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ABSTIN. CHEZ LES SYRIENS — ABSTIN. CHEZ LES COPTES


par les canons du concile du mont Liban de l’an 1736 (cité à la bibliographie), dont voici les prescriptions : Le premier jeûne est celui du carême ; il commence le lundi de la Quinquagésime et finit le samedi saint. Les samedis et les dimanches, sauf le samedi saint, et les fêtes de précepte qui tombent dans le carême, ne sont pas jours de jeûne ; mais l’usage de la chair, des œufs et du laitage y est absolument défendu. Le second jeûne est celui de Noël, qui va du 5 au 24 décembre ; le troisième est celui de la Vierge du 1 er au 14 août, excepté le 6, à cause de la fête de la Transfiguration ; le quatrième est celui des Apôtres, du 15 au 28 juin, excepté le jour de la fête de saint Jean-Baptiste.

Le mercredi et le vendredi de chaque semaine, abstinence de chair, d’œufs et de laitage. Sont exceptés les mercredis et vendredis qui tombent entre Noël et l’Epiphanie, entre la fête de Pâques et celle de la Pentecôte et aussi ceux qui tombent dans la semaine avant le carême et aux fêtes de la Transfiguration, de l’Assomption, de saint Jean-Baptiste et des saints apôtres Pierre et Paul. Le concile règle les dispenses que le patriarche peut accorder.

Moines.

L’usage de la chair est interdit aux moines sous peine de péché mortel, sauf en cas de maladie sur l’avis du médecin et avec l’assentiment du supérieur ou de l’évêque, à qui il appartient aussi de donner des dispenses pour les longs voyages.

1° Pour les jacobites, F. Naironus, Evoplia fidei, Rome, 1694, p. 346-354 ; J. S. Assémani, Bibl. or., Rome, 1721, t. ii p. 304, 413, 425, 445 : (iregor. Bar-Hébmeus, Nomocan., t. v.p. 1 ; Lamy, De Syror. fide et discipl., Louvain, 1859, p. 218-222. — 2° Pour les nestoriens, J. S. Assémani, Bibl. or., t. in a, p. 248, 249, 304 ; b, p. 358, 362, 381, 389, et les Nomocanons d’Ébed-Jésus et de Grég. Bar-Hébrœus, dans Mai, Scriptor. vet. nova collectio, t. x. — 3° Pour les maronites, Synod. Montis Lib., n. 1736, tit. xvi, part. IV, c. ii n. 21, dans Conciliorum collectio lacensis, Fribourg-en-Brisgau, 1869, t. il.

J. LA.MY.

V. ABSTINENCE chez les arméniens.

1° Fidèles. — Selon leur grand docteur Vartan, les arméniens doivent non seulement observer les prescriptions du concile de Jérusalem et s’abstenir des viandes immolées aux idoles ou provenant d’animaux suffoqués ainsi que du sang, Act., xv, 29, mais éviter encore de manger de tous les animaux déclarés immondes par la loi de Moïse, qu’ils prétendent être toujours en vigueur. Le concile de Florence, dans son décret pour les jacobites (1441), condamna ce rigorisme, déclarant que la loi ancienne et les décrets du concile de Jérusalem n’obligent plus : « Le concile déclare donc qu’il ne faut réprouver aucun des aliments admis par la société humaine et que personne, ni homme, ni femme, ne doit faire distinction entre les animaux, ni s’inquiéter de quelle manière ils ont été tués, quoique pour la santé du corps, pour l’exercice de la vertu, pour la régularité de la discipline ecclésiastique, beaucoup de choses puissent et doivent être laissées, parce que, selon l’apôtre, tout est permis, mais tout ne convient pas. » Hardouin, Acta conciliorum, Paris, 1714, t. ix, col. 1026. Les arméniens, comme les autres communautés orientales, reçoivent le canon 68 (autrement 69) des apôtres, Mansi, Concil. ampliss. collectio, Florence, 1759, t. i.col. 4’i, qui prescrit le jeûne et l’abstinence tous les mercredis et vendredis de l’année et tout le carême. Les canonistes grecs Zonaras et Balsamon mettent sur la même ligne l’abstinence du mercredi et du vendredi et celle du carême. Or le carême exige ce qu’on appelle la E/ipoçavt’a (voir II Abstinence chez les Grecs, col. 263), c’est-à-dire qu’on ne peut y user que d’aliments secs, savoir de pain, de sel, de légumes, Const. aposl., 1. V, c. xvin (autrement xvn), P. G., 1. 1, col. 889, et d’eau. La chair, les œufs, le beurre, le fromage, les poissons, le lait, le vin et l’huile sont interdits. Dans le cours des siècles cette discipline a subi divers changements.

