Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

293

ACCAPAREMENT — ACCAS

294

rées nécessaires à la vie, telles que le blé, la fiirine, le pain, la viande, les boissons alimentaires, elc.

Molina, De justitia et jure, disp. CCCXLV, n. 7-10 ; Lessius, De just. et jure, 1. II, c. xxi, dub. xxi, Paris, 1628, p. 295 ; Lugo, De just. et jure, disp. XXVI, sect. XII, Venise, 1751, p. 204 ; S. Liguori, Theol. moralis, 1. IV, tr. V, n. 816, Paris, 1845, p. 524.

III. Législation.

Aussi la législation de tous les pays a toujours défendu l’accaparement. Le droit romain interdisait le monopole artificiel des vêtements et des vivres. Lex unica : c. De monopolio, etc. L’ancien droit français punissait avec une rigueur implacable les affameurs publics. En France actuellement l’accaparement tombe sous le coup de l’article 419 du Code pénal : « Tous ceux qui par des faits faux ou calomnieux semés à dessein dans le public, par des sous-offres faites aux prix que demandent les vendeurs eux-mêmes, par réunion ou coalition entre les principaux détenteurs d’une même marchandise ou denrée, tendant à ne pas la vendre où à ne la vendre qu'à un certain prix, ou qui par des voies ou moyens quelconques, auront opéré la hausse ou la baisse du prix des denrées ou marchandises ou des papiers et effets publics au-dessus et audessous des prix qu’aurait déterminés la concurrence naturelle et libre du commerce seront punis d’un emprisonnement d’un an au moins et d’une amende de 500 à 10000 francs. »

L’article 420 porte la peine d’emprisonnement à deux mois au moins et l’amende à 1000 francs au moins et 20000 francs au plus, si ces manœuvres ont été pratiquées sur graines, grenailles, farines, substances farineuses, pain, vin ou toute autre boisson.

C. Antoine.

ACCAS (Saint), que l’on trouve aussi quelquefois appelé Acca, Accus, Hacca, Alla, était évoque d’Hagustald, aujourd’hui Hexham, ville du comté de Northumberland, en Angleterre. Il naquit vers l’an 668, très probablement d’une famille anglo-saxonne et dans le royaume de Northumbrie. Il fut d’abord disciple de l'évêque saint Bosa, qui avait remplacé saint Wilfrid en 678 sur le siège d’York, après la première déposition de celui-ci par l’archevêque de Canterbury, saint Théodore. Clerc et moine tout ensemble, suivant une coutume du pays et du temps, il commença par suivre, à ce qu’il semble, la règle de saint Coloinban. Mais quelque temps après, peut-être à la mort de Bosa, nous le voyons s’attacher à la personne de Wilfrid, sous la direction duquel il embrasse vraisemblablement la règle de saint Benoit. Il reste fidèle dès lors à Wilfrid, et, jusqu'à la fin, partage les vicissitudes et les luttes de son existence tourmentée, à York d’abord, où ce prélat avait été rétabli évêque en 687, puis, après sa deuxième déposition, dans les épreuves et les pérégrinations de son exil. C’est alors qu’il l’accompagne, en Frise peut-être, certainement à Borne (704), où Wilfrid vient demander au pape Jean VI de se prononcer entre lui et ses ennemis, et où lui-même renouvelle comme à leur source son amour pour l’Eglise romaine et son dévouement à la chaire apostolique. L’année suivante (705), après que l’intervention du pape eut ramené' la paix dans l'Église d’York, on rendit à Wilfrid un siège épiscopal, non toutefois celui d’York, qui fut donné à Jean de Beverley, mais un autre, démembré de celui-là, que depuis quelque temps l’on essayait d’organiser et qui avait pour centre le monastère d’Hagustald. Accas le suivit dans ce nouveau siège et à sa mort, arrivée quatre ans après, il lui succéda.

Evêque d’Hagustald, Accas continue l'œuvre de Wilfrid, travaillant particulièrement, à son exemple, à faire prévaloir partout l’influence et les pratiques romaines, dans la discipline, dans les rites, dans le chant, même dans l’architecture. Il prêche et fait prêcher l'Évangile aux populations encore païennes de la Northumbrie.

