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ACCEPTION DE PERSONNES — ACCIDENT

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ce texte célèbre de saint Jérôme : Cernimus plùrimos hanc rem beneftcium facere, ut non quærant eos, qui possunt Ecclesix plus prodesse, in Ecclesise erigere columnas, sed quos vel ipsi amant, vel quorum sunt obsequiis deliniti, vel pro quibus majorum quispiam rogaverit (S. Jérôme, Comm. in Epist. ad Tit., c. I, 5, P. L., t. xxvi, col. 562), et il ajoute : Hoc autem perlinet ad acception cm personavum quie intalibus est grave peccatum. Sum. tlteol., IIa-IIæ, q. clxxxv, a. 3.

Le péché d’acception de personnes, étant uue violation de la justice distributive, n’oblige pas par lui-même (perse) à restitution. Celle-ci cependant s’impose très souvent (per accidens) à cause de la lésion de justice commutative (au moins à l’égard de la communauté ou des tiers intéressés), qu’entraîne d’ordinaire plus ou moins directement le crime d’acception de personnes dans la distribution des fonctions publiques. Cf. Grégoire de Valence et Bellerini, cités plus bas.

Il faut enfin remarquer : 1° Qu’il y a controverse sur le point de savoir si l’accepïion de personnes est péché mortel, quand il s’agitde collation de bénéfices simples ou fonctions ne comportant pas la charge d’àmes ; on peut tenir pour probable l’opinion négative, sauf certaines réserves qu’y apportent ses partisans. S. Alphonse de Liguori, toc. cit. infra.

2° Que le péché d’acception de personnes n’existe pas, quand la préférence n’est pas vraiment injuste, c’est-àdire quand celui qui s’y laisse aller n’a pas en justice le devoir de l’éviter ; c’est ainsi que celui qui, par raison de faveur, distribue ses biens propres à des indignes, pèche peut-être contre la libéralité, mais non pas contre la justice distributive, par acception de personnes, au sens théologique du mot.

3° Qu’il n’y a point péché dans Vacception de personnes, que ne justifieraient pas suffisamment les mérites intrinsèques de la cause ou du sujet, si elle est prudemment autorisée par des considérations étrangères légitimes, tirées de circonstances extrinsèques dont l’appréciation s’impose au jugement raisonnable de celui qui a charge de faire un choix. D’où il résulte, par exemple, que de deux sujets, dignes « absolument » tous les deux, le moins digne comme science ou valeur personnelle peut être choisi, sans faute de conscience, quand, d’après d’autres considérations (caractère, relations, réputation, sens pratique, conditions spéciales de la charge, etc.), il est jugé apte à remplir avec plus de succès pour le bien commun la fonction vacante.

S. Thomas, Sum. theol., II* II", q. lxiii ; q. clxxv, a. 3, et ses commentateurs, ibid. ; Grégoire de Valence, Comm. in

Il //", disp. V, q. iiv Lyon, 1609, t. iii, col. 946 ; Soto,

De just. et jure, 1. III, q. vi, Salamanque, 1553, p. 249 ; Lugo, De just. et jure, disp. XXXIV, Lyon, 1652, t. ii, p. 460 ; Vasquez, Opusc. De beneficiis, c. H, §3, Venise, 1618, p. 407, S. Alphonse de Liguori, De prascepfis particularibus, n. 91 sq., Turin, 1847, t. i, p. S25 ; Ballerini, Opus theol. morale, tr. VIII, part. I, c. i, n. 44. Prato, 1890, t. iii, p. 22.

Ferraris, Prompta bibl. can., v Acceptio personar., Rome, 1885, t. i, p. 77 ; Barbosa, Collect. doct. in jus pontif., in t. V Sexli, De reg. juris, reg. xii, Lyon, 1656, t. iv, p. 341 ; Schmalzgrueber, Jus eccles. univ., 1. 1, tit. xiv, n. 36, Rome, 1844, t. i b, p. 72 ; Reiffenstuel, Jus can. univ., De regulis juris, c. ii reg. xii, Rome, 1834, t. vi, p. 31 ; Van Espen, Jus eccles. univers., part. I, sect. iii, tit. xiv, Louvain, 1793, t. t, p. 883.

F. Deshayes.

ACCETTI Jérôme, né à Orci (Lombardie), dominicain à Brescia, maître en théologie, inquisiteur général à Crémone, assesseur du P. Vincent de Montesanto, commissaire général du Saint-Office, à Rome, où il mourut en 1591, sur le point d’être nommé évêque de Fondi. On a de lui : Tractatus de theologia symbolica, scolastica et mystica, in-4, Crémone, 1582.

