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AUREOLE

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ejus impugnatores, part. II, disp. V, a. 3, Paris, 1876, t. m. p. 510, reconnaît l’impossibilité où se trouve l’intelligence humaine de fixer en quoi consiste précisément l’auréole. Ce n’est ni un éclat particulier du corps, ni un signe spirituel imprimé dans l'âme et ressemblant au caractère sacramentel ; ce n’est pas davantage la vision béatifique, ni la délectation qu’elle produit. 11 ne lui reste donc plus qu’une supposition à émettre : L’auréole est la joie résultant d’une insigne victoire remportée.

II. Espèces.

1° Communément, on admet trois sortes d’auréoles seulement : 1a première pour les vierges, la seconde pour les martyrs, et la troisième pour les docteurs.

Si une couronne spéciale est due aux saints qui ont remporté une victoire exceptionnelle, l’auréole sera accordée aux vierges qui ont vaincu leur chair dans un combat continuel et qui ont gardé une virginité perpétuelle, sans qu’il soit nécessaire qu’elles aient fait le vœu d’y persévérer. S. Thomas, Sum. l/tcol. suppl., q. xcvi, a. 5. On rapporte généralement à la récompense spéciale de leur victoire sur la chair ce qui est dit d’elles dans l’Apocalypse, xiv, 1-5. S. Jérôme, Epist., xx, P. L., t. xxii, col. 424, 425 ; S. Augustin, De savcla virginit., xxvii, xxviii, xxix, P. L., t. xi., col. 410-412. A ces âmes privilégiées il appartient de chanter un cantique nouveau, qu’elles seules peuvent chanter. En outre, elles suivent l’Agneau partout où il va, et elles portent, écrit sur elles-mêmes, comme un signe de gloire, le nom de l’Agneau et celui de son Père. L'évêque d’il ippone y reconnaît nettement une gloire spéciale : Nam sunt aliis alla, sed tmllis talia. lbid., col. 411.

Les martyrs, qui ont, eux aussi, remporté une victoire très partaite sur les ennemis extérieurs de leur salut, ont droit à une couronne spéciale. La perfection de leur victoire résulte de la violence de leurs tourments et de la noblesse de la cause pour laquelle ils ont souffert et ils sont morts. S. Thomas, Sum. theol., suppl., q. xcvi, a. 6. L'Écriture les représente, suivant une interprétation, tenant des palmes à la main et revêtus de tuniques d’une blancheur immaculée. Apoc, vii, 9, 13, 14. Mais ce texte peut s’appliquer aussi à tous les élus, qui sont arrivés au ciel en passant à travers la tribulation et ont l.ivé leurs robes dans le sang de l’Agneau. Ct. Suarez, Tract, de ullimo fine hominis, disp. XI, sect. iii, n. 2. Paris, 1856, t. iv, p. 132. Saint Cyprien enseignait déjà que les martyrs recevaient une récompense proportionnée à la grandeur et à la durée de leurs souffrances et une couronne de pourpre. De opère et clecmosynis, 26, P. L., t. iv, col. 622. Cf. Atzberger, Geschichte der christlichen Eschatologie innerhalb der vornicânischen Zeit, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 528-529.

Les docteurs enfin ont remporté une victoire parfaite sur le démon, lorsque, non contents de résister personnellement a ses attaques, ils l’ont chassé par la prédication el neineiil de l'âme de leurs frères. Ils reçoivent donc une récompense spéciale, une auréole particulière, s. Thomas, Sum. theol., suppl., q, xcvi, a. 7. <>n leur applique la parole du prophète Daniel : Qui ad juslitiam erudiunt multos, quasi slellæ fulgebunt in perpétuas asternitates. Dan., xii, 3. Toutefois le Sauveur

i dit de tous les justes qu’ils brilleront comme le soleil

Justi fulgebunt sicut sol in régna Patris eorum. Matth., xiii, 43.

Saint Thomas enseigne, en outre, que chaque auréole étant la récompense de la pratique héroïque de vertus spécifiquement distinctes, doil se distinguer spécifiquement soit de la béatitude essentielle, soit « le toute autre auréole. Il reconnaii aussi la prééminence de l’auréole des martyrs sur relies des vierges et des docteurs,

c ic il admet que, dans chaque espèce d’auréole, la

mpense spécial i proportionnée au mérite det

individus. Sum. l/ieol., suppl., q, xevi, a. 12, 13.

