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APOLLINAIRE LE JEUNE — APOLLONIUS DE TYANES

Valentin fut le chef ; l’autre, sous Timothée, poussant jusqu’au bout les conséquences de la théorie du maitre. Outre lime raisonnable, les apollinaristes Inodérés refusaient au Sauveur l’âme sensible, 45yr. Les autres allaient jusqu’à soutenir, avec certains docètes, que le corps même de Jésus-Christ était descendu du ciel, en sorle qu’après tout, l’humanité du Sauveur sévanouissait, absorbée complétement par la divinité. Nombre d’apollinaristes rentrérent dés #16 au giron de l’Église. Les sectaires obstinés se fondirent plus tard avec les monophisites.

Dræseke. Apollinarios von Laodicea, sein Leben und seine Schrifien, nebst einem Ankung : Apollinarti Laodiceni quæ supersunt dogmatica, in-8°, Leipzig, 1892 : Batiffol, La littérature grecque, 2° édit., in-42, Paris, 1858, p. 280-284. 327-329, Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franç.. Paris, 4899, t. 11, p. 1620 : Id. art. Nonnus aus Panopolis, dans le Kirchenlexikon, 1895, t. 1x, p. 446 ; Voisin, L’apollinarisme, Louvan, 41 ; Lietzmann. Apollinars von Laodicea und seine Schule, 1903.

P. Goner.

1. APOLLONIUS, anti-montaniste. Écrivain ccclésiastique du temps de Commode et de Septime Sévére, entre 180 et 210 ; grec d’Orient, et vraisemblablement de la province d’Asie, car il est très au courant des origines chrétiennes d’Éphése ainsi que des faits et gestes des montanistes de Phrygie ; peut-être même évêque d’Ephese, si l’on pouvait accepter ce qu’en dit l’auteur du Prædestinatus, 26, P. L., t. LI, col. 56 ; mais le silence d’Eusèbe rend fort douteux ce témoignage. Évéque ou non. Apollonius prit en mains la défense de \’Église contre l’hérésie de Montan, à la suite de Zotique de Comane, de Julien d’Apamée. de Sotas d’Anchialus, d’Apollinaire d’Hiérapolis, et composa un ouvrage, cité par Eusébe, H. E., v. 18, P. G., 1. xx, col. 456, et loué par saint Jérôme, De vir. ill, xz, P. L., © xx, col. Goo.

Cet ouvrage est perdu : on en ignore même le titre ; on sait du moins qu’il dévoilait la fausseté des prophéties montanistes, racontait la vie peu édifiante de Montan et de scs prophétesses, ainsi que leur suicide, et faisait connaitre quelques-uns des adeptes de la secte, entre autres l’apostat Thémison ct le pseudo-martvr Alexandre ; le premier, aprés avoir échappé au martyre à prix d’argent, s’était posé en novateur, avait adressé à ses partisans une lettre à la maniere des apôtres, et finalement avait blasphémé contre le Christ et son Eglise : le second, voleur notoire, publiquement condamné à Éphèse par le proconsul d’Asie, se faisait adorer comme un dieu. Nous savons par Eusébe qu’Apollonius parlait, dans son ouvrage, de Zotique, qui avait essayé d’exorciser Maximilla à Pépuse, mais en avait été empêché par Thémison. et de l’évêque martyr Thraséas, un autre adversaire du montanisme. Très probablement il devait y signaler le mouvement de réprobation qui suscita contre la secte la réunion des premiers synodes. En tout cas il y rappelait la tradition, d’après laquelle NotreSeigneur aurait recommandé à ses apôtres de ne point s’éloigner de Jérusalem pendant les douze premières années qui suivraient son ascension ; tradition connue de Clément d’Alexandrie, qui l’emprunta à la Predication de l’ierre, Strom., vi, 5, P. G., t. 1x, col. 264. 11 y rappelait encore le miracle de la résurrection d’un mort à Ephése, opéré par l’apôtre Jean, dont il connaissait et citait l’Apocalypse. Il prit ainsi rang parini les adversaires du montanisme, à côté de l’Anonyme d’Eusebe, 41. E., v, 16, 17, P. G., t. xx, col. 464 sq., de Miltinde et d’Apollinaire.

