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ACOLYTE

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II. Origines.

La date précise de l’institution des acolytes n’est pas connue, si on écarte le texte ci-dessus ; mais le terme grec employé pour désigner cet ordre, est déjà un indice non équivoque de haute antiquité ; car il nous reporte à une époque, où la communauté romaine parlait encore principalement le grec. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’au milieu du IIIe siècle, l’existence de cet ordre était notoire à Rome, et en Afrique, à Cartilage. Le pape saint Corneille en effet, dans une lettre écrite à l'évêque Fabius d’Antioche en 251, et rapportée par Eusèbe, fait le dénombrement du clergé romain de son temps. Il y avait alors quarante-six prêtres, sept diacres, sept sous-diacres, quarante-deux acolytes, cinquante-deux clercs inférieurs, exorcistes, lecteurs et portiers. Fusèbe, Hist. eccl., 1. VI, c. xliii, P. G., t. xx, col. 621 ; cf. P. L., t. iii, col. 743. Saint Cyprien, contemporain de ce pape, nomme aussi plusieurs fois des acolytes dans ses lettres. Epist., xxviii, xiii, lv, lxxviii, etc., P. L., t. iii, iv.

L'épigraphie chrétienne ne fournit malheureusement presque aucun renseignement sur les acolytes. On ne connaît pour Rome que l'épitaphed’Abundantius, acolyte, de la 4e région du titre de Vestine, du viie siècle environ, et une allusion à l’acolyte Victor, sur une de ces lames de métal, que, depuis le règne de Constantin, on avait coutume de suspendre au cou des esclaves fugitifs : Tene me quia fugi et reboca nie Victori acolito a dorninicu(basilica)Clementis. Duchesne, Liber pontificalis, t. i, p. 223, notes 6 et 7. Pour la Gaule, M. Le Blant ne relève qu’une seule inscription d’acolyte, à Lyon, en 517. Le Blant, Inscriptions chrét. de la Gaule, 36, in-4°, Paris, 1856, t. i, p. 77. Aussi, cet ordre ne paraît avoir pris pied tout d’abord que dansles grandes églises, comme Rome et Carthage, où le service des autels était plus important ; et il n’en faut pas conclure qu’en Occident, toutes les églises, surtout les petites, fussent pourvues de clercs de cet ordre, beaucoup moins répandus que les exorcistes et les lecteurs. Comme on sait par ailleurs que le pape Fabien (236-250) a institué septsousdiacres, Liber pontificalis, t. i, p. 148, et que les fonctions des acolytes ont beaucoup de ressemblance avec celles de ces derniers, on peut admettre que c’est ce pape qui les a institués entre 236 et 250.

L’institution des acolytes et des autres ordres mineurs, y compris le sous-diaconat, peut être considérée comme un dédoublement du diaconat, et c’est ainsi que l’envisagent la plupart des écrivains catholiques et hétérodoxes ; elle a sa source dans la nécessité d’aider les diacres, dans les fonctions inférieures de leur ordre, et dans la convenance qu’il y avait à maintenir le septénaire sacré des diacres, d’institution apostolique. Les acolytes répondent à ce besoin, car, comme le pense M. l’abbé Duchesne, ils sont les « suivants » du diacre, Bulletin critique, 1886, p. 376, et ils ont ceci de commun avec lui et le sous-diacre, qu’ils sont attachés au service des autels, ce qui n’est pas le cas pour les autres clercs inférieurs. Duchesne, Origines du culle chrétien, p. 332.

Contre cette opinion traditionnelle de l’origine des ordres mineurs, M. Harnack a cru devoir émettre une hypothèse nouvelle. A propos d’un document sans titre, qui figure en tête des collections canoniques, coptes et abyssiniennes, et que M. l’abbé Duchesne propose d’intituler « Constitution apostolique égyptienne », Bulletin critique, 1886, p. 361, le professeur de l’université de Berlin a écrit une dissertation sur l’origine du lectorat et des autres ordres mineurs : Die Quellen der sogen. apostolischenKircltenordnung nebst einer Untersucltung ùber den Ursprung des Lectorats und der anderen niedercn Weilien, in-8°, Leipzig, 1886, dans Texte u. Vntersuch. zur Geschichte der altchristl. Literatur, t. ii fasc. 5. Il n’admet pas que les ordres mineurs, soient un dédoublement du diaconat ; le sous-diaconat seul a cette origine ; pour lui, c’est une « création

