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ACEMÈTES —— ACEPHALES

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deCyr, ce précieux témoignage : « Nous sommes excité avons écrire de nouveau, par la vie admirable que vous menez, mais aussi par le zèle cligne d’éloges que vous avez montré pour la cause de la foi apostolique, sans crainte ni de la puissance impériale, ni de l’entente des évêques. Bien que la plupart d’entre eux n’aient donné leur consentement que par la force, cependant par leurs souscriptions ils ont confirmé la nouvelle hérésie. Rien de cela n’a ébranlé votre piété, mais vous avez persévéré dans les anciens dogmes qui furent la foi des apôtres et des prophètes, d’après l’enseignement de l’Eglise. » Théodpret, E/nst., cxlii, P. G., t. lxxxiii, col. 1368. Ce même Marcel proteste encore, à la tête des moines et du peuple assemblés à l’hippodrome, contre l’élévation à la dignité de César (469) d’un prince suspect d’arianisme, le second fils d’Aspar, associé à l’empire par Léon I sr et désigné par lui pour lui succéder après sa mort. Au nom de tous les orthodoxes, Marcel demande ou que le fils d’Aspar soit exclu de la dignité impériale, ou qu’il fasse profession de la vraie foi : il obtint l’attestation solennelle que le nouveau César avait renoncé à ses erreurs d’autrefois. Surius, 29 décembre, p. 1031 ; Théophane, édit. de Boor, p. 117, 11.

Quelques années plus tard, pendant le schisme d’Acace (484-519), on retrouve les acémôtes parmi les plus fidèles défenseurs de la doctrine catholique, étroitement unis au Siège apostolique. C’est Cyrille, abbé des acémètes, qui informe le pape Félix III de la conduite d’Acace, puis de la prévarication des légats Misène et Vital ; c’est un acémète, qui, au péril de sa vie, attache au manteau d’Acace la sentence d’excommunication portée par le pape ; et c’est dans un monastère acémète, celui de Dius, à Constantinople, que le défenseur de l’Église romaine Tutus avait cherché refuge contre les embûches d’Acace et de ses partisans. Aussi les lettres du pape ne séparent-elles point les moines de Bithynie des moines de Constantinople, les uns et les autres reçoivent du synode romain de 484 ce bel éloge : « Il n’est pas possible d’en douter : grâce à votre véritable piété envers Dieu, grâce à votre zèle toujours attentif et à un don de l’Esprit-Saint, vous discernez les justes des impies, les fidèles des infidèles, les catholiques des hérétiques. » Mansi, Concil. collect., t. vi, col. 1139.Mais au siècle suivant, sous prétexte de combattre plus péremptoirement les tendances eutychiennes des théopaschites, ils reculèrent jusqu’au nestorianisme et soutinrent que Jésus-Christ n’est pas « un de la Trinité » et que Marie n’est pas la mère de Dieu. Avec une audace qui n’est pas sans exemple dans l’Église grecque, ils essayèrent d’en imposer aux Romains en mettant en circulation des documents inventés de toutes pièces, tels que onze lettres apocryphes, dont trois sous le nom du pape Félix. Pendant toute une année, les délégués des moines acémètes, Cyrus et Eulogius, séjournèrent à Rome dans l’espoir d’obtenir une décision en leur faveur ; mais comme ils s’obstinaient dans leur erreur, le pape Jean II porta contre eux (534) une sentence d’excommunication. Mansi, ibid., t. vin, col. 798, 799. Les termes mêmes de la lettre par laquelle Justinien accréditait, pour cette all’aire, ses deux délégués llypatiuset Démétrius, indiquent expressément que cette erreur demeura le fait d’un petit nombre de moines : quibusdam paucis rnonachis, et que les archimandrites demeurèrent en communion de doctrine avec le Siège apostolique. Mansi, ibid., t. vin, col. 796, 797. Les moines scy thés théopaschites et leurs partisans furent plus difficiles à réduire ; une requête de tous les abbés de la capitale demanda au pape Agapit, venu à Constantinople, de les condamner solennellement. Ils assistèrent et souscrivirent au synode réuni par le patriache Menas en 536 : parmi eux se trouvait le moine Jean, prêtre et archimandrite du grand et vénérable monastère des acémètes. Mansi, t. vin, col. 101 i, Evéthius, diacre et archimandrite du

