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AZYME


est le pain, p. 513, cuit au feu, et non une préparation bouillie, p. 526. Mais le texte ne détermine pas s’il s’agit d’azyme ou de pain levé.

D’autres auteurs, commentant le texte de saint Paul, I Cor., v, 7-9, ne paraissent pas faire allusion à l’usage liturgique. Il importe cependant de citer Origène, affirmant que le ferment n’est pas apporté sur l’autel :

O’JTû) GS y.r^O-t Ç’jp.1 O-J TTpOff^SpeTat £7l’l TÔ ÔucriaiT^piov.

In Matth., tom. xii, P. G., t. xiii, col. 989. Il parle peut-être au sens métaphorique et traite des ofirandes de l’Ancien Testament, quoique l’emploi du présent permette de croire qu’il a en vue le mystère de l’Église. Par contre, saint Jean Chrysostome écarte l’azyme, mais, à la vérité, il ne considère que l’usage juif. Homil. de prodilione Judæ, I, P. G., t. xlix, col. 379 ; cf. col. 388.

Peut-on alléguer aussi en laveur du lerment le témoignage de saint Épiphane, reprochant aux éhionites d adopter l’azyme et le calice d’eau pur dans la célébration des mystères qu’ils solennisent chaque année (sans doute la semaine juive des azymes), « à l’imitation des saints [mystères] de l’Église ? » Muo-rripca 8è ôr^sv teXouo-i xarà (jLtjjLyjtrtv tcôv àyitov iv t>, âxxXv^cx àjib èviauxoO eî ; èviauTÔv ôià ࣒j(j « ov, xa’i tô aÀXo (jl£oo ; toO [x’jTTriptou 6t’ucaroç ndvou. Hær., xxx, 16, P. G., t. XLI, col. 432. Il se pourrait que le reproche n’ait pour objet que l’emploi de l’eau pure.

Il y a plus à conclure de la remarque de Jean Philoponus (vi° siècle). Selon lui, le Christ fit la Cène eucharistique avant l’ouverture des sept jours azymes. S’il l’avait célébrée avec du pain sans levain, « cet usage subsisterait de nos jours : » oùSs a^vu-ov aprov « vcrroirov toO ! S ; cej crûjxaTo ; to’.ç âauTO-j u.a9ïiTar ; k’ô'wxev 6 XpiOToç. âyiveTO yàp âv xal fl/pt vjv. Voir Galland, Biblioth. vet. PP., t. xii, p. 610. Le raisonnement est faux, mais le fait est attesté de l’emploi du terment dans la liturgie grecque.

Si ces textes ne sont pas absolument efticaces pour démontrer l’universalité de l’emploi du ferment dans l’antiquité ecclésiastique orientale, ils suffisent du moins à faire voir combien on serait mal fondé à prétendre que le pain levé a servi aux grecs du xie siècle, pour accentuer leur séparation d’avec les latins. Les grecs, en accusant les latins de « judaïser » , et les syriens en reprochant aux arméniens d’observer une coutume judaïque, voir Bar Andréas, dans Bar Hébroeus, Chron. eccles., I, 88, p. 488, attestent en même temps l’antiquité des deux usages liturgiques, dont la diversité n’a pu se produire qu’avant qu’une pratique fixe fût devenue une loi. En effet, plusieurs prescriptions conciliaires, antérieures au vie siècle, détendent aux chrétiens de recevoir des juifs l’azyme pascal. Quoiqu’il ne soit pas question en ceci de l’oblation liturgique, il semble pourtant, d’après le commentaire de Balsamon sur le canon 71 des apôtres, que les prohibitions analogues ont servi primitivement à éloigner les Églises orientales de l’emploi <h’l’azyme eucharistique, P. G., t. cxxxvii, col. 182 ; on envisagea différemment la conception symbolique de l’oblation et l’on préféra l’élément plus noble, selon l’usage grec, du pain fermenté. >

Exceptions en Orient.

Toutefois, l’usage du pain

levé n’a point prévalu dans tout l’Orient, sans qu’il se soit manifesté des exceptions qui seront sans intérêt si proviennent de relations tardives avec les occidendau, mais qui apporteront un élément nouveau à la solution, si elles sonl dues à la conservation de quelque coutume particulière.

