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ACÉPHALES — ACHERY

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et Acace de Constantinople avaient élaboré un nouveau symbole de foi qu'ils espéraient l'aire accepter de tous. Ils y condamnaient expressément Nestoriuset Eutychès, mais en même temps ils affectaient de passer sous silence les décisions du concile de Chalcédoine et les reje- taient hypocritement. Cette formule ambiguë, approuvée par l'empereur Zenon, imposée par lui dans son édit d'union ou He'nolicon, ne pouvait satisfaire que les indifférents. La condamnation d'Eutychès irrita les mono- pliysites rigides; l'attitude équivoque prise à l'égard du concile de Chalcédoine, leur parut insuffisante, et beau- coup d'entre eux, des moines surtout, se séparèrent de Pierre Monge, aimant mieux rester sans chef, àxéfaXoi, que de demeurer dans sa communion. Dans la suite, ils se joignirent aux partisans du patriarche monophysite d'Antioche, Sévère. Le diacre Liberatus, Breoiarium, P. L., t. lviii, col. 988, suppose que le nom d'acéphales fut aussi donné à ceux qui, au concile d'Éphèse, ne sui- vaient ni saint Cyrille d'Alexandrie, ni Jean d'Antioche.

Léontius de Byzance, Desectis, act. v, n. 2, P. G., t. lxxxii, col. 1230; Baronius, .4iii«iics, ann. 482; Hêfele, Histoire des con- ciles, trad. Leclercq, Paris, 1908, t. Il, p. 868; Wetzeret Welte, Kirchenlexikon, Fribourg, 1882, t. i.

V. ÔBLET.

ACHAMOTH. Ce nom, chez les gnostiques valen- liniens, désigne le fruit informe du dernier éon femelle du Plérome, de l'indiscrète Sophia, qui, à la suite d'une vaine tentative pour saisir l'Incompréhensible, le Père invisible, n'enfante qu'un avorton. C'est la Soçia 'A^an-wô de saint Irénée, l'"ExTp[Aa, la Socpt'a ï) 'iu> des Pliilosophumena, vi, 31, au rôle à peu près iden- tique, mais important, dans la cosmologie, l'anthro- pologie et l'eschatologie.

Prise en pitié par l'éon XpLarôç, elle reçoit de lui sa forme et un parfum suave. Mais, aussi peu sage que sa mère, elle se laisse aller au désir violent de reconquérir la lumière qui est venue la visiter, n'y parvient pas, faute de pouvoir franchir le seuil du Plérome, gardé par l'éon "Opo; : d'où des douleurs, du chagrin, la crainte de ne plus retrouver la lumière, de perdre la vie, enfin l'ignorance de tout ce qui est au-dessus d'elle.

Sa tentative et ses malheurs ne sont pas cependant inutiles. Car de son élan vers la lumière naît le Dé- miurge, le [i.Y)Tpo7tâT{i>p, qui, d'une façon inconsciente, mais sous la direction de sa mère, procède au discer- nement des deux essences, céleste et terrestre, psychique et hylique, et à l'exploitation des passions maternelles. En effet, de la crainte il tire l'âme des bêtes et de l'homme; de la tristesse, tout ce qu'il y a de mauvais; des larmes, l'eau; du sourire, la lumière; de l'ignorance, le feu, etc.

Achamoth prie, et, à sa prière, le Plérome est ému. Au lieu de Xpiorôç, elle reçoit cette fois le napaxXïiToç, le Sauveur Jésus. Elle se voile d'abord la face devant ce visiteur céleste, puis elle hasarde un coup d'œil et elle est réconfortée, consolée. Mais elle trouve si beaux les anges qui l'accompagnent qu'elle lie commerce avec eux, conçoit et enfante des fruits spirituels. Par là est rendue possible la formation complète de l'homme. L'homme tient de la matière son élément hylique; du démiurge, son âme psychique ; d'Achamoth, son âme pneumatique.

Les fautes d'Achamoth rendent la rédemption néces- saire; dès que la rédemption sera un fait accompli, Achamoth doit s'élever et entrer, cette fois, dans le Plérome pour s'y unir à l'époux, que le Plérome entier a contribué à former, c'est-à-dire à Jésus. Voir Valen-

T1NIENS.

