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ABS. DES PÉCHÉS CHEZ LES GRECS — CHEZ LES SYRIENS


de l’Église grecque dans des écrits célèbres : Acta Jeremise contra lutheranos, Bàle, 1581, rep. l re, et tous les exposés de cette époque rangent unanimement la pénitence parmi les sacrements.

A peine la confession de Cyrille Lucar fut-elle connue qu’elle fut l’objet de condamnations multipliées. La Confession de la foi orthodoxe de Pierre Mogilas, approuvée au synode de Jassy, s’exprime ainsi sur la pénitence : « Ce sacrement obtient son ell’et, lorsque l’absolution des péchés est donnée par le prêtre selon les constitutions et les usages de l’Église. Car dès que quelqu’un obtient le pardon de ses péchés, immédiatement toutes ses fautes lui sont remises par Dieu, par le ministère du prêtre, selon les paroles de Jésus-Christ lui-même : Accipite Spiritum Sanctum, etc. » I" part., q. Cxii. Kimmel, Monumenta /iddi Ecoles, orient., Iéna, 1850, t. I, p. 190. Le synode de Constantinople de 1638 se contente de prononcer l’anathème contre Cyrille qui enseigne qu’il n’y a pas sept sacrements, entre lesquels la pénitence. Kimmel, Monum. fidei Eccl. orient., t. i, p. 404. Celui de Jassy tenu en 1642 s’exprime ainsi sur le même sujet : « Dans son quinzième article Cyrille rejette cinq sacrements de l’Église… la confession unie à la pénitence…, lesquels nous a transmis l’antique tradition comme sacrée et conférant la grâce divine. » Ibid., p. 414. Le concile de Jérusalem de 1672 confirme ces deux précédents conciles et définit à son tour que l’Eglise orientale admet l’existence de sept sacrements, ni plus ni moins, parmi lesquels la pénitence instituée quand Jésus-Christ a dit : Quorum remiseritis… etc. Ibid., p. 448-450. Or la confession de la foi orthodoxe et le synode de Jérusalem, connu aussi sous le nom de Confessio Dosithei, continuent à être regardés aujourd’hui encore comme les exposés les plus authentiques de la croyance de l’Église grecque. Il n’est donc pas nécessaire d’y joindre d’autres témoignages pour s’assurer de la foi de cette Église sur l’efticacité de l’absolution sacramentelle.

P. Michel.

VIII. ABSOLUTION dans l’Église russe.

L’absolution est considérée dans l’Église russe comme remettant tous les péchés, s’ils ont été sincèrement accusés et qu’on en ait un véritable repentir. Tous les théologiens russes s’accordent à dire qu’elle serait nulle, si le pénitent avait caché une faute ou s’il était disposé à retomber dans ses péchés. Le prêtre refuse rarement l’absolution, mais il le fait, lorsque le pénitent montre cette disposition. Dans ce cas le prêtre reçoit néanmoins l’honoraire qui est dû par les pénitents.

La formule d’absolution est celle-ci : « Que notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ t’absolve par la grâce miséricordieuse de son amour de tous tes péchés, mon fils N. N., et moi, son prêtre indigne, en vertu de l’autorité qui m’a été donnée, je t’absous aussi et te déclare délivré de tous tes péchés au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » En terminant ces paroles, le prêtre, qui tenait son étole et sa main sur la tête du pénitent agenouillé, le relève pour montrer qu’il est rétabli dans l’innocence.

Les rituels indiquent parfaitement qu’en cas de pressante nécessité on doit retrancher toutes les autres prières et exhortations et se borner à la formule d’absolution que nous venons de traduire. Le prêtre ne saurait rien en omettre, sous peine de péché mortel. Cependant le sacrement est efficace si le prêtre prononce seulement les mots : « Je t’absous », qui sont la forme du sacrement.

Voir le texte de l’absolution dans Maltzew, Die Sakramente der orthodox-kathol. Kirche, in-8°, Berlin, 1898, p. 219.

N. TOLSTOY.

IX. ABSOLUTION chez les Syriens.—


I. Croyance au pouvoir d’absoudre les péchés.
II. Rite de l’absolution chez les jacobites.
III. Rite de l’absolution chez les nestoriens.
IV. Rite de l’absolution chez les syriens unis.

