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A.VERROÏSME

ce principe que ce qui n’a paa de On n.-, pas. u de commencement, « h affirme que lemonde □ a paa commencé, que la matière est de toute éternité, que li fori également contenues en elle aii wterno ; h plus forte railea cieui incorruptiblea, t l'âme immortelle n’ont i oir de commencement. L elles-mémea

qui suni formi transitoires, comme ! espèce hu maine, n’ont paa eu de premier individu et se | tuent depuis toujours, il n’y a pas eu de premier homme. Saint Thomas admet la possibilité de la création ab mo, mais en lait, avec t’Kglise, il croit que le monde dans |, . temps. La thèse averrolste va droit contre (< dogme de la création et du commencement du monde.

"> C’est en psychologie, que la plus redoutable erreur fut émise par les averroïstea et que la plus terrible bataille s’engagea entre eux et les scolastiques. L’averroïsme professe l’unité de l’intellect humain, de l’intellect possible, dont il fait une substance séparée, dominant toute la race humaine, unique pour tous les hommes. Cet intellect se met en contact avec les imagi conservées dans les deux facultés de sensibilité interne, appelées par Aristote l’imagination et l’estimative ; parce contact il exerce son acte qui est de comprendre, et il détermine ainsi les lumières intellectuelles propres à chacun. Il est le même pour tous, le contact diffère avec chacun et amène pour chacun aussi une illumination spirituelle spéciale. Le grand argument des averroistes était que l’intelligence devait être à la fois unie et séparée par rapport à l’homme : unie pour qu’on put dire que c’est l’homme qui comprend et raisonne ; séparée parce que l’homme étant mortel, l’intelligence serait mortelle également, si elle n'était pas séparée du composé humain corruptible. Les adversaires acceptaient aussi que l’intelligence humaine doit être unie et séparée ; mais c'était dans la définition de l’union et de la séparation que l’on ne s’entendait plus. Les averroistes prétendaient que l'âme intellectuelle était tellement séparée qu’elle n'était pas et ne pouvait pas être la forme substantielle du corps ; elle constituait une substance distincte et indépendante. L’union, dés lors, n'était plus qu’accidentelle, c'était une union de contact par lequel l’intellect, se tournant vers l’homme, se servait de ses images et souvenirs pour exercer ses actes intellectuels, et conduisait enfin le composé à la manière dont le' pilote conduit le navire. Les scolastiques, au contraire, aflirmaient que l'âme était unie substantiellement au corps, qu’elle ne formait avec lui qu’une seule substance, qu’il y avait autant d'âmes intellectives et d’intelligences di-tinctes qu’il y a d’individus humains, que cela n’empêchait pas d'établir une séparation suffisante. L'âme, en effet, selon eux, a plusieurs puissances ou facultés : les unes sont unies à un organe et n’agissent que dans le composé ; les autres, l’intelligence et la volonté, ne sont pas unies a des organes et agissent spirituellement. 1 ! suffit, pour comprendre cela, ajoutaient-ils. de distinguer entre l’essence de l'âme et ses facultés, l’essence (-t forme du corps, les facultés ne sont pas l’ess bs unes sont unies au composé, les autres en sont distinctes, sans être cependant détachées de la substance de l'âme, lie cette divergence de procédé dans l’explication de la thèse fondamental, ' de l’union et de la séparation de l'âme et du corps, résultaient des divisions radicales sur une foule île points où la foi a parlé. Pour bs averroistes, dans l’homme, pris par le dedans, il n’y a qu’une.'une sensible corruptible, mourant avec lé corps ; il n’y a donc plus d’immortalité individuelle, la personnalité est fortement compromise, la responsabilité morale n’existe plus, la différence essentielle entre 1 homme et la béte est supprimée. Hun autre cet, -, et le problème pris par le dehors, l’intellect humain est un c est le monopsychisme humain, une sorte de raison impersonnelle qui brille au sommet de l’humanité, et qui

seule possède l’immortalité. Une telle d îrnit

le terrain le plus favorable aux d. veloppernents du panIhéisme idéalist I mes humaines ne se sut que dans l’intellect lies a') fusionnent et en

pieuie nt la destinée. Aussi rien d'étonnant que, réduisait une pareille philosophie en pratique, un hon

dam, ., !, ParU ' ! lui ne pas vouloir eipiei

fautes, car. disait-il, si l'âme du bienheun

est sauvée, je |. dément ; avant !.. même intelli . nous aurons la même ! Mandonnet. op.

cit., p. cxviu.

