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APPARITIONS


Bethléhem la naissance de Jésus. Luc, il, 8-15. Des anges servaient Jésus après sa tentation. Matth., iv, 11. Un ange annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur. Matth., xviii, 2-5. Un ange délivra saint Pierre de la prison, Act., v, 19 ; xii, 7-15 ; un ange apparut au centurion Corneille. Act., x, 3, etc. Les livres de l’Ancien Testament ne mentionnent que des apparitions de bons anges ; c’est en saint Matthieu, iv, 1-11, à propos de la tentation de Notre-Seigneur, qu’il est pour la première fois question d’apparitions de l’ange déchu. 3. Des morts.

Peu nombreuses sont les apparitions de morts mentionnées dans les pages inspirées. Nous lisons toutefois, I Reg., xxviii, 8-21, que Samuel se présenta à la pylhonisse d’Endor, qui l’avait évoqué par ordre de Saùl. Tous les Pères cependant n’ont pas admis la réalité de cette apparition. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1899, t. il, p. 109. De même, Judas Machabée vit, mais en songe, II Mach., xv, 11-16, le grand-prêtre Onias et Jérémie, qui s’entretinrent avec lui. Moïse apparut sur le Thabor. Matth., xvii, 3. Parmi les prodiges qui marquèrent le moment solennel où le Sauveur expira sur la croix, saint Matthieu, xxvii, 52-53, rapporte que des morts sortirent de leurs tombeaux, entrèrent à Jérusalem et apparurent à plusieurs personnes. Jésus ressuscité apparut à Marie-Madeleine, Marc, xvi, 9 ; aux saintes femmes, Matth., xxviii, 9 ; à deux disciples, sur le chemin d’Emmaiis, Luc, xxiv, 15 ; aux apôtres réunis, Marc, xvi, 14 ; Matth., xxviii, 16 ; à saint Paul, Act., ix, 3-7, etc. Jésus apparaîtra encore à la fin du monde pour juger les vivants et les morts. — Toutes ces apparitions, attestées par la Ri ble, s’imposent évidemment à notre croyance, lorsque le sens du texte sacré est clair et indubitable.

II. apparitions extra-bibliques.

En dehors des apparitions dont la réalité repose sur l’autorité même de Dieu, il en est d’autres dont l’authenticité n’est appuyée que sur des témoignages ordinaires et des documents profanes. L'Église admet l’existence de plusieurs apparitions de cette seconde catégorie. Souvent, dans les procès de canonisation, des récils d’apparitions sont examinés, discutés et appréciés selon la nature et la valeur des garanties qu’offre chaque cas particulier. Les relations de ce genre ne sont pas rares dans les leçons du bréviaire, et l’institution de plusieurs fêtes se rattache à une apparition de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge ou d’autres saints ; telles les fêtes du Sacré-Cœur, de Notre-Dame-aux-Neiges, de l’apparition de la Vierge immaculée à Lourdes, de l’apparition de saint Michel archange au mont Gargan. Est-ce à dire que ces apparitions sont imposées à noire croyance comme des articles de foi, de telle sorte qu’ai) catholique deviendrait hérétique par le seul fait qu’il les rejetterait ? Nullement. D’abord, il ne peut être question d’articles de foi divine en dehors des limites de la révélation publique, conservée et transmise par le double organe de l’Ecriture

i 'le la tradition ; et les faits dont il s’agit sont en dehors de ces limites. Ensuite, quoique des faits de ce paissent être compris dans le domaine île l’infaillibilité ecclésiastique, lorsrj u ' i I s se rattachent nécessairement, par certains côtés, au dépôt de la révélation, l’Eglise ne porte sur aucun d’eux un de ces jugements

définitifs qui entraînent l’obligation d’un assenti nt

absolu, fin les acceptant, elle indique seulement qu’on

peut les regarder coi authentiques. Si dune il faut

éviter â leur sujet des négations téméraires, superbes, mu moins systématiques, on conserve aussi le droit iminer chacun d’eux, selon les règles de la prudence et les principes de la critique historique. Nul catholique inti lligent n’a jamais pris li lei ons du bréviaire, bien qu’adoptées, maintenues ou tolérée ; par »