2° Les théologiens se sont demandé encore s’il n’y avait pas d’autres auréoles que les trois précédemment citées. — L’auréole des vierges est la récompense de la vertu de tempérance ; l’auréole des martyrs, celle de la vertu de force ; et l’auréole des docteurs semble le prix de la vertu de prudence, qu’ils doivent avoir à un suprême degré, pour réfuter les sophismes et les erreurs insidieuses du père du mensonge. Pourquoi donc n’y aurait-il pas une quatrième auréole pour l’autre vertu cardinale, la justice ?

Et pourquoi pas, dès lors, une cinquième auréole pour la vertu de pauvreté? Cela paraît être la pensée du vénérable Bède, De fabernaculo et vasis ejus, c. VI, P. L., t. xci, col. 409-410. La couronne d’or, dit-il, ou béatitude essentielle, étant signifiée par ces paroles de j l'Évangile : Si vis ad vitam ingredi, serra mandata, Matth., xix, 17, la petite couronne d’or, ou auréole, est ajoutée par les paroles suivantes du texte : Si vis perfectus esse, rade et vende omnia </næ /tabès ct da pauperibus, et veni, sequere me. Matth., xix, 31. Suarez penche lui aussi vers ce sentiment. Op. et hic. cit., n.4. Est-ce que cela no ressort pas, d’ailleurs, des promesses que le Sauveur ajoute à ces conseils : « En vérité, je vous le dis, au jour de la résurrection, quand le Fils de l’homme scia assis sur le siège de sa majesté, vous qui avez tout quitté' pour me suivre, vous serez assis de même sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël ! » Matth., xix. 28. L’enseignement de la plupart des Pères et des théologiens est que ces promesses, laites aux apôtres, s’adressent à tous ceux qui, par le vœu de pauvreté, ont renoncé aux biens de la terre pour s’attacher aux pas de Jésus. Ils ne seront pas jugés, mais ils jugeront les aulres. N’est-ce pas là une prérogative précieuse, un privilegiatum prsemiuml

Mais, s’il y a une cinquième auréole pour la pauvreté, pourquoi pas une loule d’autres pour toutes sortes de vertus que l’on peut avoir à pratiquer dans des circonstances qui en augmentent la difficulté, et, par suile, aussi le mérite ?

A ces objections saint Thomas répond que toutes les victoires insignes se ramènent à trois espèces différentes, comme tous les combats que l’homme doit livrer au cours de son pèlerinage. Il a à lutter contre lui-même, c’est-à-dire contre la chair, contre le monde et contre le démon. Il est complètement vainqueur de lui-même et de ses passions par la perpétuelle virginité ; il déjoue ainsi totalement les ruses de l’ennemi de tout bien, qui, suivant un mot de saint Bernard, se sert de notre chair pour nous battre avec nos propres armes. L’homme est complètement vainqueur du monde, lorsque, comme les martyrs, il soutient le combat jusqu'à l’effusion du sang et jusqu'à la mort, car la mort est le plus grand mal que le monde puisse infliger. Enfin, il triomphe complètement du démon, en le chassant non pas Seulement de son cœur, mais des âmes de ses livrer,

dans lesquelles Satan règne par le péché. Ces âmes

étaient devenues comme le repaire des légions infernales et le nid du démon, selon une énergique expression de saint Bernard. Par ses prédications ou par ses écrits, le docteur poursuit le prince des ténèbres dans ses derniers retranchements et le force à fuir devant la resplendissante lumière de la vérité, roui 1 ces molils, il n’y a que trois auréoles ; ou, du moins, a ces trois principaux privilèges se ramènent toutes les autres récompenses méritées par la pratique des diverses vertus. .in-~i parle Suarez : Siobjicias esseplures auréolas, respondetur, in uno sensu esse verum, scilicet, quatenus auréola significare potest quameumque accidentaient perjectionem additam i-nrnn.-r aureœ…, quia etiam apostolis et pauperibus voluntariis videtur promissus alis honor ; habënt ergo eliam aureolam. sunt ergo plures, et forte idem est de aliis sanctis habentibus spei iales dignilate$, ad <jit<nt diccndum, exD. Tito-