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APÔTRES (LE SYMBOLE DES)


l’ensemble des vérités contenues dans le symbole, du reste de ta doctrine chrétienne, sous le nom de règle de foi, nostra doctrina cujus regulam supra edidimus, 21. S’il enseigne en général que la doctrine de l’Église vient des apôtres, ibid., il déclare plus spécialement que la règle de foi ou le symbole vient d’eux et qu’ils l’ont reçue du Christ.

Dans une des formules de foi, que contiennent les Constitutions apostoliques et qui appartiennent à la partie la plus ancienne de cet ouvrage, du milieu du 111e siècle, les apôtres, « enfants de Dieu et fils de la paix, » exposent le sommaire de leur prédication. L. VI, c.xi, P. G., t. i, col. 936 ; Hahn, § 9. Cette formule rapporte simplement l’origine apostolique du symbole, qu’elle présente comme la foi qu’ils prêchaient. Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., xviii, 32, P.G., t. xxxiii, col. 1054, appelle le symbole baptismal : àyia /.où àuoirtoXixy ] TtiiTTiç. Hahn, § 124. Saint Épiphane, Ancorat., 118, /’. G., t. xliii, col.232, recommande de conserver la sainte foi de l’Église, que celle-ci a reçue en dépôt des apôtres du Seigneur, et de l’inculquer diligemment à tous les catéchumènes qui se préparent au baptême. Hahn, § 125.

L’attribution du symbole romain lui-même aux apôtres est conslatée pour la première fois dans la lettre du concile de Milan au pape Sirice qui a déjà été citée plus haut. Voir col. 1661. Saint Jérôme, qui fut baptisé à Rome, connaît le symbole baptismal de cette Église. La formule qui n’est pas écrite sur du parchemin et avec de l’encre, mais seulement dans le cœur des chrétiens, ajoute-t-il, est d’origine apostolique : In symbolo fidei et speinostræ, quod ab aposlolis traditum non scribitur in charla et atramento, sed in labulis cordis carnalibus post confessionem trinitatiset unitatem Ecclesise, onme dngmatis christiani sacramentum carnis resurreclione concluditur. Contra Joan. Hierosol., 28, P. L., t. XXIII, col. 396. Saint Léonsemble faire allusion à l’origine apostolique du même symbole, lorsqu’il écrit : Catholici symboli brevis et perfecta confessio quse duodecim apostolorum tolidem est signata sententiis. Epist., xxxi, ad Pulcheriam, 4, P. L., t. i.iv, col. 79L Vers le même temps, le sacramentaire dit gélasien, qui, au moins dans son archétype, représente l’usage liturgique romain du vu » siècle, mais dont certaines parties sont de beaucoup antérieures, et notamment la liturgie de la traditio symboli, contient dans la préface qui prélude à cette traditio undéveloppementquisupposela même croyance : Suscipienles evangelici symboli sacramentum a Domino inspiratum, ab aposlolis traditum… Sanctus etenim Spiritus qui magistris Ecclesise isla diclavit…

Dans les Gaules, saint Hilaire de Poitiers, De synodis, n. 63, P. L., t. x, col. 523, félicite lesévêques ses collègues d’avoir retenu la foi parfaite et apostolique qu’ils avaient apprise à leur baptême et de n’avoir pas eu besoin de formules écrites, que les périls de la foi ont i milles nécessaires dans d’autres églises. En Afrique, Fulgence de Ruspe, Contra Fabianum fragmenta, 36, P. /, ., t. i xv. col. 822, 823, rapporte explicitement que le symbole est d’origine apostolique. Vigile de Tapse, Cunt. Eutych., iv, l, P. L., . lxii, col. 119, admettait pareillement que l’Eglise romaine avait reeu son symbole baptismal desapôlres eux-mêmes. En Espagne, Priscillien, Tract., [Il.édit. Schepss, Vienne, 1889, p. 49, affirme que le Christ a enseigné le symboleâ ses apôtres pour repousser l’erreur des ébionites. Nicétas, évêque de Hemesiana, dans la Dacie, rapporte la profession de foi baptismale à la tradition des apôtres. Dr Spiritus Sanctipnteniiii.il. 18, P.L., t. i.ii, col. 862. Cf. Es planai, symboli, n. 8, ibid., col. 870.

