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AVERROÏSME

li g Vrabes. IK prirent le bloc sans s’inquiéter de savoir s’il contenait des Bcories ou du faux. Et cela répondait à une seconde tendance < i « la nature humaine, de s’enthousiasmer pour les grands maîtres et d’accepter intégralement et de confiance tous leurs enseignements, ajouterons-nous un autre mobile, moins noble et moins puissant à coup sûr ? Les attaques exagérées des augustiniens contre l’aristotélisme poussérentâ l’apoloiive de celui-ci ; le désir de défendre ce qu il j avait incontestablement do bon dans la philosophie d’Aristote lit qu’on atlojjta. sans discrétion et sans r< lout ce qu’Aristote et son commentateur avaient dit.

En même temps qu’il procède d’un amour immodéré d’Aristote, d’une confiance absolue en son commentateur et d’une préoccupation extrême d’imposer à l’esprit humain des formules toutes faites de pensée et de savoir, l’averroïsme tient à s’affirmer, du moins extérieurement, fidèle à la religion et à la foi chrétienne. s..n

grand maître, Siger de lirabanl. écrit qu’il faut adhérer à la foi qui surpasse toute raison humaine, et in lali dubio jiilet adherendum est i/ue onineni racionem liumanam superat. Quæsliones de anima intellectiva, vu, dans Mandonnet, op. cit., p. 1 12, lig. 28. Culte pour Aristote, respect pour la foi, lequel des deux sentiments l’emporte ? (Test le second. Hoc dicimtts sentisse philosopkum de unione anime intellective ad corpus, sententiam tamen sancte fidei catholice, si contraria Imic sit senlencie philosophi, preferre volentes sicut et in aliis quibuscumque. Ibid., iii, dans Mandonnet, op. cit., p. 99, li^. 18. Cependant le respect de la foi ne l’emporte pas tellement qu’il fasse renoncer entièrement à Aristote, dans les points de conflit. Siger distingue sans cesse la via pliitosopliiæ et la veritas. La première représente la raison humaine, et la seconde la foi. Quand il y a opposition, il ne s’interdit pas pour cela de développer ce qu’il appelle les arguments de la raison, il les donne même exclusivement, sous prétexte de parler en philosophe et non en théologien. Utrum anima intellecliva multiplicetur multiplicacione corporum humanorum diligenter considerandum est, quantum perlinet ad pliUosophum, et ut racione Humana et experiencia compreltendi patent, querendo intencionem philosophorum in hoc maaix quam veritatem, cwn philosophice procedamus. Ibid., vi, Mandonnet, op. cit., p. 107, lig. 20. Il y a donc disposition à distinguer deux vérités et deux hommes, la vérité rationnelle que le philosophe ad t. la foi que le croyant

accepte ; celui-ci doit se taire en philosophie où celui-là seul a la parole, et celui-là à son tour s’incliner quand celui-ci traite de questions de croyance. Ce sont les deux tiroirs créés dans l’intelligence humaine, c’est le germe de l’indépendance philosophique et de la thèse de la possibilité et de la légitimité d’affirmations contradictoires en science et en religion. Saint Thomas s’en plaint dans un sermon prononce à Paris, g Il y en a, dit-il, qui étudient la philosophie et affirment des choses qui ne sont pas conformes à la loi. Quand on leur rappelle que c’est contraire à la loi, ils répondent qu’ils ne font que répéter l’opinion du philosophe. C’est être faux prophète et faux docteur, ajoute-t-il, parce que c’est soulever des doutes sans les résoudre. » P. A. Uccelll, S. Thomæ Aquinatu et s. Bonaventurm Balneoregiensis sermones anecdoti, Mfodène, 1809. p. 71 ; S. 77, opéra, 'dit. Pretté, t. xxxii, p. 070, cl. Mandonnet. op. cit..

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III. LES FAITS.