Son ouvrage constituait « une ahondante et excellente réfutation du montanisme » , dit FEusebe, lac. cit. ; saint Jérome le qualifie de insigne et longum volumen, doc. cit. Aussi fut-il loin de passer inaperçu ; il causa méme un certain émoi dans le camp montaniste ; car Tertullien sentit le besoin d’y répondre. En effet, à la suite de ses six livres, Περὶ ἐκστάσεως, où il faisait l’apologie des phénoménes exlatiques, au tnilieu desquels les prophétesses de Montan se mettaient à prophetiser, il composa un septieme livre, plus spécialement consacré à rcfuter Apollonius, et le rédigea en grec pour étre mieux à portée d’étre compris des montanistes d’Asie. La perte de l’attaque d’Apollonius et de la riposte de Tertullien nous empèche de nous faire une idée de cæ qu’était la controverse au commencement du i° siécle. Eusèbe, H. E., v, 18. P. G., t. xx, col. 476 : S. Jérôme, De vir. il, x1, P. L., t. xxui, col. 655. Routh, Relig.sacr..t.1, p AS 6q G. BAREILLE.

2. APOLLONIUS (saint), martvr romain sous le règne de Commode (180-192) ; littérsteur et philosophe distingué, selon Eusébe, FH. E., V. xx. P. G., t. xx. col. #5 ; sénateur, selon saint Jérôme, De vir. ill, xeu, P. L., t. xx, col. 657 ; Epist., Lxx, ad Magnum, P— L, , t. xx, col. 667. Il prononça devant le Sénat une très Lelle apologie de la foi chrétienne et n’en fut pas moins condamné à mort. Euséle nous apprend qu’il avait instré les actes et le plaidoyer du saint martyr dans ses Antiquorum martyrum passiones, aujourd’hui perdues. M. Convbeare (1893) a retrouvé ces actes dans un recueil arménien publié à Venise en 1874 et les bollandistes en ont découvert un texte grec à la Bibliothéque nationale. Analecta bollandiana. t. x1v, 1895, p. 284-995. Cette apologie, d’une si noble simplicité, est une admirable peinture de la foi et de la morale chrétiennes. Au Mart\rologe, 18 avril.

F. C. Cunvheare, Apollonius’apology and acts and other monuments of early christiani’y, in-8°, Londres, 184 : A : Harnack, Der Process des Christen Apollonius vor dem ræmi Schen Senat. dans les Sit : ungsberichte der kôn. preuss. Akademie der Wissen., 1893, p. 721-746 ; A. Hilgenfeld, Apollonius von Rom, dans la Zeitschrift jüur wissenschaftt. Theol, 1894. t.1, p. 58-M ; Th. Mommsen, Der Process des Chrisien Apollonius, dans les Süzungsberichte der kôn. preuss. Akademie der W’issen., 1894. p. 4897-53 : Th. Klette. Der Process und dic Acta S. Apollonii, duns Terte und Unters.. Leipzig. 4897. t xv. fase. 2 ; A. Ehrhard, Die alchris’. Litteratur und ihre Erforschung von 1885-1900. dans Strassburger thcodogische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1900, Supplément, t 1, p. 587-594. C. VERSCHAFFEL.

3. APOLLONIUS DE TYANES, philosophe pythagoricien du Ier siècle, voyageur curieux comme ses contemporains Dion Chrysostome et Euphrates, orateur populaire plus ou moins adonné à la magie, né à Tyanes en Cappadoce, et mort, vraisemblablement à Éphèse, après l’avènement de Nerva. Sa vie ne fut qu’une longue course à la poursuite de la sagesse dans tous les milieux philosophiques et religieux ; chemin faisant, il s’adressait aux foules, donnait des conseils de morale, recrutait des disciples et se mettait en relations avec les hommes politiques de son temps. On lui prête les œuvres suivantes publiées dans Opera Philastrati, édit. d’Olearius, Leipzig, 1709, p. 375 sq. : Lettres, Hymne à la Mémoire, Τελεταὶ ἢ περὶ Θυαιῶν, Πυθαγόρου δόξη, Περὶ μαντείας Ἀστέρων, Χρησμοί, etc. ; la plupart sont suspectes.

Ni Tacite ni Suéone ne parlent d’Apollonius : ce n’est qu’au iie siècle qu’il est question de lui. Maxime d’Égées raconte ce qu’il fit dans cette ville ; Mæragènes le traite de magicien : Lucien, de charlatan, d’ancêtre d’Alexandre, d’Abonotichos et de Pérégrinus : Apulée, d’imposteur ; Dion Cassius, de devin. Sa place dans ce Dictionnaire n’est légitimée que par le problème auquel donne lieu sa Vie écrite par l’Athénien Philostrate, Leipzig, 1709, in-fol., à la requête de Julia Domna, la femme de Septime Sévère. Philostrate, en effet, fait d’Apollonius un prodige, un héros, un thaumaturge, un dieu. Il nous le montre disciple, à Tarse, du Phénicien Eutydémus ; à Égées, du pythagoricien Euxène : traversant l’Arabie pour aller visiter les mages de Babylone ; s’attachant