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AZYME


temps que notre azyme » .DansMabillon, op. cit., p. 531. Si ce texte était authentique, il nous fournirait un double témoignage ; malheureusement il est suspect. Par contre le missel ambrosien de Pamélius offre cette rubrique, dont nous n’avons pas la date : Oblatio panis azymi cum patena.

Au viie siècle, à côté du texte où saint Isidore reproduit le passage cité de saint Cyprien, P. L., t. lxxxiii, col. 755, le XVIe concile de Tolède, dans son 6e canon, reprend des prêtres qui négligent de préparer pour l’autel un pain spécial, mais découpent dans les pains fabriqués pour l’usage commun un petit morceau de croûte qu’ils arrondissent en forme d’hostie pour l’offrir à l’autel : Non panes mundos et studio prseparatos… sed… de panibus suis usibus præparatis crustulam in rotundilalem auferant… Non aliter panis proponatur nisi integer et nitidus qui et studio fuerit prsaparatus, neque grande aliquid, sed modica tantum oblata, secundum quod ecclesiaslica consuetudo relenlat. Labbe, Concilia, t. VI, col. 1340, 1341. Ce texte a été interprété au profit des deux opinions opposées. Il prouve pour le ferment dans Sirmond et pour l’azyme dans Mabillon. Sans doute il n’est pas démontré que le « pain commun » soit ici l’azyme plutôt que le pain fermenté, ni que les Pères de Tolède veuillent commander l’emploi de l’azyme. On blâme seulement l’inconvenance avec laquelle ces prêtres faisaient servir à la consécration eucharistique un morceau pris d’un pain ordinaire. Il y aurait un témoignage précis pour l’azyme dans la lettre d’Isidore à Rédemptus, P. L., t. lxxiii, col. 906. Mais indépendamment des autres motifs que l’on a de rejeter ce document, il se trouve au début une allusion directe aux reproches des grecs, ce qui implique une date postérieure.

Saint Bède le Vénérable, au VIIIe siècle, établit sans conteste l’usage de l’azyme : « La loi prescrit de célébrer la Pàque en mangeant le pain azyme. Pour nous, nous faisons comme une pàque perpétuelle. » Comment, in Luc., xii, P.L., t. xcii, col.593. « En mangeant la Pàque avec ses disciples, Jésus-Christ offre le sacrement très pur de son corps et de son sang, consacré sur l’autel de la croix, comme Yazyme de la terre promise. » Ibid., col. 595. Plus loin il résume le passage cité de saint Cyprien, col. 597. Si la portée de ce texte ne va pas à prouver l’universalité de l’azyme en Occident, c’est du moins une présomption très sérieuse en ce sens. Au siècle suivant, Amalaire (836) reproduit, sans y ajouter, le même texte de saint Cyprien. (Jff. eccles., III, 19, P. L., t. cv, col. 1131, en même temps que les légats d’Adrien donnent aux Anglais une prescription analogue à celle du concile de Tolède : Que les oblations des fidèles soient des pains et non un morceau de croûte : ut panis sit, non crusla. Labbe, t. vi, col. 865. La coutume générale en Occident de recevoir à la messe les offrandes du peuple aura pu amener, dira-t-on, à consacrer du pain lermenté. Il est difficile de croire que les fidèles, les pauvres surtout, offraient autre chose que le pain fabriqué pour leur usage. Voir Lestey, Missale mixtum, P. L., t. l.xxxv, col. 339, noie. Outre que l’usage de l’azyme dans l'Église mozarabe montrerait qu’il est antérieur à la conquête mauresque, il resterait à prouver que le pain apporté en oilrande servit à la communion plutôt qu'à l’eulogie ou seulement au bénéfice des clercs et des pauvres de la communauté. Nous venons de voir que le concile de Tolède exigea pour l’eucharistie un pain fabriqué spécialement. Plusieurs ordonnances conciliaires rappelèrent dans la suite l’obligation de ne destinera l’usage liturgique que des pains blancs confectionnés par les prêtres ci les clercs eux-mêmes ou par des religieuses et de pieuses femmes. Concile de Coyanza (Oviédo), 1050, can. 3, Labbe, t. ix, p. 1064. Cf. Hnmbert, Besp. adv. græcos, cxxix. /'. /, ., t. csi.ni, col. 949, 950, lo.", :  ;. Les orientaux ont le même usage, du moins hors des villes, parce qu’ils ne préparent pas à l’avance le pain

du sacrifice. Ils continuent à donner la~communion au moyen de parcelles détachées d’une grande hostie, comme on le fit en Occident jusqu’au XIe siècle. Alors seulement s’introduisit, en commençant par l’Espagne, la coutume de consacrer plusieurs hosties et de distribuer aux fidèles des hosties entières de toute petite dimension.

