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ACACE DE CONSTANTINOPLE — ACACIENS

cédoine ou ailleurs, avait pensé ou dit autrement. C’était, au fond, l’abandon du concile de Chalcédoine. Aussi, le décret d’union, au lieu de ramener la paix, ne fit qu’augmenter encore les divisions ; s’il s’opéra un rapprochement, tout extérieur, entre les semi-nestoriens, les semi-eutychiens et quelques orthodoxes, les vrais catholiques et les eutychiens stricts repoussèrent l’Hénoticon avec une égale méfiance ; en Égypte les eutychiens stricts se séparèrent de leur patriarche, qu’ils accusaient de tiédeur, et l’on compta une secte monophysite de plus, celle des acéphales. Le patriarche d’Alexandrie était alors Pierre Monge, l’un des plus ardents soutiens du parti monophysite. En 477, il avait succédé à Timothée Ælure, mais déposé par le pape, banni par l’empereur et combattu par Acace lui-même, il avait dû se retirer. Mais en 481-482, le siège étant devenu vacant par la mort de Timothée Salophaciolos, Pierre Monge avait su gagner les bonnes grâces d’Acace et de Zénon et se faire reconnaître par eux comme seul patriarche d’Alexandrie, malgré le choix que les orthodoxes avaient fait de Jean Talaïa. Celui-ci vint à Rome se plaindre d’Acace au pape Félix III, successeur de Simplice. Il y trouva d’autres victimes du patriarche, évêques exilés pour n’avoir pas voulu signer l’Hénoticon, et moines venus pour chercher auprès du siège apostolique la lumière et la direction dont ils avaient besoin. Avant de prendre une décision, Félix voulut se renseigner sur place. Il envoya deux légats, Vital et Misène, qui devaient inviter Acace à venir se justifier devant un synode romain des accusations portées contre lui. Mais ces légats, après avoir d’abord vaillamment supporté les mauvais traitements, ne surent pas résister aux flatteries et aux présents et consentirent à communiquer avec Acace et Pierre Monge : en punition de leur infidélité, le pape les déposa de l’épiscopat et les excommunia dans le synode romain de 484. De son coté, Acace fut aussi déposé, séparé de la communion catholique, et à tout jamais frappé d’anathème. La lettre par laquelle Félix III notifie au patriarche la condamnation, 28 juillet 484, indique en même temps les motifs de ce jugement : 1° Acace au mépris des canons de Nicée a usurpé les droits des autres provinces ; 2° non seulement il a reçu les hérétiques à sa communion, mais il leur a même confié des évêchés ; 3° il a soutenu Pierre Monge dans son intrusion sur le siège d’Alexandrie ; 4° il a maltraité, emprisonné les légats romains et les a poussés à trahir leur mission ; 5° il a refusé de répondre aux accusations portées contre lui par Jean Talaïa devant le Siège apostolique, résisté avec opiniâtreté aux instructions des pontifes romains et causé le plus grand scandale à toutes les Églises orientales. Le défenseur de l’Église romaine, Tutus, fut envoyé à Constantinople pour notifier au patriarche la sentence portée contre lui, et la faire connaître aussi à l’empereur, aux moines et au peuple. Acace, fort de la protection de Zénon, se refusa à recevoir l’acte de sa propre condamnation et n’en tint aucun compte ; il réussit même à gagner à sa cause l’envoyé du pape ; il effaça lui-même des diptyques le nom du pontife romain, marquant ainsi, d’une rupture plus profonde encore, la séparation des deux Églises. De nombreuses violences fuient exercées contre les catholiques, surtout contre les moines acémètes dont la fidélité à l’orthodoxie gênait les incessantes variations de l’évêque. En fait, ce schisme réalisait les vues ambitieuses d’Acace en faisant de lui le chef spirituel de tout l’empire d’Orient comme l’empereur en était le chef temporel. Acace mourut hors de la communion de l’Église romaine, en l’automne de 489. Le schisme acacien devait survivre à son auteur et durer trente-cinq ans, 484-519.

Les textes relatifs à ces controverses se trouvent dans Mansi, Coll. concil., Florence, 1742, t. vii, col. 977-1166, et dans P. G., t. lviii, col. 41-60 (lettres de Simplice) et col. 893-967 (lettres de Félix III). On a conservé d’Acace une lettre au pape Simplice, P. G., ibid., col. 982, et une autre à Pierre, évêque d’Antioche. Ibid., col. 1121.

