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ABSOLUTION DES PECHES CHEZ LES PROTESTANTS


trition, de la charité ou d’autres œuvres et qui veulent que la conscience doute si dans la pénitence elle reçoit la rémission des péchés ». Millier, p. il. Les catholiques, on le voit, sont en droit de ne pas se reconnaître sous ces paroles équivoques et sous ces insinuations mêlées de faux.

Dans la seconde partie (De abusibus), à l’article De confessione, Mûller, p. 53, on s’explique plus au long. .pres les ritournelles ordinaires sur « les ténèbre ? amoncelées par les théologiens et les canonistes », sur « l’horrible torture des consciences par la nécessité d’énumérer les péchés », on ajoute : Unie arliculo maxime studuerunt nostri lucem afferre. Docemus necessariam contrilionem, (mais comme condition, non comme méritoire)… Puis voici la foi, h. e. fiducia miscricordise promissse… Hanc fidem concipiunt animi ex Evangelio. Item ex absolutiorte (considérée, on le voit, comme application de la promesse et du pardon évangéliques) quæ Evangelium annuniiat et applicat perterrefactis conscientiis. Ideoque docent nostri retinenclam esse in Ecclesiis privatam absolutionem, et ejus dignitatem et potestatem clavium veris et amplissimis laudibus ornant, quod videlicet potestas clavium administret Evangelium non solum in génère omnibus, sed eliam privatim singttlis, sicut Christus inquit : Lucratus eris fratrem, etc. Et quod coci illiEvangelii, quod ministerio Ecclesise nobii in absolut mue administratur, credendum sit tanquam voci de cselo sonanli. Cette absolution, Mélanchthon n’a pas craint, en maint endroit, de l’appeler sacramentelle, quoique d’ailleurs, il faut le reconnaître avec Chemnitz, Examen, cité plus bas, p. 175, il ne l’explique pas pleinement au sens catholique. On voit que la confession d’Augsbourg insiste sur l’absolution privée, comme moyen de s’approprier et de s’appliquer la parole évangélique. Voir encore l’article 12 : Docent quod absolatio privata in Ecclesiis retinenda sit. Millier, p. 41. C’était aussi, nous l’avons vu, la pensée de Luther.

Même doctrine dans la confession des Églises de Saxe olferte au concile de Trente en 1551 — sauf qu’on semble y demander expressément la confession distinct : des péchés, Syntagma (cité à la fin de notre article). p. 50 ; dans celle du Wurtemberg, offerte à Trente en 1552, Syntagma, p. 111 ; dans celle de Bohême, art. 5, 11, 13, Syntagma, p. 191, qui insiste sur le pouvoir des clefs dans l’Église, qui reconnaît à l’absolution privée du prêtre la force de tranquilliser les consciences, et de les mettre in spe cerla salulis ac fuie ; et qui ajoute énergiquement : (Tarn) credat virtnte clavium remitti peccata, quam si a pressente Domino absolutionem acciperet, cum sacerdos Domini officium gerat, et ab eo hanc aulhoritatem traditam habeat.Joa., XX, 21-23. On voit combien peu de retouches il faudrait pour rendre cette doctrine catholique, et comment, pour parler avec Bossuet, op. cit., l. III, n. 18, « il n’y resterait presque plus de difficulté sans les fausses idées de nos adversaires. » Avant de quitter les luthériens, un mot des formules d’absolution et du mode d’application.

III. Formules d’absolution et manière de procéder. — Voici, d’après l’opuscule de Luther annexé au Petit Catéchisme dans le Livre de~ concorde, comment les choses doivent se passer, Miiller, p. 363 : « Révérend cher Monsieur, dit le pénitent, veuillez, je vous en prie, entendre ma confession et me dire l’absolution pour l’amour de Dieu. » Suit la confession. Alors le confesseur : « Dieu te soit propice et fortifie ta foi. Amen. » (N’est-ce pas un souvenir de notre Misereatur… Indulgentiam :’) Puis il demande au pénitent : « Crois-tu que ma rémission est la rémission de Dieu ? — Oui, répond le pénitent, — Qu’il te soit fait comme tu crois. Et moi, sur l’ordre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, je te remets tes péchés, au nom de Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit. » C’est, on le voit, l’absolution catholique. A côté de cette formule immédiate, il est un autre type plus répandu, celui d’une absolution médiate, consistant simplement à annoncer l’absolution divine. La liturgie de Nuremberg, 1533, indique deux formules du second type : « Le Dieu tout-puissant a eu pitié de toi, et par les mérites de… Notre-Seigneur Jésus-Christ… te pardonne tous tes péchés, et moi comme ministre appelé (beruffner) de l’Église chrétienne, par l’ordre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, je l’annonce ce pardon de tous tes péchés. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Va en paix, et qu’il te soit fait comme tu crois. » Hering (cité 1 à la fin de notre article), p. 189.