Aujourd’hui les arméniens conservent l’abstinence du

mercredi et du vendredi, excepté pendant l’octave de l’Epiphanie (de Noël chez les arméniens unis) et pendant tout le temps pascal depuis Pâques jusqu’à l’Ascension. Les arméniens ont, en outre, durant l’année, de nombreux temps d’abstinence. Le principal est le carême, qui commence le lendemain de la quinquagésime et finit le. samedi saint. A partir du mercredi des cendres les arméniens observent la xérophagie jusqu’à Pâques, excepté les samedis et dimanches, où le laitage est permis. Le jeûne et l’abstinence de dix jours avant la Pentecôte, institués au XIIe siècle, sont tombés en désuétude depuis longtemps. Mais il y a une semaine de jeûne avant la fête de saint Grégoire, une autre avant la Transfiguration, une troisième avant l’Assomption et une quatrième avant la fête de la Sainte-Croix. Comme ces fêtes se célèbrent toujours le dimanche, l’abstinence se termine le vendredi, parce que le samedi et le dimanche rompent le jeûne. Enfin autrefois c’était abstinence tout l’Avent jusqu’à l’Epiphanie ; maintenant, il y a une semaine d’abstinence pour l’Avent, une pour le jeûne de saint Jacques et une immédiatement avant l’Epiphanie. Les autres semaines la viande est permise. Enfin les arméniens ont encore l’abstinence de l’Artziburion, que les grecs leur reprochent.

Moines.

Les moines arméniens ne mangent jamais de viande ; ils ont beaucoup de jours d’abstinence rigoureuse ; les jours où les fidèles peuvent manger de la chair, les moines mangent du poisson.

N. Nilles, S. J., Kalendarium utriusque Ecclesix Orient, et Occid., Inspruck, 1881, t. i, p. 61, 02, 230, 270, 329 ; t. ii, p. 557, 559, 563, 564.

J. Lamy.

VI. ABSTINENCE chez les coptes.

1° Fidèles. — L’abstinence de la chair, y compris les œufs et les laitages, est limitée chez les fidèles coptes aux temps de jeûne, dont les principaux sont le carême (y compris le jeûne de la semaine sainte), le jeûne des Apôtres, celui de la sainte Vierge et celui de l’Avent. Sont également jours de jeûne chez les coptes, tous les mercredis et les vendredis de l’année, excepté toutefois ceux qui sont entre Pâques et la Pentecôte, ainsi que ceux où tombent Noël et l’Epiphanie ; auquel cas le jeûne est anticipé, comme chez nous quand une vigile tombe un dimanche (voir l’article Jeune). L’abstinence s’étend aux samedis et aux dimanches des temps de jeune, quoique le dimanche, comme dans toutes les Églises, et les samedis, comme dans les Églises orientales, sauf le samedi saint, ne soient jamais jours de jeûne pour l’Église copte. L’usage du poisson n’est pas permis pendant le carême ni la semaine sainte, mais bien pendant les autres jeûnes. Depuis longtemps l’observance des autres jeûnes que le carême a été réduite à l’abstinence ; cependant la plupart des coptes observent d’une manière très austère le jeûne de la sainte Vierge, s’interdisant même le poisson comme pendant le carême. D’après Butler, voir Evetts, Abu Sâlih’s Histonj of the nwnasteries of Egypt, p. 152, pendant la première semaine du carême les viandes blanches (œufs et laitages) seraient permises, ce qui aurait fait donner à cette semaine le nom de semaine blanche ; mais cela doit s’entendre du jeûne d’Héraclius (voir pourtant Vansleb, Histoire de l’Église d’Alexandrie, p. 75), qui s’observe pendant la semaine qui précède immédiatement le carême (voir l’article Jeune). Il n’y a pas chez les coptes d’âge prescrit pour commencer à pratiquer l’abstinence ; les enfants y sont soumis dès qu’ils commencent à avoir quelque force, et on a de la peine à persuader aux infirmes et aux malades de s’y soustraire, quelque inconvénient qu’ils puissent en ressentir. L’abstinence du sang des animaux et des viandes suffoquées (voir ce mot), quoique universelle dans l’Église copte, ne fait pourtant point partie de la discipline de cette Église. Les uns s’abstiennent de cette nourriture, parce qu’ils ont iiv dès leur enfance, que chez eux on n’en mangeait pas, les