, qu’il faut rapprocher de la Panoplie d’Euthymius Zigabénus, et de l’Arsenal sacré d’Andronic Comatère. En reprenant l’œuvre de ses deux devanciers, Nicétas voulut la compléter par de plus amples développements et la surpasser par une information meilleure. Son but était moins d’exposer le dogme que de réfuter les erreurs contraires à la foi, à l’aide de citations empruntées aux docteurs et aux écrivains ecclésiastiques ou par des preuves de raison. Bandini a pris soin de relever les noms de tous les auteurs, mis à contribution par Nicétas (P. G., t. cxl, col. 286291) : le nombre en est considérable. Plusieurs d’entre eux sont très anciens, comme Ignace d’Antioche, Méliton de Sardes, saint Justin, Grégoire le Thaumaturge, Jules de Rome. Parmi les écrivains postérieurs au concile de Nicée, on rencontre naturellement les Pères des IV e et V e siècles, puis les docteurs de l’âge suivant, Anastase le Sinaïte, Maxime le Confesseur, André de Crète, Sophrone de Jérusalem, Jean Darnascène ; enfin, dans des temps plus rapprochés, Photius, Nicolas de Méthone, Théophylacte de Bulgarie. On aimerait de savoir comment Nicétas entendait la critique des textes et l’apologétique : il est malheureusement impossible de s’en rendre un compte bien exact, faute d’une édition complète du Trésor de l’orthodoxie, dont une très faible partie a seule été publiée. On peut du moins suivre avec assez d’exactitude la marche générale de l’ouvrage et en connaître le contenu, grâce aux arguments ou sommaires de chaque livre, insérés par Montfaucon dans sa PaIseographia grœca, Paris, 1708, p. 326, et reproduits par Fabricius, Bibliotheca grœca, Hambourg, 1726, t. VI, p. 420-429, et par Migne, P. G., t. cxxxix, col. 1093-1102. Le Trésor s’ouvre par une réfutation du paganisme grec et du judaïsme. Les mystères de la Trinité et de l’Incarnation sont exposés dans les livres II et III. Le livre IV contient une notice et une réfutation sommaire de toutes les hérésies des premiers siècles, depuis Simon le Mage

jusqu’à Mélèce, contemporain d’Arius. Les douze livres suivants embrassent les grandes controverses relatives au Verbe incarné : ariens, eunoméens, macédoniens, apollinaristes, nestoriens, eutychéens et monoph sites de toutes nuances, trithéites, aphthartodocèles, théopaschites, agnoètes, monothélites, iconomaques, tous ces grands hérétiques sont tour à tour pris à partie par le vigoureux polémiste byzantin. Les erreurs des arméniens, des pauliciens, des bogomiles, des sarrasins sont réfutées dans les livres XVTI-XX. Passant auxlatins, Nicétas dans deux livres entiers s’en prend à leur doctrine du Saint-Esprit et des azymes. Enfin, les cinq derniers livres sont consacrés aux controverses théologiques qui agitèrent l’église de Byzance durant la seconde moitié du xn e siècle. Il s’agissait, par exemple, de savoir si le sacrifice du Verbe incarné avait été offert au Verbe luimême, aussi bien qu’au Père et au Saint-Esprit. Un autre débat portait sur cette parole du Sauveur : Pater major me est. Quel est précisément celui qui est dit moindre que le Père ? S’agit-il du Christ en tant qu’homme ? du Verbe ? ou bien du composé théandrique ? Nicétas nous fournit sur ces deux questions les plus précieux documents, entre autres les actes des conciles de 1156 et de 1166, à l’examen desquels le débat avait été soumis. P. G., t. cxl, col. 138-282. Au reste, le Trésor de l’orthodoxie contient sans doute, çà et là, bien d’autres renseignements non encore utilisés par les historiens des dogmes, et ce serait rendre à la science théologique un service inappréciable que de donner enfin une édition complète et critique de ce grand ouvrage.

Éditions. — Pierre Morel, de Tours, a publié la traduction latine des cinq premiers livres, d’après un manuscrit du Mont-Athos, acquis par Jean de Saint-André, doyen de Carcassonne, et qu’on regarde comme l’original. Cette version, imprimée à Paris en 1561, 1579, 1610, in-8°, a été rééditée à Genève en 1629, in-8°, avec des notes et un index dus à « un orthodoxe » ; elle a passé ensuite, sans notes, dans la Bibliotheca maxima Patrum, in-fol., Cologne, 1618, t. xii, p. 193 ; Lyon, t. xxv, p. 54, et dans Migne, P. G., t. cxxxix, col. 1101-1444 ! A. Mai a publié, dans le texte original, de larges extraits des livres VI, VIII-X, XII, XV, XVII, XX, XXIV-XXV, que Migne a reproduits, avec un court passage du livre XXIII empruntée VO riens christianus, P. G., t. cxl, col. 9-281. Un extrait du livre XXIII, publié par Tafel, Annœ Commenœ supplementum, Tuhingue, 1832, a échappé à l’éditeur de la Patrologie. Enfin, un assez long passage du livre XXVII a été publié par Th. Ouspensky, Esquisses sur l’histoire de la civilisation byzantine, in-8°, SaintPétersbourg, 1891, p. 236-243.

Fabricius, Bibliotheca grxca, in-4", Hambourg, 1726, t. VI p. 418-429 ; L. Allatius, Diatriba de Nicetis, publiée par A. Mai ! Bibliotheca nova Patrum, t. vi, p. 25, et par Migne, P. G., t. cxxxix, col. 288-302 ; Th. Ouspensky, L’écrivain byzantin Nicétas Acominatos de Cltônes (en russe), in-8% Saint-Pétersbourg, 1874, p. 10-35:Vie de Nicétas ; le reste de ce livre ne traite que des œuvres historiques de Nicétas; K. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur, 2" édit., in-8% Munich, 1897, p. 91-92 ; sur la vie et les travaux historiques de Nicétas, ibid., p. 281-285.

L. Petit.

ACOSTA (de) Joseph, jésuite espagnol, né à Medinadel-Campo, vers 1539, professa la théologie à Ocana, partiten 1571 pour le Pérou, revint en Espagne, remplit plusieurs charges importantes de son ordre et mourut à Salamanquele 15 février 1600. Doclrina christiana y catecismo para instruccion de los Indios… con un confessionario, in-4°, Los Reyes, 1583, 1585 ; in-8°, Séville, 1604, 1617 ( ?) (avec la traduction en quechua etaymara) ; Rome, 1604. — Confessionario para los curas de Indios, in-4°, Los Reyes, 1585 ; Séville, 1603. — De promulgando Evangelio apud Barbaros.., in-8°, Salamanque, 1589 ; Cologne, 1596 ; Lyon, 1670. — De Chris to revelato simulque de temporibus novissimis,