Mais la science sacrée surtout était l’objet de sa sollicitude. Pour l’instruction de ses clercs, Bède nous apprend qu’il avait formé, au monastère qui s'élevait près de l'église Saint-André, à Hagustald, une bibliothèque riche et choisie, amplissimam ac nobilissimam bibliothecam, où il avait rassemblé principalement des livres ecclésiastiques. Lui-même n'était point étranger à la littérature. Si nous en croyons Pits, De illustr. Angl. script'., Paris, 1619, p. 141, il aurait composé plusieurs écrits, entre autres : 1° une histoire de la vie et du martyre des saints dont les reliques reposaient dans son église ; 2° des offices à l’usage de cette même église ; 3° plusieurs poèmes, d’inspiration surtout ecclésiastique ; 4°un certain nombre de lettres à divers. Accas a-t-il réellement composé tous ces écrits ? Nous n’oserions l’affirmer. Peutêtre l’assertion de Pits, reproduite par la plupart des auteurs qui sont venus après lui, repose-t-elle sur quelques phrases de Bède inexactement comprises. Nous devons ajouter cependant que Du Cange assurait avoir iil dans un manuscrit de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés (n. 141), quelque chose d’Accas qui n'était pas, ce semble, la lettre dont nous allons parler. Cf. Fabricius, Bibliotlieca latina médias et infimse œtatis, Padoue, 1754, t. i, p. 3. On ne sait ce qu’est devenu ce manuscrit.

Quoi qu’il en soit, nous n’avons conservé d’Accas qu’une lettre. Elle est adressée à Bède. Il y exhorte son illustre correspondant, dans les termes à la fois les plus pressants et les plus insinuants, à donner un commentaire de l'Évangile selon saint Luc, à la façon de celui qu’il avait entrepris pour les Actes des apôtres. Bède alléguait, pour récuser cette tâche, et la difficulté du travail et l’existence d’un commentaire déjà fait sur le même livre par saint Amboise. L’amitié d’Accas sut opposer à l’une et à l’autre raison des réponses victorieuses, puisque Bède s’exécuta. On peut voir cette lettre d’Accas en tête précisément de ce commentaire de l'Évangile selon saint Luc, dans les œuvres de Bède. édit. Migne, P. L., t. iixc col. 301-304. Elle est suivie d’une épître dédicatoire de Bède à Accas, ibid., col. 303-308. La lettre d’Accas témoigne d’une culture distinguée et justifie pleinement l'éloge que Bède fait de lui au c. xx du 1. V de son Histoire ecclésiastique : inlitteris sanctis doctissimum.

Cette lettre nous montre aussi les rapports d'étroite amitié qui unissaient Accas et Bède. Les œuvres de ce dernier nous en fournissent d’autres preuves. C’est à la demande d’Accas que le docteur anglo-saxon écrit son Hexaméron ou commentaire sur les premiers chapitres de la Genèse et c’est à lui qu’il le dédie, P. L., t. xci, col. 9-12. C’est à sa prière également qu’il compose ses expositions allégoriques sur le premier livre de Samuel, ibid., col. 499-500, et sur les prophètes Esdras et Néhémie, ibid., col. 807-808, ainsi que ses commentaires de l'Évangile selon saint Marc, ibid., t. iixc col. 131-131-, et des Actes des apôtres, ibid., col. 937-910. Il lui dédie de même son traité sur le temple de Salomon, ibid., t. xci, col. 735-738 ; une dissertation sur les campements d’Israël, ibid., t. xciv, col. 699-702 ; une autre sur un texte d’Isaïe, xxiv, 22, ibid., col. 702-710. On peut voir les lettres de Bède à Accas aux endroits cités. Elles se trouvent aussi groupées au t. xciv de la Patrologiç latine de Migne, col. 681-710. Elles nous révèlent l’estime en laquelle Bède tenait Accas et la part d’inspiration et de conseils qu’eut celui-ci dans les travaux de son illustre ami.

Après avoir gouverné pendant vingt-quatre ans (709733) l'Église d’Hagustald, Accas se vit, lui aussi, comme jadis son maître Wilfrid, en butte à la persécution et déposé de son siège épiscopal (733). Pour quelle cause ? Nous ne savons. Après un exil de trois ans il put rentrer à Hagustald, mais son siège épiscopal ne lui fut pas rendu. Il mourut quelques années après, très probable-