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APÔTRES (LE SYMBOLE DES)

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niens de l'époque vandale, Hahn, §48, et du sermon ccxv de saint Augustin, Hahn, § 47, qui est un commentaire du symbole africain, au lieu que les autres catéchèses de saint Augustin, Serm., ccxii, ccxiii, ccxiv, commentent le symbole de l'Église de Milan, dans laquelle Augustin avait été baptisé, c’est-à-dire le symbole romain ancien.

Des observations qui précèdent, on peut conclure que le texte reçu ou gallican s’est formé entre le milieu du IVe siècle et le milieu du Ve d’accessions accidentelles, qui se sont trouvées arrêtées, à peu près ne varietur, entre les mains de saint Césaire d’Arles (-j-543). Plus tard, il pénétra à Rome même et y supplanta dans la liturgie le texte ancien romain. On ne peut déterminer la date exacte de ce changement. Le sacramentaire gélasien place dans la liturgie de la traditio symboli le symbole de Nicée, comme si, un temps, on avait remplacé le vieux symbole romain par le symbole grec. Puis, ce symbole grec fut lui-même remplacé par le symbole gallican : c'était accompli au IXe siècle, comme en témoigne VOrdo romanus du temps du pape Nicolas 1 er (858-867), récemment étudié par dom Morin, Revue bénédictine, 1897. Sur l’influence qui revient à Milan dans la propagation en Occident du texte reçu de préférence au texte romain, voyez F. Kattenbusch, Das apostulische Symbol, Leipzig, 1894, t. i, p. 197-199.

IV. Le texte ancien ou romain au iv « et au IIIe siècle. — On a du symbole romain un texte grec dans une lettre de Marcel d’Ancyre au pape Jules qui date de 337 et que nous a conservée saint Épiphane, Heer., lxxii, 3, P. G., Lxlii, col. 385. Hahn, § 17. Pareil texte grec se rencontre dans un manuscrit latin du British Muséum, le soi-disant Psalterium Athelstaiii, du IXe siècle. Hahn, § 18. Le texte latin est représenté par VExplanaliu symboli ad initiandos, attribué autrefois à saint Maxime de Turin et que Mai et Caspari ont restitué à son véritable auteur, saint Ambroise, d’une manière à peu près certaine. Hahn, § 32. Il est représenté pareillement par le Commentarius in symbolum apostolorum de Rufin. Comme manuscrits, le plus ancien est un manuscrit de la Bodleyenne à Oxford, le Laudianus 35, du vie -vne siècle. Hahn, § 20. Cf. Kattenbusch, p. 59-78.

Rufin (vers 400)et saint Ambroise attestent plus encore que le texte, car ils témoignent que ce texte était romain d’origine et d’usage. Rufin écrit : Illud non importune commonendum pulo, quod in diversis ecclesiis aliqua in lus verbis inveniuntur adjecta. In ecclesia iamen urbis Romm /toc non deprehenditur faclum, quod ego propterea esse arbitror, quod neque hseresis ulla illic sumpsit exordium, et mos ibi servatus anti<7uus eos qui gratiam baptismi suscepturi sunt publiée, id est fidelium populo audiente, symbolum reddere ; et ulique adjectionem unius sallem sermonis, eorum qui prxcesserunt infi.de non admittit auditus. Connu. in symb., 3, P. L., t. xxi, col. 339. A son tour, saint Ambroise : Si unius apostoli scripluris nihil est detrahendum, nihil addendum, queniadmodum nos symbolo quod accepitnus ab apostolis traditum atque compositum nihil debemus detrahere, nihil adjungere. Hoc autetn est synibolum quod Roniana ecclesia tenet, ubi primus apostolorum Petrus sedit et communem sententiam. eo detulit. Explanal. symb., P. L., t. xvii, col. 1158. Rapprochez de ces textes de Rufin et d’Ambroise, le prologue de la lettre du pape Innocent I er à l'évéque d’Eugubio, en 4lfi. Jaffé, n. 311.

