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APÔTRES (LA DOCTRINE DES DOUZE)

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tria, ligne 68, dans la Synopse dite d’Athanase, P. G., t. xxviii, col. 432. Zonaras au xue siècle, P. G., t.cxxxvin, col. 863, Blastarès, au xive siècle, P. G., t. cxliv, col. 1 142, et Nicéphore Calliste, H. E., ii, 46, P. G., t. cxlv, col. 888, en parlent aussi. En Occident nous le trouvons mentionné par l’auteur du livre De alealoribus, m » siècle, c. iv, P. L., t. iv, col. 830, par Rufin, dans sa traduction latine d’Eusèbe. A partir du xive siècle, la Doctrine des douze apôtres disparait de l’histoire. Elle a été retrouvée en 1883 par M’J r Bryennios, métropolite de Nicomédie, au monastère de Jérusalem du Très-Saint Sépulcre, dans le quartier du Phanar, à Constantinople. Le manuscrit a été, en 1887, transporté à Jérusalem. La première édition en a été donnée par Ma 1’Bryennios à Constantinople, et depuis lors la Didaché a été publiée et étudiée par de nombreux savants. Voir la bibliographie.

II. Authenticité de la Didaché de Bryennios.

La Didaché, publiée par M’J r Bryennios, est certainement l’écrit de ce nom, dont il est parlé dans l’ancienne littérature chrétienne. Pour s’en convaincre il suffit de la comparer, soit avec les documents qui en sont la traduction ou la reproduction plus ou moins fidèle, soit avec les passages d’auteurs chrétiens qui sont presque identiques. — 1° « ) Un fragment latin, extrait par Pez d’un manuscrit, aujourd’hui disparu de la bibliothèque de Melk (Autriche), reproduit les versets, I, 1-3, et il, 2-6 de la Didaché. Une ancienne version latine de la première partie, « des deux voies, » a été trouvée dans un manuscrit de Munich, du xie siècle, et éditée par J. Schlecht, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1900. b) Les chapitres XVIII, xix et xx de l’Épitre de Barnabe coïncident presque textuellement avec des passages des cinq premiers chapitres de la Didaché. c)Les Canons ecclésiastiques des apôtres, iv-xiii, reproduisent des passages de la Didaché, i-iv. d) Le VIP livre des Constitutions apostoliques est une reproduction assez interpolée de toute la Didaché. e) Le Syntagma doclrinse, P. G., t. xxxviii, col. 835, attribué à saint Athanase, en contient des fragments, ainsi que la Fides Nicsena, P. G., t. xxxviii, col. 1639, et la Vie de Schnoudi, Paris, 1889. — 2° On a signalé des rapprochements entre la Didaché de Bryennios et des passages de l’Apologie d’Aristide, de saint Justin, de Tatien, de Théophile d’Antioche, de saint Irénée, des Oracles sibyllins, du Pseudo-Phocylides, de Tertullien, d’Origène, de Dorothée de Palestine ; ils sont assez vagues. Comme plus certains nous citerons les rapprochements entre des passages de la Didaché et les écrivains suivants : Clément Romain, II Cor., iii, 1, P. G., t. i, col. 333 = : Did., iv, 3 ; xvii, 3 = Did., i, 4 ; xx, 5 = Did., IX, 2 ; Hermas, Pasteur, Mand., il, 4-6, P. G., t. ii, col. 915 = Did., iv, 7 ; i, 5 ; Pseudo-Cyprien, De aleatoribus, iv, P. L., t. iv, col. 830 = Did., iv, 4 ; xiv, 2 ; xv, 3 ; Clément d’Alexandrie, Strom., i, 20, P. G., t. viii, col. S I r = Did., ni, 5 ; Quisdives salvus, 29, t. IX, col. 636= Did., ix, 2 ; Pseudo-Ignace, Ad Tral, vi, P. G., t. iii, col. 78 : 5 = Did., xii, "> ; Pseudo-Athanase, De virginitate, P.G., t. XXVIII, col. 266 = Did., ix, 2 ; Lactance, Epit. de div. Inst., ux, /’. /.., t. vi, col. 1085-1086 = Did., Ml. La sentence du chapitre i, : « Que ton aumône transpire d. milis mains, jusqu’à ce que tu saches bien àqui tu donnes, o se trouve dans saint Augustin, Jn Ps., en, 12 ; cxlvi, 17, /’. /.., t. xxxvii, col. 1326, 19J01911 ; Grégoire le Grand, Régula pastoralis, ni, 30, 7’. L.. t. i.xvii, col. 109 ; Cassiodore, Exp. in Ps. XL, P. L., t. i.xx, col.’rJ(i, Pierre Comestor, Hist. tchol., liber D uteronomii, c. v, /’. /… t. cxcviii, col. 1251 ; l’iers Plowman, B. vii, 73. De cel ensemble de témoignage il résulte que la Didaché a été surtout répandue pendant les premiers siècles de l’Église, qu’elle était con nue en Syrie, en Asie Mineure, mais surtout à Alexandrie. Elle se répandit jusqu’en Occident et paraît y avoir subsisté assez longtemps, tandis qu’en Orient elle di parait, remplacée par d’autres manuels, qui en sont un remaniement, adapté aux siècles qui les a vus naître. Il résulte aussi que la Doctrine des douze apôtres, qu’ont connue les premiers siècles, est bien celle qu’a publiée Mar Bryennios.