1° Le 16 mars 1256, un règlement de la faculté- des arts de Paris prescrivait l’enseignement des livres d’Aristote. Denifle-Chatelain, CAorrulorium universitatis Parisiensis, Paris, 1889, t. i, p. 277 c.e document indique l'époque où Aristote est accepté définitivement et officiellement par l’université de Pan-. Cedoil etie ausM l'époque ou naît l’averroïsme. Le commentateur monta avec le philosophe dans les chaires de

la capitale, il dut s’j faire aussitôt des adeptes. Quoi qu’il

en -oit. il eut lout de Suite des ennemi*, l.alill'

rante, en 1256, Albert le Grand i rit. par ordi Alexandre IV, son traité- De unitate intellectus a Averroem. Il * déclare, en commençant, que chez plusieurs de ceux qui professent 1.i philosophie, il élevé des doutes concernant la séparation d’avec le corps. Quia apud nonnullos eorum qui plulosophiam profitentur dubium <>/

mata corpore, c. i Opéra, t.. p. 21*.

2 La théorie d’Averroès commençait donc au moins à ébranler les esprits. Elle lit bientôt plus et le a Albert le Grand, dans sy Somme tliéologiqm que l’erreur combattue par lui : plusieurs

ꝟ. 1 1 -' nr-s. Et /< tantum pliant

hni„'i defensores. Sum. theol., part. II, q. lxxvii, mernbr. iii, t. xvin. p. :  ; 79. C’est probablement le d. que l’averroïsme naissant taisait courir à la foi poussa l'Église a ^, . montrer plus vigilante encoi rd de l'étude d’Aristote, et il n’est pas téméi de penser avec le P. Mandonnet, p. lxxiv, que les progrès de cette école ne furent étrangers ni à l’envoi lettres d’Urbain IV. du 19 janvier 1263, renouvelant > s décrets de Grégoire IX. y compris la prohibition d enseigner Aristote, Dcnifle-Chatelain, '.p. cit., t. i. p ni au séjour de saint Thomas d’Aquin et de Guilla de Moerbèke à la cour pontificale ou sont élal traductions nouvelles d’Aristote et les nouveaux commentaires critiques. 1261-1209. ni. en 1209.au retoui saint Thomas d’Aquin à l’université de Paris ou le rappelait sans doute la nécessité' d’opposer un maître incontesté' aux audaces de plus en plus entrepren. de l’erreur. L’année 1270 mit aux pris. - l’Ange de II avec le chef de l’averroïsme latin. Siger de lirabant. L’erreur avait grandi. ses partisans s'étaient multipliés. Saint Thomas nous l’apprend lui-même cette ann dans son De unitate intellectus contra avrrroistas, c. i : Inolevit siquidem jamdudum circa inteUeetum error apud muitos ex dictis Averrois sun iuni.

3° La lutte est alors très vive, les discussions doctrinales vont leur train, les disciples de saint T^ prennent aux averroîstes, les augustiniens s’en prennent aux uns et aux autres. Peu a peu les positions cisent, les disputes se confinent sur un nom ! miné de propositions ; nous en trouvons l'énumération dans une lettre qu’un nommé Gilles, probablement G de Lessines, écrit a Ail, cri le Grand, pour lui demander de vouloir bien s, , prononcer sur

ment toute la population des écoles parisien quinze propositions contenues dans la lettre de Cilles, treize sont nettement a i-dire ii, I

doxesel seront bientôt condamnées, la quatorzi quinzième sont orthodoxes, mais péripatéticienni soutenues par saint Thomas. Klles ont él - aux

autres par hs augustiniens qui veulent envelopper d la même réprobation l’averroïsme et l'école albeii thomiste. La quatorzième a propos du Christ soutient l’unité de forme dans l’homme ; la quinzième traite de la simplicité et de l’immatérialib

Gilles et les quinze propositions sont publiées par le P. Mandonnet. 17). cit.. p. 15, 10.

'1 ('.est apparemment au milieu de ces discussions qu’il faut placer la polémique entre Siger de Rrabant et -Thomas d’Aquin. Elle porte surtout sur l’unité' noi rique de l’intelligence humaine. Siger défend cette unité dans un traité De anima intellect : a ; saint Th, nommer son adversaire, le refuie victorieusement d s, , h De unitate intellectus contra averroistai

s, , us les plus Solides lie tout pas d. pOSI r les arm< s aux

disciples du commentateur arabe. L’anl - intervient. i’t les erreurs.,

et excommuniées ainsi que tons ceux qui enseignées sciemment ou soutenues, pai : l tienne