Domonico Godagli, O. P., L’Iiistoria Orceana, Rrescia, 1592, p. 191 ; Quétit’-Echard, Scriptores oriinis prxdicatorum, Paris,

1710-1721, t. ii p. 174 ; H. Hurter, Nomenclator Uterarius, Inspruck, 1892, t. I, p. 50.

P. Mandoxnet.

ACCIAIOLI Zénobe, né le 25 mai 1461, à Florence, d’une famille patricienne alliée aux Médicis, près desquels il fit son éducation. Prit l’habit dominicain au couvent de Saint-Marc, des mains de Jérôme Savonarole (1594) ; lié étroitement avec les humanistes ilorentins, surtout avec Pic de la Mirandole, Marcile Ficin et Ange Politien. Nommé par Léon X bibliothécaire de la Vaticane (septembre 1518), il mourut dans l’exercice de sa charge, le 27 juillet 1519. Il est surtout connu comme helléniste et a traduit du grec en latin les ouvrages suivants, souvent réédités dans les collections patristiques : 1° Eusebii Csesariensis episcopi opusculum in Hieroclem, Venise, 1502 ; Paris [1511] ; Cologne, 1532 ; Paris, 1608, 1628 ; Leipzig, 1688 ; Paris, 1857. —2 » Ohjmpiodori in Ecclesiasten Salomonis enarralio, Paris, 1511, 1512 ; Bàle, 1536, 1550, 1551, 1569 ; Paris, 1575 ; Cologne, 1618 ; Douai, 1624 ; Paris, 1644, 1654, 1865. — 3° Theodoreti Cy~ rensis episcopi de curalione grsecarum affeclionum libri XII, Paris, 1519 ; Anvers, 1540 ; Heidelberg, 1592 (revision de F. Sylburg) ; Paris 1642 (rev. de Sirmond) ; Haie, 1569-1574 (rev. de H. Schulze) ; Oxford, 1839 (rev. de T. Gaisford) ; Paris, 1864 (rev. de Sirmond-Schulze).

Acciaioli a encore composé divers écrits imprimés ou manuscrits. La bibliothèque Riccardiana de Florence possède ses Epigrammata (catalog. des ms., p. 5).

Quétif-Echard, Scriptores ordinis prsedicatorum, Paris, 1719-1721, t. i, p. 44-46 ; E. Mùntz, La bibliothèque du Vatican au xvr siècle, Paris, 1886 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, Paris, 1878-1886, p. 6 ; Patrologie grecque, t. Xix, col. 35 ; t. xem, col. 9 ; t. lxxxiii, col. 775 ; Fabricius, Bibliolh"ca latina medix et infirme latinitatis, Florence, 1858, t. I, p. 3.

P. Mandonnet.

ACCIDENT suivant la doctrine scolastique. — I. Nature. IL Espèces.

I. Nature.

Ce mot, au point de vue philosophique, présente deux sens bien distincts.

Il se dit d’abord de toute notion qui peut indifféremment convenir ou non à un être : telle la science par rapport à la nature humaine. Ainsi entendu, l’accident s’oppose à l’espèce, au genre et à la différence, qui appartiennent à l’essence de l’être, et à la propriété, qui, sans constituer cette essence, la suit pourtant nécessairement. C’est l’accident logique, qui est rangé parmi les cinq universaux ou prédicables.

Dans une autre acception, l’accident appelé physique, désigne non plus un rapport entre deux notions, envisagé par l’esprit, mais un être réel, savoir toute réalité distincte de la substance. C’est ainsi qu’on parle des accidents eucharistiques, de la grâce sanctifiante, comme d’une qualité accidentelle reçue dans l’âme. Les scolastiques en effet, contrairement à la plupart des philosophes modernes, qui ne voient dans les accidents que des aspects divers de la substance, les regardent avec raison comme réellement distincts d’elle. Tandis que la substance est l’être en soi, qui n’a pas besoin d’un sujet pour exister, étant elle-même sujet, l’accident c’est l’être dans un autre (ens in alio), qui a besoin d’un sujet d’inhérence. Telle est la note caractéristique de l’accident. Une chose peut être dans une autre de bien des manières : connue la partie est dans le tout, comme un être est dans le lieu qui le contient, comme l’effet est dans sa cause, comme un principe constitutif est dans un autre principe qu’il doit actuer et déterminer, telle, suivant les scolastiques, la forme substantielle dans la matière. Seul l’accident possède ce rapport d’inhérence avec la substance, en vertu duquel il lui est uni d’une manière intrinsèque et naturelle, non, par conséquent, mécaniquement et par simple adhérence ou juxtaposition, en sorte qu’il dépend nécessairement de la sub-