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ABUCARA — ACACE DE CONSTANTINOPLE

ABUCARA Théodore est un syrien, né à Édesse et disciple de saint Jean Damascène. Il fut évêque catholique de Haran (et non de Cara). Le nom d’Abucara lui est venu de sa dignité et il signifie « père » ou évêque « de Haran ». Évêque, il alla prêcher en divers pays, au sud jusqu’en Égypte et au nord en Arménie, où il obtint un grand succès parmi les monophysites et il ramena à l’orthodoxie le roi d’Arménie, Asot Msaker. Voir le récit de Vardan, dans E. Ter-Minassiantz, Die armenische Kirche in ihren Beziehungen zu den syrischen Kirchen, Leipzig, 1904, p. 92 (où Abucara est nommé Épicure). Il vivait dans la fin du viiie siècle, et on a eu tort de le confondre avec Théodore, évêque de Carie, qui au concile de 869 suivit le parti d’Ignace après avoir embrassé celui de Photius. Abucara avait écrit en syriaque contre les jacobites et en arabe. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en géorgien et les manuscrits de cette traduction sont nombreux. Brosset, Histoire et littérature de la Géorgie, 1838, p. 135-136. Cette version a servi de prototype à la traduction grecque. Il y a en grec 43 opuscules, la plupart sous forme de dialogue, contre les hérésies orientales du viiie siècle, P. G., t. xcvii, col. 1461-1609. Les plus importants sont le 2e, le 4e et le 43e. Arendzen a publié, d’après un manuscrit du British Museum, son traité arabe De cultu imaginum, Bonn, 1897. Le P. Const. Bacha, a édité : Les œuvres arabes de Théodore Aboucara évêque d’Haran, Beyrouth, 1904. Ce sont dix traités théologiques sur la trinité, l’incarnation et la rédemption. Le 9e, le plus important de tous, sur la primauté pontificale, a été réédité et traduit en français par le P. Bacha : Un traité des œuvres arabes de Théodore Abou-Kurra, Tripoli, s. d. (1905).

Chabot, Chronique de Michel le Syrien, Paris, 1905, t. iii, p. 29, 32-34 ; Theologische Revue, 29 mars 1906, p. 148-150.

E. Marin.

ABULPHARAGE. Voir Bar-Hébræus.

ABYSSINIE. Voir Éthiopie.

1. ACACE DE BÉRÉE (Alep), né vers 322, embrassa fort jeune la vie monastique aux environs d’Antioche. Eusèbe de Samosate, revenant de l’exil après la mort de Valens, reconnut ses mérites et l’ordonna évêque de Bérée (378). Acace jouit d’un renom de science et de vertu, exerçant largement, dit Sozomène, l’hospitalité. Hist. eccles., vii, 28, P. G., t. lxvii, col. 1504 ; Théodoret, Hist. eccles., vi, 4, P. G., t. lxxxii, col. 1204 ; Relig. hist., 2, col. 1314. Peu après son élévation à l’épiscopat, il apporta, de la part de Mélèce, au pape Damase, les actes du concile d’Antioche (380 ?) et assista à un synode à Borne, où il souscrivit à la doctrine des deux natures. Son entremise termina le schisme d’Antioche. En 381, il prit part au concile général de Constantinople. Théodoret, v, 8, col. 1209. Damase l’écarta de sa communion à cause de l’ordination illégitime de Flavien d’Antioche, à laquelle il avait coopéré. Au commencement de l’épiscopat de saint Jean Chrysostome (398), Acace vint à Constantinople, où, se croyant mal reçu, il se joignit à Sévérien et Antiochus pour conspirer contre le saint, dont il disait « qu’il lui servirait un tour de son métier : ἐγὼ αὐτῷ ἀρτύω χύτραν ». Pallade, Vit. Chrysost., 6, 8, P. G., t. xlvii, col. 22-29. Il demanda sa déposition et joua un rôle actif dans les synodes réunis contre lui. Aussi, lorsque, plus tard, il écrivit, avec Alexandre d’Antioche et les évoques de Syrie, au pape Innocent Ier, celui-ci ne lui accorda des lettres de communion que par l’intermédiaire d’Alexandre, qui appuyait sa demande, et sous la.condition de renoncer sans réserve à toute animosité contre Chrysostome et ceux de sa cause. Innocent, Epist., xxi (xix). Cf. Epist., xix (xvii) et xx (xv), P. L., t. xx, col. 539-544. Il eut avec saint Cyrille d’Alexandrie, avant le concile d’Éphèse, auquel, en raison de son âge avancé, il n’assista pas, une correspondance où il montre son désir de l’amendement de Nestorius aussi bien que son zèle pour l’orthodoxie. Voir Labbe, Conciliorum collectio, 1726, t. iii, col. 379-385. Mais il avait d’abord écrit contre les Capitula de Cyrille. C. Lupus, Ad Ephesinum concilium variæ PP. epistolæ, Venise, 1726, t. vii, p. 57. Il se rendit dans la suite aux raisons du saint docteur, p. 183. On trouve dans le recueil de Lupus les lettres d’Acace à Cyrille, p. 173 ; à Hellade, p. 177 ; à Alexandre d’Hiérapolis, p. 178. La plus importante est donnée à la page 128. — Ce serait aussi à la sollicitation d’Acace que saint Épiphane aurait composé son livre des hérésies. Hær., i, 2, P. G., t. xli, col. 176.

