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AUTRICHE (ETAT RELIGIEUX DE L’)


cecontroversislequi ne savait pas le latin. Correspondes Blalt f’àrden kalholischen Kierus, 10 mars 1901 etpassim.

Les protestants autrichiens ne parurent pas très satisfaits des recrues qu’on leur amenait sous un drapeau qui n’était pas le leur ; plusieurs d’entre eux, le pasteur Johanny, de Vienne, et le surintendant Witz-Oberlin se prononcèrent ouvertement contre un mouvement qui « ne reposait pas sur une conviction religieuse » .

Par contre, la presse sectaire d’Autriche, presque toute aux mains des juifs, se mit au service des agitateurs : le pasteur Johanny fut traité de « Judas protestant » et les écrivains sans croyances cherchèrent à couvrir de leurs clameurs les réponses topiques des écrivains catholiques. On accusa ensuite le clergé d’immoralité, suivant un procédé qui a été appliqué en France, et, quand l’archiduc héritier Franz Ferdinand manifesta ses sympathies pour les délenseurs du catholicisme, il y eut dans les journaux pangermanistes des articles qu’on s’étonne de lire quand on pense qu’en Autriche, la liberté de la presse est à l’état embryonnaire. Au contraire, toute manifestation en faveur de l’idée allemande est soigneusement préparée, on chauffe longtemps à l’avance l’enthousiasme, et la moindre société chorale qui vient de Saxe ou de Prusse pour donner un concert est l’objet d’ovations bruyantes ; quand un bataillon allemand revint de Chine par Trieste et traversa Vienne, ce fut du délire !

Quel fut le résultat de cette chasse aux prosélytes ? L’Église évangélique a gagné sur l’Eglise romaine 5872 âmes en 1899, 3394 en 1900, 5109 en 1901, 1792 dans le premier semestre de 1902 ; pendant ces trois ans et demi, le vieux-catholicisme a gagné de son côté 7 417 adeptes ; à part Vienne, les provinces allemandes n’ont enregistré que peu de défections ; elles sont plus nombreuses dans la partie slovène de la Styrie et surtout en Bohème. C’est donc dans les pays tchèques que la mauvaise semence a produit le plus ; c’est la minorité politiquement opprimée, ou craignant de l’être, qui s’est tournée vers le protestantisme allemand pour y trouver des alliés. On peut donc tirer de là deux conclusions : la première, celle que nous annoncions plus haut, c’est que le Los von Rom est un mouvement avant tout politique et que le panprotestantisme n’est qu’un déguisement du pangermanisme ; la seconde c’est que les résultats obtenus sont tout à fait hors de proportion avec les moyens employés et les succès annoncés. L’Église catholique y a gagné ce que toute église gagne à la persécution ; elle a vu pendant la lutte de quel côte devait se tourner sa vigilance, et a senti le besoin de redoubler de zèle pour soutenir les timides et retenir les hésitants ; elle s’est rendu compte que l’indifférence des masses avait souvent contribué tout autant que les solides convictions à l’échec des réformateurs et elle a senti la nécessité de profiter de son action en développant en elle-même et parmi les fidèles l’esprit apostolique ; là on les œuvres n’étaient pas suffisamment organisées on en a créé de nouvelles et on a développé les anciennes. Le régime paternellement oppresseur sous lequel l’Église d’Autriche avait longtemps vécu l’avait inclinée peut-être à s’endormir un peu dans une quiétude dangereuse ; les déclamations furibondes du Lus von Rom l’ont rappelée aux réalités et tout porte à penser que cette pénible crise aura un effel salutaire : les populations allemandes de l’Autriche charment l’étranger qui vit au milieu d’elles par leur douceur. leur amabilité et ce qu’on appelle a Vienne la Genluthlichkeit ; pénétrées du sentiment chrétien et catholique, elles l’édifient par leurs habitudes h uses ; la lutte aura empêché l’habitude de dégénérer en routine et la douceur en mollesse ; elle trempera les caractères, rendra plus intime cette union avec Rome qu’on s’est vainement efforcé de rompre.