Voir aussi Ceillier, Hist. générale des auteurs sacrés, Paris, 1748, t. xv, p. 125-152 ; Hergenröther, Photius Patriarch von Constantinopel, Ratisbonne, 1867, t. i, p. 110-145 ; E. Marin, Les moines de Constantinople, Paris, 1897, p. 228-232, 267-270 ; P. Batiffol, Littérature grecque chrétienne, Paris, 1897, p. 319.

E. Marin.

3. ACACE DE MÉLITÈNE. Acace (Ἀκάκιος), évêque de Mélitène (431-438), qu’il ne faut pas confondre avec un autre Acace, évêque de Mélitène et thaumaturge, que les grecs honorent le Il mars et le 17 avril, gouverna son Église avec tant de sagesse qu’après sa mort, ses diocésains ne l’appelaient que « le grand Acace notre père et notre docteur ». Bien qu’il eût été l’ami de Nestorius, il avait composé dès 431 un traité contre ses erreurs ; au concile d’Éphèse il essaya par tous les moyens de persuasion, soit en particulier, soit en public, de le ramener à l’orthodoxie, mais ce fut en vain. On possède d’Acace une homélie qu’il prononça en présence du concile : il y donne plusieurs fois à la très sainte Vierge le titre de Θεοτόκος, mère de Dieu ; il y distingue clairement en Jésus-Christ les deux natures. Toutefois, dans une lettre adressée à saint Cyrille d’Alexandrie, il semble croire que c’est une erreur de dire qu’après l’union du Verbe avec l’humanité il y a deux natures et que chacune d’elles a son opération propre : mais ceux chez qui il blâme ces formules lui paraissaient confondre les expressions « deux natures » et « deux fils ». Pour lui, il reconnaissait « un Fils en deux natures, né du Père avant tous les siècles, et né selon la chair dans les derniers temps, le même Seigneur Jésus-Christ, impassible selon sa divinité, et qui a souffert volontairement pour nous dans son humanité ».

L’homélie d’Acace au concile d’Éphèse se trouve dans Mansi, Coll. concil., Florence, 1761, t. v, col. 181-186, et dans P. G., t. lxxvii, col. 1468-1472. Il y a deux lettres de lui à saint Cyrille, parmi les œuvres de Théodoret, P. G., t. lxxxiv, col. 693, 838. Cf. Ceillier, Hist. générale des auteurs sacrés, Paris, 1747, t. xiii, p. 445-448.

E. Marin.

4. ACACE LE BORGNE ou DE CÉSARÉE, disciple d’Eusèbe et son successeur, en 340, sur le siège métropolitain de Césarée en Palestine, personnage influent de l’arianisme strict, remarquable par son talent et son érudition, comme par son caractère intrigant et versatile. Il avait composé des ouvrages estimés : 17 volumes sur l’Ecclesiaste, des Questions diverses et autres traités dont il ne reste que des fragments insignifiants. On en trouve le détail dans Fabricius, lliblioth. grseca, Hambourg, 1801 sq. (Index, p. 1, à la fin du t. xii).

Acace apparaît parmi les chefs du parti eusébien dans divers synodes : à Antioche en 341, à Philippopolis en 343, à Milan en 355, à Antioche en 358. Saint Jérôme, De viris illustr., 98, P.L., t. xxiii, col. 699, attribue à ses menées l’intrusion de Félix sur le siège du pape Libère. En 357 ou 358, il fait déposer saint Cyrille de Jérusalem qu’il avait consacré six ou sept ans plus tôt et qui contestai ! ses droits de métropolitain sur la ville sainte. En 359 et 360, aux synodes de Séleucie et de Constantinople, il devient chef de secte. Voir Acaciens. Sous Jovien, il souscrit au symbole de Nicée, à Antioche, en 363 ; mais il retourne à l’arianisme sous Valens. Déposé à Lampsaque, en 365, par les semiariens, il n’en reste pas moins sur son siège et meurt en 366.

Voir dom Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés, Paris, 1737, t. VI, c. iii, n. 8 ; TiUemont, Mémoires, Paris, 1704, t. vi, p. 304 sq. ; Le Quien, Oriens christ., Paris, 1740, t. iii, col. 559.

X. Le Bachelet.

ACACIENS, secte d’ariens qui se forma, en 359, au svnode semiarien de Séleucie, sous l’influence et la direction d’Acace de Césarée, oc Ucp’t’Ay.cbrfbv. Ils se sépa I. — 10