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APOSTOLIQUES (PÈRES)


par les œuvres et non par des paroles, spyoi ; 81xaio0[j.svoi xoù [AT, Xd-yoïç, I Cor., xxxi, p. 08 ; et il conclut : èÇ SXr| ; ttj ; ia^ûoç f|(jLû>v èpfauaifjieôa é'pyov 81xaioavv~/](. 7 Co>'., xxxiii, p. 102. Saint Ignace recommande d'éviter l’erreur, de conserver la foi dans son intégrité et de faire le bien. Polycarpe ajoute à la mari ; la nécessité de la Stxaiouijv/), justice, explique-t-il, qui ne saurait se réaliser que parles œuvres., 4 d Pliil., ix, p. 276. Quant à liermas, il est tout entier à assurer le salut par la fidélité scrupuleuse aux commandements. Mandat., i-xii. C’est ainsi que les Pères apostoliques unissent l’enseignement de saint Jacques à celui de saint Paul.

L’homme, qui est pécheur, doit avant tout se faire pardonner ses péchés. Il a pour cela le baptême, qui, en effet, remet tous les péchés, Barn., XI, p. 31 ; transforme son âme et fait de lui une créature nouvelle. Barn., xvi, p. 50. Il a aussi la pénitence, [xerâvota, qui est le changement de l'âme, la réforme de l’intérieur, le renouvellement moral des sentiments, des idées, des mœurs, et sur laquelle revient sans cesse Hermas. Il est vrai qu’Hermas n’admet qu’une seule pénitence, Mandat., IV, I, p. 391, celle du baptême, où se fait la rémission des péchés, ibid., i, 3, p. 396, après laquelle le chrétien, redevenu pécheur, ne pourra pas recourir efficacement à une autre et éprouvera beaucoup de difficultés pour vivre. Mais, à la Similitude ix, au sujet des pierres qui entrent dans la construction de la Tour, c’est-à-dire au sujet de ceux qui composent l'Église, il dit que quelques-unes, après avoir été insérées, sont rejetées pour faire pénitence. Mais comme ces hommes n’ont été insérés que parce qu’ils portaient le nom de Dieu ou le sceau du baptême, il s’ensuit qu’il doit y avoir une seconde pénitence, distincte de celle du baptême, et capable de l’aire réintégrer les pierres dans la construction de la Tour, c’est-à-dire les pénitents dans le sein de l'Église. Et c’est ainsi que saint Ignace affirme que tous ceux qui reviennent par la pénitence à l’unité de l’Eglise seront à Dieu. Ad Philad., ni, p. 226.

3. L’Eglise.

Aux yeux des Pères apostoliques, l'Église est un chœur où chacun doit donner sa note dans le concert harmonieux de tous pour chanter avec Jésus-Christ les louanges du Père, Ignace, Ad Eph., ïv ; un corps moral, le corps mystique de Jésus-Christ, Clément, 1 Cor., XXXVIII, dontcliaque fidèle est un membre. Ignace, Ad Trall., xi. L'Église est une par l’unité de la foi et du gouvernement ; unie au Christ comme le Christ l’est au l'ère, Ignace, Ad Eph., v ; et pas d'Église sans évêque, prêtres et diacres. /kJÎYaZL, ni. Cette unité a pour s mbole le pain eucharistique, fait de grains auparavant dispersés, Didachr, ix, et le repas eucharistique, Ignace, Ad Philad., iv. Elle estsainte, comme la qualifie Hermas, Vis., i, 1, 3 ; iv, 1. Elle est catholique, c’est-à-dire universelle, ainsi que le proclame pour la première fois saint Ignace, qui nous donne cette formule expressive : finou à'v 5j Xpiaxo ; 'IyjtoGç, exel r { xaÛoXixr) 'ExxXpaca. A dSm i/m., vu i, p. 240. Elle est apostolique enfin, car tous ces Pères sont 1 écho authentique de la tradition des apôtres. Hermas la compare à une tour bâtie sur les eaux (le baptême), où les fidèles qui entrent dans sa construction sont 1rs vrais fidèles qui ont soin d’ajouter le : bonnes œuvres à la foi, Pis., M, 3 ; bâtie sur la pierre, n’ayant qu’une porte d’entrée, le Fils de Dieu, composée df plusieurs pierres, mais si fortement cimentée qu’elle parait monolithe. Simil., ix, 12 et 13.