même monastère, avait, en 518, souscrit la supplique demandant la condamnation des erreurs monophysites et de leurs partisans. Mansi, ibid., col. 1054. En 787, au deuxième concile de Nicée, on trouve aussi la signature de Joseph higoumène des acémètes. Mansi, ibid., t.xm, col. 151. A partir de cette époque si l’influence des acémètes continue à grandir encore au milieu des luttes pour la défense des images, leur nom finit par se confondre avec celui des studites qui, depuis saint Théodore (759-826), le plus illustre de leurs higoumènes, jouent le premier rôle dans la défense de la foi catholique ; mais il ne faut pas oublier que c’étaient des moines acémètes qui avaient fondé’et peuplé le monastère de Stude ; si les constitutions de saint Théodore, leur législateur, ne parlent pas expressément de la psalmodie perpétuelle, il en est fait mention dans plusieurs de sescatéchèses à ses moines, et l’on peut avec certitude affirmer que, pendant la période la plus brillante de leur histoire, les studites restent fidèles aux traditions du fondateur des acémètes, saint Alexandre, en faisant succéder, jour et nuit, la prière à la prière, la lecture à la lecture, la psalmodie à la psalmodie, en célébrant les louanges du Seigneur, sans interruption, unis et rattachés à Dieu par le cycle sans fin de la prière : Nûxto>p xoù p-sô’-^uipav alvoùjiEv tôv Kupiov xarà ty|v 7tapa8eootjivY]v rj|itv Û7tô tùv âyetov Tratéptov ï)[/.<âv vou.o9scnav… Théodore Studite, Parva calechesis, édit. Auvray, 1891, cat. lu, p. 188, P. G., t. xcix, col. 579. — "Op « Y « p tô Yivàu-evov <]/aXu.u>8ia tï}v

  • l/a).[j:<ootav ôiaoéxerat, àvâyvtoaiç xryj àvâyvaxnv, (jleXéty)

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Les moines acémètes ne se firent pas seulement remarquer par leur fidélité à la prière perpétuelle, par leur zèle pour l’orthodoxie et par leur empressement à garder la communion avec le siège apostolique ; leur activité dans tous les travaux de l’esprit doit être au moins signalée. Saint Marcel, leur abbé, était un calligraphie renommé ; on trouve chez eux, à toutes les époques, des ateliers calligraphiques très prospères ; la bibliothèque de leur grand monastère est la plus ancienne dont il soit fait mention chez les historiens byzantins ; au vi e siècle le diacre romain Rusticus, neveu du pape Vigile, y vint contrôler les versions du concile de Chalcédoine, Mansi, op. cit., t. vu, col. 679 ; sous le règne de Justinien, on y comptait jusqu’à deux mille lettres de saint Isodore de Péluse. P. G., t. lxxxiv, col. 587. Et c’est chez les acémètres surtout que se rencontre, entre tous les monastères de la capitale, la noble et constante préoccupation d’enrichir le trésor littéraire de leur bibliothèque par la transcription des manuscrits. Ainsi, par leur vie toute de travail, de prière et de foi, les acémètes méritent une place à part dans l’histoire théologique et littéraire de l’Orient.

La vie de saint Alexandre fondateur des acémètes se trouve, au 15 janvier, dans les Acta sanctorum, t. Il, Paris, 1863, p. 300311. La vie de saint Jean le Calybite, au 15 janvier, ibid., p. 311320 ; dans P.G., t. exiv, col. 5G8-582, et Analecta bollandiana, t. xv, p. 250-267. —La vie de saint Hypatius, Acta sanctorum, aul7 juin, Paris, 1807, t. IV de juin, p. 243-282; Callinique, De vita sancti Hypatii liber, ediderunt seminarii philologorum Bonnensis sodales, in-12.Leipzig, 1895, xx-180 p. — La vie de saint Marcel, au 29 décembre, dans Surius,’il:v sanctorum, édit. de Cologne, 1575, p. 1020-1032. — On trouvera un grand nombre de textes dans Du Gange, Gloss. med. et inf. grmeitatis, Lyon, 1688, et surtout CJ/oss. med. et inf. latinitatis, Paris, 1734, V Acœmrti. Cf. E. Marin, Les moines de Constantinople, Paris, 181)7, et De Studio, cosnobio constanlinopoUtuuo., P ; nis, 1807; Dictionnaire d’archéologie chrétienne, t. i, col. 307-321.

E. Marin. ACÉPHALES, surnom donne’1 aux eutychiens qui en ÎS2 se séparèrent de Pierre Monge, patriarche mono physite d’Alexandrie. Mans le bul apparent de ramener

à l’unité les orthodoxes et les hérétiques, Pierre Monge