Les variations que nous offre la conduite d’Acace montrent qu’en vrai Syrien, comme le dit Lupus, il fit preuve de plus de versatilité d’esprit que de malice, p. 57. Pour ce motif, sans doute, il n’eut pas à subir, comme la plupart des persécuteurs de saint Jean Chrysostome, une mort misérable. Pallade, loc. cit., 17, col. 58-59. Il termina sa vie en 432, à l’âge de cent dix ans. Voir Lettre de Jean d’Antioche à Théodose (431). Lupus, op. cit., p. 55. J. Parisot.

2. ACACE DE CONSTANTINOPLE. Acace (Ἀκάκιος) était grand orphanotrophe de Constantinople et simple prêtre, quand il succéda à Gennadios sur le siège patriarcal de cette ville, en 471. Trop désireux de jouer un rôle considérable dans l’Eglise et rêvant d’étendre son autorité spirituelle dans l’empire d’Orient tout entier, il embrasse successivement les opinions les plus opposées ; habile à ménager ses intérêts, souple et rusé dans la poursuite de ses ambitieux desseins, « il se montre par plus d’un trait le précurseur de Photius. » Hergenrôther, Photius, Patriarchvon Constanlinopel, 1867, t. I, p. 110.

Sous Basilisque (475-477), quand l’évêque monophysite d’Alexandrie, Timothée Ælure, rappelé d’exil, essaie d’amener à sa doctrine les catholiques de la capitale, Acace paraît incliner tout d’abord vers les idées de Timothée et disposé à signer l’Encyclique impériale contre le concile de Chalcédoine. Ce sont les moines qui avertissent le pape de la situation de l’Église de Byzance, et dans sa réponse Simplice s’étonne du silence d’Acace en cette affaire. Mais rappelé à son devoir par l’attitude résolue du peuple et des moines, le patriarche finit par se poser en défenseur de l’orthodoxie menacée. Il fait prier le saint stylite Daniel de venir diriger la résistance aux prétentions doctrinales de l’empereur. Celui-ci craignant un soulèvement populaire, effrayé d’ailleurs par l’approche de son rival Zenon, révoque l’encyclique par une Contre-Encyclique où Nestorius et Eutychès étaient condamnés avec tous leurs adhérents. La chute de Basilisque (477) passa pour une victoire de l’orthodoxie, ce qui valut à Acace une grande considération dans tout l’Orient. Cependant les décisions de Chalcédoine continuaient à soulèvera Anlioche, à Jérusalem, à Alexandrie surtout, des protestations qui se manifestèrent plus d’une fois par des émeutes sanglantes. Pour y mettre fin, le patriarche de Constantinople, d’accord avec le patriarche monophysite d’Alexandrie, Pierre Monge, imagina de réunir catholiques et monophysites dans l’adhésion à un symbole de conciliation, où se trouveraient renfermés les articles de foi communs aux uns et aux autres. L’empereur publia ce symbole nouveau sous le nom A’Hénolicon ou formulaire d’union (482). Dans la pensée de ses auteurs, cet édil dogmatique devait servir de base à la pacification universelle par la fusion de toutes les communions en une seule. L’Hénoticon déclarait rejeter tout autre concile que ceux de Nicée et de Constantinople, et tout en condamnant Nestorius et Eutychès, se contentait de dire que Jésus-Christ est un seul Fils de Dieu et non deux, sans parler de la question des deux natures ; il portait anatheme contre quiconque, à Chai-