— La seconde : « Dieu te remet tes péchés, et moi, par l’ordre de Notre-Seigneur Jésus-Christ, au nom de la sainte Eglise, je ie déclare libre, franc, absous de tous tes péchés. Au nom du Père… Amen. Va et ne pèche plus, mais améliore-toi sans cesse. Dieu l’y aide. Amen. » Tbid. — On voit que la seconde formule ajoute une invitation aux bonnes œuvres. — Celle de Poméranie, I.Vi’_ unit les deux hpes : « Dieu te suit favorable (gnâdig) et te remette tous tes péchés. Et moi son ministre et le ministre de son Église, sur la parole du Christ disant : « A qui vous aurez remis les péchés, ils lui seront « remis, ti je te déclare absous et je t’absous de tous tes péchés. Au nom du Père… Amen. » Ibid. — De plus, on voit ici la mention du pouvoir des clefs. Ailleurs on indique la condition de la foi. Ibid., p. 190 sq. Ailleurs on ajoute le rit de l’imposition des mains. D’autres formules enfin distinguent nue double absolution, icibas sur terre, et là-haut dans le ciel. Ainsi celle de Waldeck, 1556 : « Je t’annonce le pardon de tous tes péchés, au nom de Jésus, et en vertu des clefs données à la communauté’de Dieu, je t’absous ici sur terre, afin que tu sois aussi absous dans le ciel. Le Seigneur a ôté tes péchés, et ta foi t’a sauvé. » Ibid., p. 193.

On aura remarqué que ces formules sont au singulier et supposent une certaine confession particulière. Luther v tenait beaucoup. Malgré tout, la confession et l’absolution générales prévalurent… sans arriver cependant à supprimer complètement la confession et l’absolution particulière. Voir l’article Confession chez les protestants. Les formules d’absolution générale sont ordinairement déclaratives. Voici le procédé dans la liturgie de Mecklembourg, 1552. Au commencement de la messe, confession, au nom de tous, par le prêtre : « Moi -pauvre pécheur, je confesse devant toi, ô Dieu tout-puissant… que j’ai péché… Mais j’ai recours à ta miséricorde infinie… Seigneur, sois-moi propice, à moi pauvre pécheur. » L’autre ministre dit une prière pour den 1er grâce. Puis le prêtre prononce cette absolution : « Le Dieu tout-puissant et miséricordieux a eu pitié de nous, nous remet vraiment tous nos pèches, en vue de son Fils Jésus. : , et a donné pouvoir de devenir Fils de Dieu à tous ceux qui croient en lui… > lbuL, p. 192.

La confession et l’absolution sont partout rattachées à la Cène ; et les offices de la Cène font tous une part à la confession et à l’absolution générales. Voici l’ordre indiqué par VAgende pour l’Église évangélique dans les pays prussiens. Ibid., p. 211. La veille de la communion, ou le jour même, avant la liturgie, après le discours de confession (Beichtrede), confession générale : « Dieu tout-puissant, Père miséricordieux, moi pauvre malheureux pécheur, etc. » Puis le ministre : « Si c’est votre volonté sérieuse, et si vous avez le ferme et sincère propos d’amender votre vie pécheresse, répondez : Oui. » L’assemblée : « Oui. » Le ministre : « Sur votre confession, j’annonce à tous ceux qui de cœur se repentent de leurs fautes, et qui se confient avec une foi véritable aux mérites de J.-C, en vertu de mon office, comme ministre appelé- et ordonné’de la Parole, la grâce de Dieu et la rémission de vos péchés, au nom du l’ère, etc. S’il y a