II. Situation juridique de l’Église. — I. église catholique. - I" Rite latm.— Les "États héréditaires des empereurs de la maison de Habsbourg lurent en vahis au xvie siècle, comme tous les pays de l’Europe centrale, par la prédication protestante. C’est à l’action personnelle des souverains qu’est due l’extirpation presque radicale du protestantisme ; combattus entant qu’empereurs par les protestants dans leurs Étals électifs, ils voyaient commencer la désagrégation de ce corps puissant qu’on appelait le Saint-Empire, mais ils se crurent autorisés par là à poursuivre avec persévérance les dissidents qui s’étaient groupés en Autriche, en Styrie, en Tyrol, enCarinthie et surtout en Bohême. Cette lutte politico-religieuse dura jusqu’aux traités de Westphalie qui terminèrent la guerre de Trente ans.

Demeurée maîtresse exclusive des pays héréditaires, l’Eglise catholique avait payé cher ce triomphe ; redevable à l’État de son intégrité, elle avait dû lui sacrifier une partie de son indépendance et le bras séculier sur lequel elle avait été obligée de s’appuyer commença à peser sur elle.

Les théories protestantes sur la relation des deux pouvoirs n’avaient pas laissé d’exercer quelque action. Trois systèmes avaient prévalu tour à tour dans les pays réformés. — D’après les Allemands, à l’origine, la suppression desévêchés avait fait passer aux princes, jure devolulionis, les pouvoirs exercés jusque-là par les évêques ; et les souverains temporels se trouvaient investis non de l’autorité épiscopale. mais des droits détenus jusque-là par les prélats. C’est la doctrine exposée à la (lie te de 1555. Le système territorial, préconisé par Grotius dans son livre, De imperio summarum potestatum circa sacra, 1052, a été développé par Hobbes, Spinosa et Bôhmer et attribue au prince le droit d’imposer sa croyance particulière à ses sujets ; il se résume dans la célèbre formule : Cujus regio, ejus religio. Le système collégial qui est celui des calvinistes, des presbytériens anglais et qui a été exposé par Mosheim, Cramer et Pfalf, suppose qu’à l’origine le gouvernement des églises a été aux mains des prêtres et que l’épiscopat a usurpé les pouvoirs de la communauté ; par la réforme, ce pouvoir de l’évêque est brisé, et les droits qu’il s’était arrogés reviennent, savoir : les droits collegialia aux communautés chrétiennes et les droits majestaticn à l’autorité séculière.

La déroute du protestantisme avait laissé subsister une partie de ces idées et aboutit en Autriche, comme a illeurs, à l’établissement d’un absolutisme à la Louis XIV ; des doctrines moitié protestantes, moitié gallicanes louchant les rapports de l’Église et de l’Etat s’implantèrent dès lors à la cour de Vienne.

Quand Nicolas de llontheim publia, sous le nom de Fébronius, un manifeste de l’école gallicane dans lequel il réduit l’autorité du pape au profit de celle des souverains temporels et des évêques, il trouva un écho près des légistes autrichiens et à la fin du xviiie siècle l’empereur Joseph II donna son nom à un système de politique religieuse qui (’tait la mise en pratique des opinions qui avaient circulé en Europe pendant plus d’un siècle sur ies rapports des deux pouvoirs.

Le joséphisme repose sur ce principe que le souverain, responsable devant Dieu du salut de ses sujets, a le droit et le devoir de prendre les mesures qu’il juge opportunes pour le bien de la religion ; un deuxième principe est celui-ci : le souverain a sur les personnes cl les biens de tousses sujets un jus entiiieiis que Dieu lui a concédé pour lui rendre possible sa mission.

Voici quelques-unes « les conséquences de ces deux principes : 1. Les prêtres et les évêques considérés comme simples sujets doivent une obéissance absolue aux ordres du prince et de ceux qui le représentent légitimement : ils doivent donc se soumettre à toutes les lois, nonobstant les exemptions introduites dans le cours des temps. 2. Nul ne pouvant servir deux maîtres, les relations avec le souverain pontite sont subordonnées à un contrôle du souverain qui accorde ou refuse le regium placel aux actes pontificaux. 3. Pour empêcher