Du même coup l’on voit l’autorité dont jouissait le symbole romain à Aquilée, à Milan, sur la fin du IVe siècle. Il est bien remarquable que, en Afrique même, saint Augustin le commentait de préférence au symbole africain. Mieux encore, si nous comparons le symbole romain aux symboles divers que l’on peu ! graphiquement distinguer, — symbole ilalien, en désignant par Italie le diocèse métropolitain de Milan, lequel

DICT. DE TIIÉOL. CATII.

englobe à la fin du iv » siècle Ravenne et Aquilée ; ce symbole est représenté par les citations de saint Ambroise, de saint Augustin, de saint Maxime de Turin, de saint Pierre Chrysologue, de Rufin, Hahn, § 32-36 ; — symbole africain, représenté par Tertullien, Vigile de Tapse, Augustin, Fulgence de Ruspe, Facundus d’Hermiane, Hahn, § 44-51 ; — symbole espagnol, représenté par Priscillien, Martin de Braga, Hahn, § 53-54 ; — symbole irlandais, représenté par l’antiphonaire de Bangor, vne siècle, et le Book of Deer, ix° siècle, Hahn, § 76-77, cf. Kattenbusch, t. i, p. 78-152 ; — on est amené à généraliser la conclusion établie pour le symbole gallican, à savoir que ces symboles particuliers sont construits sur le même modèle que le symbole romain, puisqu’ils ont tous en commun certains éléments fondamentaux et qu’ils donnent à ces éléments un même ordre. L'évolution de ces symboles a consisté à se prêter à des surcharges, si bien que plus un symbole est récent et plus il est développé, plus il est court et plus il se rapproche du symbole romain. A omnipotentem, Aquilée ajoute la surcharge invisibilem et impassibilem ; en Afrique » on ajoute universorum c.realorcm, regem sseculorum immortalem et invisibilem ; l’antiphonaire de Bangor ajoute pareillement invisibilem omnium creaturarum visibilium et invisibUium conditorem. Ce même anliphonaire ajoute à Spiritum sanctum la surcharge Deum omnipotentem, unam habenlem subslanliam cum Pâtre et Filio. Et il développe ainsi vitani seternani : Credo vitam post morlem et vitani œternam in gloria Christi. Ainsi des autres additions propres à ces divers symboles. M. Harnack, dont nous suivons ici pas à pas la démonstration, conclut : « Si l’on réduit tous les symboles occidentaux à un archétype, d’où l’on élimine tous les termes sur lesquels ces symboles diffèrent, on obtient sans difficulté le symbole romain. » Il suit de là que « le symbole romain est la racine de tous les symboles occidentaux » , et que ce symbole « doit être notablement plus ancien que le milieu du III siècle » .

On en a la confirmation par ailleurs. Nous possédons, en elfet, le De Trinilale de Novatien (vers 260). Novatien est du clergé romain, il doit se servir du symbole romain. De fait, on relève dans son De Trinitate des éléments du symbole romain et présentés dans une forme analogue à celle du symbole romain, Hahn, S 1 1 :

Régula exigit veritatis ut primo omnium credamus in Deum patrem et dominum omnipotentem.

Eadem régula veritatis docet nos credere post Patrem etiam in filium Dei Christum Jesum dominum Deum nostrum…

Sed enim ordo rationis et fulei auctoritas digestis vocibus et litteris Domini admonet nos post hsec credere etiam in Spiritum sanctum…

On rapprochera utilement de ces citations de Novatien, les citations suivantes. Le pape Félix (269-274) écrit à l'Église d’Alexandrie : « Sur l’irwarnalion du Verbe et sur la foi, te ; <tt£ Jou, sv et ; rôv x’jpiov r, i.i<iiv 'IïjtoOv Xpiorbv tbv êx tyj ; TtapOÉ/O’j Mxpîx ; "fevv » ]8 ! vT(X… » P. G., t. v, col. 155 ; Jaffé, n. 140. Le pape Denys (259-269) écrit dans un traité contre les sabelliens : Hs-tTrs’jxfvai /pr| et ; 8îbv Ttatépa itavroxpâropa, xa st ; Xotarov 'IijitoOv tôv j’tôv aÙToO, xai et ; x’o àyiov 7cve0|/.x… P. G., t. XXV, col. 465 ; Jaffé, n. 136.

Les éléments fournis par ces textes du ine siècle permettent d’induire que le symbole de l'Église romaine, au ine siècle, diffère de ce que nous l’avons vu être au ive en quelques détails.

Le premier article porte toujours Deum patrem omnipotentem, mais le second ne qualifie pas le Sis de Dieu d’unique, unicum. Noions que unicum dans le symbole romain ne représente pas v>% du symbole nicéen, ïva x-jptav opposé' à ïrx 8s6v : unu-inn est la Iransrription latine de iiovoytVTj que nous lisons dans le texte grec du symbole romain. Hahn, § 17. 18. 24, 26, 27. 28. : io. Comment un tel prédicat du Fils m. m [Ue-t-il à Novatien,

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