complexe ; elle embrasse trois catégories qui, dans leur origine, n’ont rien de commun entre elles : 1° exorcistes et lecteurs ; 2° sous-diacres ; 3° acolytes et portiers ». Il ne veut voir dans ces derniers, qu’une imitation des institutions religieuses de la Rome païenne, loc. cit., p. 98, et dans les acolytes notamment, qu’une copie des calatores, esclaves attachés au service personnel des prêtres païens, p. 96. Sans doute, la similitude des situations permettra toujours de trouver des rapprochements dans des institutions analogues ; mais, dans l’espèce, « chercher à prendre toujours le pape en flagrant délit de paganisme, » Duchesne, loc. cit., p. 369, est une tendance qui demande à être prouvée par d’autres arguments que des hypothèses. Aucun texte connu ne nous montre les acolytes, comme attachés au service personnel des prêtres, et ne permet de les assimiler aux calatores païens. Au contraire, l’ordo romain, dans sa forme la plus ancienne, nous les montre soumis au diacre régionnaire, et uniuscujusque regionis, acohjthi per manum subdiaconi regionarii, diacono regionis suse, officii causa subduntur. Ordo rom. I, n. 1, P. L., t. lxxviii, col. 937. On sait par le Liber pontificalis, t. i, p. 148, que le pape Fabien avait réparti les sept régions ecclésiastiques entre les sept diacres, et que, d’autre part, il a créé sept sous-diacres. N’est-il pas naturel de supposer, avec M. Duchesne, que le nombre des régions a influé sur celui des acolytes, et que tout ce personnel étaitdistribué suivantlesystèmerégionnaire ? Au-dessous de chaque diacre, sept clercs par région, six acolytes et un sous-diacre, le sous-diacre n'étant que l’acolyte en chef. Ainsi, l’ordre d’acolyte semble se rattacher étroitement au diaconat et l’acolyte est le « suivant » non du prêtre, mais du diacre. Duchesne, Origines, p. 332, et Bulletin critique, loc. cit., p. 370.

III. Fonctions.

Du temps de saint Cyprien les acolytes, étaient employés comme tabellarii, courriers ; mais les messages de confiance étaient aussi bien portés par d’autres clercs, sous-diacres ou lecteurs. S. Cyprien, Epist., xxix, lxxix. En dehors de saint Cyprien, les auteurs du IIIe et du IVe siècle ne nous apprennent rien sur la fonction primitive de l’acolyte. On connaît bien, à l'époque des persécutions, le fait de l’acolyte Tarcisius, Martyrologium Bomanum, 15 août, martyrisé par les païens, pendant qu’il portait sur lui la sainte eucharistie ; mais on ne peut s’en servir pour caractériser la fonction des acolytes, puisque alors de simples laïques pouvaient aussi porter l’eucharistie aux absents. Cependant nous savons par la lettre d’Innocent I er à Decentius, évêque de Gubbio (416), que les aco’y'es allaient chaque dimanche porter le fermentum aux piètres titulaires, en signe de communion. P. L., t. xx, co^. 556. Il n’est pas téméraire de croire que cet usage existait depuis longtemps.

Il y avait à Rome trois sortes d’acolytes : les acolytes palatins, qui servaient le pape dans le palais apostolique et à la basilique du Latran ; les acolytes stationnaires, qui le servaient dans les églises où les stations avaient lieu, et les acolytes régionnaires, qui secondaient les diacres chacun dans sa région. Mabillon, se basant sur le I er et le IIIe ordo romain, n’admet que deux sortes d’acolytes : les régionnaires, qui servaient les diacres régionnaires et le pontife, et les titulaires, qui secondaient les prêtres titulaires. D’après lui, les palatins étaient les acolytes du Latran, et les acolytes stationnaires étaient pris parmi les régionnaires. Mabillon, In ord. rom. comment. prsev., P. L., t. lxxviii, col. 861.

Dans l'Église romaine, aux messes papales, les acolytes jouaient un rôle assez important, sous les ordres des diacres et des sous-diacres régionnaires. Ils portaient le saint chrême, les évangiles, les linges et les sacs de lin destinés à recevoir les oblatæ ou hosties consacrées, devant le pontife, lorsqu’il allait officier dans les églises stationales. Ils devaient apporter à l’autel, au commen-