Les partisans du pain fermenté prennent un argument dans le texte du Liber pontificalis et des Ordos romains. D’après ces documents, le pape envoyait aux prêtres des églises titulaires une parcelle consacrée à la messe célébrée parle pape lui-même, et lorsque le pontife allait célébrer la messe stationale, il joignait à son oblation un fragment de pain consacré provenant d’une messe précédente. Or cette parcelle prend le nom de fermentum dans les notices de Melchiade et de Sirice. Duchesne, Liber pontificalis, Paris, 1886, t. i, p. 168, 217 ; Ordo rom., i, 22, dans Mabillon, Musseum ilalicum, t. il, p. 16 ; Innocent I er, Epist. adDecentium, 5, P. L., t. lvi, col. 516, 517 ; Jaffé, n.311.0n a cherché par diverses significations symboliques à expliquer cette désignation. Baronius, Annal., ann. 313, n. 49, d’après Anselme de Havelberg, Dialog., iii, 15, P. L., t. cr.xxxviii, col. 1232, représente ce fermentum comme une simple eulogie ; mais le plus grand nombre des lilurgistes l’appliquent à l’eucharistie. Si plus tard l’azyme fut ainsi envoyé sous ce nom de ferment, qui représentait la charité et l’union : fermenti vicem… unionis vinculum, Sirmond, loc. cit., les grecs en concluent que Sirice et Melchiade, au ive siècle, puis sans doute les papes grecs et syriens, employaient le pain fermenté. Nicétas de Nicomédie, dans Anselme, Dialog., iii, 13, col. 1229.

Ces Ordos romains nous conduisent jusqu’au IXe siècle. A cette époque Alcuin, Paschase Radbertet Raban Maur nous sont présentés comme les témoins de l’usage de l’azyme. Le troisième seul est suffisamment explicite. Ainsi Alcuin réprouve la coutume de quelques églises d’Espagne, de mettre du sel dans le pain d’autel ; puis il ajoute que ce pain doit être abaque fermenlo ullius alterius infectionis… mundissimus. Epist. ad fratres Lugduncnses, P. L., t. c, col. 289. De l’usage du sel il n’y a rien à conclure pour ou contre l’azyme. Quant à la qualification du ferment, ullius alterius infectionis, les partisans du pain levé peuvent y voir l’exclusion de tout autre levain que celui de pure farine de blé, par exemple le levain de farine d’orge ou de farine non éinondée, ou celui où, au lieu d’eau, il entre du ferment de bière, de lait aigri ou tout autre levain impur. De leur côté, les défenseurs de l’azyme entendent ces mots de la suppression de toute espèce de levain impur.

Radbert (vers 860) semble n’indiquer que l’azyme : Hsec est namque vera et nova conspersio sincerilatis et veritatis, ut simus azymi sine fermenta malitiæ et nequitise. Liber de corpore et sanguine Domini, xx, P. L., t. cxx, col. 1331, 1332.

Le texle de Raban Maur est démonstratif à l'égal de celui de Bède. Il exprime clairement le pain sans levain : Panem infermentatumetvinumaqua mixtum… sanctificari oportet. Quod autem panem sacrificii sine fermento esse oporteat… Tnstit. clericorum, i, 31, P. L-, t. cvii, col. 318, 319. Nous ne voulons pas voir simplement dans les mots oportet, oporteat une tendance à généraliser l’azyme, mais bien le fait d’une coutume établie au ixe siècle dans les églises d’Allemagne.

On apporte aussi, comme un indice probable de l’usage des azymes, les types de fers à hoslicen usage a cette époque. Les spécimens anciens moulaient des hosties épaisses, Corblet, llixi. du sacrement < ! < l’eucharistie, t. i, p. 281, semblables pour la qualité à l’hostie maronite décrite plus haut. Mais on ne peut affirmer que ces instruments ne soient propres qu'à fabriquer des pains s ; ins levain : la paie levée cuite dans nos moules

i lioslies donne des pains seniblaliles à nos a/mes,

moins la linesse et la blancheur.