L assertion constante des arméniens est que leur coutume remonte aux fondateurs de leur Église. La liturgie arménienne dérive de celle de Césarée. Dans son état actuel, elle représente, malgré les modifications postérieures, un stade ancien du rite byzantin. Le premier évéque arménien avait été formé à Césarée ; il reçut dans cette ville l’ordination épiscopale et porta les usages grecs aux arméniens convertis. Or, si l’allégation des

DICT. DE TIIÉOL. CATIIOI..

arméniens au sujet de l’azyme était prouvée historiquement, il s’ensuivrait que les grecs auraient employé l’azyme au ive siècle. Si, au contraire, les grecs ne connaissaient que le pain fermenté, il faut admettre que les arméniens y auraient substitué le pain sans levain. On rattache ce fait à la circonstance suivante : lorsque l’Église arménienne se fut séparée définitivement des grecs de Constantinople en refusant d’adhérer au concile de Chalcédoine (vers 520, voir Th. Ardzrouni, il, 2, dans Brosset, Collection des historiens arméniens, Saint-Pétersbourg, 1874, t. i, p. 72-74), elle accentua sa division et l’affirmation de la foi monophysite par des changements liturgiques, dont les principaux auraient été l’emploi de l’azyme (inauguré ou seulement maintenu ?) et la consécration du vin sans eau. Voir Nicéphore Calliste, H. E., xviii, 51, cꝟ. 53, P. G., t. cxlvii, col. 444 ; et. col. 412. Ces pratiques auraient été sanctionnées par le patriarche Nersès, au deuxième concile de Dovin (Tewin) en 526 (527 d’après Brosset, Chronologie de Samuel d’Ani, op. cit., t. ii, p. 388). Ce que nous connaissons de ce concile laisse supposer tous ces détails, sans les exprimer explicitement. Mais peut-être serat-on plus près de la vérité en assignant à l’origine de cette pratique une époque où, en l’absence de règle ecclésiastique sur la matière de la consécration du pain, il était permis de regarder comme indifférent l’emploi de l’azyme ou du pain levé. Il est remarquable que le concile in Trullo (692), en condamnant la pratique arménienne de supprimer l’eau dans le calice, le choix de certains mets pendant le carême, l’addition au trisagion de qui crucifixus es, enfin certaines oblations particulières, voir can. 32, 56, 81, 99, dans Pitra, Juris ecclesiasliei oreecorum, Borne, 1868, t. il, p. 39, 40, 52, 62, 70, n’ait pas un mot de blâme pour l’emploi de l’azyme. Au XIIe siècle, après l’ouverture de la querelle des azymes, l’empereur Manuel demandait l’union des arméniens sur les points dogmatiques et disciplinaires qui les différenciaient des grecs, spécialement sur le pain fermenté, bien que l’on reconnût que toutes les diversités d’usages (celles du calendrier et l’emploi d’huile autre que l’huile d’olive) n’avaient pas la même importance. Théorianus, Disp. II cum armeno, P. G., t. cxxxiii, col. 270. Le traité contre les arméniens attrilmé à Nicon, moine arménien du Xe siècle, dans Mabillon, Disquisilio deaztjmo, p. 533 ; Cotelier, J^alres aposloliei, 1. 1, p. 237, P. G., t. I, col. 655, les condamne sur ce point. Mais cet ouvrage est postérieur au Xe siècle, voir Cotelier, Vet. moment., t. iii, p. 439 et vraisemblablement contemporain de la querelle de Michel Cérulaire. Ceci amène à conclure que la profession de foi imposée parles grecs aux arméniens, mentionnant le ferment, est postérieure, elle aussi, au ix 1’siècle. Voir col. litôti. Les maronites sont (’gaiement en possession de consacrer l’azyme. Ils veulent que cette différence entre leur pratique et celle des autres liturgies de type syrien provienne d’un usage immémorial. On ne possède, il est vrai, aucun témoignage direct ; et si le terme de « pain simple » , Sehîmô. qui se lit dans certaines liturgies syriaques, Benaudot, Liturg. orient., t. ii, p. 313, désignait l’azyme, il faudrait condamner les syriens, qui, sous ce même nom, se servent de pain levé. D’autre part, il n’y a pas lieu, croyons-nous, de rattacher cette coutume à l’erreur monophysite, pour lui donner, comme chez les arméniens, une portée dogmatique, tendant à signifier l’unité de nature. Doit-on chercher, au contraire, l’origine de cel usage au temps où la nation maronite se rapprocha des latins (1182) ? Corblet, Hit’i, , ire du sa< tentent de l’eucharistie, Paris, 1885, t. i, p. 172, assure que le rite de l’azyme fut effectivement

introduit à cette époque. Cela ne ressort pas explieilemenl des expressions de l’historien : Seorsum særa menta conficerent sua… ail unitatem ecclesim reverri

sunl… parati romanis Ecclesim traditione » cum otuni

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