4. Le ministère chrétien.

Si la foi assure l’unité de lise, c’est le ministère chrétien qui maintient l’unité

de la foi. La Didaché nous montre des ministres de la île, tels que les apôtres, les prophètes, les didas. sorte de missionnaires itinérants, sans résidence fixe, pid., xiv, et des ministres du sacrifice public, plus spécialement de |n litnrtrie eucharistique, les évéques et les diacres, ibid., xv. sans qu’on puisse nettement déterminer leur ordre hiérarchique. Cependant elle rattache

au sacrifice eucharistique le choix de ces derniers. Ceux-ci ne sont donc pas exclusivement des administrateurs temporels, des économes, ni même de simples prédicateurs de la parole. Ils sont avant tout les ministres de la liturgie eucharistique, ce qui ne doit pas les empêcher de remplir au besoin le rôle des prophètes et des didascales. Clément de Rome prend pour exemple l’ordre qui règne dans l’armée, dans le corps humain, pour légitimer celui qui doit régner dans le corps du Christ. Or, jadis, les oblations et les sacrifices incombaient au souverain pontife, aux prêtres et aux lévites de l’Ancien Testament ; désormais la upoucpopâ et la XeiToupyia doivent incomber à la nouvelle hiérarchie, à trois degrés comme l’ancienne. I Cor., xxxvii-xl. Cette hiérarchie est d’origine divine, car Dieu a envoyé le Christ, le Christ a envoyé les apôtres, et les apôtres ont envoyé leurs successeurs. 1 Cor., xlii. Quant au nom propre du chef de cette hiérarchie, peut-être n’y en a-t-il pas encore d’exclusivement consacré par l’usage, mais Clément laisse entendre que ce doit être celui de èTiiirxo’Tto ;, car l'é7tiaxo7rij excite l’ambition. 1 Cor., xuv. Et c’est bien de l'épiscopat monarchique et unitaire, au sens actuel du mot, ainsi que de la hiérarchie à trois degrés, composée de l'évêque, des prêtres et des diacres qu’il s’agit. Saint Ignace ne permet pas d’en douter. Il a vu en passant l'évêque de Philadelphie ; il reçoit la visite de celui de Tralles, de Magnésie et d'Éphèse ; il séjourne chez celui de Smyrne ; et il est lui-même évêque d’Antioche. Or, à ses yeux, l'évêque, c’est Dieu, Ad Eph., vi, le type du Père, Jésus-Christ, Ad Trall., ni ; le remplaçant, le familier, le ministre de Dieu, Ad Polyc., i ; celui qui préside à sa place, Ad Magn., i ; celui qui est le centre de l’unité, la garantie de l’ordre, la sauvegarde de la vérité ; celui qui personnifie l'Église ; car là où est l'évêque, là est l'Église : otiou av çavi, ô èîtîffxoitoç, ixeï t’o ïtXfjôuK ëctto), de même que là où est le Christ, là est l'Église catholique. AdSmyrti., viii, p. 240. A côté et audessous de l'évêque se placent les prêtres qui composent son presbylerium, Ad Eph., ii, xx ; Ad Trall., vii, xiii ; AdMagn., vu ; sonsénatapostolique, 14dJ/a<7 « ., vi ; unis à lui comme les cordes à la lyre, /l</ Eph., ; et chargés de le réconforter. Ad Trall., xii. Enfin viennent les diacres, ministres des mystères de Jésus-Christ, Ad Trall., ii, et collaborateurs de l'évêque. Ne rien faire en dehors de l'évêque ; lui obéir en tout ; être soumis à l'évêque et à son presbylerium ; ne faire qu’un avec l'évêque, les prètresetlesdiacres.yld il/ag « ., xin ; Ad Trall., vu j Ad Philad., iv, vu ; Ad Smyrn., viii. Cette unité étroite garantit l’unité de la foi et assure la pureté de la doctrine. Le recrutement de cette hiérarchie se fait par l’ordination, par l'£7t£6E(71 ; tûjv xe 'P tiv ^a Oidaché parle du choix des candidats à l'épiscopat et au diaconat, et se sert du mot yeipo-ovîa. Did., xv, p. 42. Mais ce terme n’implique pus encore le double sens de choix et d’ordination. Il indique simplement la part de la communauté dans la désignation des candidats ; aux chefs était réservé le droit de ratifier ce choix et d’imposer les mains aux élus. Saint Clément écrit : « Nos apôtres apprirent de Notre-Seigneur qu’il y aurait des rivalités au sujet de l'épiscopat. A cause de cela, doués d’une prescience parfaite, ils établirent Ttpoetpr)(tévov « (c’est-à-dire ceux dont il vient de parler et qui correspondent au souverain pontile, aux prêtres et aux lévites de l’ancienne loi). ils ordonnèrent ensuite qu’après la mort de ces derniers, d’autres hommes éprouvés fussent chargés de leur ministère. Ceux donc qui ont été établis pareui ou ensuite par les autres hommes distingués avec le consentement de toute l'Église, etc. » l Cor., xuv, p. 116. Voilà l’ordre de succession : à la communauté, le choix ou plutôt la nation des candidats ; aux chefs constitués, la ratification et l’ordination.

Reste à savoir si. en dehors de cette hiérarchie à trois degrés propre à chaque église, il n’y a pas un évêque