III. Intégrité. — « A part quelques passages du premier chapitre, dit Harnack, Die Apostellehre, p. 7, qui peuvent trahir une addition postérieure, nous devons affirmer l’intégrité de la Didaché. En fait, du IIe chapitre à la fin, on ne peut rien citer qui ne cadre avec l’ensemble du travail ; rien non plus ne paraît s’être perdu. Trois passages seulement offrent de véritables diflicultés d’interprétation (i, 6 ; xi, 2 ; xvi, 5). » Quant aux versets du chapitre i, 3 à ii, 2, ils ont en leur faveur la Didaché de Bryennios, les Constitutions apostoliques, Hermas, Clément d’Alexandrie, saint Jean Climaque et contre eux l’Epitre de Barnabe, les Canons ecclésiastiques, les fragments de version latine, le Syntagma doctrinse, qui omettent ces versets. Au point de vue interne, ces versets interrompent le cours logique des sentences et expriment des préceptes, qui trouveront ailleurs leur place naturelle. Qu’il suffise cependant d’observer que la Didaché, étant une collection de préceptes détachés, on ne doit pas s’attendre à voir ceux-ci rangés dans un ordre très rigoureux. Il reste donc probable que ces versets ont été dans notre document, dès qu’il a été constitué en dehors de la tradition orale.

IV. Caractéristiques de la Didaché.

Pour donnera ce document toute sa valeur dogmatique, il faut en déterminer la date de composition, afin de le replacer dans son milieu historique. C’est par l’étude de la langue et des sources de l’écrit, qu’on arrivera à ce résultat. — 1. Langue de la Didac/ié. Le vocabulaire et le style sont, à très peu de différences près, ceux du Nouveau Testament. Il y a en tout 2190 mots, dont 552 seulement sont différents, 501 se retrouvent dans le Nouveau Testament, 479 dans les Septante, et 497 dans le grec classique. Un seul mot, 7rpo<TsEojj.oXoysu>, confesser, xiv, 1, est particulier à la Didaché. La langue est le grec hébraïsant ; les mots sont grecs, mais le style et la pensée sont hébraïques. Les phrases sont courtes, sentencieuses, unies par une simple copule et sans développements incidents. Les hébraïsmes y sont nombreux et le parallélisme des sentences est assez souvent observé. — 2. Sources de la Didaché. Elle reproduit plus ou moins textuellement 10 passages de l’Exode, 8 du Lévitique, 3 des Nombres, 15 du Deutéronome, 3 de Néhémie, 4 de Tobie, 8 des Psaumes, 16 des Proverbes, 7 de la Sagesse, Il de l’Ecclésiastique, 4 d’Isaïe, et 9 des autres prophètes. Il aurait été fait au Nouveau Testament plus de deux cents emprunts, plus ou moins littéraux. Nous préciserons plus loin le nombre et l’exactitude de ces emprunts. On relèvera aussi dans la Didaché quelques passages qui rappellent d’assez près des sentences rabbiniques. En résumé, les sources de la Didaché sont juives et chrétiennes. En devons-nous conclure qu’elle est un document juif, auquel on a ajouté des préceptes chrétiens ? C’est l’opinion de Harnack, Realencyclopâdie fur protest. Théologie, t. i, p. 7 -J’» . Les Juifs avaient, dit-il, au I er siècle, ou peut-être avant, une instruction pour les prosélytes sous ce titre : -/.es deux voies : elle renfermait les passages t, I, 3 ; ti, 2-v, 2, et peut-être le chapitre vi de la Didaché. Les chrétiens se servirent de celle instruction comme manuel préparatoire au baptême. Un chrétien inconnu y ajouta le fragment i, 3-n, I, et quelques autres courts passages, de façon à modifier entièrement l’esprit de cet « ’cri t. Par l’adjonction des chapitres vii-xvi, le document devint spécifiquement chrétien. Il est possible qu’il ait existé au ie siècle de I ère chrétienne un recueil de sentences, prescrivant ce que l’homme devait faire et ce qu’il devait éviter et qu’il ait été établi d’abord par des Juifs ; mais la Didai hé, en utilisant ce recueil peut-être encore oral, l’a profondément modifié en le christiani-