En morale, l’averroïsme nie la liberté et prol le plus pur déterminisme psychologique. L’hommi régi par la nécessité, il veut ou choisit sous l’empii la nécessité, car la volonté est une faculté- passn, ; - dont tout le rôle est d’obéir fatalement à la raison détern par les agents extérieurs et au désir. Du reste tout le monde est mû nécessairement. C’est la ruine du libre arbitre, la suppression de la responsabilité moi. : l’illégitimité de tout châtiment.

5° En logique, la théorie des deux vérités est adn ainsi que nous l’avons déjà signalé. Les aven. tirent de leurs principes les plus audacieuses conclusions et les imposent au nom de la philosophie. Ilsprofessent en même temps un profond respect pour l'Église, les dogmes et la foi. et quand la foi et la philosophie sont en désaccord, ils agissent comme si deux vérités contraires pouvaient exister sur un même point. La condamnation de 1-277 le leur reproche ouvertement dans l’exposé des motifs : Dicunt enim ea esse veia secundum philosophiam, sed non secundum fidem cat/tnlicam, quasi sint due contrarie veritates, et quasi contra veritatem sacre scripture sil veritas in dicta genlitium daninatorum. Denifle-Chatelain, t. i.p. 543.

V. Les hommes.

Pendant Ion-temps l’averroïsme ne fut connu que par les réfutations dont il avait l’objet, et comme ces réfutations ne s’en prenaient qu’aux idées sans nommer les adversaires qu’elles attaquaient, jusqu'à ces derniers temps on ne savait le nom d’aucun averroïste. « On a pu remarquer, écrivait Renan, op. cit., p. 318. qu’au xiii « sied - ; pas

sans quelque peine que nous avons reconnu les averroistes. Les réfutations de l'école dominicaine, les fureurs de Raymond Lulle, nous ont seules révélé- leur Il serait impossible de désigner nommément un seul des maîtres qui avouaient ces doctrines. Aujourd’hui

à d’habiles explorateurs des régions philosopln du moyen âge. nous n en sommes plus là ; nous pouvons citer des noms. Le grand chef de l’averroïsme, au xiiisiècle, est incontestablement Sige r de Brabant, que le P. Mandonnet vient de si bien mettre en lumière. Liante. Paradù, x, 133-138. dit de lui :

Questi, onde a me ritoraa il tua ripuardo, E il lunie d’uno spirito, cbe in peasieri

Gravi, a mi.rir pli pane venir tardo, I -sa p la luce eterna di Sipieri Che leggendo net vice degli su-ami, SUlogixo invidiosi veri.

ilui-ci, de qui ton regard revient à moi, est 1a lumière d’un esprit à qui, dans s, s graves pensers. mort parut lente à venir. C’est la lumière éternel !, Siger, qui, enseignant dans la rue du Fouarre, sylh d’importunes vérités, b Siger ne mérite pas tout l’honneur que lui fait le grand poète italien. Hante ignorait sans doute ses erreurs philosophiques, et le met en par par la nécessité où il se trouve de placer là un r.. sentant exclusivement philosophe du péripatétisj ne rapporterons pas sa vie. voir Sic, kr DE BRABANT ; qu’il nous suffise de dire que, tempérament audacieux et turbulent, il fut l'âme de la faction averroïstea J’univer de Paris, il professa le plus pur averroîsme dama chaire de la rue du Fouarre comme dans ses I.