S. Irénée, Cont. hxreses, 1. I, c. iv, P. G., t. vu, col. 4SI, 1S4 sq.; Pliilosophumena, VI, 31 sq., P. G., t. xvi, col. 3240,

G. Bareille. ACHARD DE SAINT- VICTOR naquit dans les pre- mières années du XII e siècle, en Angleterre ou en Nor- mandie. Avant commencé ses études à Brindlington, au

diocèse d'York, il vint les terminer à Paris et entra bientôt à l'abbaye de Saint-Victor. Elu en 1155 pour succéder à Gilduin, premier abbé de Saint-Victor de Paris, il fut nommé en 1161 à l'évèché d'Avranches, où il resta jus- qu'à sa mort, 29 mars 1171. Les contemporains le citent comme une autorité dans les sciences sacrées, et l'his- toire le met au nombre des religieux et des prélats les plus célèbres du xn e siècle. On a de lui : 1° un traité De tenlalione Christi; 2° un opuscule De divisione animai et spiritus. On doit aussi lui attribuer, à ce qu'il semble, un traité De discretione animœ, spiritus et mentis. Mais les seuls écrits d'Achard qui aient été imprimés sont deux lettres sans importance, l'une à Henri II, roi d'Angleterre, l'autre à Arnoul, évêque de Lisieux. P. L., t. CXLVi. A part quelques sermons et peut-être un traité, De Trinilate, les autres écrits que divers recueils ont mis sous son nom, Vila S. Geselini et So- liloquium de instructione animas, doivent être attribués l'un à Achard, moine de Clairvaux, qui mourut en 1170, l'autre à Adam Scotus, prémontré.

Brial, dans Bist.litt.de la France, 1SU, t. XIII, p. 453; Ceil- lier, Hisl. des auteurs ecclésiastiques, 2° édit., Paris, 1863, t. Xiv, p. 708; Hauréau, Hist., litt. du Maine, 1870, t. I, p. 1-20; dom Morin, dans la Revue bénédictine, mai 1899, p. 218.

A. Mignon.

ACHAT. Voir Prix, Vente.

ACHÉRY Luc (d'). Né à Saint-Quentin en 1609, dom Luc d'Achéry (i t d'abord profession dans l'abbaye deSain t- Quentin en l'île dans sa ville natale, mais il ne tarda pas à passera la réforme de Saint-Maur. Il en prit l'habita l'abbaye de la Trinité de Vendôme et fit profession le 4 octobre 1632. Envoyé à Paris pour cause de santé en 1637, il se fixa à l'abbaye de Saint-Germain des Prés. Nommé bibliothécaire de ce monastère, il classa son dépôt avec soin, l'enrichit considérablement et en dressa le catalogue. Bibl. nat. de Paris, F. F. 13083-1308$. Moine d'une piété exemplaire, aimant la retraite, d'une assiduité remarquable au travail, malgré une existence pleine d'infirmités, dom d'Achéry a passé sa vie à recueil- lir de nombreux textes inédits, qu'il utilisa dans ses éditions de Lanfranc, de Guihert de Nogentet surtout danssonSpicilege.il avait aussi commencé à recueillir les actesdes saints de l'ordre de Saint-Benoit, quand. en 166 't, il obtint pour aide le jeune dom Mabillon, qu'il initia aux travaux d'érudition. Celui-ci le vénéra toujours comme un père et lui rendit un juste tribut d'hom- mages en maints endroits de ses œuvres, lter italicum, Paris,1686,t.i, p. 38; Act. SS., Paris, 1668, sœc.vi, part. I, p. xxxi. Le grand mérite de dom d'Achéry fut d'avoir été le promoteur et le défenseur de la culture des études sérieuses au sein de la congrégation de Saint-Maur; sa lettre adressée au chapitre général, tenu à Vendôme en 1648, était un éloquent plaidoyer en faveur de cette cause. Il mourut à Saint-Germain des Prés le 29 avril 1685. Cf. Journal des Savants, 26 novembre 1685, p. 393-394. Les ouvrages de dom d'Achéry sont : 1° S. Barnabee epistola, édit. posthume de dom Hugues Ménard, in-4°, Paris, 1645; 2° Asceticorum ,i'idgospi iri tualiu m opusculorum... indiculus, in-4°, Paris, 1648; 2 e édit. augmentée par dom Jacques Remi,in-4°, Paris, 1671; 3° B. Lanf ranci opéra, in-fol., Paris, 16i8; Venise, 1745; P. L., t. cl; 4° Guiberli abbatis B. M. de Novigento opéra, in-fol., Paris, 1651, P. L., t. CLVi; 5° Grimlaici régula solita- riorum, in-12, Paris, 1653; 6° Veterum aliquot scrip- torum... spicilegium, 13 in-4», Paris, 1655-1677; 2° édit. (partielle), t. i (Paris, 1665); t. il, m (Paris, 1681, 1686). Cf. Analecla bollandiana, 1899, t. xvm, p. 43- 49; 3 e édit. revue par L. Fr. Jos. de la Barre sous le titre de Spicilegium sive collectio veterum aliquot scriptorum, 3 in-fol., Paris, 1723. — La vaste cor- respondance de dom d'Achéry est conservée à la Bi- bliothèque nationale de Paris, F. F. 17682-17680. On