une, comme me' règle de foi, ni inèi omme des

document dont la certitude historique est démontrée. Dans les procès de béatification et de canonisation,

les tribunaux ecclésiastiques discutent avec un soin minutieux et une critique sévère les apparitions qui sont soumises à leur jugement. On trouvera dans BenoitXlV, De servor. Dei beatif. et canon., iii, 51, 52, Opéra oninia, Venise, 1767, t. iii, p. 265-272, les règles suivies pour discerner les véritables apparitions des fausses. Il y a toujours en ces matières à se défier des erreurs d’une imagination exaltée. Voir Hallucination. L’extrême rigueur avec laquelle est menée la procédure des tribunaux ecclésiastiques est à elle seule, indépendamment même de l’assistance du Saint-Esprit, une assurance de la vérité des apparitions dont la réalité est reconnue par l’Eglise. Néanmoins, cette réalité n’est pas imposée à la foi des fidèles.

III. Possibilité.

Les apparitions de Dieu, des anges, des saints ou des morts, quand elles se produisent dans les circonstances exigées par la définition, dépassent le cours ordinaire des choses et sont de vrais miracles. Nier leur possibilité serait nier la possibilité du miracle, qui sera prouvée plus loin. Voir Miracle. Bornons-nous ici à quelques remarques.

1° Dans les apparitions divines, ce n'était pas évidemment l'être divin lui-même, sa substance spirituelle, qui entrait directement en rapport avec les sens de l’homme ; son absolue spiritualité- s’y opposait. Dieu recourait à un instrument, à un intermédiaire matériel, forme humaine ou autre, pour se mettre à la portée des facultés organiques de ceux à qui il apparaissait. C’est en cet intermédiaire, dont il se faisait le moteur, et par son moyen, qu’il se rendait perceptible aux yeux mortels. Dieu, créateur et maître absolu de la matière, a la puissance nécessaire pour adapter une forme corporelle et sensible et l’employer à cette fin. A l’article Théophanie, on déterminera quelle personne divine mouvait, par elle-même ou par l’intermédiaire d’un ange, la forme corporelle qui apparaissait.

2° La manifestation sensible des esprits angéliques sous une forme corporelle n’est pas plus difficile à concevoir et à réaliser que celle de Dieu lui-même. Par la volonté divine, ces substances purement spirituelles peuvent, pour un temps, prendre et mouvoir un corps humain.

3° Pour ce qui est des apparitions des morts, leur possibilité se conçoit d’autant plus facilement qu’il est naturel à une Ame d’habiter et d’animer un corps humain. Que Dieu, d’ailleurs, puisse avoir de bonnes raisons de vouloir exceptionnellement, rarement, ces retours momentanés des âmes qui avaient quille la terre, c’est ce que personne ne contestera avec quelque vraisemblance ; n’est-il pas manifeste qu’un événement de ce genre est de nature, selon les circonstances, à humilier et à punir davantage l'âme qui réapparaîtrait ainsi, ou à éclairer les vivants, â les émouvoir plus fortement, pour les porterai ! bien ou les retirer du mal ? J’ai dil : exceptionnellement, rarement, parce que, en se multipliant, ces faits dérangeraient l’ordre établi, porteraient nécessairement l’agitation et la frayeur parmi les hommes, conséquence qu’un Dieu infiniment bon et infiniment sage ne saurait permettre. Celle réserve doit suffire à rassurer tous ceux que troublerait la pensée de pareille éventualité.

IV. CONVENANCE.

Les apparitions d’ailleurs ne sont pas inutiles. Dans les desseins de Dieu qui les opère, elles ont un but digne de sa sagesse et de sa puissance. Le but que Dieu s’est proposé dans les apparitions bibliques n’est pas douteux. Comme tous les miracles rapports dans la Bible, elles « .ni l’avantage de confirmer la révélation primitive, larévélation mosaïque etla révélation chrétienne, et de les présenter comme munies d’un sceau < I i in. Voir cul. 1368. Les apparitions extrabibliques produisent souvent un effet analogue En tout cas, elles -" justifient suffisamment par celle considération, que Dieu est le maître absolu et le juge par-