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ACCIDENT — ACEMETES


stance dans son être. C’est ce que signifient ces expressions et autres semblables de la scolastique : l’être de l’accident consiste à être dans un autre, accidentis esse est inesse ; l’accident n’est pas le terme de l’opération, mais la substance ; accidens non fit, sed per accidens subjccr, pii fit taie. Rien n’empêche pourtani, on l’établira ailleurs (art. Eucharistiques [Accidents]), que cette inhérence de l’accident à la substance ne soit pas actuelle, mais demeure seulement à l’état d’exigence non réalisée, au cas où une force supérieure, telle qu’est la causalité divine, vienne la remplacer. — Si à ce rapport essentiel et principal d’inhérence et de dépendance vis-à-vis de la substance, on ajoute le rapport de causalité, en vertu duquel l’accident, en tant que cause formelle, la détermine non pas à être absolument (esse simplicité)-), comme le fait la forme substantielle, mais simplement à être telle (esse taie), on aura donné, dans ses traits fondamentaux, l’analyse de Vaccident, tel que l’entend la scolastique.

II. Espèces.

On distingue neuf espèces d’accidents, qui, avec la substance, forment les dix catégories ou prédicaments d’Aristote. Avant de donner de chacun d’eux une courte définition, rappelons que les scolastiques ont coutume de diviser l’accident pris en général en accident absolu et accident modal. Bien que cette division ne soit pas toujours nettement tranchée, on appelle communément accident absolu celui qui ajouté à la substance une détermination spéciale et relativement importante, par exemple la quantité ; l’accident modal ou mode signifie plutôt une détermination, un état de l’accident absolu, et la manière (modus) suivant laquelle celui-ci affecte la substance. Ainsi le mouvement, la grâce sanctifiante, sont des accidents absolus ; la vitesse du mouvement, l’accroissement ou la diminution de la grâce, des modes.

1° La quantité, le principal accident des corps, est l’accident en vertu duquel la substance possède des parties, les unes en dehors des autres, soit qu’elles soient actuellement distinctes entre elles, alors c’est la quantité discrète ou nombre, soit qu’elles soient seulement divisibles, c’est la quantité continue ou l’étendue. La quantité dite virtuelle est la quantité appliquée par métaphore aux êtres qui ne sont pas susceptibles de quantité discrète ou continue ; ainsi on parle de l’étendue et de la profondeur d’une science.

2° La qualité, c’est l’accident qui perfectionne et modifie la substance dans son être et ses opérations. C’est elle qui, au sens très propre du mot, modifie les êtres et les rend tels qu’ils sont, quales dicuntur esse. Ses innombrables espèces ont été ramenées à quatre genres : les puissances ou facultés, actives et passives, c’est-à-dire les principes immédiats des actions et des déterminations de la substance, par exemple l’intelligence, la volonté ; les habitudes ou manières d’être, bonnes ou mauvaises, des puissances et de la substance, par exemple les vertus, la santé. Les deux autres genres sont propres au monde des corps : ce sont les qualités sensibles, qui déterminent une impression sur les sens, fols que les sons, les couleurs ; el les figures, régulières ou irrégulières, qui sont les déterminations diverses qui affectent la quantité comme telle, par exemple la forme sphérique ou cubique.

3° La relation est la manière d’être d’une chose par rapport à une autre. Elle exige donc, outre son sujet, comme tous les autres accidents, un terme auquel le sujet se rapporte, et le fondement en vertu duquel elle existe. Il y a, comme on le verra (voir le mol RELATION), quatre relations dans la Sainte Trinité : la paternité, la filiation, la spiration active et la spiration passive. Les relations se divisent principalement en réelles et logiques, en raison des fondements divers qui leur donnent naissance.

4° et 5° L’ac’Àon et la passion sont les deux aspects

opposés du changement qui peut affecter un être : en tant qu’il procède de la cause, c’est l’action, en tant qu’il est reçu dans le sujet, c’est la passion. La division principale de l’action est en action immanente et transitive ; la première demeure dans l’être d’où elle émane, et en est le perfectionnement : telles les actions vitales, comme la pensée et l’amour ; la seconde passe dans un sujet distinct de la cause pour lui donner une perfection, ainsi l’action de pousser un corps.

6° La présence dans le lieu (ubi, ubicatio) est appelée circonscriplive ou définitive, suivant que l’être est dans un lieu avec les parties de sa quantité, qui répondent aux parties du lieu, ou bien qu’il est tout entier dans chacune de ces parties ; la présence circoiiscriptive est la présence naturelle des corps, la présence définitive est celle des esprits. Le lieu (extrinsèque) a été défini par Aristote : la superficie interne des corps environnants dans lesquels est renfermée une chose. Phys., IV, 4.

7° La durée est d’une manière générale la continuation d’un être dans son existence. La durée temporelle ou temps, qui seule appartient aux prédicaments, est la durée d’un être soumis au changement dans lequel on compte deux points, ce qui précède et ce qui suit. Numerus motus secundum prius et posterius. Aristote, P/iys., iv, 11.

8° et 9° Les deux dernières catégories sont la situation (situs), c’est-à-dire la manière d’être dans le lieu : par exemple être assis, et la manière d’être extérieure (liabitus), qui résulte de ce qui appartient au corps par adhérence ou juxtaposition. P. Miellé.

ACCIDENTS EUCHARISTIQUES. Voir Eucharistiques (Accidents).

ACCOMMODATICE(Sens). Voir Interprétation.

ACCORD DE LA FOI ET DE LA RAISON.

Voir Raison.

ACÉMÈTES. — I. Fondation des acémètes ; la psalmodie perpétuelle ; les heures canoniques. IL Rôle des acémètes dans l’histoire doctrinale et littéraire de l’Eglise grecque.

I. Fondation des acémètes. La psalmodie perpétuelle. Les heures canoniques. — Le mot acémètes, du grec àxoi^-rai (à-xoi|x3v, ne pas dormir) en latin acœmeti ou acœmetse, sert à désigner, d’une manière générale, ceux des ascètes orientaux qui se distinguaient par la rigueur de leurs veilles. Ainsi l’on trouve quelquefois appelés de ce nom les stylites qui restaient debout sur leur colonne sans se coucher jamais, ou encore les moines de Palestine qui passaient en prières la plus grande partie du jour et de la nuit. Mais, dans son acception précise et ordinaire, ce terme d’acémètes s’applique à ceux des moines d’Orient qui suivirent la règle établie, dans la première moitié du v c siècle, par saint Alexandre, sur la continuité rigoureuse de l’office divin se perpétuant sans aucune interruption ni le jour ni la nuit.

Après avoir fondé un premier monastère sur les l>ords de l’Euphrate, saint Alexandre (voir la bibliographie, à la fin de l’article) essaya, mais inutilement, d’en établir un autreà Antioche, Acta SS., au 15 janvier, t. ii édit.de Paris, C VI, p. 308, puis il vint se fixer, vers » 20, à Constantinople même avec un grand nombre de ses moines, trois cents, dit son biographe, Acta SS., ibid., c. vil, n. 43, p. ; 109, environ cent, dit un écrivain contemporain, Callinique, De vita S. Hypatii liber, Leipzig, 1895, p. 82, dans un couvent siiué près du martyrion de saini Menas, Mais bientôt, c’est-à-dire, s’il faut en

croire saint Nil, De paiiperhilc. 21, P. C, t. I.XX1X, col. 997, dès avant 430, Alexandre et ses arénirl, s

furent expulsés de la ville impériale. Préludant, pour