De cet ensemble de témoignages, il demeure incontestable que le symbole baptismal, soit dans sa forme originelle, soit dans la formule romaine OU d’autres formules apparentées, a été considéré comme provenant

des apôtres, au moins dans un sens large. Du reste, à défaut d’attestations explicites, on aurait pu le conclure rigoureusement en appliquant ; ’» la profession de toi baptismale la règle posée par saint Augustin, Epist., uv, ad Januar., i, 1, P. L., t. xxxiii, col. 200, que les traditions reçues dans le monde entier proviennent desapôlres.

2e forme. La rédaction elle-même de la formule du symbole a été attribuée aux apôtres. — Cette forme d’attribution apostolique circulait en Italie dès le IVe siècle. Rufin écrivait, vers 400 : « Nos anciens rapportent (traduni majores nostri) qu’après l’ascension du Seigneur, lorsque le Saint-Esprit se fut reposé sur chacun des apôtres sous forme de langue de feu afin qu’ils pussent se faire entendre en toutes les langues, ils reçurent du Seigneur l’ordre de se séparer et d’aller dans toutes les nations pour prêcher la parole de Dieu. Avant de se quitter, ils établirent en commun une règle de la prédication qu’ils devaient faire, afin que, une fois séparés, ils ne fussent pas exposés à enseigner une doctrine différente à ceux qu’ils attiraient à la foi du Christ. Étant donc tous réunis et remplis de l’Esprit-Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future prédication, mettant en commun ce que chacun pensait, et décidant que telle devra être la règle à donner aux croyants. Pour de multiples et très justes raisons, ils voulurent que cette règle s’appelât symbole. » Comment, in symbolum apostolorum, 2, P. L., t. xxi, col. 337.

L’Explanalio symboli ad iniliaiulos, que, à la suite de Caspari et de Harnack, nous avons considérée comme l’œuvre de saint Ambroise, et qui est en toute hypothèse un document italien, au sens indiqué plus haut, attribue aussi fermement que Rufin la rédaction du symbole aux apôtres eux-mêmes : Si unius apostoli scripturis nihil est <letrahendum, quomodo nos symbolum, quod accepimus ab aposlolis traditum atque composition, commaculabimus ? P. L., t. xvii, col. 1155.

Rufin rattachait cette tradition des anciens au symbole romain ; elle n’a cependant ni témoin romain ni attache romaine. Comme les Constitutions apostoliques, vi, 14, P. G., t. i, col. 915 ; Hahn, § 10, contiennent avec des détails analogues une doctrine catholique, y.aSoXr/.ïjv SiSacrxaXiav, composée par les apôtres réunis, on a pensé que Rufin avait tiré cette tradition, sinon des Constitutions apostoliques elles-mêmes, du moins de la Didas calia apostolorum, d’origine syrienne, dont leur sixiè

livre n’est qu’une adaptation. Celle conclusion est d’autant plus vraisemblable qu’il a existé’, vers le IVe siècle, une version latine, probablement d’origine milanaise, de cette Didascalia. E. Hauler, Didascaliæ apostolorum fragmenta, Veronensia lalina, Leipzig, 1900. S’il en (’tait ainsi, la tradition, qui attribue la rédaction de la formule du symbole aux apôtres réunis à Jérusalem, aurait pris naissance dans la littérature pseudo-apostolique du ine siècle. Zahn, Neuere Beilriige zur Gescbichte des Apost. Symbolum, p. 215, cité par Burn, p. 316.

Cette croyance à la rédaction du symbole par les apôtres s’est perpétuée et popularisée. Elle a été admise au ve siècle, par saint Maxime de Turin, Hom., lxxxiii, /’. L., t. i.vii. col. 433 : par Cassien, De incarnatione Domini, VI, 3, /’. L., t. i, , col. 147-149, et par Fauste de Riez, Hom. de symbolo, dans Mo. lima bibliotheca vet. Patrum, Lyon, t. i, p. 627 ; au vu", par saint Isidore de Séville, De of/iciis eccl., ii, 23, /’. /.., I. LXXXIII, col. 8l5, 8l(i, et par saint Ildefonse de Tolède, Liber adnotat. iic cognitione baplismi, 32, P. /.., t. xevi, col. 126, et au viiie, par Elbérius et IJealus. édv. Elipandum, I, 22. dans Maxima bibliotheca rricrum Patrum, Lyon, t. xiii, p. 359 ; 11. dm, §56. On précisa même lesdonnées premières : chaque apôtre devint l’auteur d’un des douze articles. Pierre avait édicté le premier, André’le second, Jacques le troisième, .le.m le quatrième, et ainside suite, l.e représentant le plus ancien de cette évolution est le ./., c(.i., du pseudo-Augustin, /’. /., i. xxxix. col. 2189,