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APÔTRES (LE SYMBOLE DES)


f ;)it par lui, qu’il est descendu pour nous des cieux et a été fait chair, sont des paraphrases qui dépendent du symbole de Nicée.

A ce compte, le symbole syro-palestinien tel que nous venons de le reproduire ne serait pas antérieur à la définition nicéenne. De fait, nous possédons des spécimens de symboles orientaux antérieurs à la définition nicéenne, par exemple une profession de foi de saint Grégoire le Thaumaturge, Hahn, § 185 ; mieux encore, une profession de foi d’Arius datée de 321 environ, Hahn, § 186 ; autant d’Alexandre évêque d’Alexandrie à la même date, Hahn, § 15 ; autant de l’auteur du dialogue De recta in Deum fuie, aux environs de l’an 300. Hahn, § 14. Or dans aucun de ces symboles, nous ne trouvons l’unité de type qui caractérise les symboles postnicéens. Comprend-t-on d’ailleurs, dirons-nous avec M. Harnack, que dans tout le cours du IVe siècle les Églises orientales eussent avec tant de facilité reçu ou abandonné tant d’essais de formulaires, si elles avaient possédé un vieux symbole traditionnel, comme en possédaient un les Églises latines ? Les critiques récents conjecturent de là que les Orientaux n’ont pas connu de symbole fixe au iue siècle ; que sur la fin du iiie sièc’e, « peut-être dans l’école de Lucien, » dit M. Harnack, « en tout cas, en pays syro-palestinien, » on a commencé de connaître et d’apprécier le symbole romain.

Malheureusement, ces conjectures, pour être plausibles, devraient au préalable indiquer quelle circonstance amena l’introduction du symbole romain dans le cercle des Églises syro-palestiniennes à la fin du iiie siècle, car entre le concile d’Antioche qui condamna Paul de Samosate et le concile de Nicée qui condamna Arius, il ne se manifeste pas de circonstance capable d’amener cette introduction. Et d’autre part, pour attribuer dans cette introduction quelque rôle à Lucien, il serait bon de posséder une profession de foi authentique de Lucien, celle qui lui est attribuée par le concile d’Antioche de 341, Hahn, § 154, étant généralement tenue pour pseudépigraphe. Au contraire, on ne peut qu’être frappé du synchronisme qui fait qu’avant le concile de Nicée l’influence du symbole romain est nulle sur les professions de foi orientales, mais que, immédiatement après le concile, cette influence se manifeste : c’est ainsi que nous avons deux professions de foi d’Arius, l’une antérieure au concile, Hahn, § 186, l’autre postérieure au concile, Hahn, $ 187, et que la première ne présente nulle trace du symbole romain, au contraire de la seconde qui est d’accord avec le type du symbole syro-palestinien décrit plus haut. Il y aurait donc plus de vraisemblance à supposer que le symbole romain fut introduit à Nicée même comme un formulaire dans lequel tous les Orientaux ne pouvaient avoir aucune difficulté à reconnaître leur foi traditionnelle, et que l’œuvre du concile consista à ajouter aux articles du symbole romain les développements christologiques qu’appelait la question arienne. Voyez la lettre d’Eusèbe à ses fidèles de Césarée, dans Socrate, II. E., I, 8, jP. G., t. LXVII, p. 69, qui appuie noire conjecture.

Quoi qu’il en soit de cette vue, nous inclinons à penser avec quelques critiques récents, que l’opinion a’e ; l pas motivée qui croil retrouver eu Orient, antérieurement à l’an 300 et en remontant jusque vers l’an 100, un type de symbole que l’on veul localiser en Asie Mineure, et dont la formule romaine procéderait < à titre de fille ou de sieur » . ( tu crée cette illusion en extrayant lint Ignace, de saint Justin, île saint [renée, les diverses expressionqui s.’rencontrent dans le symbole romain et des variantes a ces expressions, pour conclure à l’existence d’un symbole apparenté au symboli rnain : c’est là une méthode artificielle. Sûrement, on sera frappé d’entendre saint Justin dire : - ?ntgîç iirivvw|Mv