Les syriens appellent l’absolution, hûsoio ou hûsaici, pardon, rémission, et plus explicitement hûsoio dahtohe, pardon des péchés. Comme le remarque Abraham Ecchellensis, Notse ad catal. Hebed Jcsu, Rome, 1685, p. 291, le mot hûsoio désigne, aussi, dans un sens plus large, le sacrement de pénitence tout entier, ou encore les prières qua l’on récite pour l’admission des pénitents, ou enfin les suffrages pour les morts.

I. Croyance au pouvoir d’absoudre les péchés. —

Il a toujours été reçu dans les Églises syriennes que les chrétiens coupables de péchés graves commis après le baptême ne pouvaient s’approcher des saints mystères, si auparavant ils n’avaient été purifiés et réconciliés avec Dieu par la pénitence et par l’absolution de leurs péchés, donnée par le prêtre en vertu du pouvoir reçu de Jésus-Christ. Mais les documents anciens sont peu nombreux et les théologiens syriens n’ont jamais distingué la matière et la forme comme le font les latins. Ils n’ont même pas employé ces mots qui apportent tant de précision et de clarté sur ce sujet. Us mêlent les différentes questions ; ils unissent les paroles de l’absolution aux prières qui l’accompagnent ; de sorte qu’il n’est pas facile de les distinguer ; ils parlent du pouvoir d’absoudre, en même temps que de la confession, du repentir et des pénitences à imposer.

Nous possédons, outre les textes grecs, rapportés au commencement de l’article II Absolution au temps des Pères, col. 146, 1e témoignage en syriaque de deux écrivains qui ont précédé la séparation des Églises syriennes. Le premier est Aphraates, surnommé le sage Persan, dont les écrits ont été retrouvés récemment. Il a écrit en 337 une homélie entière sur la pénitence : il parle du repentir, de la confession et de l’absolution, mais en termes métaphoriques. Ainsi, le pénitent est un malheureux blessé, victime de sa faiblesse ou de son imprudence dans la guerre que les passions livrent à l’homme. S’il veut guérir e4 vivre, il doit découvrir ses plaies au médecin spirituel, établi par Jésus-Christ, et employer les remèdes que celui-ci prescrira pour Je guérir. Pat roi. syriaca, édit. Grafin, Paris, 189 1, t. i, p. 313, 3C0. Le second est saint Éphrem, le grand docleur que lous les syriens invoquent. Il parle ainsi dans ses Madraschés contre les fausses doctrines : « Ils (les manichéens) ne remettent pas les péchés : ce sont des égarés qu’il faut reprendre. Car un seul peut pardonner aux pécheurs. Ils ont opposé leur volonté au Verbe de vérité qui a ordonné à ses disciples de remettre une fois par l’eau sainte les péchés des hommes et qui leur a donné le pouvoir de délier et de lier. Que celui qui a été lié lui demande donc la rémission complète ; que celui qui pardonne tout, nous pardonne dans notre douleur. Car il est juste que celui qui s’est reposé dans le péché soit secoué. Or, si celui qui pardonne, nous pardonne à cause de notre douleur, il est absurde de vouloir nous pardonner à cause de morceaux de pain. » S. Éphrem, Opéra syr. lat., Rome 1740, t. il, p. 440, traduit sur le syriaque.

Ébed-Jésus, évêque nestorien, mort en 1318, dans son exposé de la doctrine chrétienne intitulé Margarita (Perle), tr. IV, c. i, énumérant les sept sacrements dit : « Le cinquième est le patdon des péchés. » Et plus loin au chapitre vii, sous le titre : Du pardon des péchés et de la pénitence, il ajoute : « Le genre humain est fragile et sujet au péché, et il est presque impossible qu’il n’éprouve quelque infirmité spirituelle. C’est pourquoi le sacerdoce a été établi médecin pour guérir gratuitement : Si vous remettez à quelqu’un ses péchés, ils lui seront remis. Aussi le Sauveur dit : Les hommes bien portants n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Les fidèles, qui se sentent surchargés de fautes à cause de la faiblesse de la nature humaine incapable de tout surmonter, doivent aller à la maison