X&’.tt’jv uibv 0 : vj mavpujŒVra v.% : àvïTTavTï y.a’i àv :)/, -X’jÛùtoc Et ; tci’j ; ovpavoùc >.-x : JtâXiv jrapaYSvi, ff6(Mvov

xptTY|v…, Dialog., 132, etparcilles expressionsen d’autres passages du même, Dialog., 85, Apol., i, 21, 31, 12, 46, 61 : mais de là à supposer un document aussi déterminé que le symbole pour expliquer des expressions qui ont pour source plus naturelle le Nouveau Testament, il y a d’autant plus loin que saint Justin ne témoigne nulle part de l’existence d’un tel document, ni ne présente aucune trace de la forme pour ainsi dire cristallisée du symbole. Ce que nous disons de saint Justin, Hahn, § 3, mieux encore le peut-on dire de saint Ignace, Hahn, § 1 ; d’Aristide, Hahn, §2 ; de Noet, Hahn, § 4 ; de saint Irénée, Hahn, §5 ; d’Origène, Hahn, §8.

Les Orientaux n’avaient-ils donc rien qui ressemblât au symbole baptismal de l’Église romaine’? Ils devaient avoir pour le baptême, pour la liturgie de la redditio symboli, une formule beaucoup plus brève que le symbole romain : on en trouve trace dans la XIXe catéchèse de saint Cyrille et on peut la ramener, ux termes suivants : IL<rrej(oe !  ; … iraxspa y.a’t sî ; vôv -jlôv xai Et ; va TCveOjia to âycov xae !  ; ev ëÎ7m<x[ia [ASTOcvot’a ; e !  ; à ?satv àîj.apTiwv. Burn, p. 67.

M. Harnack pense que l’on peut inférer des textes de saint Ignace, de saint Justin, de saint Irénée, qu’il existait une sorte de résumé catéchétique de la foi chrétienne qui ne pouvait que ressembler au symbole romain. Pe fait, Eusèbe, dans la lettre citée plus haut, communiquant à ses fidèles de Césarée le symbole adopte pat 1 te concilede Nicéeet le symbole qu’il avait lui-même proposé d’adopter, l’un et l’autre symbole ayant pour base le symbole romain, Eusèbe n’hésite pas à l’écrire en têtedu second : « Conformément à ce que nous avons reçu des évêques nos prédécesseurs, conformément à ce que nous avons appris des divines Écritures, conformément à ce que dans le temps où nous étions prêtre comme depuis que nous sommes évêque nous avons cru et enseigné’. .. » Or ce symbole eusébien n’est pas le symbole de l’Église de Césarée, comme d’ailleurs le donne à entendre la suite de la lettre. Il faut donc admettre que la catéchèse baptismale de Césarée s’accordait avec ce symbole, tout en étant conçue autrement. Ainsi se confirme l’induction que les Orientaux n’avaient pas proprement de symbole analogue au symbole romain, et, comme dit M. Harnack, « qu’il était réservé- à l’Église romaine d’avoir créé le symbole et avec lui la base de tous les symboles ecclésiastiques. » C’est aussi la conclusion de Kattenbusch, t. i, p. 388-392.

VI. Le symbole romain avant l’an 200. — En suivant le symbole romain au ive et au iiie siècle, en remontant jusque vers l’an 200, nous avons noté- que, entre le symbole romain et le symbole de Tertullien, il existait une variante dans le premier article. Cet article, à Home, au IIIe siècle, était ainsi rédigé : Credo m Dt’uin patrem omnipotentem : c’est la leçon de Novatien et du pape Denys. Tertullien. au contraire, lisait : Cpedo in unicum (ou unum) Deum omnipotentem. M. Zahn a pris prétexte de cette différence pour conjecturer que, au début du ni’siècle, le symbole romain avait dû subir une correction : on y aurait supprimé utticum ou Timnn et introduit patrem, de peur de prêter à une interprétation monarchienne. Zahn, Dos apostolische Symbolum, Leipzig, IS ! t : >, p. 22-30. Dom Bàumer admet aussi cette modification. Op. rit., p. 114-127.

L’hypothèse de M. Zahn s’accorderait bien avec les circonstances historiques. Il y eut, en effet, à Rome, dans les premières années du nr siècle, une vogue passagère de monarchianisme, bientôt suivie d’une vive réaction. Cette vogue se rattache à renseignement à du personnageque les Philosophoumena appellent Kpigone.ei Tertullien, Praxéas : il a pour disciple ou pour continuateur Sabellius, qui baptisera de son nom propre

le monarebianis Tertullien donne une idée de la

propagande monarchienne à Rome : SimpUce* quiçue, ne dixerim imprudentes et idiotie, quae mijorsemper